Go ogle
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Go ogle
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ANNALES
SùtxéU VfÉmnlatxm
PO€R
L'HISTOIRE ET LES ANTIQUITÉS
\e la
FLANDRE OCCIDENTALE,
flublttce par le0 mm bu ComUê Directeur*.
V TOME IV.
TANDKCASTKELE-^VERBRODCK, IHPRIXEQK DE LA SOCItTÊ.
1842.
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LISTE DES MEMBRES EFFECTIFS.
Messiiurs:
1. L'Abbé G. CARTON, directeur de l'Institut des Sourds-
Muets et des Aveugles de Bruges, Chevalier dé l'ordre
de Léopold, Membre de l'Académie des soieAces, de
Madrid, de la Société de statistique universelle.
Président «
2. P. DE STOOP, Pharmacien, Membre de la Société des
Sciences physiques etc. de Paris. Métnbre du Comité
directeur é Tbésobier.
8. EDMOND YEYS, Docteur en droit, Chef de division
au Gouvernement provincial.
4 L'abbé J. a. ANDRIES, Chan. hon., Chevalier de l'ordre
de Léopold , décoré de la Croix de fer et de l'ordre
de St-Grégoire-le-Grand. Membre du Comité directeur.
». F. DE HONDT, Orfèvre-Graveur, Membre delà Société
des Beaux-Arts et de Littérature , de Gand.
6. L'abbé F. VAN DE PUTTE, Régent au Collège Épis-
copal, à Bruges, Membre de la Société des Antiquai-
res de la Morinie etc. Membre du Comité directeur.
7. J. OCTAVE DELEPIERRE, Archiviste de la province,
décoré de la Médaille de mérite dé S. M. le Roi de
4
Prusse, Membre du Comité historique de Paris, de
TAcadémie des Lyncéens de Rome etc. Membre du
Comité directeur» Secrétaire.
8. BOGAERTS, Professeur à rAthéaée de Bruges et Archi-
yiste de la Tille.
9. VAN HUERNE DE PUYENBEKE, à Bruges.
10. J. J, VERMEIRE, Propriétaire à Bruges.
11. VAN DAMME, Notaire à Saint-Laurent près d*£ecloo«
12. DE NET, Avocat à Bruges.
18. VAN DE WEYER, Ministre plénipotentiaire de Si M.
le Roi des Belges, à Londres.
14. RUDD, Architecte de la ville de Bruges.
15. VOISIN, Conservateur de la Bibliothèque de Funi-
versité à Gand.
16. Le Baron DE REIFFENBERG , Conservateur de la Biblio-
thèque Royale, à Bruxelles.
17. ANTOINE VERVISCH, Particulier à Bruges.
18. PH. BLOMMAERT, Avocat, secrétaire de la Société
des Bibliophiles flamands, à Gand.
19. JULES VAN PRAET, Ministre de la Maison du Roi,
à Bruxelles.
âO. DE MEYER, Docteur en chirurgie, Président de la
Commission provincial de Médecine, Membre de
l'Académie de Médecine, Chevalier de Tordre de
Léopold, à Bruges.
21. U Comte FRANÇOIS GOETHALS-PECSTEEN , Chevalier
de l'Eperon d'Or, à Bruges.
22. Le D' DE RAM, Recteur magnifique de l'université
catholique, à Louvain , chanoine honoraire de la
métropole de Malines et de Notre-Dame de Paris ,
chevalier de l'ordre de Léopold , membre de l'Acadé-
. mie et de la Commission royale d'histoire etc. etco
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28. VAN DALE-BEKAERT, Membre de plusieurs Sociëlës
savantes, à Gourtrai.
24. Lb Comte DE MUELENAERE, Ministre d'État, Gouver-
neur de la Flandre-Occidentale , à Bruges.
2^. JOSEPH DE NECKERE, Membre de la Députation
permanente des Etats provinciaux.
26. KERVYN DE LETTENHOVE, à St-Michel lèz-Bruges.
27. L'abbé VERDEGHEM, Professeur, à Roulerg.
28. Le Comte DE LOOZ, à son château de Boulez.
29. VERBEKE, Curé à Ouckene, ex-principal du Collège
de Courtrai.
30. L'abbé J. B. MALOU, Chan. Hou. Prof, de Théol.
et Bibliothécaire à l'Univ. cath. de Louvain.
81. ÏMBERT DES MOTELETTES, à Bruges.
82. DE GERLACHE, Président de la Cour de Cassation à
Bruxelles.
38. THÉODORE DE JOISGHE, Rentier, à Bruxelles.
34. CHALON; Président de la Société des Bibliophiles de
Mons, à Bruxelles.
35. J. DE MERSSEMAN, Docteur en médecine. Secrétaire
de la Commission provinciale de Médecine à Bruges.
Membre du Comité directeur^
36. SERRURE, Professeur à FUniversité de Çand.
37. J. YERGAUWEN, Propriétaire , Président de la Société
des Biblioph. Flamands, à Gand.
88. JULES MAZEMAN DE COUTHOVE, Membre des États
provinciaux, à Ypres.
39. LE GLAY, Archiviste général du Département du>(ord,
chevalier de l'ordre de Léopold, à Lille.
40. DE ROOYER DE ROOSEMEERSCH , à Bruxelles.
41. LANSENS, Directeur de Pension, à Couckelaere.
42. WALLAERT, Doyen à Thourout, Membre de la Cham-
bre des Représentants, chevalier de l'ordre de Léopold.
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43. DAVID, Président de la Pédagogie du Pape Adrien Vl,
à LouTaîn.
44. Le Chevauba DE SCHIETER DE LOPHEM, à Bruges.
45. AUGUSTE LAMBIN, Antiqoaire à Ypres.
46. DE CRANE D'HEYSSELAERE, Bourgmestre d'Artselaer,
à Malines.
47. NOLET DE BRAUWER VAN STEENLANT, Docteur ès
lettres, à Louyain.
48. GONWAY, Intendant de la liste ciYile de S. M. le Roi
des Belges*
49. L'abbé LOUIS, Principal du CoUègè, à Tirlemont.
50. L'abbé VISSCHERS, curé à Heyst-op-den-Berg.
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MEMBRES HONORAIRES.
Messieurs :
1. Baron dINGELMUNSTER , à Ingelmunster.
2. P. BUYCK, Architecte- voyer de la Flandre-Occidentale.
8. J. CLOEDT, à Bruxelles.
4. WALLAYS, peintre d'histoire, à Bruges.
5. WITTOUCK, chirurgien, à Hulste.
6. ANGILLIS, Membre de la Chambre des Représentants ^
Chevalier de Tordre de Léopold, à Rumbeke.
7. SNELLAERT, Docteur en Médecine, à Gand.
8. MARCHAL, ConserTateur des Manuscrits à la Bibliothè-
que Royale, à Bruxelles.
9. Baron DE WESTREENEN DE TIELLAND, ConseiUer-
d'État de S. M. le Roi des Pays-Bas.
10. D. LOYS, Major de la Gendarmerie Belge, Chevalier jde
la Légion d'honneur.
Il* H. PIERS, Membre de la Société Royale des Antiquaires
de France , etc. à Lille.
12. L. A. WARMOENIG, Professeur à l'université de Fri-
bourg et conseiller-aulique du grand-duc de Bade.
IS. ADDISON, Littérateur, à Londres.
14. GODEFROY, à Paris.
15. Le D' DE WOLF, à Gand.
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Google
9
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CHRONIQUE
DE
LA VILLE DE DIXMUDE.
m.
Le comte Baudouin III érige une foire ou marché
public.
962.
Arnould-le-vieux donne plusieurs dimes à l'église.
1045.
L'évéciue de Térouanne la séparer pour le spirituel
icte l'église d'Eessen et consacre la nouyeUe église^
1166.
LTperleet est canalisé, à commencer de la ville
dTTpres jusqu'à Scheepsdaele près de Bruges. Ce canal
prenait sa direction par Djxmude, Nieuport et Os*
tende (1).
' 'TJh différend étant survenu entre Thierri, seigneur de
Dixmude, et la comtesse de Flandre et de Hainaut au
sujet de la pêcherie de la ville de Dixmude , les deux
parties s'en référèrent à des arbitres et nommèrent le
châtelain de Saint-Omèr , Messire Robert de Béthune et
(1) Lambin, Liste chronoL de chartes, p. 1.
Akitales. — Tome IV. i
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10
Gilbert de SoUeghem , qui jugèrent cette affaire à Lille,
le lundi ayant l'Ascension de cette année (1).
1227.
Vente d'une terre et d'une maison situées à Dixmude
près du conduit d'eau nommé de Ede (2).
1241.
Thomas de Savoie et Jeanne de Gonstantinople assi-
gnent à l'abbaye et aux religieuses de Notre-Dame (ab-
baye de 'sUemelsdael), ordre de Citeaux , qu'ils ont
fondées depuis peu dans un lieu appelé Hiec (Eessen)
près Dixmude , 85 livres de rente annuelle à percevoir
sur les briefs de Dixmude (3).
1251.
L'Iser canalisé réunit Ypres et Dixmude à Nieuport (4).
1253.
Confirmation par la comtesse Marguerite de Gon-
stantinople, de la donation faite par Thomas de Beveren ,
châtelain de Dixmude , de cent sous de rente , assignés
sur une terre neuve qu'il tenait en fief de la comtesse ,
à Dixmude , pour la fondation d'une chapelle dans cette
ville. Donné à Bruges, le vendredi après le jour de
Pâques (5).
1270.
La ville est incendiée avec son église. Gui de Dam-
pierre la relève de ses ruines en fesant construire de
(1) Monum. Ane. de St-Genois.
(2) Voir aux pièces justificatiyea.
(3) Warnkœnig, T. ii, 2^ p. donne la charte originale.
(4) Archiv. du départ, du Nord; 2« cartul. de Flandre, pitof 6P et
91. 3» id. p. 104.
(5) Mon. anc. de St-Genois, 2« yoI.
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il
nouvelles fortifications , consistant en fossés , remparts
et portes.
Lettres par lesquelles Thierri , seigneur de Beveren ,
châtelain de Dixmude et Marguerite, sa femme, acquittent
à toujours , du consentement de Thierri leur fils ainé ,
les habitants de la ville de Nieuporl , de tonlieux à Dix-
mude. Donné le mardi après Quasimodo (1).
1271.
Gilles de Paons, Raouls Piel , Jehans Pinekin , Jehans
de la Porte et Gilles Libruns, échevins de Dixmude, figu-
rent dans une charte qui constate la Tente d'une maison
sise dans la rue dite Schipstraet (2).
1279.
Don fait par le comte Gui à Maître Gilles del Berst ,
son clerc et féal , de 20 livres monnaie de Flandre, sa
vie durant, sur l'espier de Dixmude, au lieu de pareil-
le rente, qu'il lui avait précédemment donnée sur ses
prairies à Thourout. Le 29 Mars (3).
1293.
Lettres par lesquelles Erar, sire de Beveren et de
Wallers, châtelain de Dixmude, reconnaît avoir reçu
de Pierron , dit Fiat d'Aire , une somme non spécifiée ,
pour laquelle il s'oblige de lui payer tous les ans , le
jour de St-Remi, pendant sa vie, 10 livres de noirs
tournois, qu'il assigne sur ses tonlieux de Dixmude,
avec peine de cinq sols parisis , pour chaque jour de
retard et assignation sur tous ses autres revenus , au cas
qu'après sa mort , Isabelle de Wavraing , sa femme ,
(1) Ibid.
(2) Voir aux pièces jiutifiodtiTes.
(S) Mon. anc. de St-Genois , 2« vol.
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voulut avoir ce tonlieu pour son douaire. Henri de Be-
veren, frère d'Erar et héritier apparent confirme ce»
lettres données en Janvier (1).
La Flandre étant divisée et l'un parti tenant pour le
comte, l'autre pour le roi de France, Philippe-le-Bel ,
révéque de Térouanne, Tabbé des Dunes, le vicomte de
Furnes, le seigneur de Dixmude, le seigneur de Bergues
tinrent pour le parti français , dit Leliaerts, et cela à
cause que le comte fesait entretenir aux dépens du
peuple , les soldats allemands qu*il avait appelés à son
secours. Robert , fils du comte Gui , ayant appris cette
trahison se rendit à Furnes pour châtier les coupables ,
mais le commandant de Furnes, Baudouin Reyfin, se
déclarant perfidement pour les Français , les Flamands
furent battus et le comte de Juliers fait prisonnier. Ro-
bert s'étant jeté dans Furnes, la fit piller et les villes de
Dixmude et de Nieuport se rendirent à lui par crainte
de subir le même sort. Les Français la reprirent bientôt
après et en augmentèrent les fortifications (2).
La ville fut entourée de murailles en pierres.
Charles-de-Valois , s'en rend maître.
La part dans les contributions à payer au gouverne-
ment s'élevait cette année à dix-sept escalins, quatre
deniers pour cent livres parisis imposés (3).
La trêve conclue entre la France et la Flandre fut
(1) Mon. anc. de St-Genois, 2« toI.
(2) Kron. van Flaend, door H^yU et Ferreoi, Loc, p. 43$.
(5) Jaerb, van den Fryen,
1297.
1300.
1316.
Î3
signée par les délégués de chaque ville ; Jean Balquart
signa pour Dixmude (1).
1328.
Après la bataille de Gassel , le& Brugeois qui se trou-
vaient devant Tournai , accoururent , au bruit de cette
nouvelle jusqu'à Dixmude, pour couvrir Bruges des at-
taques des ennemis, mais voyant qu'ils n'étaient pas en
état de résister aux Français, ils reprirent le chemin
de leur ville et se soumirent. Les Dixmudois furent
frappés d'une amende de 6000 livres et on les priva
de leurs privilèges (2).
1330.
Louis de Wevers confirme les privilèges dont les Dîx-
mudois avaient joui jusqu'alors. Il établit le premier
Ruwaert , nonmié Jacques Sac , qui fut chargé de la
surveillance de l'exécution de ces privilèges. Le comte
établit aussi douze conseillers , qui auparavant étaient
à la nomination des échevins.
1333.
Le 29 Septembre de cette année, un incendie réduiisit
en cendres toute la ville avec son église. Un ancien
chronogramme rappelle cet incendie:
V ulcani Dixmuch est nata periclo.
On rebâtit la ville les années suivantes et elle devint
plus belle que jamais (5).
1337.
Les Flamands firent une alliance avec l'Angleterre
pour prendre captif Louis de Nevers , comte de Flandre.
(1) Hon. anc. de St-Genois. Arch. de là trésor, de Mona.
(2) Meyer, Annal, p. 133 verso.
(3) Sand, Fiand. illust .
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14
Arlevelde , qui dyait été choisi par les trois membres
du pays pour commandant, fut chassé de Bergues. La
noblesse enhardie par ce fait, fil venir le comte de
Courlrai à Dixmude, pour y tenir une assemblée. Les
habitants de celte ville fesanl semblant d'être reconciliés
avec leur prince, le reçurent Irès solennellement, mais
leur conduite cachait Thypocrisie et la trahison. Ils écri-
virent aux Brugeois que le comte de Flandre se trouvait
dans leur ville avec ses nobles et toute sa puissance et que
s'ils voulaient se rendre maitres de sa personne, ils étaient
résolus à le leur livrer. Les Brugeois ne se le firent pas
redire , ils arrivèrent incontinent à Beerst , village situé
aux portes de Dixmude , résolurent d'y passer une partie
de la nuit pour prendre un peu de repos et s'emparer
du comte avant la fin de la nuit, pendant qu'il s'adon*
nait encore au repos. Louis, qui s'était aperçu de la
trahison , se fil ouvrir la porte de Woumen par force et
échappa avec peu des siens. Sa fuite fut si précipitée,
qu'il arriva à Saint-Omer avec cent personnes de sa
suite , dépourvus du plus strict nécessaire , même
d'habits pour se couvrir. Dans la bagarre, le comte
avait perdu son anneau et son sceau. Tandis que le
comte s'échappait par une porte, les Brugeois en-
traient par une autre et s'emparèrent de tous ceux de
la suite du comte, qui n'avaient pas eu le temps de
fuir; de ce nombre furent Matthieu Yanderburg et
Engelram Houweel (1).
1360.
Lettres de non préjudice accordées par le comte de
(1) Chron, van yiaend. Tonte I, Ghap. zliv.
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15
Flandre à Messire Henri de Beveren , chevalier , châte-
lain de Dixmude , pour la main-mise par le dit comte ,
comme main souveraine, en toute la seigneurie et
noblesse que le dit Henri de Beveren avait en la ville
de Dixmude , en destituant son bailli , ses échevins et
loi et en y instituant de nouveaux ; ce que le dit comte
déclare ayoir fait pour certaines causes et pour le profit
du dit châtelain. A Bergues, le 7 Septembre (1).
Commission donnée par le comte de Flandre à son
secrétaire , Henri Van der Vliedcrberg , pour se rendre
en la ville de Dixmude , afin de remettre le vicomte de
Dixmude en possession de tous les droits qui lui ap-
partenaient en celte ville (2).
1361.
Commission donnée aux seigneurs de Prael, de Mal-
deghem , à M* Testard De le Woesline , conseillers du
comte et à Wautier Van der Brugghe , bailli de Bruges,
pour se rendre à Dixmude , afin de savoir les raisons
pour lesquelles la loi de la dite ville avait banni plu-
sieurs personnes (3).
1361.
Lettres par lesquelles le comte de Flandre, sur la
supplication de ceux de Dixmude , leur permet de lever
double accise et péage eu la dite ville , pendant trois
ans f à charge de payer au dit comte 450 livres parisis
par an. Â Maie, le 16 Mai (4).
Liste des bannis de Dixmude , qui ont été rappelés et
(1) Arch. de -Lille. Registre des chartes, côté 1 , F» 40.
(2) Ibid. Fo 46.
(3) Ibid. F» 103 Y».
(4) Registre des chartes, côté 1, F» 136 ¥•.
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16
qui ont fait serinent devant les échevins de Dixmude
de ne plus faire d'alliance contre le comte de Flandre ,
la ville et la loi de Dixmude, de ne plus soutenir, se*
courir, ni conseiller ceux qui ont été bannis de Flandre
et de Dixmude pour troubles , sous peine de dix livres
de gros d'amende , applicables un tiers au comte , un
tiers au seigneur de Dixmude et Tautre tiers à la ville.
14 Février (1).
1363.
Lettres par lesquelles le comte Louis confirme à per-
pétuité à ceux de Dixmude le pouvoir de juger à loi et
de bannir hors le pays de Flandre, pour violences
commises en plein jour. A Bruges , le 5 Juillet (2).
Commission donnée par le comte Louis , au bailli de
Bruges, pour deshériter dame Jaquemine de Bevre,
dame de Pouke, d^un fief qu'elle lient du comte, con-
tenant cent livres parisis de rente héritière par an,
situé sur le tonlieu de Dixmude , les éclisser en deux
fiefs , contenant chacun cinquante livres parisis par an,
en les tenant du comte , ses hoirs et successeurs , comlea
de Flandre, adhériter dans l'une D"* Cathérine, fille
de Daniel Goudekeuken , en réservant l'usufruit du dit
fief à la vie du dit Daniel et ès autres cinquante livres
* parisis en adhériter Denis Van den Ackre.
Présents, Louis de Namur, Willaume de Reinghora-
vliete et plusieurs autres. Â Gand , le 15 Mars (5).
1364.
Lettres du comte Louis, par lesquelles il permet à
ceux de Dixmude de lever double accise en leur ville
(1) Ibid.Fo 20.
(2) Ibid. Fo 72.
(3) 6« Cartulaire de Flandre, F» 75 V«.
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17
pendant trois ans , à condition de lui payer 506 livres
parisis par chacune des dites trois années. Si la yille
n'est point chargée de dettes , ils pourront diminuer
les accises , mais si elle est endettée , ils pourront lever
tàiUe sur les bourgeois. A Bruges, le 18 Âvril (1).
Mention de la commission donnée au bailli de Bruges ,
pour mettre loyalement la dame de Hekelsbeke en pos-
session de 200 livres parisis d'héritage par an , sur le
bien de Dixmude , du consentement du vicomte de Dix-
mude 9 son frère, et à les tenir en fief de lui. A Bruges,
le 11 Août (2).
1565.
Ordonnance faite par le conseil du comte de Flandre.,
entre la ville de Dixmude , Jean Gorenlose et ses compa-
gnons, le tout en la manière suivante et sauf la correc-
tion du comte :
Que les sceaux de Dixmude seront enfermés avec
six clefs, chaque bourgmestre en aura une, les deux
échevins et les deux conseillers chacun la leur , mais les
trésoriers n'en auront point.
Les trésoriers de la ville resteront un an entier sans
qu'ils aient d'autres offices , et ils seront chargés de la
recette et distribution des accises et des biens de la ville,
et l'on choisit les plus opulents et capables de la ville.
Ils rendront compte tous les ans par devant le comte
de Flandre, le vicomte ou ceux qu'ils députeront et par
devant la loi et commune de Dixmude; et ils en feront
faire trois comptes, dont le comte aura un, la Tille
l'autre et les trésoriers le troisième.
(1) 6« cartulaire de Flandre, F» 11 , V<».
(2) Ibid.Fo77.
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Ceux de Dixmude ne pourront Tendre aucune rente
viagère sur la yiHe , sans en ayoir montré la nécessité
au comte et au vicomte et en avoir leur consentement.
Ceux de Dixmude ne pourront faire de donations qui
montent au-dessus de 100 livres parisis, sans avoir le
consentement du comte.
Les bourgmestres et trésoriers qui seront en la loi et
gouverne quand on vendra des accises , ne pourront en
acheter de la ville, ni en avoir part, et ceux qui le feront,
amenderont 60 livres et seront bannis pour trois ans.
Personne de la loi ne pourra faire des frais aux dépens
de Id ville, mais se contentera des gages de ses journées,
quand il sera envoyé hors de la ville.
Qu'on n'enverra à personne du viu en présent , sans
le consentement du comte , du vicomte et du conseil du
comte et de la loi de Bruges.
Les échevins et conseil de la ville ne pourront faire
faire des habits aux dépens de la ville, jusqu'à ce que
la ville soit soulagée de ses charges , et s'ils veulent s*ha-
biller, ils le feront à leur dépens.
En présence du vicomte, le conseil y étant, savoir:
le prévôt de Notre-Dame , Pierre , fils de Jean , receveur
de Flandre , et Jean Yander Meersch , bailli de Bruges.
A Dixmude, le 18 Avril (1).
Accord de Louis , comte de Flandre , entre le vi-
comte , bourgmestres , échevins , conseil et ville de Dix-
mude , d*une part, et Jean de Gorenlose, Frans de
Ruddere et leurs compagnons , d'autre part , lesquelles
(1) 6« ctrtalaire de Flandre , F» 122.
1565.
19
parties se rapportent à sa décision, en la manière
suivante :
Tout ce que les commissaires du comte ont ordonné
ci-dessus, sera tenu de bonne valeur, ainsi que les
mêmes articles qui s'y trouvent insérés.
Jean de Gorenlose , Frans de Ruddere et leurs com-
pagnons prêteront à la dite ville ^ à la taxation du
comte et de ses députés, la somme de 200 livres de
gros, le jour de la Saint-Jean prochain ; et s'ils ne peu-
vent déclarer d*ici à la Saint-Bavon , où ils ont remis
l'argent des rentes viagères vendues pendant les deux
ans de leur gouverne, qui monte à 1068 livres , 16 sous
parisis par an , les dites 200 livres de gros resteront à
perpétuité à la dite ville.
Le dit Jean de Gorenlose et ses compagnons et autres,
qui ont 'mis des impositions sur les bourgeois sans le
consentement du comte , lui donneront h la Saint- Jean
prochain la somme de 100 livres de gros et au vicomte
pour le méfait sur lui commis , la somme de 34 livres
de gros , en dedans l'entrée d'Août.
Quant aux biens restés après mattre Gilles Van Den
Ackere, celui qui en formera des demandes , poursuivra
ses droits à la justice et à la loi.
Le comte approuve tout ce que ses commissaires ont
ordonné et prononcé k Dixmude au sujet de ce qu'on
retournera à la dite ville , l'argent qui avait été donné
des biens de la ville , à ceux qui demeuraient outre le
pont et hors de la dite ville , quand le comte tenait sa
résidence à Audenarde.
Moyennant ce , le comte prononce bonne paix entre
les parties, sans qu'elles puissent porter envie l'une contre
l'autre.
Présents : Louis de Namur , sou neyeu , les seigneurs
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de Ghistelle , de Praet , de Dudsele , Willaume de Reing-
hersvliete, Roger Boetelin, le prévôt d'Harlebeke , chan-
celier; le prévôt de Notre-Dame, maitre Testard de la
Wastinne, maitre Jean Van den Boongaerde, Pierre,
fils de Jean, receveur, Jean Van dcr Meerscb, bailH
de Bruges et autres du conseil du comte. A Bruges, le
Déclaration du comte de Flandre et de son conseil ,
relative à la taxe des 200 livres de gros , que Jean de
Corenlose , Fraus de Ruddere et leurs compagnons ont
été adjugés de prêter à la ville de Dixmude , sur les con-
ditions citées dans Taccord que le comte de Flandre
avait prononcé entre parties.
Leurs compagnons qui ont été taxés avec eux sont
Glais Voet , Jean Gruke , Jean Eyvoet , Glais do Glarken ,
Andries de Wulf.
Autre déclaration concernant la taxe des 70 livres de
gros , pour les méfaits par eux commis envers le comte
de Flandre et le vicomte , au sujet des 100 livres de gros
du comte et des 50 livres de gros du vicomte de Dix-
mude.
Quant au méfait que les bourgmestres , échevins et
conseil de Dixmude ont <;ommis envers le comte et le
vicomte, pour avoir mis des impositions sur leurs bour-
geois sans te consentement du comte et du vicomte ,
on les taxe à la somme de 60 livres de gros , savoir :
Frans de Ruddere , bourgmestre; Jean de Gorenlose^
bourgmestre; Gilles de Wale, Gilles Ghérard, Talné,
(1) 6« Cartulaire de Flandre, F» 1S9 V<».
5 Mai (1).
1365.
Baudouin Heraner , Jacques de Smet , Glais Gruke, Jean
de Yassere , Jean de Gupre , Mathis de Hadre, Jacques
Butseel , Jacques de Gavre , Jacques de Roesselaere ,
Willaume Lauwerin, Jean de Yolmerbeke, Michel de
Gorte , Willaume Denis , Jacques Yolkeraven , Jean
Relin, Glais Heggelin, Hugues de Hegher, Jacques
Palin , Willaume Bqiscamp , Glais Yan der Leke , Glais
Buuc.
Le comte ditr que son intention est que , quand la
dite somme sera payée , toutes les loyautés à ce faites et
les amendes adjugéejB seront annuUées et que la ville
de Dixmude pourra poursuivre sa demande de la somme
de 200 livres de gros, sur les personnes citées ci-
dessus , selon la taxe faite sur chacune d'elles et pareille-
ment le comte et le vicomte pourront lever les 150
livres de gros susdites , sur chacun qui y est taxé. A
Maie, le 9 Août (1).
Les tisserands de Bruges s'étant révoltés en cette
année contre la noblesse; le grand-bailli de Flandre
les punit. Les Gantois , qui depuis leur défaite de Tannée
précédente, cherchaient un prétexte pour se révolter de
nouveau contre le comte, profitèrent de celui-rci pour
faire des excursions jusqu^à Deynze, Thielt et Roulers.
S*étant attaché Ypres et Gourtrai, ils tentèrent un coup-
dc-main sur Dixmude , qui leur résista et soutint un siège,
en due forme. Le comte Louis-de-Male , profondément
irrité, se réunit aux habitants de la ville et du Franc de
Bruges et marcha en grande diligence sur Dixmude ,
dont il voulait forcer les Gantois à lever le siège.. Il les
(1) 6o Cartalaire de Flandre, F» 126.
13S0.
22
attaqua près de Woumen , les défit totalement et pour-
suivit les fuyards jusqu'aux portes de Gourtrai. Le butin
fait sous les murs de Dixmude était opulent , on en en-
voya la plus grande partie à Bruges , où Ton vendit un
bœuf pour 12 sols, un mouton S sols, et un porc sept.
Ce combat , qui eut lieu le 28 Septembre , coûta aux
Gantois environ 5000 hommes et 200 chariots chargés
de munitions et de vivres. Le comte créa de nouveaux
chevaliers sur le champ de bataille ; Baudouin De Vos ,
Matthieu Van Schathille et François Yan Haveskerke,
qui s'étaient distingués par leur bravoure , furent de ce
nombre (1).
1582.
Le seigneur de Dixmude figure à la bataille de Roo-
sebeke dans Tarmée française (2).
1583.
Lors du différend qui surgit dans la chrétienté à l'oc-
casion de rélectiou des papes Clément VII et Urbain VI,
les Anglais avaient débarqué à Calais une armée de
15,000 hommes, pour soutenir le parti d'Urbain. Celte
armée s'était emparé de Dunkerque et menaçait la Flan-
dre. Ceux de Fumes, de Nieuport et de Dixmude se
joignirent aux habitants de la contrée ouest du Franc,
pour résister aux forces des Anglais; ils parvinrent à
léunir 12,000 hommes et allèrent trouver Tennemi de-
vant Gravelines , mais inférieurs en nombre et trop peu
disciplinés pour se mesurer avec des troupes régulières ,
ils furent battus et perdirent au moins 9000 hommes en
tués et blessés. Les Anglais irrités ravagèrent toutes les
(1) Chron, van f^laend, tome m, chap, YIII.
(3) Messager des eciencee, année 4840.
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23
villes de la câte maritime de la Flandre. Dixmude ne fut
pas épargnée , et subit le sort des autres villés vaincues.
Les Anglais y tinrent garnison, jusqu'à ce que le roi de
France, de concert avec le comte de Flandre, les força
à quitter le pays.
1385.
Après la conclusion de la paix, faite à Tournai, le
18 Octobre 138^, les portes de Dixmude furent recon*
struites en pierres (1).
1401.
Octroi concernant la défense de pouvoir tenir taverne,
établir des brasseries etc. dans la banlieue de la ville.
1405.
Octroi de Jean , duc de Bourgogne , accordant à la
ville de Dixmude une foire franche de trois jours , savoir »
le 21 , 22 et 23 Juillet. Donné à Ypres, au mois de Mai (2).
1408.
Dans la nouvelle taxe des impositions , faite à Ouden-
bourg , Dixmude figure comme devant payer una livre
parisis par cent livres imposées au pays (3).
1411.
Jean-sans-peur adcorde la permission au châtelain
Thierri , d'étendre les limites de la ville vers l'est; l'éten-
due du terrain étant trop petit en proportion de la popu-
lation. L'incendie de 1513 réduisit la ville à ses anciennes
limites: toutefois, en 1630, on voyait encore les restes
des anciennes fortifications érigées en 1411.
Les habitants de la Flandre , mécontents du droit de
(1) Chran» van Flaend, tome ii.
(2) Archif es de Dixmude.
(S) Jawb. van chn Ftyen, F» 28.
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24
cueillette que Tenait de leur imposer le duc de Bourgo-
gne (1), ceux de Bruges, de Dîimude et de quelques
autres localités se réunirent à Saint-André-Ièz-Bruges et
y restèrent douze jours sous les armes , bien déterminés
de ne pas se retirer , avant que la sale peau de veau
ne fût déchirée (2).
1413.
Le duc Jean envoie des lettres à ceux de Dixmude ,
leur ordonnant de prendre les armes avec Tes villes de
Flandre contre le duc d^Orléans (5).
1419.
Plusieurs incendies eurent lieu en cette anpée.
Il parait que le duc d*Orléans qui était alors captif
en Angleterre , était l'instigateur de ces malheurs , pour
se venger des villes qui avaient porté les armes contre
lui.
1420.
Un certain Glaeys Boupens s'étant noyé le 19 Mai
dans les fossés des remparts près la porte du Nord , on
fit des recherches pour voir à quelle jurisdiction cet
endroit appartenait, et l'on trouva que le Franc de Bru-
ges s^étendait jusques à la porte (4).
1436.
Au mois de Mai de cette année , les Anglais s'emparè-
rent de Bourbourg et de GasseK Le duc Philippe voulut
(1) Le droit de cueillette consistait en on sol par chaque mesure
de grain qu*on fesait moudre.
(2) C*est ainsi que le peuple nommait la charte écrite sur parche-
min et scellée de plus de cinquante sceaux, laquelle contenait Tarrêté
qui ordonnait la cueillette.
(3) Joêrb. van den Fryen. T. II, P. 30.
(4) Ihid. P. 43.
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25
leur faire abandonner ces deux positions et réunit une
armée de tous les points de la Flandre. Ceux de Dixmude
suivirent ceux de Bruges, et se mirent en campagne le 11
Juin. On assiégea Calais, mais le siège étahl traîné en
longueur , les Flamands abandonnèrent successivement
leur duc, et rentrèrent dans leurs foyers. Les Brugeois
à peine rentrés chez eux, se révoltèrent contre leur duc,
sous prétexte qu'on avait fortifié L'Ecluse au détriment
de Bruges, Plusieurs petites villes se joignirent aux
Brugeois; celles de la West-Flandre tinrent le parti
du duc ; de ce nombre furent Dixmude , Furnes et
Nieuporl.
1438.
Une famine suivie d'une maladie contagieuse, qu'on
appelait la.peste, sévit dans toute la Flandre. Dixmude •
en fut tellement atteint, que malgré que les habitants des
paroisses voisines s'y fussent retirés pour y trouver un
asile et du secours, il ne restait dans toute la ville qu'en-
Tiron 90 habitants. Une tradition dit , qu'alors des loups
étaient venus habiter la maison fesant le coin de la rue
des Poulets et de celle dit fFolven-dyk.
1450.
Un certain maître Jacques de Dixmude, surnommé
Schelewaert, docteur distingué à l'université de Paris,
y soutint vers le milieu de ce siècle, une thèse historique
sur l'enlèvement de Judith par Baudouin Bras-de-fer (1).
1461.
Sentence par laquelle ceux de Dixmude sont exempta
(1) But, in Rapiarto. Bibl. de Bourg. 7978—79. Voir les buU.
de la com. royale d'hist. T. m, P. 108.
Antcales. — Tome IP^. 2
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26
de payer le droit d*Î9aue pour les terres Tendues k
Reninghe. 8 Noven^bre (1).
1464.
Différend entre les échevins d'Tpres et Rolland , sei-
gneur de Dixmude^ et les bourgmestres et échevins de
cette ville, pour certaines écluses du canal. Le parlement
de Paris décide qu*il sera nommé des arbitres (2).
1464
Sentence prononcée par ceux de Bruges, que les
btens des bourgeois de Dixinude ne peuvent être coa*
fisqués. 5 Octobre (3).
1464
Philippe etc. savoir faisons nous aroir reçu humble
supplication de nos bien amez les bourgmaistces , escbe«-
yins et conseil de la ville de Dicquemue , contenant que,
à l'occasion de ce que une grande partie des bourgeois et
bourgeoises de la dicte ville sont alez demeurer et rési-
der ailleurs en divers lieux, icetle ville est tettemeni
despeuplee et inhabitée que les manans et habitans en
icelle ne peuvent satisfaire au paiement de leurs portiona
deii aydes. Il soit ce qu ils joyssent de teles franchises et
libériez que ceux qui sont demourans dedens. Laquelle
chose leur vient et tourne a tels grant interest, préjudice
et domaige et plus feroit , si par nous ne leur estoit sur
ce pourveu de notre convenable remède, ainsi quils
disent; dont ils nous ont très humblement supplie et
requis.
Pour ce est-il que nous, ces choses considérées et
(1) Aroh. d» Dixfiittd«.
(9) Ibid.
(S) Ibid.
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sur ce eu ladTÎs de nos amez et feaulx les gens de notre
chambre de conseil en Flandres, avons ordonne et
ordonnons par ces présentes que tous bourgeois et bour*
geoises de la dite ville de Dicqmue , qui sont residens
au dehors dicelle viennent et retournent a tous leurs
biens sans frauder, résider et demeurer en la dicte
ville en dedens ung an après la publication de ces pré-
sentes sur peine de payer droit d'yssue de tous leurs
biens, lequel droit d*yssue au dict cas et après le dict
an passe et expire voulons eslre exeçute seignoureuse-
ment sur eulx et leurs dicts biens par tous nos officiers
qu'il appartiendra. Donne en notre ville de Lille le
7* jour de Décembre lan de grâce, mil quatre cens
soisante six (1).
1468.
Le 9 Août on saisit trois empoisonneurs qui se
disaient inventeurs d*un remède contre la peste.
Guillaume Malthys , surnommé Scheur-capproen , avait
entrepris de guérir deux filles atteintes de la peste, son
remède leur porta la mort et le coupable fut décapité.
^ Les deux autres coupables furent exécutés quelques jours
plus tard.
1468.
Arrêt du parlement de Paris en faveur de Dixmude
contre ceux dTpres , pour ce qui concerne Tentretien
de récluse de Nieuwendamme (2).
1474.
Lettres de Charles , duc de Boargc^e , par lesquelles
il est défendu à ceux de Nieuport de molester ceux de
(I) L*original aux arch. de Dixmuda.
(i) 'Areh. de IMtmade.
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28
Dixmudc, qui font venir des marchandises de la Hol-
lande par mer et part le port de Nieuport. Il est dit
dans CCS lettres que le duc confirme un droit accordé
à ceux de Dixmude en 1380. 16 Octobre (1).
1476.
Oclroi du duc Charles-le-Téméraire , par lequel il est
ordonné aux hdbitants de Dixmude qui ont quitté leur
ville pour résider dans les environs , de retourner en
ville danslespace d'un au , sous peine de payer le droit
d'issue. 23 Mai (2).
1488.
Lors de la révolte des Flamands contre leur duc,
plusieurs villes de la West-Flandre lui étaient restées
fidèles ; de ce nombre était Dixmude y qui étair comme
le refuge des Allemands; les Brugeois, voulant les
châtier de leur fidélité, recoururent à la ruse et résolu-
rent de prendre cette ville d'assaut par surprise. Ils
étaient campés à Wercken , à peu de distance de Dix-
mude, et Taurore du 7 Mars fut choisie pour exécuter
le projet. Armés d'échelles et d'instruments de guerre ,
les Brugeois commencèrent Tassaut , qui fut repoussé
par la garnison soutenue par les habitants, et les as-
saillants furent forcés de se retirer. Le commandant
de la plice , Charles De Saveule, et ses soldats , voulant
témoigner au Tout-Puissant leur reconnaissance pour
cette victoire signalée , fondèrent quelques services dans
réglise de Dixmude et donnèrent à la pitance une
somme de 48 livres parisis (3).
(1) Ârch. de Dixmude.
(2) Ibid.
(3) Registrum cotidianum , au 7 Harf . Voir aui pièces juttificatiTef •
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29
La paix fut conclue à Gand entre les états rebelles et
rarchiduc Maximilien le 10 mai suivant. Cette paix
fut de courte durée; elle fut rompue presque en même
temps que proclamée. Le 20 Juin , le seigneur de Dix-
mude fit dire aux Brugeois qu'il voulait vivre et mou-
rir avec eux , pourvu qu'ils lui envoyassent des troupes
pour arrêter les pillages commis par les soldats alle-
mands, qui infestaient la campagne. Les Brugeois
croyant à la sincérité de ces paroles, envoyèrent leur
colonel, Antoine Van Houte, à la tête de quelques troupes.
Voyant que l'alliance simulée que proposaient les Dix-
mudois était un guet-à-pens qu'on leur préparait. Van
Houte, qui. en passant avait mis garnison dans le châ*
leau Ter Heye, dans la commune de Vlasloo, alla re-
joindre cette garnison et retourna à Bruges pour ne pas
devoir céder à des forces beaucoup plus considérables
que les siennes (1).
Le 9 Août, la garnison de Dixmude se joignit à celle
de Nieuport; on alla fourrager jusques près des portes
d'Ostende. Philippe de Glèves ayant appris les ravages
commis par ces deux garnisons se i:endit en toute hâte à
Nieuport avec 2000 fantassins et 1700 clievauv; 6000
hommes du Franc se joignirent à lui et la ville de
Kieuport lui ouvrit ses portes, promettant d'être à l'avenir
des sujets fidèles au jeune duc Philippe et aux trois
membres des états de Flandre.
Dès le 28 Août ceux de Nieuport avaient violé leur
serment en recevant par mer les gens de Maximilien*
Quelques Allemands de la garnison de Dixmude ayant
fait une sortie pour détruire le Haut-Pont sur l'Isère et
(1) CAr. van Vlaenâ.
30
pour attaquer Téglise de Beersl, qu'on avait fortifiée,
furent si bien attaqués par les paysans des environs , qu'il
ne resta plus aucun homme qui put aller annoncer la
défaite h ceux qui élaieat restés en ville (1).
Louis de Halewyn , commandant des troupes Flaman-
des dans les quartiers Ouest et Nord du Franc s'empara
le SO Septembre du château de Middelbourg et en dé-
molit les fortifications. Les Brugeois avaient amené six
prisonniers Allemands delà garnison de Middelbourg;
ce qui exaspéra au plus haut point les garnisons de
Dixmude et de Nieuport, qui en revanche incendièrent
les paroisses de Keyem et de Leke et les églises d'Ëessen
^ de Woumen, sans faire grâce à une partie de la
population de ces paroisses, laquelle s'y était réfugiée
pour trouver un asile contre la cruauté des Allemands (2).
La fidélité des Dixmudois leur valut le 8 Octobre un
octroi de l'empereur Maximilien , par lequel le siège de
la loi du Franc devait être transporté de Bmges à Dix-
mude (3). Celle ordonnance ne fut jamais exécutée;
tout le Franc tenait avec Bruges contre Maximilien , et
après la paix conclue, le tribunal resta à Bruges.
Louis de Halewyn proposa le 28 Octobre à ceux du
quartier Ouest du Franc de chas<:er les Allemands de ce
quartier et de démolir les fortifications de Dixmude et
de Nieuport qui servaient de refuge à l'ennemi , moyen-
nant qu'on lui pajat par an six gros par mesare de
terre. Ceux du Franc délibérèrent sur celte proposition
et elle fut rejetée par l'influence do Josse Van dcn
(1) Chron, van Fhiend,
(2) Ibid.
(3) L'original muni du petit scel en cire rouge, pendant à queue de
parehemin se trouve aux archives de Dixmude.
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Bergbe , seigneur de WaterTliet^ aacîen ëcoutéte de 1»
ville de Bruges. Van den Berghè se rendit eti toute hâte
à Dixmude et fît mettre une garnisôn de SOO Alle-
mands dans son cbâleau d*Himdsaeme , d'où ils firent
des excursions dans les campagnes, pillant et rava-
geant tout ce qu'ils renconlraienl. Le seigneur de
Haiewyn outré de dépit, quitta le Franc et se relira
avec ses troupes à Saint^Omer , laissant la direction
des affaires à son lieutenant Antoine Daucfay.
Les Flamands ne désespérèrent cependant pM de
pouvoir s'emparer de Dixmude, ils l'assiégèrent avee
le secours du général français Des Cordes ; mais l'Att*-
glelerre qui était alors en guerre avec !a France, envoya
les lords Daubeney et Morley , avec deux mille archers
et six mille Allemands pour les attaquer dans leilr
<iamp , défendu par une forte batterie- Les archers lan»-
cèrent une volée de flèches dans les retranchements,
se jetèrent sur la terre pour éviter les décharges des
canons, se relevèrent, lancèrent une seconde volée et
pénétrèrent vivement dans le camp. La victoire fut
complète, mais elle fut déshonorée par d'excessives
cruautés. Le désir de venger là mort du jeune et
gentil chevalier, lord Morley, éinima tellement hea
vainqueur» , qu'ils refusèrent d'accorder aucun quartier^
et huit mille ennemis furent, dit-^on, massacrés: can-
nage effroyable et sans exemple, si Ton considère lé
petit nombre des combattants dans chaque armée (1).
Le Hérault a célébré dans son journal la résolution
d'un archer, appelé John Person de Coventry, qui
ayant eu la jambe emportée par an boulet, continuti
( 1) Hall. 18; Bacon , 47.
32
à lancer ses flèches à genoux pu assis, et quand les
Français s'enfuirent, il appela un de ses camarades,
et dit : Prends les six flèches qui me restent et donne
leur la chasse, car je ne le puis. Ce John Person
mourut quelques jours après (1).
1489.
L'année 1488 avait été assez funeste à Dixmude et
à tout le Franc de Bruges , pour qu'un moment de
bonheur put reluire sur les habilaiils. 3Ialheureusement
l'inslant de conclure la paix n'était pas encore arrivé
et la guerre fut continuée avec plus d'acharnement que
jamais.
Maximilien fit de vains efforts pour s'emparer de Rot-
terdam au commencement de 1489. Ses échecs furent
connus en Flandre et les soldats à son service n'eu
devinrent que plus furieux; ils firent de nouvelles ex-
cursions , s'adonnèrent au meurtre et au pillage, hasar-
dèrent de pousser leurs dévastations jusques aux portes
de Bruges et se rendirent mailres du château dit Roegiera-
brugge, dont ils passèrent les habitants au fil de 1 epée.
Le commandant Dauchy voulant venger tant d'hor-
reurs , sortit de Bruges à la tête de 600 hommes de
cavalerie et de 400 fantassins; il fut suivi de 2000
Brugeois , Gourtraisiens et Yprois, sous les ordres de
George Picavel, capitaine et écoutéte de Bruges.
Ces forces réunies^ assiégèrent le château de Hand-
saeme, qui fut pris le 8 Janvier et dont on égorgea la
garnison. De là on prit position à Eessen et à Werken,
pour empêcher les sorties de la garnison de Dixmude*
(1) Lell. Coll. IV, 247.
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53
Ne IrouTant aucun moyen d'en , venir aux mains avec
les Allemands , cette armée improvisée retourna dans
ses foyers le 6 Février.
Le7Atril, la paix fut conclue à Bruges entre la
Flandre et l'Angleterre et entre ce pays et la France.
Aussitôt la paix conclue le commerce reprit et Ton vit
arriver en Flandre beaucoup de vaisseaux chargés de
vin. Les garnisons de Dixmude et de Nieuport s'empa-
rèrent de quelques vaisseaux et les conduisirent dans le
port de cette dernière ville. Des bandes de brigands
parcoururent en même temps toute la contrée et rava-
gèrent ce qui était encore resté debout. Ceux de Winen-
daele et des environs prirent les armes pour résister
à ces pillages et firent prier les garnisons d'Ostende et
d*Oudenb()urg de venir les sécnurir. Les troupes sorties
de ces deux villes rencontrèrent une bande de ces
brigands près de Dixmude et les attaquèrent à l'im-
proviste. Cinquante restèrent morts sur la place et
beaucoup furent faits prisonniers.
Le 17 Mai, ceux de Bruges , d'Ypres et de Courlrai
prirent les armes sous le commandement de George Pi-
cavet et d'Antoinç Van Niejwenhove et allèrent camper
au pont de Beerst , aux portes de Dixmude. Ils se re-
tranchèrent si bien dans leur camp, qu'ils étaient à l'abri
d'un coup de main. On ne voulait pas commencer le
siège de la ville avant l'arrivée des Gantois qu'on atten-
dait envain depuis six jours et qui finirent par ne pas
venir. Ce retard porta la démoralisation dans le camp et
les soldats s'adonnèrent à toutes sortes d'excès dans
le métier de Furnes. Les Allemands voulant faire lever le
siège , firent des sorties avec la garnison de Nieuport
et se hasardèrent à pousser leurs excursions jusqu'aux
portes de Bruges , où deux factions s'étaient déclarées ,
54
Tune 9 nommée de Monetanen, embrassait le parti de
.Maximtlien, l'autre, qui tenait avec les étais pour le jeune
duc Philippe, perlait le nom de Philippinen.
Les affaires en restaient là jusqu'au 15 Juin , lorsque
Daniel Van Praet vint attaquer le camp des Flamands
devant Dixmude avec une armée beaucoup plus supé-
rieure en nombre. Les Flamands prirent la fuite et
auraient élé défaits complètement sans l'arrivée de Me»-
sire Jean de Bruges, seigneur d'Espierre, qui leur
emmena à temps du renfort et fit tourner la victoire du
cAté des Flamands. Trois capitaines et treiie soldats
furent fait prisonniers (1).
1490.
La garnison de la ville ayant fait un butin consi-
dérable dans la paroisse de Reninghe, en témoigna
sa reconnaissance au Tout-Puissant en instituant une
fondation de 42 livres de gros dans l'église paroissiale
de Dixmude (2).
1492.
Le 20 Janvier, vers trois heures du matin, Jean
Denys et Meuken Bollaert, capitaines de Gand , traver-
sèrent avec leurs soldats les fossés de Dixmude sur la
glace, passèrent au fil de l'épée tout ce qui s'opposait
à leur passage, enlre autres Corrîeille Jooris, échevin du
Franc (3) , et se rendirent maîtres de la ville. Les ha-
bitants qui ne voulaient pas payer une forte rançon
(1) Chron, van Vlaend.
(2) Regist. Gotid. Voir aux pièces justificatives.
(3) Le tombeau de Corneille Jooris existe cnoore à t^extrémité dtt
chœur de la Vierge ; la pierre blanehe qui le couvre porte riascription :
Hier licht Corneliê Jooriê F'Jacobê in zynen levane scepen van den P^ryen^
die overleet ini jaer M CCCC en XCTI, den xx««» dach van lauwe op einte
Sèkutyamê dach.
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55
furent pillés et vexés de différentes manières. A la nou-
velle de celte surprise, le comte de Nassau se mit en
marche pour reprendre Dixmude, à la tête d'un fort
détachement d'Allemands. Les capitaines gantois crai-
gnant d en venir aux mains , quittèrent la ville le 27 du
même mois, emportant un riche butin et se dirigeant
sur Gand enseignes déployées. Les Allemands ne furent
pas moins exigeants que les Gantois qui venaient de
partir et le comte de Nassau recompensa bien mal la
fidélité que Dixmude avait montrée pour son prince.
Arrivé à Gand , Jean Denys fut accusé par l^s autres
capitaines de ce qu'il avait quitté Dixmude, à cause que
cette ville pouvait servir de moyen pour obtenir du
comte de Nassau une paix selon leur volonté. Denys
prit la fuite pour échapper à la peine qu^on lui préparait;
repris bientôt après , il fut décapité sur le marché au
Vendredi (1).
1497.
Le duc Philippe accorde un délai pour le paiement
des dettes de la ville. 11 Octobre (2).
1502.
Le 14 Janvier, le bailli de Dixmude est déclaré non
coupable par le grand conseil de Flandre de ce qu'il
avait jugé un habitant du Franc, coupable de vol
d'une vache, pourvu toutefois qu'il s'abouche avec le
magistrat du Franc (S).
1503.
Une partie de la ville fut consumé par un incendie
avec la maison-de-ville et la halle. ^Get incendie , qui dé-
(1) Chron, van f^ïaend.
(2) ArchÎY. de Dixmude.
(3) Joêrb. van den Frytn. T. H , P. 130.
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truisit plus de trois cents maisons, arriva le 17 Avril.
Selon Sanderus ce désastre aurait eu lieu en 1515.
Lellres patentes du duc Philippe, par lesquelles il
abolit les fautes et négligences commises par les tréso-
riers de la ville, avec ordre aux commissaires nom-
més ad hoc de clôturer les comptes de 1490 à 1502.
14 Mars (1).
1513.
Les murs des fortifications à Touest de la ville sont
démolis et la ville réduite à son ancienne enceinte.
1515.
Charles-Quint ordonne une contribution extraordinaire,
qui fut levée au mois d'octobre 1517. Dixmude dut y
contribuer pour sept escatins (2).
1519.
Sauf-conduit donné par Gharles-Quint à tous mar-
chands, qui voudront se rendre à la foire de Dixmude,
commençant le mardi avant la fête de sainte Marie Ma-
delaine. 14 Mars. Ces lettres furent -confirmées par Al-
bert et Isabelle , eu Mars 1618 (3).
Lettres de Charles-Quint par lesquelles la ville de
Dixmude est autorisée à continuer à tenir une foire franche
de trois jours, avec défense de molester, d'arrêter ou de
détenir les marchands sept jours avant et sept jours après
la dite foire (4).
1520.
Requête du magistrat de Dixmude à messieurs les
(1) Arch. de Dixmude.
(2) Sand, Fiand. illuat, T. I , P. 17.
(3) Ârchi?et de Dixmade.
(4) Ibid.
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57
chefs-trësoriers des finances, tendant à pouvoir conserver
les munitions de guerre que le sieur Marage voulait faire
transporter à Gravelines (1).
1551.
Lettres patentes de Charles-Quint accordant un délai
de six ans pour le paiement des renies et autres charges
de la ville. 8 Juillet (î2). Pareilles lettres furent expé-
diées plusieurs fois les années^ suivantes tant par Charles-
Quint que par ses successeurs.
1541.
Octroi du souverain qui défend de tenir cabaret dans
le rayon d'une demi-lieue de la ville (S).
1645.
La régence contracte un emprunt pour payer les
arriérages des dettes de la ville (4).
1548.
L'évéque de Térouanne, François de Créquy , est reçu
solennellement à Dixmude , et accorde à la demande du
seigneur, du bailli, des bourgmestres et échevins de
pouvoir célébrer la dédicace de l'église de SHiiil-îS'icolas
le mardi avant la fêle de sainte Marie Madelaine, jour
qui coïncide avec le commencement de la foire an-
nuelle (5).
(1) Arch. de Dixmade.
(3) Ibid.
(5) Ibid.
(4) Uiid.
(5) Extrtit des inc. regUtret deTéglife.
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38
1549.
L'empereur accorde un nouveau délai pour le paiement
des déliés de la ville (1).
1550.
On a commencé à ériger des boutiques devant la
maison de ville aux jours de marché et peu après on a
placé au marché aux bêles de petits poteaux en pierre de
taille pour y attacher les bêles à cornes.
1564.
Philippe , comte de Hornes , amiral des Pays-Bas or-
donna à plusieurs villages de fournir du bois pour les
fortifications de Dixmude (2).
1566.
Le magistrat dTpres envoie le 20 Septembre une
ordonnance à ceux de Dixmude pour éviter toute colli-
sion entre les catholiques et les sectaires. Il stipule
aussi comment on pourra exercer la nouvelle religion et
défend de tenir des prêches dans des lieux non autori-
sés par le magistrat du lieu (o).
1567.
Entreprise pour la construction d'une chambre de
conseil à la maison de ville (4).
1578.
Plusieurs personnes, dont les maisons avaient été
démolies hors des portes pour la construction des for-
(1) Arch. de Bixmude.
(â) Arch. de la commune de ZantToorde, près d*Tpret. Voir mz piéeet
jastificdtivet.
(5) Arch. de Dixmude. (In flamand).
(4)Ibîd.
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59
tifications, demandent de pouvoir en rebâtir d'autres à
lïnlérîeur de la ville (1).
Ordonnance de Philippe II, que les ecclésiastiques
doivent comme les autres habitants contribuer dans les
frais des nouvelles fortifications. 16 Janvier (2).
L'circhiduc Matthias exempte Dixmude de logements
militaires. 19 Novembre (3).
1579.
Octroi de Philippe II pour pouvoir bâtir sur une partie
du cimetière de Téglise de Saint-Nicolas (4).
Au mois de Mai on leva une contribution de 144 livres
parisis pour pourvoir aux frais des fortifications (5).
Plusieurs personnes se sont imposé cette année une
contribution hebdomadaire durant six à sept semaines
pour la construction des fortifications. Leurs noms et les
sommes données par chacun sont consignés dans uu
petit livre intitulé : F" oluntaire ommestellitighe achter
stede van Dixmude, tôt tmaeken van fortificatien in tjaer
1579 (6).
1581.
Au commencement du mois d'Avril, les Flamands, qui
servaient sous le prince d'Orange et qui se trouvaient
dans les environs de Bailleul et d'Arraa, ayant appris que
le général français Montagny les recherchait avec une
colonne de 3000 hommes, firent un mouvement vers
la Elaadre. La cavalerie française les trouva près de
(1) Arch. de Dixmade.
(9) Biid.
(3) Ibid, aTeoU lignature autographe et le weau de Tarchidae.
(4) Ibid.
(5) Ibid.
(0) Ibid.
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Dixmude , leur tua beaucoup de monde et les défit to-
talement.
Les étals de Flandre résolurent le 23 Juillet d'impo-
ser à quelques villes de nouvelles /contributions pour
subvenir aux frais de la guerre. Dixmude dut contribuer
pour 1200 livres parisis (1).
Le 14 Septembre, La Molle fit une tentative pour sur-
prendre Dixmude; il fut repoussé vigoureusement, et
quelques bourgeois furent tués aux portes. On ne put
lui empêcher d'emmener les bêles à cornes qui paissaient
dans les prairies des environs (2).
Les état:! de Flandre décident que tous les ouvrages
extérieurs des fortifications seront à charge des états et
tous les ouvrages intérieurs à charge de la ville. Celte
décision est prise d'après l'avis de l'ingénieur Hans
Dunck, le 30 Octobre (3).
Les états décident, le 16 Novembre, d'après l'avis de
leur délégué , Jacques Cloribus et de l'ingénieur Hans
Dunck , qu'outre les ouvrages en exécution , il faudra ,
pour compléter les fortifications , encore faire construire
trois demi-lunes et une contrescarpe, que ceux d'Ypres
et ceux du Franc contribueront chacun dans ces ouvra-
ges pour la somme de deux mille florins et que le res-
tant sera à charge de la ville (4).
1582.
Le magistrat décide, le 25 Mars, de vendre les joyaux
(1) Resoluiie boeh van de vier rebelle leden der etaten van flaenderen ,
MS.
(2) yiaemecheKronyhe^ door Ph. De Kempenare, P. 287.
l^)Resolutieboek,US.
(4) Wid.
41
et largenterie de Téglise de Saiol-Nicolas , pour nrhcler
une provision de blé nécessaire aux habitants (1).
Après la révolte qui eut lieu à Bruxelles au mois de
Juillet, le duc d'Alençon envoya les troupes françaises
sous ses ordres, dans les villes de Dixmude, de Dun-
kerque et de Bergues-saint-Winoo; le reste de Parmée,
sousf les ordres du prince d'Orange , prit position devant
cette dernière ville, où le duc de Parme lui présenta
bataille, sans que ses tentatives fussent acceptées.
1583.
Les Français avaient résolu de se rendre maîtres ab-
solus des villes d'Anvers, Bruges, Dixmude, Dunkerque
et Termonde, et de les livrer au pouvoir d'Alençon.
Celui-ci voulut se justifier de cette entreprise téméraire
en rejetant la culpabilité sur les Anversois; cependant,
aucun doute ne peut exister sur la mauvaise intention
d'Alençon , puisque les garnisons de Dixmude , de Duo<»
kerqueet de Bergues-saint^Winoc en voulurent plusieurs
fois aux habitants de cés villes, qu'ils vexèrent par leurs
prétentions, en les accablant même par des voies de
fait (2).
Après s'être emparé d'Ostende, Alexandre Farnèse
vint mettre le siège devant Dixmude , qui capitula le
dernier jour de Juillet; voici les conditions de cette
capitulation :
l'aies capitaines, ofEciers et soldats sortiront de la
ville avec leurs femmes et .enfants , avec leurs armes ,
épées et dagues et tout leur bagage.
2® Il ne sera fait aucun mal aux malades et blessés ,
(1) Arch. de DUmade.
Strada, De bel. Belg. T, :i, P. 889 et âOi, et Çhron, van f^Uund.
Annales. — Tome IF'. 5
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qui ne sont pas en état de quitter la ville; ils pour-
ront y rester jusqu'à ce qu'ils soient complètement
guéris.
3" Les bourgeois qui voudront partir avec la garnison
seront libres d'emporter leurs biens. Il leur est accordé
un délai de six semaines pour vendre ou transporter
leurs meubles , et six mois pour la vente des immeubles.
4° Quant aux bourgeois qui voudraient rester, son
Altesse leur pardonne leurs fautes et offenses commises
quelles qu'elles puissent être.
S"* Pour ta garnison, il n'en sera placé à l'avenir
qu'autant qu'il en faut pour le plus grand soulagement
des bourgeois.
Fait au camp devant Dixmude , le dernier Juillet
1583 (t).
Cette capitulation avait été signée après un siège de
quelques jours. Farnèse ne se voyant paa en état de
livrer assaut à cause de l'infériorité de ses troupes,
résolut de couper toute communication aux assiégés. II
£1 construire un fort le long de la chaussée de Briiges
et y mit 600 piétons et 200 cavaliers avec huit pièces
de canon. Il donna le commandement de ce fort k An-
toine Grenet, seigneur d^ Wevpe, commandant de la
ville de Gourtrai. Le capitaine, Charles de Luna, vou-
lant introduire dans la ville un convoi de vivres, soutenu
par 25& hommes, de cavalerie et de 5j00 fantassins, fut
battu complètement et les cinq cents chariots chargés
de vivres et de munitions tombèrent au pouvoir du duc
de Parme (2).
(1) Ârcb. de Dixmude, et Strada T. ii , P. 303.
(2) Lambin, Beleg van Yper.
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Le 26 Octobre , Alexandre Farnese , campé devant
Eecloo , stipule ce que les Dixmudois devaient donner
aux soldats, qui tenaient garnison che» eux (1). A la
fin de Décembre , il ordonna à ceux qui profes^^aient la
religion reformée , c'esl-à-diré à la moitié des habitants ,
de quitter la ville , et il employa tous les moyens pour
rétablir la religion eathoKc|ue (2).
La disette était si grande , qu'on vendit un ciboire et
des calices de l'église paroissiale , afin d'acheter des
grains à Oslende (3).
158S8.
Philippe, roi d^Espagne, accorde un délai pour le
paiement des deux tiers de's^dettes de la ville. 17 Février.
Avec le grand , scel en cire rouge (.4).
Alexandre Farnèse , instruit de l'aririvée d*une floHe
espagnole sur les côtes de Flandre , arriva à Bruges le
8 Août, et se rendit delà à Dixmude , pour se mettre à
la téle dèâ ttoupé's qd'i rfeTaîeiit sé' itènâté U iyahèer^q;ue ,
I^xitfr sbtileùîr ffotté contrée' léâ AAg^afe. ïa^rhè^e àVaîl
compté troliVér Ta ébttfe à l>uhkèrqùe le f2, di; iors^ù'^il y
arrira , lét Ahj^ai^ l^à^atent cféjâi défaîté (5).
1506.
Dixmude fut forcée de oontribuôr pou/bc^aticoup dân^
les dépenses ocoasionoéea païf l-âr^iiduc Albert , pour
assiéger (étende.
(1) Arch. de Bixmade.
(3) Chron. van Flaond,
(3) Arch. de Bixmade.
(4) Ibid.
i^) Chron. van Flamid.
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1507.
On dépensa , celle année , pour les forlificalîons , une
somme de 1543 livres , 5 sols (1).
1598.
Le capilaine espagnol , Ballhazar Horligosa , comman-
dant de Dixmude , mourut le 26 Février. Sa pierre
sépulcrale se trouve dans le chœur de la Vierge.
1600.
Le seigneur de St-Greorges est receveur héréditaire de
Tespier de Dixmude (2). On prélevait dans celle ville un
autre droit, nommé Cens et F' arckenesse de Dixmude (3).
1600.
On demanda aux administrations de Vlasloo et de
Merkem, des palissades pour les fortifications (4).
1601.
Le capitaine Balthazar Bezerra, commandant de la
ville, mourut le 1 Juin. Balthazar Merenda lui succéda.
On décrivit celte année les cours d'eau de la ville. Le
livre qui conlient celle description, est intitulé: Dit
naervolghende zin de conduyten ende toaterloopen van
der stede van Dixmude. Il y est fait mention de dix
ruisseaux {beken) qui sont souterrains à la ville (5).
La tour deTéglisefut incendiée par la foudre (6).
(1) Ârch. de Dixmude.
(2) Glerck, Op het leen reeht.
(3) Heisager dei scienoei, année 1840, p. 297.
(4) Arch. de Dixmude.
(5) Ibid.
(6) Sand. Fl. illust.
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45
1604.
Albert el Isabelle accordent un délai de trois ans
pour le paiement des rentes à charge de la ville (1).
Le 7 Avril , Marie de Sacquespée^ dame de Dixraude,
vend à Vincent de Heere , 36,000 briques, à prendre
du vieux château en ruines, situé près de la ville, à cinq
florins le mille, pour en bâlir la taverne /a Couronne,
hors de la porte, près le Haut-pont (2).
Octroi des archiducs Albert et Isabelle pour pouvoir
lever une somme de 1200 livres de gros, pour le réta-
blissement de la chaussée hors la porte du nord, et de
pouvoir percevoir un droit sur les chariots et les che-
vaux pendant six ans. Le 14 Avril, avec le sceau des
archiducs en cire rouge (3).
Le comte de Busquoy , général de l'arlillerie , ordonne
de faire transporter à Nieuport toute Tartillerie qui se
trouve à Dixmude. La régence s'y oppose et le muni-
tionnaire de l'artillerie répond que toute l'artillerie a
été achetée et payée aux frais de la ville (4).
La foudre détruit de nouveau la flèche de la tour de
l'église (5).
1608.
L'historiographe des Pays-Bas , J.-B. Gramaye, visite
les archives de la ville le 21 Septembre (6).
(1) Arch. de Dixmude.
(2) La quittance aux archives.
(3) Arcb. de Dixmude.
(4) Tbid.
(5) «Sand. FL iUuat,
(6) Arch. de Dixmude.
1606.
1607.
46
1610.
Un traité ou hanse est conclu entre les villes d^Ypres
et de Dixmude. Ce traité concerne surtout le droit d'issue
et les successions. 22 Mars (1).
1611.
P^reU traité fut cpnclu entre Dixioude et Brqges^ le
1 Août (2).
Les archiducs accordent ài la yille la perception de
4 sols pour chac^ue bâteau , et 2 sols pour chaque nacelle
qui naviguera dans les eaux de la ville. S Septembre (3).
1612.
Octroi pour pouvoir rebjâtjir les maisons de la yjlle «
détruites pendant les dernières guerres. 3 Juillet (4).
1014.
Octroi de ne pouvoir feir^ aucun négoce ni métier
d^ns le rayon d'up qu^rt 4p IJeup d^ns U b^plteue de la
ville , d^Qs )a direiptipi^ cJh Friai^c de Bruges. 3Q Juil-
lel (5),
1619.
Contrat passé pour la cpnstruçtiop de qqelçjpes fortifi-
calions avec Tavis de Jean Van Heedi? , çpipmis des for-
tifications de la ville de Bruges (6).
Chrétien Druvœus, abbé de Saint-Nicolas à Fumes,
envoie , 1a d^m^nde du m^gislr^t de Di^çp^qde , qiîel-
ques moines de spa abbaye ppur enspig^er le^ ^u^irianîtés
(1) Arch. de Dixmude et V Plaçait hœk^ p. 645.
(2) Ibid.
(3) Archiv. de Dixmude.
(4) Ibid.
(5) Ibid.
(6) Ibid.
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dans cette ^ille. Ces moines recevaient une pension
annuelle du magistrat (1).
163S.
L'on construit une nouvelle prison , qui existe encore
actuellement k côté de la maison ^de-ville, et Ton entoure
les fortifications d'une rangée d'arbres.
1656.
Le magistrat donne des statuts pour l'école des filles
orphelines, laquelle a été construite celle année. Dame
Calhérîne De Coslere est la fondatrice de celle maison ,
d'après ce qui est dit dans ces statuts. 6 Mai (2).
Le 50 Juin , une hanse fut conclue entre la ville de
Dixmude et le pays du Franc, concernant le droit d'is-
sue (3).
1639.
Le roi d^Espagne, Philippe, donne la permission de
pouvoir lever une taxe sur les habitants , afin de pour-
voir à l'entretien de seize soldats à charge de la ville.
9 Juin (4).
1641.
Le roi Philippe permet la levée de plusieurs impôts ,
entre autres de 5 sols pour chaque livre de tabac , de
4 sols pour chaque peau de bœuf et de 3 sols pour toute
peau de vache qu'on fera entrer en ville (5).
Le droit de pèche d'une partie de l'Isère appartenait
au seigneur de Ghistelles. Celte pèche était un fief rele--
vaut de cette seigneurie, et appartenant, en 1641, à la
(1) Chron, St-Nicoîai MS.
(t) Arch. de BUmode.
(5) Ibid. Fplacaet boek, p. 655.
(4) Arch. de Bixmude.
(5) Ibid.
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AS
famille Affaitatis. Voici comment parlent les lettres ac-
cordées pour ce fief: 'S heeren van Ghistelle visschery
te Nieuwéndamme , beginnende te Nicuport voor de
haven ende haer bestrekkende door Nieuwtndamnie voor
by de stede van Dixmude, door de Hooge Brugge in de
rivière, genaemt de Izere, tôt eenen ronden pitte, staende
in de havene van den voornoemie Izere, Deux poteaux
en pierre de taille portant les armes de Ghistelles a^ec
ceux de la seigneurie de Nieuwcappelle , dont était alors
en possession Jean de Noisilles, seigneur dlsenghien,
indiquaient les limites de celle pèche. On aperçoit
encore aujourd'hui un des poteaux le long du canal, vis-
îl-vis la paroisse de Sint-Jacobs-Capellé; il porte les
armes de Ghistelles et de Affaitatis. A ce droit de pèche
élait attaché celui de pouvoir percevoir cinq escalins
parisis pour chaque bâteau qui naviguait dans cette
partie du canal. Tous ces droits furent confirmés vers
1622 par l^empereur (1).
1646.
Les Hollandais prirent Dixmude au mois d^Octobre.
1647.
L'archiduc Léopold fit son entrée à Bruxelles au
mois d'Avril , comme gouverneur général des Pays-Bas.
Il ne tarda pas à se mettre en campagne, assiégea
Armentières , qui se rendit après une petite résistance.
Il prit ensuite Comines etLens, et apprit durant le siège
de Landrecies, que les Français , sous les ordres du ma-
réchal de Gassion, assiégeaient la Bassée, et que le
maréchal de Ranlsau était aux portes de Dixmude.
L'armée française, en se rendant devant Dixmude,
(1) Arrh. de la maison de Ghistelles.
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traversa la chàtellenie de Furnes, pillant tout ce qu*elle
trouvait. Toute^f les maisons aux environs de Dixmude,
furent détruites et démolies. On en fit servir les maté-
riaux h la construction des barraques pour le service
des assiégeants. Après un sîége de huit jours, la ville
se rendit, le 15 Juillet. Les Français se mirent aussitôt
à réparer les fortifications; ils abattirent tous les^arbres
pour en faire des palissades.
L'archiduc, après s'être rendu maître de Landrecies,
se dirigea sur la Bassée, assiégée par Gassion. De Rant-
sau , qui , depuis seize jours, occupait Dixmude , voulant
faire reculer Tarmée de Tarchiduc , fit semblant d'aller
assiéger Nieuport et vint avee son armée devant cette
place, le 28 Juillet; il s'empara de la redoute , dite Dut-
velshoom^ et du fort de Nieuwendamme. Les Espagnols
de leur côté envoyèrent un renfort de troupes à Nieuport.
De Bantsau apprenant que Gassion était entré dans la
Bassée , fit camper ses troupes depuis le Duivelshoorn
jusqu'à Schoorebeke. Ce campement dura jusqu'au 2 du
mois d'Août. Les Français avaient détruit avant leur
départ les forts de Nieuwendamme et de Duivelshoorn.
Pendant que Lens était assiégée par le maréchal de
Gassion, l'archidùc envoya le 29 Septembre, le marquis
de Fonderati avec 3000 hommes pour s'emparer de Dix-
mude. Il se rendit maitre du Haut-pont et de la demi-
lune qui défendait ce passage, pendant que le marquis
de Garracena fermait toutes les issues de la ville. La
garnison française qui y était enfermée, était forte de
3060 hommes. De Rantsau voulant faire lever le siège,
vint le 11 Octobre avec 15,000 à Loo, où il campa.
Le 13, il se dirigea sur le fort de la Knocke, et voyant
l'impossibilité de faire lever le siège, il retourna à Loo.
Dixmude capitula trois jours après et les Espagnols la
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fartifièrent. Les Français restèrent à Loo jûsqu'au 3 No-
vembre et quittèrent cette YÎIle, après Ta voir complète*"
ment déTalisée
1658.
Après s'être emparé de Furnes , le maréchal Turenne
se présenta devant Dixmiide , qui n^était défendue que
par 400 hommes. Après quelques négociations, la ville
capitula le 4 Juillet.
Le 8 du même mois , Turenne ordonne aux bourgmes-
tre et échevins de payer au maréchaMes-logis général
de l'armée, le S' de Hauterive , la somme de 2000 livres,
pour les soins qu'il a pris à négocier la capitulation. Cet
ordre est daté du camp devant Dixmude (2).
Xe 31 Juillet, Turenne ordonne, à la requête du ma-
gistrat de Dixmude , que la moitié de l'impôt mis sur la
bière , appartiendra au S' de Hauterive , maréchal-des-
logis de l'armée, jusqu'à son entier paiement de 2000
francs. Daté du camp devant Nieuport, et scellé du
petit cachet de Turenne (5).
Ce ne fut que le 24 Décembre que Turenne signa k
Ypres^Ies points proposés lors de la capitulation. Le ma-
gistrat soumit ces points à la signature du maréchal (4).
1659.
Dixmude resta au pouvoir des Français jusqu^au frailé
des Pyrénées. Par l'article xlvi de ce traité, la France
rend à l'Espagne les villes dTpres, Audenaerde, Dix-
mude, Furnes, avec les forts de la Finlelle et de la
(1) D'après un KS. contemporain. La eapitnlalioa ae trouYS aux aroki-
vaf Û9 Qixroude.
(3) Arcb. de Dixmqde.
(5) Ibid.
(4) Ibid.
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Knocke , Merville , Menin et Commines sur la Lys , avec
les appartenances et annexes.
La trêve qqi pr^céd^ le traité des Pyrénées, ne fut pas
toujours bien observée. La garnison de Dixmude s'était
emparé de plusieurs chariots chargés de grains, qu'on
condfiî^ait de ^rug^s^ Nîeiypori; malgré toutes les repré*
sentations qui furent faites , les Français vendirent les
grains ç les chariots et les chevaux, sous prétexte qu'on
iï'avait pas d^mmdé de sauf-oondtiit pour w transport.
Les fortifications et les portes de Pixmudie furent dé-
molies après la conclusion du traité des Pyrénées , et
depuis elle ne fut plos en ^tat dç souteoir da Umg ^ége.
Les Français ne quittèrent Dixmude qu'au mois de
Février 1660 , après le mariage de Louis XIV , avec la
fille de Philippe IV : les Flamands m furent paa trop
satisfaits de leurs nouveau? mattrçs , qui le» vexèrent par
toutes sortes d'wgefices. Le 15 Mars, on reçut la noui-
velle qu'on devait célébrer sdeoneltemaoi , J8, par
des fêtes et df» r^ouissanees, la conelasioii de la paix.
Le gouverneur des Pays-Bas visita en cette année
la ville de Dixmude , en retournant de Nîeuporl et d'Os-
tende, où il s'était rendu pour inspecter le port.
Le 22 Décembre, il arriva h Dixmude deux régiments
d'infanterie , et six compagnies de cavalerie , pour la
défendre contre les Français, qui lui avaient imposé une
contribution de guerre de 1200 livres de gros, sous
peine d'incendie en c^sde re^fus (1)^
(1) Chron. ton Haend.
1660.
1663.
1667.
52
167!.
Le gouverneur des Pays-Bas , comte de Monlerey,
arriva à Dixmude le 5 Août, et ordonna de mettre la
ville en état de soutenir toute attaque de l'ennemi. Il
fit démolir Fabbaye de 'sHemelsdael, pour l'incorpo-
rer dans les fortifications qu'on devait ériger sur soii
emplacement (1).
Un incendie arrivé par accident , détruisit la tour de
l'église, le 12 Janvier (2).
1674.
Un détachement de la garnison fut envoyé au château
de Wynendaele, pour contenir les brigandages des Fran-
çais qui parcouraient le pays.
1677.
Après les sièges de Cambrai et de St-Omer, Tarmée des
alliés , commandée par le prince d*Orange , et forte de
36,000, entra dans la Flandre, et prit garnison dans
différentes villes. Dixmude en reçut une partie.
Le marquis d'Ossera , qui avait ravagé les environs de
Bruges, arriva le 17 Août avec son armée, forte de
10,000 hommes, devant Dixmude ; il choisit son quartier
généra] à Caeskerke, et se proposa de piller la ville,
mais ayant appris que les habitants' avaient caché tout
ce qu'ils possédaient , il rançonna tout le métier de
Fur nés (3).
1678.
Les biens des hospices du bureau de bienfaisance et
(1) AnnaUê de la Soc. d*Emui» T. Il, P. 193.
(9) Sand, Fland* tUnat.
(5) Çhnm. van Flasnd,
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55
de l'église furent confisqués durant tout le temps que
dura la guerre (1).
La société de St-Sébastien invita toutes les sociétés à
Tare de la Flandre à une grande féle. Vingt-sept socié-
tés répondirent à cet appela et la féte eût lieu le 20
OctoJ}re. Ceux de Furnes remportèrent le premier prix,
consistant en un arc d'argent du poids de quinze
onces (2).
1681.
On plaça l'orgue dans Téglise paroissiale; une seule
personne, M. Pierre Van de Poorte, contribua pour la
somme de 200 livres de gros, dans les frais qu'occasionna
celte construction.
1685.
Après la prise de Courtrai , les Français s'emparèrent
de Dixmude le 10 Novembre, après un siège de deux
jours (3),
1684.
Le 10 Janvier, le maréchal comte Montbrun sortit
de Dixmude à la tète de 4000 hommes, il s'était fjiit
précéder d'un trompette porteur de lettres adressées au .
magistral du Franc de Bruges pour le sommer de payer
une certaine somme comme contribution forcée. Le
maréchal arrivé à Jabbeke, y trouva deux bourgmestres,
deux échevins et un greffier du Franc, qui promirent
de lui payer 100,000 florins en trois paiemeuts , avant
le mois de Septembre. Le maréchal Humières, qui se
trouvait alors à Lille, ne voulut pas ratifier cet accord.
(1) Arch. de Dixmade.
(3) Ibid.
(8) Chr. mm Fiaend.
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54
il prétendit qu^oB^ payeràît 1&0,MK> florins avaiti la fin
de Tannée, sous peine d'incendier tout te territoire du
Franc (1).
Le même comte de Montbruta , lieutenaDl-général pour
]e roi de France, clans le gotirernement de Flandre,
défend, le 2^ Avril, aux tYoïspés fi'ailçaises d'entrei^
dans DixnHide sans montrer leur passeport, el dé dé-
mander aux habitants quelques rafraichissenients (2)^
Le roi de France, désirant la paix, envoya èt la Haye
le comte d'Avaux et fit proposer aux états une trêve de
25 à 30 ans , qu'il désisterait de s<Mi droit snt le comité
cTAlost, à condition qu'on lui céderait la ville de Luxem-
bourg avec ses dépen4iances et les viHftS dé l^ixmude et
de Courtrai dont on démolirait les fortificatiôns.
Les états , après mûre réflexion , et intimidés par le
comte d'Avaux , coiYsenlirei^t à' une tifève <fe vingt ans.
Elte M CGxichxe à H<àye lé 39 Juin 1684. L'article iit
dit que , si dans six semaines le roi catholique agréait
cette trêve, la France lui restituerait Courtrai et Dix-
mudé , après qu^èfliâ en aurait fûït absltlVe les mur&illes
el les forliiîcation^ (S). Cette trè^fe* fbi définitîvemoit
conclue par le traité dé RatisKit^irne , le 15 Aoiït suivànt ,
et publiée en Flandre au commencemeïit d^Octobre.
Les Fratvçais démantelèrent lyixrùude et Courtrai , et
construisirent té fort de Knocke^, où ils mireiit une forte
gamison#
1688;.
La ligue d'Aiigsboufg , lès préfentiohs èe ki duchesse
d'Orléand sur ki succession dé son frère*, à' laquelle elle
(1) Chron» van VUmd.
(2) Arch. de Dixmude.
(3) Mém. de Nw^ , T. i, P. 133.
55
avait renoocé, la proiection que Louis XIY accordait
au cardinal de Furslenberg, pour la dignité d'électeur
de Cologne , et enfin Tinvasion du prince d^Orange en
Angleterre, où il détrôna Jacques H, son beau-père,
furent les causes principales qui rallumèrent la guerre.
1689.
Ce ne fut cependant qu'en 1689 que la guerre s'étendit
en Flandre. Les Français s^étaient emparé de Dixmude,
mais ils la quittèrent à rapproche de Thiver de Tannée
suivante (1).
Le maréchal d« Luxembourg inspecta les fortifications
de la viUe au mois de Septembre, et les troupes se reti-
rèrent en France, îpotir y prendre leur quartier -d'hiver
au mois d'Octobre suivant (2.). Cependant on conserva
dans les différentes villes de Flandre un corps de 60,090
hommes pour protéger les ouvriers qui travaillaient sans
relâche aux fortifications de Dixmude, de Courtrai et de
Furnes durant toutThiver. Le commandant d'Avejan fut
gouverneur de Dixmude pendant foute cette année (S).
Le 4 Octobre on fil un pont de bâleaux derrière la
cavalerie de la droite „ près du ^uavtîer général (à Dein-
se), afin de faire passer le lendemain huit bataillons qui
allaient occuper les postes de Dixmude et de Furnes.
Le 8 Octobre, toutes le» troupes du^ roi ont été can-
(1) Fesreol Loc €hnmi, B^.
(3) Chron, wm noênd.
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56
tonnées depuis Court rai jusqu'à Dixmude et Furnes (1).
1693.
Le comte Pierre Thesauro, seigneur de Fossano en
Piémont, remarquant dans son fils Jean-François un
mauvais naturel , lui conseilla de quitter son pays et lui
acheta un drapeau dans le régiment du marquis de
Magalollî , nommé ensuite Royal-Italien , au service de
France. En 1692, ce régiment se trouva en quarlier-
d'hiver à Dixmude , où le comte Thesauro se maria à
Brigitte Pelyt. Il partit au mois de Mai avec son régiment
et ne vit plus jamais son épouse. Retourné en Piémont,
il mourut à Plaisance, laissant ses biens à ses enfants
naturels et son droit d'ainesse.è son frère Antiforte pour
sa vie durant. Ce mariage fui l'origine du fameux procès,
qui dura pendant 24 ans et qui fut gagné à Turin le
IS Septembre 1764 , par le fils issu du mariage du comte
Thesauro avec Brigitte Petyt (2).
1693.
Le roi d'Angleterre , Guillaume III , s'empara le 1 Sep-
tembre de Dixmude, mais le général Boufflers ayant
repris Furnes le 28 Décembre, avec seize escadrons
de cavalerie et vingt bataillons d'infanterie, les alliés
quittèrent jspontanément Dixmude.
1693.
Le 10 Janvier, Boufflers y entra et en fit augmenter
les fortifications. De cette manière, la Flandre était à
(1) Journal des mouvenuniê et eampemenU de Varmie du roi en Flandre,
en 1691. Lille, 1691.
(2) Voir V Abrégé historique du procès de Jean^François Thesauro^
soutenu entre les comtes Antiforte et Muédé à Fossano en Piémont.
Imprimé à Tprei, chez J.-F. Moennan*
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57
couvert de ce côté-là. Cependant les Français, ayant
besoin de leurs groupes , firent démolir' autant que possi-
ble les fortifications de Dixmude et de Gourlrai , au mois
de Juillet, et firent augmenter celles de Furnes et de
Dunkerque, pour s'opposer à la flotte anglaise (1).
1694.
Le marquis de la Valette, lieutenant général des
armées du roi, commandant de Sa Majesté depuis
FEscaut jusqu'à la mer, prend sous sa protection la ville
de Dixmude. Donné à Dixmude le 6 Mai (2).
Le marquis de Boufflers accorde aux habitants une
sauve-garde. Donné à Lille le 7 Mai (3).
Le prince Maximilien de Bavière prend sous sa pro-
tection les Dixmudois. La lettre qu'il leur donna à ce
sujet est datée du camp d^Hooglede , le 8 Septembre (4).
Henri de Nassau , seigneur d'Auverkerque , général au
service de S. M, le roi d'Angleterre , donne une sauve-
garde datée d'Handsaeme , le 18 Septembre (5).
Les alliés avaient mis à Dixmude une garnison de
3000 hommes dès le départ des Français; cette garnison
changea de temps en temps selon les circonstances. Elle
ne fut cependant jamais diminuée , car c'était de ce
point qu'on voulait diriger sur Furnes et Dunkerque une
armée pour surprendre ces villes en même temps qu'elles
seraient attaquées par l'escadre anglaise.
(1) Chron, van Vlaenâ,
(2) Archiy. de Dixm.
(3) Ibid.
(4) Ibid.
(5) Ibid.
AniiALES. — Tome IV .
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58
1605.
Le 9 Juin , le roi d'Angleterre envoya le duc de
Wurtemberg avec un détachement de troupes pour ç'em-
parer do^forl de Knooke. Il attaqua 200 dragons Fran-
çais qui fesaient la garde sur les digues de l'Isère et les
mit eu fuite après un combat opiniâtre. Le comte de
La Moite, qui commandait la garnison de Dixmude,
envoya du renfort aux Français enfermés dans le fort ,
mais le duc de Wurtemberg les força de rebrousser
chemin et éleva quelques batteries. La garnison de Dix-
mude envoya plusieurs fois des troupes pour détruire
ces ouvrages, sur lesquels on avait placé deux pièces
de canon; elle coupa aussi les digues de l'Isère pour
intercepter toute communication avec les alliés, qui
jetaient des ponts volants sur celte rivière.
Le 22 du même mois, les Français firent une sortie
du fort et firent quelques prisonniers. Le duc de Wur-
temberg voyant qu'il lui était impossible d'attaquer
le fort sans risque d'échouer dans son entreprise , levi^
le siège dans la nuit du 26 au 27. La Motte envoya
quelques troupes pour importuner l'arrière-garde dw
alliés (1).
Le maréchal Yilleroy , qui commandait une armée de
cent mille hommes, employa toutes les ruses de la
guerre , pour réduire dans la Flandre la petite armée du
prince de Yaudemout , qui sut échapper à tous ces stra-
tagèmes par une retraite aussi sagement concertée que
promptement exécutée. Le roi d'Angleterre , lors de son
mouvement sur Boulogne, envoya le général Danois £llen-
(!) Ckr. Gon Flaend.
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59
berger avec douze bataillons d'infanterie et quelques
escadrons de dragons pour s'emparer de Dixmude, qui
fut forcée d'ouvrir ses portes. Villeroy crut le moment
opportun pour surprendre celte partie de l'armée alliée,
et se rendit en toute hâle devant Dixmude , où il arriva
le 18 Juillet. EUenberger avait, dès son entrée dans la
ville, fait venir beaucoup de pionniers poyr travailler
aux fortifications , qui n'étaient construites qu'en terre.
Villeroy fit ouvrir la tranchée le 26 du même mois et
donna le commandement du siège à Montai. Le général
EUenberger donna d'abord des signes d'une résistance
opiniâtre, il renvoya toutes les femmes, qui furent mal-
traitées par l'ennemi , et fit prendre les armes aux bour-
geois et aux pionniers ; mais soit trahison , soit lâcheté ,
sans que les assiégeants eussent pratiqué aucune brèche ,
sans qu'ils eussent préparé ni même tenté aucun assaut
et lors qu'ils avaient seulement tiré 50 bombeç , ElleiiL-^
berger rendit la ville par une capitulation déshonorante.
Les Français, contre les stipulations de la capitulation,
firent déposer les armes à la garnison forte de 4046 hom-
mes , et la firent prisonnière. Les pionniers furent déva-
lisés et renvoyés après avoir subi de mauvais traitements.
Ceci arriva le 27 Juillet. Le roi d'Angleterre, qui atta-
chait une grande importance, à la conservation de Dix-
mude, parce qu'il pouvait arrêter sur ce point les Fran-
çais , l'avait fait amplement approvisionner ; il livra
EUenberger à un conseil de guerre , qui le condamna
à avoir incontinent la tête tranchée. Cette exécution eut
lieu à Gand, le 30 Novembre de cette même annét; (1).
(1) Dewez, T. vi; Chrên.,mn F'iaend, et Sçhouwburg (fer liedwl.
60
1696.
Au mois de Mars, le général Fagel se lenail avec
5000 hommes le long du canal de Dixmude , pour tenir
téle aux généraux français Montai et La Motte et pour
couvrir les pionniers qui travaillaient aux fortifications
à Schoorebake. Villeroy était campé à Winendaele; il
leva son camp le 18 Septembre , et échelonna son armée,
forte de 35,000 hommes, de Wacken, où était Faile
droite, jusqu'à Dixmude, extrémité de Taile gauche. Il
laissa dans cette ville cinq bataillons d*infanterie et six
escadrons de cavalerie (1).
1697.
La paix signée à Ryswyk le 20 Septembre 1697, mit
fin à la guerre, et fit rentrer Dixmude sous la domina-
tion espagnole , d'après l'article ix , où il est dit que le
Roi Très-Chrétien fera restituer à Sa Majesté Catholique
toutes les villes, places, forts, châteaux et postes que
ses armées ont ou pourraient avoir occupés jusqu'au jour
de la paix (2).
1700.
Il se trouve aux archives de Dixmude beaucoup d'oc-
trois de la fin de ce siècle , donnés par les souverains
pour pouvoir lever des impôts sur la consommation des
denrées , sur le droit de barrière etc.
1705.
s. M. exempte l'hôpital de Dixmude du pain d'abbaye,
(1) Histoire de la baronnie d'Ingelmunater, Voir Annahê de la Société
d'Emul.T, II, P. 45.
{%) Traité de pais. La Haye, 1697.
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61
que Christine De Marez avait droit d'y percevoir. 23
Mars (1).
1708.
Au mois de Juillet , le général Barwyk , sous les ordres
du duc de Bavière , qui était au service de France , par-
tagea un corps de 3000 hommes dans les places d'Ypres ,
de Lille , de Furnes , de Dixmude et dans le fort de
Knocke, laissant le centre de son armée à Haubourdii^,
à une lieue de Lille, sous les ordres du marquis de
Hauteforl (2).
Au mois de Septembre les alliés jetèrent des ponts sur
le canal de Nieuport, pour communiquer ainsi avec
Ostende, où se trouvaient les vivres des Anglais. On fit
passer sur ces ponts 600 chariots non chargés, sous
l'escorte de 4400 hommes, et Marlborough, pour couvrir
le convoi qui revenait chargé de vivres , envoya à Dix-
mude le général d*£lfs avec six bataillons, qui furent
bientôt suivis d'un renfort d'autres troupes d'infanterie
et de cavalerie. Quelques jours plus tard , le 28 Septem-
bre, les alliés, sous les ordres du général Webb, rem-
portèrent une victoire signalée à Winendaele. Les Fran-
çais ayant voulu se rendre maîtres du convoi dont nous
venons de parler , furent complètement battus.
Lorsqu'au mois d'Octobre suivànt les Français voulu-
rent se frayer un passage à Leffinghe, Marlborough envoya
un détachement de son armée à Dixmude pour garder
cette ville et empêcha toute communication avecOslende.
Quelques semaines plus tard, le général Gadogan attaqua
(1) Arch.de Dixmude.
(2) Voir Chron. van Haend, et Thistoire de Dewet.
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62
le fort du Haut-pont, et remporta après un combat de
trois heures (1).
1710.
On bâtit une partie de la maison de vilie avec la
petite tour (2).
1713.
Par le traité d'Ulrechl, conclu le 11 Avril, le Roi
Très-Chrétien cède aux États généraux , en faveur de la
maison d^Autriche , la ville de Furnes et le Veurne-
Ambacht , y compris la généralité des huit paroisses et
le fort de la Knocke , les villes de Loo et de Dixmude
avec leurs dépendances, et beaucoup d'autres localités
de la Flandre. Le Roi Très-Chrétien fera remettre aussi
tous les papiers et documents qui concernent les lieux
cédés.
Le 28 Septembre , la régence conclut un accord avec
un certain Ignace De Cock, pour refondre 24 cloches
du carillon (S).
1714.
Le traité de paix signé à Rastadt le 6 Mars, décida
que Dixmude et les autres localités cédées par le traité
dUtrecht à la maison d'Autriche, lui seraient livrées
dès que le traité de Rastadt ser&it ratifié.
1722.
Antoine Bernard, fondeur de cloches, conclut un
accord avec la régence pour la fonte de la grosse cloche
et pour dix-huit clochettes du carillon (4).
(1) Voir Chron, van riaend. et lliistoire de Dewei.
(2) Arch. de Dixmude.
(3) Ibid.
(4) Ibîd.
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63
1727.
On recreuse la partie du canal âituée entre les ponts
du nord et de l'ouest (1).
Dixmude exemptée du droit de timbre (2).
1731.
Construction de la partie ouest de la maison-de-
ville (S).
17S7.
La foire aux cheyaux est remise au premier mardi de
Juillet (4).
1744,
Après la prise dTpres , une partie de l'armée fran-
çaise se relira sur Furnes et des détachements furent
échelonnés à Dixmude , Eessen , Beerst et Goucke*
laere (5).
1780.
lie magistrat accède à l'arrêté pris par S. M. pour
l'entretien des pauvres (6).
1751.
Les récollets voulant donner plus d^étendue à leur
église, qui menaçait ruine , commencèrent à en bâtir
une neuve.
17S5.
Charles- Alexandre , duc de Lorraine et de Bar ^ gou<*
verneur des Pays-Bas , déclare que les bâteaux des bâte-
(1) Ârch. de Dixmude.
(2) P^ptac. hoek, p. 606.
(3) Arch. de Dixmude.
(4) Ibid. '
(5) Custis, T. III, P. 428.
{d) FplacàiihiHfk.P. AT5é
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64
iiers de Dixmude et de Bruges, mum's d^un certificat de
leur doyen respectif, par lequel il conste que c'est un
bâteau de l'un ou de l'autre des métiers, devront passer
et repasser par les yilles de Bruges et de Dixmude sans
être assujettis à aucun droit de péage. Le 5 Juillet (1).
1756.
L'église paroissiale qui était lambrissée , a été plafon<
née dans le courant de cette année.
1771.
La quote-part de la ville de Dixmude dans les subsides
accordés au gouvernement s'élevait à 18,630 florins,
15 sous, 2 deniers et demi. Elle payait de plus pour
l'entretien de la cour du gouverneur , 206 florins , 1 sou,
3 deniers, et 2,438 florins, 14 sous, 8 deniers dans le
subside de 215,000 florins que la Flandre Orientale
accordait annuellement à la cour. Elle fut aussi forcée
de contribuer pour 523 florins , 18 sous , 9 deniers , dans
le subside général de 1,400,000 florins (2).
1787.
Lors des réclamations faites par les états et les villes
de Flandre , contre les différents griefs dont on accusait
le gouvernement d'alors, Dixmude fesait partie de
la Flandre rétrocédée , plus communément appelée la
Wesl-Flandre , laquelle fut cédée à la Flandre à la
fin du xvii" siècle, par les traités d'Aix-la-Chapelle
et de Nimègue, et rétrocédée ensuite à la maison
d'Autriche par les traités d'Utrecht, de Kadslad et de
Baden, conclus en 1715 et 1714. Plusieurs réclamations
(1) yplacaethœk, p. 700.
(3) Jaerboeken der ooatenryksche Nederlanden, P. 11 et ittiy.
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G5
furent faites à l'empereur par le clergé et les magistrats
du département de la West-Flandre , dont le siège
était à Ypres , mais on ne trouve aucune pièce proposée
au nom de la ville de Dixmude (1).
1789.
Les archives de cette ville ne contiennent aucun ren-
seignement sur la révolution qui éclata cette année sur
plusieurs points de la Belgique; il est cependant connu
qu'ici comme ailleurs , les habitants étaient divisés d'opi-
nion et que les uns tenaient pour et les autres contre le
gouvernement. On ne commit cependant pas d'excès,
comme on le fit dans beaucoup d'autres villes du pays.
1792.
La bataille de Jemmappes, livrée le 6 Novembre
1792, fit tomber le Brabant et la Flandre au pouvoir des
Français. Cependant les Dixmudois, qui avaient déjà
reçu plusieurs ordres du nouveau gouvernement provi-
soire, n'en avaient tenu aucun compte , lorsqu'au com-
mencement de Décembre un décret leur enjoignit de
planter l'arbre de la liberté. Craignant journellement
l'arrivée des troupes françaises , on jugea prudent
d'obtempérer à cette ordonnance , et le Vendredi 7 Dé-
cembre, l'arbre de la liberté fut planté au milieu de
la Grand'Place , au mécontentement d'une partie de la
population, qui, du reste, ne s'adonna à aucun excès.
Le 12 du même mois, quelque désordre ayant com-
mencé à éclater parmi le peuple , la régence , craignant
de plus grands troubles , convoqua les chefs de sections
pour aviser aux moyens de conserver le repos public. 11
(1) Voir les différentes réclamations du magistrat de la West-Flandre,
dans le Reeuetl de réetamoHona belgiques.
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66
fut résolu dans celte réunion d'établir une garde commu-
nale et il fut défendu de parcourir les rués sans lumière ,
après les six heures du soir*
Vers le midi du même jour arriva dTpres, M. Maîou-
Riga , commissaire .chargé du renouvellement des régen-
ces dans la West-Flaiidre. A deux heures de relevée les
chefs de sections furent convoqués dans le vestibule de
rhôpital Saint-Jean, pour y procéder au choix des
représentants du peuple. Les votes furent donnés à
Messieurs Antoine Van Vossem, élu président, Philippe
Woefs, Pierre De Ruysschere , Louis Jansseune, Pierre
Verwilghen , Pierre Van Dromme et Eugène De Laey.
Ce choix plut beaucoup aux habitants. Après Téleclion
le commissaire partit pour Roulers, laissant aux habi-
tants des proclamations analogues à la circonstance. Le
soir les patrouilles parcoururent la ville, et tout recta
dans la plus grande tranquillité. Le corps de garde
était élabli à la maison de ville.
Les représentants du peuple conservèrent l'ancien
magistrat et constituèrent avec lui la régence de la
ville.
1793.
Le 16 Janvier 1795, vers 4 heures de relevée, un
détachement français de 78 dragons, venant d'Ypres,
fit son entrée en ville. Cette arrivée imprévue in-
quiéta les prêtres Français émigrés et les bourgeois,
mais on se tranquillisa bientôt en voyant que les soldats
Français , qui étaient logés dans les cabarets , étaient
très polis. Quelques dragons entendant lire les journaux
français dans le cabaret Saint-Georges, furent telle-
ment touchés du récit des malheurs et de la mort de
Louis XVI 9 qu'ils se mirent à pleurer en public.
Le Jeudi 17, les Français partirent pour Thourout.
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67
Les bourgeois n'avaient eu aucun sujet de s'en plain*
dre.
Le 21, le magistrat reçut du citoyen Sta , commissaire
du pouvoir exécutif h Bruges, une lettre de la part du
général Omoron, commandant du Tournaisis et des
Flandres, qui ordonna de convoquer les bourgeois pour
choisir une nouvelle régence (municipalité). On répon-
dit au général que la nouvelle municipalité était consti-
tuée diaprés le choix des bourgeois dès le mois de
Décembre, que le commissaire Malou-Riga avait été
commis à cet efifet par le commissaire Courtois, que ce
choix était agréable aux habitants et qu^au contentement
général les représentants du peuple avaient maintenu
Tancien magistrat dans ses attributions, en un mot,
que cette manière de faire avait rétabli desuite la sécu-
rité et le repos. On pria le général Omoron, qu'en
considération de ces raisons bien fondées , il voulut
confirmer la nomination des représentants du peuple,
et la continuation des pouvoirs delà régence sur l'ancien
pied: car, ajoula-t-on , des innovations ou d'autres
choix de personnes, font craindre que la bonne intelli-
gence et le repos public qui régnent ici, ne soient
troublés, et en cas de troublés, il serait di£Blcile de rétablir
le bon ordre.
On écrivit en même temps une lettre au commissaire
Sta, avec une copie de celle envoyée au général. En
attendant la réponse de celui-ci, on pria le commissaire
de vouloir ratifier provisoirement la nomination de la
régence.
La réponse du commissaire arriva le 29 ; il dit que
c'est par erreur que la ville de Dixmude est comprise
dans l'arrondissement de Bruges , qu^elle fait partie de
cdui de Furnes , qu'il a écrit à ce sujet à son collègue ,
68
le commissairfî Coppia , à Furnes , avec lequel on aura
à traiter à Tavenir. Il ajouta , qu'il veut cependant faire
observer que les réunions communales, que devait
convoquer la régence, ne devaient pas seulement choisir
les nouveaux officiers municipaux, mais aussi un certain
nombre d'électeurs , chargés avec tous les électeurs de la
province , de procéder au choix d*une convention natio-
nale, ou administration générale des Pays-Bas.
Le commissaire, pour faire voir avec quelle rigueur le
général Omoron voulait faire exécuter les élections
communales > ajouta à sa lettre une copie de celle du
général, écrite à la municipalité de Thielt, le 25
Janvier, dans laquelle il dit entre autres choses, que, si
Ton refuse de renouveler la régence, il enverra une
garnison de 1200 hommes, qui feront exécuter ses
ordres.
Malgré ses fortes menaces , le magistrat de Dixmude
continua à exercer ses fonctions, de concert avec les
représentants du peuple, sans procéder à de nouvelles
élections.
Il n'est fait mention nulle part, que le général Omo-
ron ait fait des démarches ultérieures pour ce renouvel-
lement.
10 Février. Les malheurs du temps n'empêchèrent
pas les Dixmudois de s'adonner aux belles-letlres. Le
nombre des membres de la société de Rhétorique était
devenu si grand (il se montait à 52), qu'on résolut de
ne plus admettre de jeunes gens sans profession , si
non ceux qui donneraient des marques évidentes de
capacité dans la déclamation ou la composition en prose
ou en vers.
11 Février. Un attroupement de peuple, qui depuis
4*
^ Digi^ed byÇjOOQlC
69
hier avait résolu de piller un bâleau chargé de 94 sacs
de froment au Haut-pont, commença le matin à huit
heures à exécuter son coupable dessein.
M. Pierre Verwilghen, représentant du peuple,
s*étant aperçu du pillage, alla aussitôt en faire son
rapport au président, M. Van Vossem, qui, quoique
souffrant de la goutte , se rendit desuite à la maison de
\ille pour convoquer les officiers municipaux, afin de
prendre des mesures pour faire cesser le pillage. M. Ver-
wilghen , voyant que lé désordre allait toujours crois-
sant et que tout retard mis par la régence pour l'arréler
ne pouvait être que dangereux, prit la résolution de
prévenir toute décision de la municipalité. Il s'adjoignit
M. Pierre Van Hille , avocat , et se rendit en toute hâte
au Haut-pont. Chemin faisant ils rencontrèrent des
pillards qui entraient en ville chargés de froment. Ils
leur firent déposer leur charge et firent transporter dans
des maisons de confiance tout le froment qu'ils purent
saisir. Les bourgeois étaient dans la plus grande anxiété,
ils déconseillèrent à MM. Verwilghen et Van Hille de
s'exposer ainsi à la fureur des' pillards, dont le nombre
allait toujours croissant; mais ces bons citoyens estimant
plus la sûreté publique que leurs propres intérêts, se
joignirent à Messieurs Clément Jansseune , Jean- Baptiste
Van Dromme et Pierre De Smytter et se rendirent
armés au lieu du pillage.
A leur approche, un cri sortit du milieu du peuple:
De Busseniers komen ! de Busseniers komen gewapend!
et les pillards prirent la fuite en délaissant tous leurs
effets. Ils avaient pillé à peu près toute la charge du bâ-
teau, et l'avaient cachée dans des maisons particulières,
d'où quelques bourgeois bien pensant firent rapporter
tout ce qu'ils purent découvrir.
70
Un nommé Jean De Nyft, s*étant réfugié avec sa
charge dans une maison près du Haul-ponl , M. Jean-
Baptiste Van Dromme l'y poursuivit pour lui faire rendre
sa prise. Il rencontra une résistance de la part du pil-
lard , qui fut blessé d'un coup de pointe de sabre dans
le ventre. Le blessé courut chez M. le chirurgien Van
Roo, qui reconnaissant la blessure dangereuse, le fît
transporter à rhôpitai.
Entre-temps, le premier échevin , M. De Breyne, com-
mis à ce sujet par la régence , se rendit avec quelques
autres personnes et les gardes-ville , dans toutes les mai-
sons suspectes çt recueillit plus de quatre-vingt sacs de
froment qu'il fit déposer dans l'école des orphélins,
pour être vendus par parties, lea marché? suivants au
profit da propriétaire, P. De Cock, cultivateur h Wer-
ken.
Les parents et le9 amis De Jean de Nyfit, enflamoiés
de colère h cau$e du malheur qui venait de les frapper,
voulurent se venger sur la personne de M. Van Dromme.
Déjà ils entouraient sa maison, menaçant par des
vooifération3 de la piller et de la démolir, lorsque
quelques membres de la société de Si-Georges arrivèrent
bien arniés, dispersèrent Tatlroupement et prirent sous
leur protection la maison ménacée, qu'ils gardèrent
durant toute la nqjt.
Le lundi 18 Février, on ébruita qu'une bande de
voleurs qui se tenait aux environs de Reninghe et
d'£Uendamme allait entrer en ville pour piller la maison
de M. J. Van Dromme. On n'ajouta pas d'abord foi k
ce9 nouvelles , mais M. Van Dromme ayant reçu une
lettre de son beau-frère, curé Boesinghe , lui annon-
çant qu'une bande de brigands , qui rodaient dans Ie3
environs de cette paroisse, se disposait h aller pilier
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71
quelques maisons à Dixmude , il en avertit les confrères
de Saint-Georges , qui , toujours disposés h concourir au
maintien du bon ordre et de la sûreté publique , prirent
toutes les dispositions nécessaires pour répousser toute
agression de la part de ces malfaiteurs.
Tous les membres prirent les armes. On mit une forte
garde au cabaret den Ifelm, lieu ordinaire de leur réu-
nion , et Ton plaça devant la porte quatre petites pièces
de canon chargées h mitraille. Une patrouille parcourut
les rues pour empêcher toute réunion de malveillants.
Dans celte triste situation , les bourgeois étaient dans
des inquiétudes cruelles , surtout lorsqu'ils apprirent par
quelques campagnards venus au marché, que le danger
n'était que trop imminent , puisqu'il était certain qu'une
bande de plus de 300 vagabonds se disposait à entrer
en ville.
La régence craignant la réalisation de ces bruits , qui
parurent fondés, envoya quelques personnes en éclai-
reurs hors de la ville pour examiner le danger. On publia
aussi que dans ces circonstances critiques les habitants
devaient montrer du courage et s'entr'aider autant que
possible. Plusieurs se procurèrent des armes et des objets
de défense , d'autres empêchèrent les attroupements de
la populacç. Le capitaine de la société de Saint-Geerges,
JJ . P. Vervviighen , et son porte-drapeau M. Louis Van
Dromme , firent une excursion à une lieue de la ville ,
l'un le long du canal ^ l'autre du côté de Woumen. Ils
apportèrent la bonne nouvelle qu'ils n'avaient pas aperçu
les malfaiteurs, ce qui diminua la frayeur des habitants;
cependant on tint bonne garde durant toute la nuit.
Le lendemain 19, on apprit que les pillards, ayant
entendu qu'on se disposait k repousser leur agression ,
s'étaient dispersés.
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72
Le 1 mars, un quartier-maStre français arriva pour
préparer le logement de troupes françaises , et la régence
ordonna aux bourgeois de porter des matelas et des cou-
vertures dans les cabarets et les maisons non habitées.
On ordonna aussi de porter la cocarde tricolore.
C'étaient les premières troupes françaises qui vinrent
tenir garnison à Dixmude , et les bourgeois étaient dans
la plus grande inquiétude. Personne n'osa aller se cou*
cher , puisque ces soldats ne devaient arriver que le soir
bien tard. Vers minuit on entendit le tambour qui
annonçait leur arrivée et tous les habitants , peu excep-
tés , se tinrent à leur porte pour éclairer leurs nouveaux
hôtes, qui, au nombre de 150 hommes d'infanterie,
fesaient partie du 8** bataillon de la garde nationale du
Pas-de-Calais et venaient de Bruges. Ils se comportèrent
bien à leur arrivée et leur conduite rassura la bour-
geoisie.
Le samedi 2 , une partie des habitants était de bonne
heure sur pied pour faire la connaissance des nouveaux
venus et la journée se passa sans le moindre désordre.
La tranquillité continua à régner le lendemain jus-
qu'après midi, lorbqu'entra un deuxième détachement
de 150 hommes du même bataillon. Quelques soldats
s'avisèrent de vouloir abattre le pilori qui se trouvait au
milieu de la Grand'Place , vis-à-vis la maison de ville.
Après plusieurs efforts infructueux, ils se remirent à
l'ouvrage avec des outils de charpentier et des cordes,
et parvinrent à le renverser. Ils assouvirent leur colère
sur les débris , en les brisant , et ils en vendirent les
restes à deux ou trois particuliers.
Ce premier excès fit concevoir une mauvaise opinion
de la garnison, et la suite prouva que les soupçons
conçus contre elle n'étaient que trop fondés.
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7S
Le marché , qui eut lieu le lendemain , était peu fré-
quenté , par la peur que les campagnards avaient des
Français. Quelques soldats arrachèrent des joyaux aux
paysannes, et les étrangers quittèrent spontanément la
ville.
Les Français exaspérés contre tout ce qui était no-
blesse ou distinction, donnèrent continuellement des
marques de mécontentement à la vue de quelques armoi-
ries ou de signes de puissance. Une double aigle , peinte
sur les vitraux de la croisée au-dessus de Fautel de la
sainte ^ierge, dans Téglise paroissiale, fut détruite à
coups de fusil, sans qu'on respectât la sainteté du lieu.
Le citoyen Taborel , lieutenant-colonel et commandant
la garnison , se hâta de donner l'ordre de faire enlever
ces sortes de signes, et Ton ôla de l'église et d'autres
endroits les armoiries et les autres signes de noblesse
qui s'y trouvaient.
Le commandant , instruit par trois bourgeois que la
société Saint-Georges était en possession de quatre petits
canons en métal , qui devaient se trouver chez M. Pierre
Verwilghen, capitaine de la société, les envoya chercher
par une compagnie de 84 soldats. M. Verwilghen étant
absent, et sa vieille mère qui se trouvait seule à la
maison ne sachant rien de ces canons , quelques soldats
entourèrent la maison , tandis que les autres fouillèrent
partout. Ils sondèrent le terrain du jardin avec les
baguettes de leurs fusils, et ils parvinrent après bien
des recherches à les déterrer. Ces pièces étant dépourvues
d'affûts , ils continuèrent leurs recherches et les affûts
furent découverts sous le foin au-dessus de l'écurie.
Rentré chez lui , le capitaine Verwilghen n'eut rien
de si empressé que d'aller reclamer les canons chez le
commandant. Il lui représenta que ces canons ne pou-
AniTALES. — Tome IV • ^
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74
Taient , à cause de leur petitesse , servir à autre chose
qu^à une confrérie , qui s'en servait pour ses réjouis^
sances , et après beaucoup d'instances le commandant
consentit à les rendre lorsqu'il quitterait la ville avec ses
roupes.
Le 7 , la régence chargea M. F. De Breyne, licencié
en médecine , de la place de commissaire des vivres et
des logements*
Apèrs midi quelques soldats apportèrent en ville les
restes de la barrière qui se trouvait sur la chaussée de
Beerst. Ils avaient enlevé cette barrière sous prétexte
que tout devait être libre et égal , et qu'aucun droit ne
devait plus être payé.
Vendredi 8, vers les onze heures du matin est arrivé
de Bruges le citoyen Gadolle , commissaire du pouvoir
exécutif, chargé de présider à l'élection de la régence
par le peuple.
Ayant fait connaître à la régence la cause de sa mis-
sion 9 il fit inviter les bourgeois à se rendre le même
jour à quatre heures de relevée à l'hôpital Saint-Jean^
pour y entendre les propositions du commissaire. LorS'»
que celui-ci se rendit à l'hôpital, toutes les troupes se
trouvaient sur la Grand'Place , et déposèrentles armes
en 9igne de la liberté dont jouissait le peuple dans les
élections : ils ne reprirent les armes qu'après la levée
de la séance.
Le commissaire fit conuattre à l'assemblée , qui n'était
pas nombreuse, la cause de sa mission, et demanda aux
bourgeois s'ils voulaient être administrés comme les
habitants du Hainaut, de Bruxelles, de Gand, Bruges,
Ostende et Nieuport, qui avaient déjà une administra-
tion française. On répondit unanimement non. Il leur
demanda s'ils voulaient être français et être régis d'après
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75
les lois françaises; ils répondirent de nouveau, non,
mais qu'ils voulaient conserver leurs anciennes lois.
Cependant M. P. Bortier , père , qui dans cette circon-
stance semblait connaître et guider l'opinion publique,
pria le commissaire de vouloir communiquer la consti-
tution française, pour qu'on put l'examiner et décider
fti elle pouvait être reçue ou non.
Le commissaire reprit qu^on devait seulement déclarer
si l'on voulait admettre l'ordonnance du 15 Septembre
1792. la majorité cria de nouveau que non.
Mécontent de l'opiniâtreté du peuple, Gadolle leur
dit, que ceux qui voulaient admettre la constitution
devaient se placer à sa droite et les autres à sa gauche.
Après un moment de silence, six habitants, savoir un
cabaretier, ûn boucher, un chaudronnier, uti sculp-
teur, un jardinier et un maquignon, sont allés se placer
à droite du commissaire, déclarant Vouloir accepter la
constitution française et vouloir être français.
Les autres bourgeois montrèrent leur mécontentement ,
leur mépris et leur dédain. Le commissaire , très mécon-'
tent de sa non réussite , éclata en injures et s'écria qu'il
n'y avait que six personnes honnêtes dans tout Dixmude.
La séance levée , les six citoyens français s'apperçurent
bientôt combien leur conduite déplaisait à leurs com-
patriotes.
Le dimanche , 9 mars , le commissaire Gadolle , vou*
tant prévenir toute injure, h laquelle ces six citoyens
pouvaient être exposés , envoya une ordonnance à la
municipalité , conçue en ces termes :
« Nous , P. Gadolle , commissaire du pouvoir exécutif
de la République française :
» Vu le désir de la ville^de Dixmude , de rester pou-
voir indépendant et considérant les dangers auxquels
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peuvent être exposés les citoyens N. N. N. N. N. N. qui
se sont déclarés républicains français:
n Déclarons à la ville de Dîxmude , que nous consi-
dérerons toute injure à eux faite , comme faite h la
République française elle-même , voulant que doréna-
vant ils jouissent des droits et prérogatives du peuple
français et qu'ils aient le droit de porter des armes
comme ceux du Uainaut , de Bruxelles , Gand , Bruges ,
Nieuport et d^autres places qui se sont réunies aux
Français.
» Nous ordonnons , en conséquence , aux représen-
tants du peuple de la ville , de publier le contenu
d'icelles , selon la manière accoutumée. Réquérant en
outre le commandant militaire de faire exécuter leur
contenu.
» Fait à Dixmude, le 9 mars 1793, an II de la Ré-
publique française.
» Signé : P. Gadolle. »
La régence , qui préférait être bien avec ses admi-
nistrés qu'avec le commissaire , répondit au contenu de
cette pièce par la suivante :
u Les ci -devant Représentants et Magistrats de la
ville de Dixmude;
n Vu le projet de proclamation proposé par le citoyen
Gadolle , commissaire du pouvoir exécutif;
» Ont conclu ne pouvoir proclamer la dite proclama-
tion dans les termes qu'elle est conçue, pour les raisons
suivantes :
» 1** La ville de Dixmude , ni ses habitants , ne se sont
jamais permis de dire , qu'ils voulaient rester pouvoir
indépendant.
» 2"* Qu*il parait impossible de faire exception pour
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les six bourgeois , qui se sont déclarés citoyens français ,
puisque cela ferait tort à la recette des droits de ville ,
qu'on croit devoir maintenir, puisqu'ils ne pèsent pas
sur les indigents.
» S** Que la majorité des habitants voulant maintenir
la recette de ces droits sur l'ancien pied, on croirait
outrepasser le pouvoir donné à la régence et agir contre
le vœu commun , si Ton accordait pareille chose sans
avoir convoqué les bourgeois pour les consulter.
» Pour ce qui concerne le reste du projet de procla-
mation , la régence est prête à prendre sous sa protec-
tion les six citoyens en question , tout comme les autres
habitants. Promettant de faire tout ce qui est en elle
pour qu'ils ne soient molestés par personne.
« Fait à Dixmude, le 9 mars 1795.
n Signé: A. F. Van Vossem, président, L. F. Jansseuw»,
P. L. WoETS, P. H. De Ruyssghers, P. Verwilghbic ,
EuG. De Laet , P. L. Yait Deohme , F. N. De Bretne ,
S. J. Vaw Goutter, J. M. Dhulster, P. J. J. Woets. »
Immédiatement après l'envoi de cette pièce on pro-
clama ce qui suit , en flamand :
« Puisque tout homme est libre de voter selon sa
conscience , comme il a paru hier , lorsque la majorité
du peuple a rejeté la Constitution française , et que, au
contraire, les citoyens N. Vont acceptée.
» Gomme il se pourrait que quelqu'un molestât ces
citoyens pour cette action , il est défendu de s'en mo-
quer, de les mépriser ou de les railler, sous peine d'être
puni selon la îoi.
n Publié en présence des commissaires Van Goutter
et Desprez de Gamusel, à Dixmude le 9 Mars 1795.
J» Signé : P. J. J. Woets. »
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78
Cette défense fut transgressée aussitôt que lue, car
un habitant se permit de crier k haute voix : Attendez
que les Français soient partis !
Le commissaire Gadolle n'était pas peu mécontent,
comme on se Timagine bien , du mauvais succès de
sa mission. Cependant , la manière obligeante de la ré-
gence à son égard , fit passer son courroux. Il leur
promit , à leur demande , de faire tout ce qui était en
lui pour empêcher le banis^ement des prêtres français*
Il partit après midi.
Lundi 11. Un tumulte était au point d'éclater entre
des campagnards et quelques habitants à cause du port
de la cocarde tricolore. Quelques personnes intervinrent
pour rétablir le calme.
Vers les dix heures du matin sont arrivés ici, de
Bruges, les citoyens Sibuez, parisien, et Michot et Gas-
beek, brugeois, accompagnés de dix hussards, comme
commissaires chargés de l'acceptation de la constitution
française.
Le commissaire Sibuez ayant appris de la régence, que
le commissaire Gadolle avait procédé à cette opération ,
se rendit avec sa suite à Eessen , après avoir donné ordre
de faire partir endéans les huit jours tous les prêtres
français qui se trouvaient en ville.
On avait convoqué à Eessen , pour faire accepter la
constitution française , les habitants de sept paroisses
voisines : Beerst , Clerken , Keyem , Vladsloo , Werken ,
Woumen et Zarren, La réanioa se tint dans l'église ai
fut considérable*
Les commissaires ayant fait leurs propositions ti la
réunion, les campagnards ne se contentèrent pas seule-
ment de rejeter la constitution , mais ils s'adonnèrent
encore à des excès. Ils renversèrent les tables , les bancs
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79
elles chaises et déchirèrent tous les papiers; s'armanl
ensuite de bâtons, de marteaux et de tout ce qui leur
tombait sous la main, ils chassèrent les commissaires et
leur suite. Ceux-ci retournèrent à Dixmudc et le commis-
saire Sibuez requit du commandant de la garnison un
détachement de soldats, pour all^ punir ceux d'Eessen,
pour leur conduite téméraire. Les commissaires retournè-
rent alors à Bruges.
Deux cents hommes partirent à deux heures de l'après-
midi pour Ëessen. Arrivés à un quart de lieue de la place
on entendit sonner le tocsin, et le commandant ayant
appris que les mutins s^étaient armés et ménaçaient de
détruire «a troupe , il retourna à Dixmude.
L*ordre donné par le commissaire Sibuez , pour £aife
partir les prêtres français étant devenu public , occasion^-
na une grande inquiétude parmi la population , inquié-
tude d'autant plus fondée , qu'on craignit de mauvaise»
suites pour le mauvais accueil fait aux commissaires à
Eessen*
Quoique la plupart des prélres français fussent logés
gratis chez les bourgeois, oeux-ei voulaient cependant
les conserver, et la régence animée des mêmes sentiments
dbarilablas, écrivit au ooniiDissaire GadoUe une letIUre
touchante , pour Je prier é$ vouloir accorder sa pro^
«#ciion w% prêtres français réfugiés , comme il Tarait
proQuis lorsqu'il «e troiavaiti^ 0ixmude^ et de routoir
cBgs^r son confrère le ^omnMfiwiire 8ibitez à reUrer
son ordonnance à ce wjet#
Mardi 12. Dès les sept heures â^maU^f 200 hommes
de 1a garnison partirent de nouveau :»v.ec deux pièeeis
de canon, mèche allumée, pour aller rançonner ceux
d'Ëessea pour leur coadiâte extravaga^nte,
Les soldats quoique très indisposés contre les babi-
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taiits de ce village, écoutèrent cependant la voix du
bailli, M. P. Bassonville , qui, accompagné de la régence,
protesta contre les excès commis et assura les Français
que le désordre était à imputer à des étrangers à la com-
mune , que les habitants avaient fait leur possible pour
empêcher le mal, mais que le nombre l'avait emporté
sur la bonne volonté de leurs administrés.
Tout fut arrangé à Tamiable , et les soldats se conten-
tèrent d^enlever toutes les armes qu'ils purent trouver
et qu'ils emportèrent à Dixmude avec le drapeau et quel-
ques autres objets de la société de St-Sebastien.
Dans l'après-midi du même jour, un détachement de
troupes fit des visites domiciliaires à la recherche des
armes. Un prêtre français, M. Waterloo, curé de Ver-
quin , près de Belhune , ayant été trouvé chez M. L. Yan
Poucke , orfèvre , chez lequel il logeait , les soldats le
trainèrent en prison, en Taccablant de malédictions et
d'injures. Il parait que ce prêtre était soupçonné d'ex-
citer les bourgeois à la haine contre les Français.
La bourgeoisie déjà irritée par les excès de ces soldats
indisciplinés, s'irrita de plus en plus à la nouvelle de
cette arrestation. Toute la ville était en mouvement et le
mécontentement et l'indignation se lisaient sur toutes
les figures, à tel point, qu'une révolte allait éclater.
Quelques conseillers communaux, à la vue de cet
appareil menaçant, tachèrent de calmer le peuple et
allèrent trouver le commandant qui, après quelques re-
présentations, fit mettre le captif en liberté.
Plusieurs habitants étaient si courroucés, qu'ils étaient
disposés à attaquer la garnison, si le prisonnier n'eut
été relâché à temps.
Jeudi 14. Le commandant de plaçe ayant appris par
quelques espions que la société de St-Greorges possédait
81
un drapeau aux armoiries de l'Autriche, ordonna qu^on
le lui remit. M. P. L. Van Drommc, porte-drapeau de
celle société , se rendit avec son drapeau , accompagné
du capitaine, M. P. Verwilghen, près du commandant
à rhôtel-de-vilie. M. Verwilghen lui ayant demandé
pourquoi il voulait avoir ce drapeau, le commandant le
fit dérouler et montrant du doigt Taigleà deux têtes, il
dit, c'est celle vilaine bête qu'il me faut. S'il ne vous
faut que cela, répliqua M. Verwilghen, la voilà. Il prit
des ciseaux, coupa les armoiries et les jeta au feu. Le
sang-froid de M. Verwilghen parut plaire au comman-
dant et le reste du drapeau fut emporté.
Samedi 16. Les démarches faites par Padministration
municipale , pour rétenir les prêtres français réfugiés ,
furent vaines. Le commissaire Sibuez, à qui la régence
avait aussi écrit, répondit le 14 Mars, de Bruges, qu'il
avait outre-passé la lettre de la loi en accordant plus de 24
heures pour renvoyer les émigrés et les prêtres français;
qu'il s'en repentait parce que ce retard avait été nuisible
au repos public, et qu'il stipulait l'époque du 18 Mars
pour le terme du départ de tous les émigrés. Il demanda
en même temps les noms de ceux qui accordaient Thos-
pitalilé à des prêtres ou à des émigrés français , pour
qu'il pût , en cas de contravention à la loi , les faire
punir, et faire confisquer leurs biens au profit de l'état.
Ces ordres furent communiqués à la bourgeoisie , im-
médiatement après qu'on les eût reçus et la douleur fut
grande, tant parmi ces malheureux exilés, que parmi les
habitants. Les soldats, au contraire, firent paraître une
joie frénétique.
Le recensement des prêtres fut fait par MM. P. J.
Woels, S. Van Couler et J. D'hulsler, commissaires
délégué» h ce sujet par la régence, et le résultat constata
82
la présence de 126 prélres , logés chez quatre-vingt-dix-
huit habitants.
Honneur à ces âmes bienfaisantes, qui ont su accueillir
les malheureux ,quî leur ont donné rhospilalilé , lorsque
leur patrie les repoussait, parce qu'ils voulaient rester
fidèles à leur Dieu et à leur Roi ! Voici les noms de ces
Dixmudois respectables , avec le nombre d'émigrés qu'ils
ont logés.
RUE d'eessen.
Les Sceurs noires v>n.
De Craemer, Pierre, boiiianger* • • deux.
Van Severen, Brigitte, rentière . • un.
Woets , Joseph , trésorier un^
Van Hille, P'.-Ph., bourgmestre. . un.
Driesens, Joseph^ maître d'école • deux.
Coppens, Pierre, barbier un,
BUE DU NORD.
Rafoaut, Pierre, bras&eur * un.
Vermeersch, sœurs^ boutiquières. . un.
J^aelstaf, Jacques, boutiquier ^ . , un.
De Vos, Charles, barbier. ..... un.
De Breyne , Antoine , propriétaire. . un.
Du Bois, M®, rentière un.
Langenhik , boulanger un.
Faccon, Pierre, cordonnier .... trois^
Liebaert , Thomas , sculpteur .... deux.
De Laey, Jean, propriétaire « . • • un. ^
Van Danme, boutiquier un.
La Conabe, V®, boudquière * . . » t*«.
Adei, Jean, charpentier deux^
Vermeersch, veuve, rentière. ... un.
De Smuyk, Michel, marchand. . • un.
De Sonder^ fiem^ bo«l«Rger* . é
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83
Beghîn, Pierre , bailli un.
Van WoQmen, Robert, tanneur . . un.
Moens , Pierre , brasseur deux,
BE6UINÀ6E.
M*"« De Grave et autres ...... irois.
PETITE DIGUE.
Flour, Pierre, tnaçon deux.
Van Woumen, Jean, propriétaire. . un.
De Muldor . François , notaire ... un.
De Schepper, François, boutiquier, deux.
MARCHÉ AUX POMMES.
Dautricourt, Pierre, tanneur. . « . un^
Van Yossem, Antuine, répartiteur, ff».
Van Vossem, N<irbert, avocat ♦ , . un.
De Breyne, M«, rentière sm.
Van Goutter, Sylvestre, boutiquier^ un^
RUE AUX POULETS.
Symoens, Emmanuel, tailleur . • • deux.
Troost, Pierre, épicier un.,
Van de Velde, veuve, rentière. . . un^
Lambert, Maximilien , tailleur. • « • deux.
Wy llie , Pierre , charpentier • . . . trois.
Marlyn, Ferdinand , boulanger • . • un.
Macs, Pierre, boucher trois.
Van Dromme , Pierre-Louis, épicier, un.
De Jumente^ JW* , boutiquière ^ . . un.
De Decker, Pierre, horloger, . ^ . tin.
De Ruye, veuve, boutiquière . . . «ti.
Baekerooty Gharles, de tabac. « un^
WULfiENDYX.
De Breyne, François, docteur • « •
Jansseune^ Louis, brasseiur • • • . • mm*
Vereeke, Teure, rentière • • • . « mm»
Daatrîeourt, MicM, Atmeur. . ^ • un.
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84
Le Prieur des Dominicains. • • . • un.
De Laey, Eugène, savonnier. • • « un,
RUE d'ouest.
Paret, Jean, marchand de Fer. . . un,
Scbuttelaere , chirurgien un,
Ocket, Englebert, batelier un,
Ekelsbeke , Jean , boulanger • • • • deux,
Hubené, François, blanchisseur • • un.
Laçante, Pierre, marchand un,
Verlende, Pierre, épicier deux,
Poppe, Pierre, marchand tin.
Benaut, Andelîn, boatiquier. . • • un,
Paret, veuve, particulière trois,
Viaene , Charles , boulanger .... un,
Tabary , veuve , boutîquière . • . • un,
Brouckere , Pierre un,
Huyghe, veuve, rentière un,
Paret , Jean , maréchal «n.
grand'place.
Vielle, Tbéodore., receveur . • . • un.
Du Bois , orfèvre deux.
De la Haye, Philippe , chaudronnier, un,
VanRoOy François, chirurgien. . . un,
VanDromme, Vincent, boutiquier, un.
Fretin, Joseph, perruquier . . • • deux,
Weynen, Jean, cordonnier deux.
Van Cuyck, Thomas, ferblantier. • quatre.
Maelstaf, M", boutiquière un.
Van Severen, veuve, orfèvre ... un.
De Ruysscher , Pierre , apothicaire . un.
Loovoet, M*, boutiquière. un.
De Laey, veuve, ëpicière un.
De Zittere, Augustin, boutiquier. • un.
De Graemer, François, de tabac, un.
Verhelst , Thomas , voiturier .... un.
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Provoost , épicier ....
Woets, Philippe, avocat
un.
Van Poucke, Louis, orfèvre .... un.
RUE DE WOUMEN.
Roelandt, Ignace, perruquier • • • un.
Tiersoone , Albert , teinturier • • • un.
De Poot , Benoit , boulanger. • • • un.
Elle, Françoise, rentière un.
L'hôpital un.
Poppe, Jean, marchand de tabac. • un.
Bortier, Pierre, marchand un.
Lundi 18. Les prêtres avaient commencé à quitter la
ville depuis hier , le reste partit aujourd'hui , se rendant
au métier de Fumes et eu d'autres endroits où le décret
de bannissement n'avait pas encore été promulgué.
Ces pauvres bannis, accablés de chagrin, furent à leur
départ le sujet des railleries d'une soldatesque débou-
tée , ce qui augmenta le chagrin de la bourgeoisie , et
la plongea durant plusieurs jours dans un abattement
complet.
Dimanche 24. Quelques soldats ayant trouvé dans un
cabaret, à Woumen,le buste en plâtre de Tarchidu-
chesse Marie-Christine, rapportèrent en ville et après
l'avoir promené dans les rues, ils l'attachèrent à un po-
teau, au milieu de la Grand Tlace , et le jetèrent enfin
dans un feu , au tour duquel ils dansaient au son du
violon et du tambour.
Lundi 25. L'après-midi de ce jour , un soldat donna
une nouvelle preuve de la haine qu'ils avaient presque
tous conçue contre la religion. Ayant remarqué les deux
statues de la sainte Vierge et de saint Jean , qui se
trouvaient au calvaire du cimetière , il les attaqua à coups
de sabre et coupa les bras de la jstatue de la Vierge.
86 ^
La bourgeoisie ayant appris celte desiruction , fut indi-
gnée au suprême degré; on murmura partout et quel-
ques-uns se proposaient déjà d*atlaquer les soldats h
coups de couteaux et de bâtons , lorsque le bourgmestre,
M. Van Hille, craignant les suites fâcheuses qui pou-
vaient résulter de pareille agression» tâcha det<mffer le
mécontenleroent. Il se présenta pour aller faire des
plaintes au commandant, qui promit de faire punir le
coupable. Celte promesse resta cependant sans eflfet.
Mardi 26. A la demande du commandant de la gar-
nison, on bénit k dix heures le drapeau du bataillon. La
messe fut célébrée par le pilancier Van Beerblock, en
présence du curé, M. Moerman , qui était empêché dtî
faire la cérémonie pour cause de cécilé. Le son des
cloches cl du carillon anima la fêle et les soldats, qui
se trouvaient en armes dans l'église, manœuvrèrent,
après l'office , sur la GrandTlace»
Vers midi, le commandant reçut ordre de partir en
toute hâ'e avec son bataillon et les troupes partirent
pour Nieuport vers les quatre heures de relevée, au grand
contentement des bourgeois.
' Le capitaine Verwilghen n'avait pas oublié la pro-
messe qiie le commandant lui avait faîte de rendre les
petits canons de la société de Sl-Georges. Le comman-
danl tint parole; il ordonna qu'on les laissât devant la
porte de son quartier et le capitaine Verwilghen les
ayant fait enlever, les fit cacher la nuit suivante dans
la maison de Jean Annothé, domestique de la société»
On ébruita que les Français étaient forcés de quitter
la Belgique et les habitants s'empressèrent de témoigner
publiquement leur joie en arrachant la cocarde tricolore
et en voulant abattre l'arbre de la liberté. Le calme étant
un peu rétabli , vers les sept heures du soir arriva de
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Bruges, M« Tavocat Pierre De Breyne , portant la cocarde
autrichienne. Il annonça que les Français devaient
quitter le pays.
La confirmation de cette bonne nouvelle causa un
contentement si général , qu'il était impossible de modé-
rer la joie. On sonna les cloches, le carillon se fit enten-
dre, et le peuple parcourut les rues en criant vive l'Em-
pereur! vive François! On en voulut de nouveau à l'arbre
de la liberté. Quelques bindes coururent aux maisons
des six personnes qui avaient accepté la constitution
française, et les forcèrent à donner de Pargent pour
boire. D'autres cherchèrent du bois |)our brûler l'arbre
de la liberté , qui fut réduit en cendres*
Une multitude de tout âge et de tout sexe dansa en
cercle autour du feu, en chantant et en proférant des
vociférations. La détonation d'armes à feu, les fusées
et lillumination spontanée de toutes les maisons aug*
mentèrent encore l'éclat de cette fête improvisée»
Le son des cloches avait attiré beaucoup de campa-
gnards , qui vinrent prendre part à la joie. Plusieurs
habitants d'Eessen qui étaient accouru», ayant appris
que les Français avaient laissé à la maison de ville leur
drapeau de St-Sebastien ^ allèrent le prendre et retournè-
rent à leur village, qui les reçut au son des cloches. La
nuit était déjà très avancée, lorsque la multitude se sépa*
ra pour aller prendre le repos.
Mercredi 27. La ville était délivrée des troupes fran-
çaises et Ton vit le contentement sur toutes les figures.
L'après-midi se passa de nouveau en réjouissances: les
habitants de Woumen étaient allés chercher leur vicaire,
M. Vermeersch, à Ramscapelle, où il s'était réfugié
pour se soustraire à la persécution des Français. Ils tra-
versèrent la ville avec des chars de triomphe , enseignes
déployées et de toutes parts on eutendit le cri de V ive
V Empereur !
Jeudi-saint 28. La régence, qui ne s'attendait plus à
voir revenir les Français, s'empressa de faire publier
que les droits municipaux devaient être payés comme de
coutume.
On croyait généralement que toutes les troupes fran-
çaises avaient quitté le pays , lorsqu'arriva inopinément
un bataillon d'infanterie , fort de 550 hommes , avec 27
cavaliers. L'arrivée inattendue de ces gens dans une
place où la population avait pris la cocarde autri-
chienne, jeta la consternation parmi les habitants. On
déposa desuite toutes les cocardes et l'on n'eut à dé-
plorer aucun exçès. Après une halte d'environ deux
heures sur la Grand'Place le bataillon partit après midi.
On apprit que c'était un détachement de l'armée du
général Du Mouriez qui battait en retraite.
Immédiatement après leur départ on reprit la cocarde
impériale.*
Vendredi 29. Il circula un bruit , que la garnison
de Nieuport ayant appris par un tratneur qui avait été
maltraité par la populace, qu'on avait abattu l'arbre
de la liberté , se proposait de revenir pour se venger de
Taversion que les Dixmudois avaient témoignée contre
les Français.
La bonne bourgeoisie qui connaissait la conduite
assez reprochable de quelques tètes exaltées, était
dans la plus grande crainte. On alla aux informations
et ayant la certitude de l'arrivée d'un nouveau corps
français, l'on s'empressa de prendre la cocarde tri-
colore.
La crainte et l'abattement s'étaient emparés d'un
chacun , lorsqu'à neuf heures du soir , la régence fit
89
publier que les habitants devaient déposer dans les
cabarets et les maisons non habitées des literies pour le
logement de 600 hommes, qui devaient arriver. Cet
ordre fut exécuté à l'instant , et la régence prit toutes les
dispositions nécessaires pour faire aux troupes une dis-
tribution de pain, de viande, de fromage et de bière.
On planta aussi à la hâte un sapin, surmonté d'un cha-
peau rouge.
La nouvelle garnison forte de 580 hommes , du 6" ba-
taillon des nationaux fédérés , fit son entrée vers minuit
avec deux pièces de canon. Les bourgeois avaient éclairé
le devant de leurs maisons , et s^attendaient à une ré-
ception bien dure. Les soldats jurèrent et tinrent un
grand vacarme, sans s'adonner h d'autres extravagances.
Samedi 50. Le bon accueil fait par les Dixmudois,
avait calmé la prévention des Français contre eux. Au-
cune vexation n'eut lieu. Mais on exigea les deux petits
canons de la société St-Georges. On envoya 25 hommes
à la demeure du sieur Fretin , pour enlever ces pièces ;
celui-ci leur ayant dit qu'il ne savait ce qu'ils voulaient,
on se rendit chez M. Van Hille , chef-homme de la
société , qui , à son tour, les renvoya au capitaine Ver-
wilghen. Les soldats fâchés de ces renvois, coururent
chez M. Verwilghen , qu'on dit être sur la Grand'Place.
L'ayant accosté d'une manière brusque , ils lui ordonnè-
rent , en jurant et en le menaçant , de leur livrer les
dites pièces* M. Verwilghen les accompagna à la de-
meure de Jean Annothé, qu^ n'obtempérant pas assez
vite aux ordres qu'on lui donnait de livrer les canons ,
reçut des militaires des coups de plat de sabre sur le
dos.
Une dizaine d'hommes suivit Annothé à son gré-
nier, où les canons étaient cachés sous des fagots.
Anitalbs. — Tome ly. 6
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90
Etonnés de la petitesse de ces canons , car on leur avait
dit que c'étaient des pièces de trois, les soldats prétendi-
rent que ce n'étaient point ceux qu'on leur avait dési-
gnés et un d'entre eux, interpellant M. Yerwilgfaen ,
se permit de lui dire des injures, et leva même son
sabre pour le frapper. M. Yervrilghen para le coup et
riposta si bien à son agresseur , qui alla donner de la
téte contre le mur , qu'il n'eut plus envie de revenir à
la charge.
La troupe quitta la ville vers midi, et força M. le
bailli Beghin à les accompagner jusqu'à Ghistelle.
La régence , voyant à quels périls la ville était expo*
sée par l'imprudence du peuple , et voulant prévenir les
suites déplorables qui pourraient résulter de tout excès,
prit la résolution suivante, qui fut proclamée en flamand
à cinq heures de relevée:
u Les magistrats de la ville , considérant que rien ne
serait plus fâcheux ni plus malheureux , tant pour la
régence de la ville , que pour les personnes honnêtes et
bien pensant , que sans autorité aucune et à leur insçu ,
quelques habitants commissent des actions reprocbables,
par lesquelles ils pussent causer à la ville des malheurs
qui auraient les suites les plus déplorables ; pour préve-
nir ces sortes de suites , ordonnons ce qui suit :
i> 1*" Que tout bourgeois quel qu'il soit continue à porter
la cocarde tricolore.
)) 2** Qu'on devra se comporter paisiblement à Tégard
de tous Français de cjuel rang et de quel régiment ils
puissent être , sans les insulter , mais leur témoignant au
contraire toute amitié et tout secours qu'on pourrait
reclamer pour soi-même.
)i S* Que lors de l'arrivée de troupes françaises^ il est
défendu de crier et de dire des paroles injurieuses.
91
» 4" Que personne ne peut porter dommage à l'arbre
de la liberté , ni exciter d^autres personnes à en porter.
» S"" Que personne ne pourra, sans autorisation de la
régence, proférer des cris de joie, faire sonner les
-eloches ou le carillon, illaminer ou tirer des armes
à feu.
» 6" Qu'il est défendu d'exposer des objets aux armoi-
ries de l'empereur d'Autriche.
» En cas de contravention à l'un ou l'autre des articles
précités , tout contrevenant sera aussitôt arrêté comme
perturbateur du repos public et pun icomme tel selon la
rigueur des lois.
» Ordonnons à ceux à qui d'office de tenir la main à
l'exécution de cette ordonnance, et à tous employés
publics, tant ouvriers, portefaix, qu'autres , de prêter
secours à cette exécution lorsqu'ils seront requis ad hoc.
» Âinsi arrêté en séance des représentants du peuple
et de la régence, le 30 Mars 1793.
» Signé: A. J. Vait Yosseh, président, L. F. Jaits-
sEUiîE, secrétaire, P. L. Woets, P. J. DeRutsschbr,
P. Verwilgheic, p. L. Vait DaoMME, E. De Last,
P.p. Vaw HiLLE, P. J. Rabaut, j. Vait Goutter,
J. M. D'HULSTEB, P. DbSPAEZ DE GaMUSEL , P. J. WOETS,
F. J. Meegae&t. yt
Cette proclamation et l'expérience qu'on venait d'avoir
semblait faire une impression salutaire sur le peuple.
On planta immédiatement un arbre de la liberté à la
place du sapin qu'on avait planté à la hâte. La présence
de la 35* division de la gendarmerie nationale concourut
à faire maintenir le repos. Gette division, forte de 480
hommes , fut logée dans les cabarets et chez les particu-
liers. Les vivres leur furent livrés par les boulangers et
92
les bouchers, par ordre de la régence et sur des bons
délivrés par le commissaire de guerre Hébert.
Dimanche 1 Avril. Un bruit circula que des troupes
autrichiennes et quelques autres troupes alliées sorties de
Bruges, marchaient sur Dixmude et un détachement
de 25 hommes , avec une pièce de canon , fut placé au
débouché de la route de Beerst. Pareil détachement fut
placé avec une pièce de canon au Haut-pont.
Ces bruits furent agréables h la population , qui fut
dans rabattement en voyant les moyens de défense
déployés par les Français.
On resta quelques jours dans la même incertitude,
jusqu'à ce qu'on apprit positivement que les alliés s'ap-
prochaient de la ville.
Mardi 5. Les finances de la caisse communale étant
épuisées par les dépenses extraordinaires que les circon-
stances imprévues avaient occasionnées, la régence
envoya une députatiou à l'administration départemen-
tale à Ypres , afin d'obtenir des fonds pour faire face
aux dépenses de la fourniture à faire aux troupes.
Toutes les caisses étant aussi dépourvues de fonds à
Ypres, à cause du passage continuel des troupes, on
autorisa la ville de Dixmude à lever une somme de 1600
florins, sous la garantie de toutes les communes de la
Flandre-Orientale. Cet emprunt ne fut jamais contracté,
soit que personne ne voulut avancer des fonds, soit
que la régence ne jugeât pas à propos de le faire , à
cause des circonstances trop critiques du temps.
Vendredi 6. Depuis le premier du mois, la garnison
et les bourgeois étaient dans une inquiétude continuelle
à cause des nouvelles positives qu'on recevait journelle-
ment de l'arrivée de troupes autrichiennes dans les com-
munes voisines. La nuit dernière cinq hussards autri«
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chiens s^étaient montrés dans la commune d*£essen.
La garnison de la ville en conçut de nouvelles inquié*
tudes, et l'on déplaça au débouché de la rue d'Eessen
le canon , placé dépuis quelques jours sur la chaussée
de Beerst , près du cabaret la Couronne,
Samedi 7. On remarqua de bon matin, aux mouve-
ments faits par les soldats, qu'un changement allait avoir
lieu. En effet, le commandant avait reçu par courrier
dès 6 heures du matin , Tordre de partir en toute hâte
et la ville fut évacuée avant huit heures.
On s'attendait à chaque instant à voir arriver en ville
les troupes autrichiennes , et la régence fit enlever par
prudence Tarbre de la liberté , qui fut placé à la maison
de ville , afin qu'on put le replacer en cas de nécessité.
Immédiatement après le départ des Français , le bailli
Beghin convoqua la régence et lui communiqua une
lettre de S. E. le comte de Mctternich de Winenbourg ,
Ministre plénipotentiaire de S. M. l'empereur d'Autriche,
datée de Bruxelles le 1 Avril , par laquelle S. E. témoigna
le désir de voir reconstituer le magistrat sur le pied
d'autrefois , après avoir renoncé publiquement au ser-
ment qu'on aurait pu avoir fait aux Français. Cette
nouvelle fut reçue avec le plus , grand contentement et
le magistrat , pour faire connaître sa conduite irrépro-
chable, résolut de faire connaître k S. E. le Ministre
plénipotentiaire que la fidélité des membres de la régence
à S. M. l'empereur et roi avait toujours été inébranla-
ble ; que malgré la domination des ennemis et la gar-
nison française , qui avait séjourné en ville , aucun
membre de la régence n'avait jamais prêté serment à
la nation française, et que cependant elle avait toujours
continué à excercer ses fonctions. On ajouta , que si
S. E. exigeait un renouvellement de serment, tous les
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membres étaient disposés à le prêter , pour montrer leur
attachement à leur souverain légitime. Pour preuve de
leur fidélité et de celle du peuple, on envoya au Ministre
plénipotentiaire un extrait du procès-verbal du 9 Mars ,
par lequel il conste que lors de la proposition faite par
le commissaire français , d'accepter la nouvelle consti*
tution , le peuple l'avait repoussée avec courage.
On apprit entretemps que les Autrichiens s'appro-
chaient de la ville. Quelques habitants coururent à leur
rencontre et vers midi un détachement de trente-six
hussards de Blankenstein , venant de Roulers , fit son
entrée au son des cloches et du carillon et aux acclama-
tions de la population. Jamais les soldats n'avaient été
reçus avec plus de joie.
Tandis que chacun s'adonnait à la joie , on vit un
dragon français traverser la Grand'Place à cheval. Aux
cris du peuple: Un Nation! un Nation! le dragon mit
son cheval au grand galop, mais poursuivi par un
hussard, il fut pris au marché aux porcs et conduit
devant le commandant à la maison-de-ville. Il 7 déclaré
qu'il était une femme, qui venait chercher son mari,
officier de la compagnie qui avait quitté la ville du
matin. On retint ce singulier dragon prisonnier avec
tous les égards dûs à son sexe.
A deux heures de relevée fut annoncée par publica-
tion au peuple la lettre du ministre, comte de Metternich,
et les cloches furent sonnées de nouveau en signe de
réjouissance.
On invita en môme temps les habitants à vouloir
payer les droits pour les objets qu'ils avaient consommés
pendant le séjour des Français, et à déposer à la
maison-de-ville les armes et les objets d'habillement
délaissés par les soldats. Quelques fusils, des capotes et
95
des havre-sacs abandonnés par les déserteurs furent
déposés à l'instant même.
A trois heures , la confrérie de St-Georges se rendit
en grande tenue , tambour battant et drapeau déployé ,
prés du commandant des hussards pour le complimenter
et pour lui présenter de monter la garde. Le comman-
dant reçut les offres qu'on lui fit et les confrères mon-
tèrent la garde la nuit suivante.
Le soir ^ il y eut illumination générale , les rues et les
cabarets regorgeaient de monde, qui par ses cris fit
retentir l'air de J^ive V Empereur !
Dimanche 8. La joie et le contentement se lisaient
sur toutes les figures. On espérait un bonheur plus
assuré sous une administration plus juste et plus pacifi-
que. On renvoya le dragon féminin, mais on retint
son cheval et les hussards prirent pour butin ses
bijoux et ce qu'elle avait de précieux. La garnison fut
renforcée de 52 hommes d'infanterie du régiment impé
rial de Kinski, qui furent logés chez les bourgeois de la
Grand'Place.
Mercredi 11. Le détachement de hussards avait été ren-
forcé les jours précédents de plusieurs hommes; ils étaient
maintenant 90 et partirent èi quatre heures de relevée
pour Loo et PoUinkhove à la recherche des Français.
Jeudi IS. Les 52 hommes de Kinski partirent de
bon matin pour Ypres , et la ville resta sans garnison.
Dimanche 15. Un TeDeum fut chanté dans la grande
église en actions de grâces des bienfaits reçus. Le
magistrat , en costume , les recollets et les autres corpo*
rations religieuses assistèrent en corps à cette cérémonie.
Mercredi 18. Dès que les émigrés connurent l'impor^
tante nouvelle du départ des troupes françaises, ils
quittèrent leur retraite pour venir respirer Tair hos-
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pitalier des Dixtnudois. Les prélres et les émigrés
retournèrent en plus grand nombre qu'ils n'étaient
partis, il y avait environ un mois , et ils furent reçus à
bras ouverts par ceux qui avaient regretté leur départ.
Samedi 28. Après plusieurs jours de repos, on vit
arriver le régiment d'infanterie d'Orange-Gueldres fort
de 300 hommes, avec une pièce de canon , un caisson et
plusieurs chariots de train. Ces troupes se rendirent en
toute hâte au fort de Knocke.
6 Mai. Il circula plusieurs bruits sinistres et souvent
contraires les uns aux autres. On apprit que les troupes
autrichiennes et hollandaises en étaient aux prises avec
les Français entre Poperinghe et Rousbrugge; cette
nouvelle, apportée par des fuyards, causa une grande
crainte qui augmenta encore lorsque dans l'après-midi
l'on vit arriver de Poperinghe une foule de bourgeois,
de prêtres, de religieux et d'enfants. L'arrivée subite
de ces fuyards , qui avaient pris avec eux tout ce qu'ils
avaient de plus précieux , fit sur l'esprit des Dixmudois
une impression difficile à décrire. Craignant d'un côté
pour leur propre sûreté , ils osèrent à peine leur tendre
une main hospitalière; d'un autre côté, émus par la
triste position de ces malheureux, ils n'osèrent les re-
pousser et l'humanité l'emporta. On logea cette multi-
tude le mieux que possible; les couvents logèrent leurs
confrères, et les enfants des écoles orphelines furent
logés dans les écoles de la ville.
12 Mai. Les nouvelles reçues des environs de Poperin-
ghe et de Rousbrugge étant plus favorables , presque tous
les réfugiés retournèrent dans leurs foyers. On chanta
un Te Deum. pour l'heureuse délivrance de l'impératrice
d^Autricbe, qui venait de donner naissance à un
prince et après-midi on proclama un édit de grâce pour
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tous les déserteurs qui auraient rejoint leurs drapeaux
avant le premier octobre.
26 Mai. La procession qu'on porta aujourd'hui solen^
nellement, fut accompagnée par cent-trente ecclésiasti-
ques , dont cent-six étaient français.
31. Une multitude de fuyards annoncèrent que les
Français s'étaient emparé de Fumes où ils pillaient et
saccageaient tout ce qui leur tombait sous la main.
Plusieurs bourgeois prirent la fuite; d^autres prirent leurs
arrangements pour partir , en cachant leurs objets de
valeur et en fesant emporter tout ce qui aurait pu être
pillé par l'ennemi.
5 Juin. On était dans une continuelle alternative
d'espoir et de crainte; la crainte l'emporta presque
toujours à cause que les fuyards annonçaient plustôt
l'approche que l'éloignement des Français. Le passage
de 12 à 1300 Hollandais, qui se rendaient de Furnes
à Ypres avec leurs canons et bagages , augmenta encore
la crainte , parce qu^on assurait que ces troupes battaient
en retraite.
9 Juin. La peur diminua un peu lorsque deux esta-
fettes se rendant de Furnes à Ypres , assuraient que les
Français avaient quitté cette première ville et qu'ils
étaient porteurs d^ordres pour faire retourner les Hol-
landais qui étaient passés ici le 9. Il parait que ces
troupes ne se fiaient pas trop aux assurances qu'on leur
donnait de Tabsence des Français dans cette ville , puis-
que le commandant envoya un trompette au bourgmestre
Van Hille , pour lui demander s'il n'y avait pas danger
de rencontrer les ennemis.
Le trompette ne se contentant pas d'une réponse
rassurante donnée par le bourgmestre, se fit accom-
pagner par ce magistrat jusqu'à la porte de Woumen,
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près du nouveau cimetière, où étaient stationnés 600
hommes d'infanterie et 50 cavaliers , avec du canon et
leur matériel de guerre. Après les assurances réitérées
du bourgmestre , ils traversèrent la ville et prirent les
chemins de terre pour se rendre à Furnes.^
12 Juin. Une garnison hollandaise arriva aujourd'hui
et jusqu'à la seconde invasion des Français , la ville ne
fut presque jamais sans logements militaires. Les Hol-
landais, les Anglais, les Hessois et d'autres logèrent
presque toujours chez les bourgeois, qui ne reçurent
aucune indemnisation.
18 Juin. Un beau ca rosse traîné par six chevaux de
même couleur , et escorté par 70 cavaliers hollandais ,
arriva à 9 heures du matin et fit supposer que le prince
d'Orange devait arriver. Le magistrat qui avait tout
disposé pour bien recevoir le prince , ayant appris qu'un
régiment hollandais devait entrer en ville vers les six
heures du soir et croyant que le prince d'Orange le
commandait , alla à sa rencontre , mais il fut bien
désappointé , lorsqu il vit que le prince n'accompagnait
pas le régiment.
19 Juin. Guillaume-George-Frédéric, prince d'Orange,
arriva en ville , venant de Furnes , à onze heures du
matin, accompagné du général autrichien Melius. Ils
descendirent de voiture à la maison de M. Rotlîer,
pilancier (1), où logeait le lieutenant-colonel baron Yan
Tengnagel.
La régence alla en corps féliciter le prince , qui fut
(1) Cette maison, rebâtie il y a une quinzaine d^années, se trouve
sur la Grand'Plaœ et est actuellement occupée par M. le reprétentant
Morel-Danheel.
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très affable et qui , après avoir pris quelques rafraichis-
sements , partit pour Ypres.
20 Juin. Vers onze heures du matin arriva d'Ypres
le général Wartensleben et une partie de la garnison
partit desuiie pour Fumes sous ses ordres.
6 Juillet. Continuellement grèvés par les logements
militaires , les bourgeois , qui avaient logé pendant assez
longtemps les soldats sans rétribution, commencèrent
à se plaindre de cette charge. Quelques troupes , il est
vrai , devaient payer trois sols par jour pour chaque
soldat, et pour celte somme on leur devait livrer le sel,
le vinaigre, le feu et la lumière , mais beaucoup préten-
dirent être nourris complètement pour cette somme;
d^autres ne payaient pas. Celle manière de faire mécon-
tenta la bourgeoisie , laquelle , après le départ du régi-
ment Van Brakel , montra ouvertement son méconten-
tement.
Les maîtres de sections et quelques personnes notables
voulant diminuer autant que possible la charge des
logements militaires qui incombait à la bourgeoisie , alla
trouver la régence pour exposer les justes plaintes des
habitants et pour la prier de porter remède à cet état
de choses.
La régence voulant , pour autant qu^il dépendait d'elle,
contribuer à alléger les charges de ses administrés, prit
les mesures nécessaires pour loger è l'avenir les troupes
dans les maisons non habitées , et les granges que les
habitants devaient pourvoir de lits et d'objets nécessaires
au logement.
Les mécontents satisfaits de ces mesures, eurent bientôt
un nouveau sujet de plaintes. Un bataillon suisse qui
arriva l'après-midi , ne voulut pas aller occuper les
logements désignés et les bourgeois furent forcés de loger
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100
de nouveau ces soldats pour la somme de trois sols;
somme qui ne fut encore payée que par fort peu d'entre
eux.
21 Juillet. Le prince d'Orange arriva à sept heures
du matin d'Ypres ; il descendit à la maison-de-^ille et
partit à neuf heures avec sa suite pour Fumes.
29 Juillet. Dans la matinée arriva d'Ypres , se
rendant à Mieuport,le général-major autrichien Melius »
accompagné de deux aides-de-camp.
31 Juillet. Parmi les officiers généraux de tout grade
et de toute arme qui passaient tous les jours, on remarqua
aujourd'hui S. A. le prince de Hesse-^Darmstadt . qui ,
arrivé à sept heuies du matin d'Ypres , alla loger chez
M. l'avocat Van Yossem, près le Pont-aux- Pommes.
Durant tout le mois, les troupes étrangères allant à
Ypres, à Loo, à Furnes ou à Nieuport, ne disconti-
nuèrent pas de passer; leur nombre était souvent isi
grand, que toutes les maisons en étaient remplies et
qu'une partie fut forcée de camper sur la place et dans
les rues , où ils fesaient leur cuisine en plein air.
3 Août. S. A. le prince de Hesse-Darmstadt partit à
quatre heures du matin pour Ypres avec toute la gar-
nison, qui comptait plus de 2,000 hommes. Les bour-
geois crurent que maintenant du moins ils allaient être
délivrés des logements militaires. Us furent encore trom-
pés dans leur attente , car avant qu'ils eurent le temps
de nettoyer leurs maisons, le régiment de Van Brakel
revint de Loo , et les soldats , qui avaient encore logé
ici , retournèrent dans leurs anciens logements.
11 Août. On chanta un Te Deum, pour la capi-
tulation de Yalenciennes , qui avait été signée le 28
Juillet.
20 Août. Toute la garnison partit pour les environs
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de Roulers , pour aller combattre les Français , d'après
ce qu'on disait.
i21 Août. Le passage de l'armée Anglaise, Hano-
Trienne et Hessoise, forte de 15 à 16,000 hommes qui
allait assiéger Dunkerque, est un des plus grands
mouTements militaires qui aient eu lieu ici. Ce passage
commença à sept heures du matin , et dura pendant
vingt-quatre heures. L'armée avait à sa suite 56 pièces
de canon , 4 obusiers , 9 afiBlts non montés , 7 4 caissons ,
12 chaloupes à pontons, 10 chariots h pontons, 10
chariots chargés de fours en fer, 1193 chariots de
bagage et de fourage, 78 charettes , 300 chevaux char-
gés de tentes, 85 bétes à cornes, 23 veaux et 60
moutons»
On voyait au milieu de tout cet attirail la voiture du
duc d'Yorck, attelée de six chevaux bruns et suivie de
plusieurs autres voitures , et de 19 beaux mulets chargés
du bagage de son Altesse.
Durant ce passage un accident faillit occasionner
un grand malheur, qui aurait pu détruire une partie
de la ville. Le feu avait pris à l'essieu d^un caisson de
poudre; on apporta de l'eau à temps et le feu fut
éteint.
24 Août. Hier et aujourd'hui l'on vit encore passer
beaucoup de chariots de transport, qui tous se rendaient
Dunkerque.
25 Août. La régence reçut une lettre des bourg-
mestre et échevins de la ville et châtellenie de Furnes ,
par laquelle ils demandaient de la charpie pour panser
les blessés qui arrivaient continuellement à Furnes.
On se mit aussitôt à l'ouvrage et une quantité de char-
pie et de vieux linge fut envoyée à cette ville.
27 Août. On proclama par ordre supérieur que tous
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ceux qui avaient des hàches ou des cognées devaient
les déposer aujourd'hui même h la maison-de-ville,
pour être transportées desuite à Furnes pour le service
de l'armée»
I Septembre. Un transport de 15 chariots chargés
de malades et de blessés Hessois arriva de Yalen-
ciennes , de Tournai , Gourtrai et Roulers avec 400 che^
vaux blessés. Ces malheureux étaient dans un déplo-
rable état. Le magistrat ordonna de les placer à l'hôpital
et dans les couvents des Sœurs-noires et des RécoUels ,
où ils furent pansés par les chirurgiens de la ville.
Les chevaux furent placés dans les écuries de la ville
et des environs.
I I Septembre. Depuis le premier de ce mois le nombre
de fuyards qui arrivaient des frontières de la France
augmenta de jour en jour et jeta la terreur parmi les
habitants. La terreur augmenta par le .bruit que les
Français, qui, disait-on, étaient déjà à Vorthem, de-
vaient arriver aujourd'hui en ville. Le passage de 3,000
alliés , qui passaient en se rendant de Furnes à Ypres ,
sembla justifier cette crainte et plus d'un quitta ses
pénates pour se soustraire aux vexations des Français ,
qui allaient entrer en ville. L'on fut trompé fort heureu-
sement; les soldats vus de loin et qu'on avait pris pour
des Français , étaient des dragons anglais, qui formaient
l'avant-garde du régiment royal et qui fit ici son entrée
vers le soir. Ils se firent donner par la régence du pain,
du fourrage et du bois , et campèrent à la belle étoile
sur la GrandTlace, où ils préparaient leur nourriture
sur de grands feux. Le lendemain ils partirent pour
Ypres.
Le duc dTorck, battu le 8 à Hondschote, leva son
camp devant Dunkerque , arriva à Dixmude le 12,
105
avec son état-major, et logea chez le greffier Mergaert ,
au pont du Nord. Cette maison, malgré sa. grandeur,
était beaucoup trop petite pour le service du Duc. L'on
construisit une cuisine de campagne dans une pâture
attenante pour le service de bouche.
L'armée qui accompagnait le duc , campa le long de
la route de Merkem à Keyem.
13 Septembre. On remarqua un grand mouvement
dans les troupes et l'on apprit que les Hollandais avaient
été battus à Wervick et à Menin par les Français. Le
duc dTorck fit tout disposer pour partir le lendemain à
quatre heures.
14 Septembre. Une estafette apporta durant la nuit
la nouvelle que les Français battus par les Autrichiens,
avaient été forcés d'évacuer Menin. Le Duc fit cesser
tout mouvement et fit donner l'ordre de partir pour
Thourout. L'armée se mit en marche dès sept heures du
matin et l'arrière-garde ne quitta la ville qu'h cinq
heures du soir. Le Duc était parti à onze heures avec
son état-major. Il y avait en tout 55 canons.
16 Septembre. Un piquet de cavalerie Hessoise était
resté après le départ du duc d'Yorck. Il arriva aujour-
d'hui un corps de 4,000 hommes, qui campèrent près
le Haut-pont, dont le passage fut interdit.
17 Septembre. Trois à quatre mille hommes de ca-
valerie Hanovrienne et Hessoise ont traversé la ville, se
rendant au fort de Knocke avec sept pièces de canon.
19 Septembre. 260 cavaliers Hessois sont arrivés à
éjix heures du matin. L'une moitié s'est rendue au
fort de Knocke , Fautre à Schoorebake.
20 Septembre. Une estafette est arrivée pour le géné-
ral Âubercrombé commandant le camp au Haut-pont ;
une partie des troupes avec la garnison de la Knocke
104
partit en toute bâte pour Fumes avec 15 canons, trois
afiÛts , des chariots et des tentes.
21 Septembre. Une autre partie du camp partit pour
Furnes de bon matin et à 4 heures de relevée arrivèrent
1,500 hommes d'infanterie hessoise, qui partirent le
lendemain par la route de Woumen.
23 Septembre. A dix heures sont entrés 90 cavaliers
Hanovriens, et de onze à une heure 8,000 hommes
d'infanterie, et 275 de cavalerie hessoise avec onze
canons, deux a£fdts et plusisurs caissons et chariots. Ils
ont campé près du Haut*pont dans les prairies dites
Heernisse.
28 Septembre. Â trois heures de rélevée sont partis
du camp 6 à 700 grenadiers avec deux pièces de canon
pour la Knocke. 500 hommes de cavalerie hessoise sont
arrivés à la même heure.
I Octobre. Quelques troupes ont quitté le camp avec
quatre pièces de canon , allant à la Knocke et quelques
autres à Schoorebake. Le nombre de fuyards allait toujours
croissant. Les avant-postes français étaient h Vorthem.
7 Octobre. On apprit que les Français tachaient de
passer le canal, et les troupes du camp se tenaient prêtes
contre toute attaque.
9 Octobre. 2000 hommes ont quitté le camp avec
deux pièces de canon , pour se rendre à Loo.
II Octobre. Vers le soir sont arrivés 40 Ecossais.
12 Octobre. A trois heures de l'après-midi 2500 hom-
mes de troupes Anglaises sont venus camper derrière
le cabaret dit Y Empereur. Ils sont partis le lendemain.
14 Octobre. Vers le soir les troupes du camp crai-
gnaient une attaque des Français qui arrivaient toujours
en plus grand nombre dans le métier de Furnes.
22 Octobie. On «étendit la canonade dans la direc-
105
tion de Furnes depuis le matin jusqu*à midi. On apprit
bientôt que les Français s'étaient emparé de cette ville
et avaient poursuivi les alliés jusques près de Nieuport.
25 Octobre. L^ordre étant arrivé de lever le camp ,
toutes les troupes sont parties pour Thout*out , à neuf
heures du soir. Les trois jours suivants, les Français bom-
bardèrent Nieuport , et les Dixmudois étaient dans une
grande inquiétude, craignant de voir arriver à chaque
instant les Français.
28 Octobre. Vers dix heures et demie du soir, 50
Hessois sont entrés en ville et ont, immédiatement
après leur arrivée, fait assembler la régence. Ils ont
mis le feu au Haut-pont vers minuit et ont élevé quelques
batteries pour défendre le passage aux Français.
29 Octobre. Une vingtaine de Français s'étant mon-
trés de Tautre côté du canal, les Hessois ont tiré sur eux
avec le seul canon qu^ils avaient.
31 Octobre. A midi, 6000 Hessois venant de Ghistel-
les avec de l'artillerie, sont allés camper du côté de
Woumen.
1 Novembre. Le temps était si pluvieux, que les troupes
campées sont venues loger en ville. On entendit parler
du siège de Nieuport, durant une grande partie de
ce mois.
10 Décembre. Cinq compagnies de cavalerie, chacune
de 80 hommes , sont parties pour Mons.
18 Décembre. A huit heures est parti pour Ostende,
un bataillon du régiment du prince Charles de Hesse-
Gassel, fort de 556 hommes , avec quatre pièces de canon *
et 22 fourgons. S. A. Frédéric, prince héréditaire de
Hesse-Cassel , logeait ici avec son frère , le prince
Charles, les généraux Wormsl , Halvisch et Porck.
21 Décembre. A neuf heures sont partis 150 hom-
AwNALES. — Tome IF. 7
106
mes du régiment Odonel , qui étaient arrivés hier de
Fumes, où ils s^étaient mesurés avec rennemi.
23 Décembre. 550 grenadiers de Hesse-Cassel sont
entrés en ville avec deux pièces de canon, deux caissons
et 23 fourgons.
24 Décembre. Le général Wormsl est parti pour
Thourout, avec 150 hommes,
29 Décembre. 800 hommes de la garnison sont allés
en quartier-d'hiver k Woumen, Eessen et Beerst.
1794.
9 Janvier. Le colonel Autrichien Mack est venu
inspecter les ouvrages du Haut-pont et de la Knocke ,
et est ensuite parti pour TAngleterre.
10 Mars. On publia que tous les Français émigrés
devaient s'éloigner à cinq lieues des frontières françaises.
13 Mars. Cinq compagnies , chacune de 115 hommes ,
sont parties de Dixmude et d'Eessen pour Merckem.
20 Mars. A midi et demi est passé par la ville un
bataillon de grenadiers du régiment du prince Frédéric
de Hesse-Cassel, se rendant à Woumen.
A trois heures est entré le lieutenant-colonel Von
Kospoth, à la téte d'un bataillon de 652 hommes, venant
de Nieuport.
21 Mars. A six heures du matin est parti pour Ypres le
bataillon du colonel Wurmb, avec celui du prince Frédé-
ric de Hesse-Cassel , qui était en garnison à Woumen.
25 Mars. Deux autres bataillons sont partis pour
Ypres avec le prince Frédéric de Hesse-Cassel , le prince
Charles de Salm-Hohenzolern et le baron Sool. A dix
heures est arrivé le bataillon Von Kospoth , qui après
une halte d'une heure et demie est parti pour faire place
h 200 grenadiers hanovriens, qui sont allés prendre
position au Haut-pont.
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107
1 Avril. Durant tout ce mois le mouvement des trou-
pes diminua. Les Français brûlèrent les abbayes de
Loo, d'Ëversam et plusieurs fermes du métier de Furnes.
28 Avril. On publia que tous ceux qui voudraient
s'enrôler volontairement, recevraient- de la ville dix sols
par jour. Quelques hommes du peuple répondirent à
celte invitation et reçurent des armes.
2 Mai. 150 volontaires sont arrivés de Loo et de
Knocke.
4 Mai. Les religieuses pénitentes ont quitté leur
couvent avec toutes leurs pensionnaires.
5 Mai. Il fut publié le matin, de la part du magistrat
du Franc , que tous ceux qui s'engageraient comme
volontaires, recevraient 10 sols par jour, dont on
décompterait 3 sols pour les vivres.
On reçut quelques jours plus lard la nouvelle de la
prise de Gourtrai par les Français, et l'on fut continuel-
lement dans la crainte de voir arriver l'ennemi qui
était maître de Loo.
2 Juin. On entendit tirer dans la direction d'Ypres.
Dans la matinée, l'on vit arriver 25 cavaliers hano-
vriens et cent hommes d'infanterie avec une pièce de
canon, un caisson et un fourgon. A quatre heures de
l'après-midi ces troupes furent renforcées de 400 hom-
mes avec deux pièces de canon, qui campèrent sur la
GrandTlace en attendant le bataillon d'émigrés, fort
de 400 hommes, qui arriva à six heures avec deux
pièces de canon. A leur arrivée les Hanovriens
partirent pour Steenstraete (1) , et une centaine d'hom-
mes partirent avec une pièce de canon et cinquante
(1) steenstraete est un hameau sur le canal d^Ypres à Dixmude. La
chaussée entre ces deux villes le traverse.
108
volontaires pour la Knocke. Cent émigrés occupèrent
le poste du Haut-ponl avec vingt-cinq volontaires et deux
pièces de canon. Durant la nuit il arriva encore deux
pièces de canon pour les émigrés , et vingt-cinq cavaliers
qui partirent le lendemain pour Schoorebaeke.
3 Juin. A onze heures arrivèrent cent hommes
dinfanterie hessoise avec 24 hommes de cavalerie , qui
tous sont partis pour Steenstraete.
Après-midi on entendit tirer dans la direction
dTpres, et Ton apprit que cette ville était assiégée. On
se battait aussi au pont de Steenstraete. Il arriva pen-
dant la nuit deux bataillons de troupes anglaises , avec
» trois canons, et après une halte d'une heure sur la place ,
ils partirent pour Steenstraete.
6 Juin. Vers les dix heures du matin , Ton vit retour-
ner toutes les troupes anglaises , hessoises et hanovrien-
nés qui battaient en retraite. Les Français s'étaient
avancés jusques Langemarck et menaçaient d^attaquer
les alliés sur le derrière. Une partie de ces troupes
logea chez les bourgeois , les autres campèrent sur la
Grand'Place.
Le lieutenant des volontaires partit pour Thielt; il était
envoyé par le commandant Hack , pour aller exposer
au général Clerfayt la retraite inutile des Anglais et lè
grand danger auquel cette retraite exposait une partie
de la Flandre à se voir envahie par les Français.
6 Juin. Le lieutenant envoyé à Clerfayt est retourné
avec l'ordre de faire reprendre leurs postes à toutes les
troupes. Cet ordre excita un différend entre les émigrés
et les Hanovriens, ceux-ci voulant battre en retraite.
A deux heures les troupes retournèrent à Merkem.
7 Juin. Toute cette journée se passa en marches et
contre-marches des différents corps. A 5 heures du soir
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toute rarmée est rentrée de ses postes et les Hanovrîens
sont allés camper le long de la chaussée de Beerst, avec
trois pièces de canon , braqués vers la ville. Les émi-
grés campèrent sur la digue de Vladsloo.
L^émigration des Dixmudois fut grande; on s'atten-
dait à chaque instant à voir arriver les Français, qui
avaient pris position de l'autre côté de Woumen.
Les émigrés partirent avec les volontaires dans la
direction de Clercken , les Hauovriens hasardèrent de
retourner à Woumen et les Anglais occupèrent la ville
et les environs.
8 Juin* A trois heures du matin arrivèrent 150
cavaliers hessois et hanovriens , et à onze heures , trois
bataillons d'infanterie avec deux escadrons de dragons
légers , trois pièces de canon et beaucoup d'autre maté-
riel, de sorte qu'on pouvait évaluer les forces alliées
qui se trouvaient aux environs de la ville, à 8,000
hommes. Les avant-postes des Français étaient à Lan-
gedewalle, près de Merckem, et à la Knocke.
A une heure est arrivé un bataillon anglais qui s'est
mis au bivouac avec les deux autres bataillons sur la
Grand'Place.
A deux heures , le corps anglais s'est divisé en deux
parties , dont l'une est allée prendre position à Steen-
straete , que les Français avaient évacué , et Tautre au
Haut-pont. Cette partie a passé le canal et s'est retirée
derrière des tranchées.
A huit heures du soir, la compagnie des volontaires de
Proven est entrée eu ville avec un butin pris à un déta-
chement français de 70 hommes , à Nieuwcapelle.
Le lendemain , à dix heures , les émigrés sont partis
sur deux colonnes pour Langedewalle et Clercken , avee
deux bataillons de troupes anglaises.
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110
Toutes les tentatives faites par les alliés furent vai-
nes; Ypres tomba au pouvoir des Français, Le générai
Pichegru avait forcé l'armée autrichienne , à laquelle
s'étaient joints les Hollandais. Le général Clerfayt fit sa
retraite sur Gand, qui ouvrit ses portes aux Français
le 4 Juillet , et la reddition de cette place fut le signal
de l'incorporation de toute la Flandre à la République
française.
Depuis l'incorporation h la République , Dixmude eût
à subir les mêmes fatalités que les autres villes du pays;
les contributions forcées, les assignats, la persécution
des prêtres et les autres malheurs furent communs à
toutes les localités de la Flandre.
Je ne pousse pas plus loin cette histoire ; j'aurais à
décrire des faits contemporains , qui tous, plus ou moins,
sont consignés dans les archives modernes de la ville de
Dixmude, et qui sont du domaine de la postérité; mais
les noms à consigner, noms qui sont quelquefois enta-
chés d'un fâcheux antécédent pour les familles , et qui
m'empêcheraient de dire toute la vérité, me font ar-
rêter ici.
111
vvv\vv\ivww\ivv\w,wv\v\vvv,\wv\v'vv\v\v\wwwwwvvwwv\vvv\v\vv
ADDITIONS A LA SUCCESSION
DES
EXTRAIT d'un registre DES ARCHIVES DE LA VILLE d'tPRES»
COMMENCÉ EN 1380.
Jacques de Dixmiide, 10^ échevin de la ville dTpres,
en 1581.
Jacques de Dixmude , écoulète , en 1585.
Jacques de Dixmude, 10° échevin do la même ville,
en 1585; il y avait donc deux Jacques de Dixmude
qui exerçaient des fonctions différentes.
Éloi de Dixmude, écoutète, en 1587.
Jacques de Dixmude, 5« échevin, en 1389.
Lamp de Dixmude, 15° échevin, en 1590.
Jacques de Dixmude, 4° échevin, en 1591.
Jacques de Dixmude, premier échevin, en 1592.
Jacques de Dixmude, écoutète, en 1595.
Lamp de Dixmude, 15° échevin, en 1595.
Jacques de Dixmude, 2° échevin, en 1594.
Lamp de Dixmude, 12" échevin, en 1595.
Jacques de Dixmude, 5° échevin, en 1596.
Lamp de Dixmude, 9° échevin, en 1597.
Jacques de Dixmude, 5* échevin, en 1598.
Jacques de Dixmude , premier échevin , en 14(W.
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112
Pierre de Dixmude , 13' échevin , eu 1401.
Jacques de Dixmude , 1' échevin , eu 1402.
Jacques de Dixmude, écoulète, en 1405.
François de Dixmude, 8" échevin, en 1404.
Jacques de Dixmude, 3* échevin, en 1407.
Jacques de Dixmude, 2* échevin, en 1411.
François de Dixmude, 3" échevin, en 1411.
François de Dixmude, 4* échevin, en 1412.
François de Dixmude, 4* échevin, en 1414.
Pierre de Dixmude, 2® échevin, en 1415.
François de Dixmude, 2*^ échevin, en 1416.
Pierre de Dixmude, 3* échevin, en 1417.
François de Dixmude , 2* échevin , en 1418.
André de Dixmude, 6' échevin, en 1418.
Louis de Dixmude, lO"* échevin, en 1419.
François de Dixmude, 2*^ échevin, en 1420«
André de Dixmude, 5' échevin, en 1420.
Jean de Dixmude, 10° échevin, en 1421.
François de Dixmude, 2** échevin, en 1422.
André de Dixmude, 5'' échevin, en 1422.
Olivier de Dixmude, 12" échevin, en 1423.
André de Dixmude, 3*" échevin, en 1424.
Olivier de Dixmude, 3° échevin, en 1425.
André de Dixmude, 4" échevin, en 1426.
Olivier de Dixmude, 4° échevin, en 1427.
André de Dixmude, 2" échevin, en 1429.
André de Dixmude, 5** échevin, en 1431.
André de Dixmude , 3* échevin , en 1432.
André de Dixmude , 5' échevin , en 1434.
André de Dixmude , S"" échevin , en 1435.
Corneille de Dixmude, 12* échevin, en 1435.
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1436.
André de Dixmude, 5" échevin, en 1437,
lis
Olivier de Dixmude, 2® échevin, en 1438.
Charles de Dixmude, 13* échevin, en 1458.
André de Dixmude, 3' échevin, en 1440.
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1441.
Louis de Dixmude, 5* échevin, en 1442.
Olivier de Dixmude, 2* échevin, en 1445.
Paul de Dixmude, 5" échevin, en 1444.
Loonis de Dixmude , 1' échevin , en 1445.
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1446.
Paul de Dixmude , écoutèle , en 1447.
Loonis de Dixmude, 1' échevin, en 1447.
Charles de Dixmude, G"* échevin, en 1448.
Loonis de Dixmude, 1' échevin, en 1449.
Olivier de Dixmude, 1' échevin, en 1450.
Charles de Dixmude , 5* échevin , en 1450.
Loonis de Dixmude, 2* échevin, en 1451.
Paul de Dixmude, 4* échevin, en 1452.
Charles de Dixmude, 5** échevin, eu 1452.
Loonis de Dixmude, 1' échevin, en 1453.
Paul de Dixmude , 1' échevin , en 1455.
Pierre de Dixmude, 5* échevin, en 1456.
Paul de Dixmude, 1' échevin, en 1457.
Olivier de Dixmude , 2* échevin , en 1458.
Paul de Dixmude , écoutète , en 1459.
Corneille de Dixmude , 3* échevin , en 1460.
Paul de Dixmude, écoutète, en 1462.
Josse de Dixmude, 6"* échevin, en 1462.
Josse de Dixmude, 1' échevin, en 1465.
Paul de Dixmude , 1' échevin , en 1468.
Paul de Dixmude, 2'' échevin, en 1470.
Jean de Dixmude, 13" échevin, en 1471.
Josse de Dixmude , écoutète , en 1472.
Jean de Dixmude, 6** échevin, en 1474»
114
Jean de Dixmude, 6* ëchevin, en 1476.
Jean de Dixmude, 4* ëchevin, en 1486.
Jean de Dixmude , 5"^ échevin , en 1489*
Lamsin de Dixmude, 10** écheyin, en 1490.
Jean de Dixmude, 6"* échevin, en 1492.
Lamsin de Dixmude, 9'' échevin, en 1494.
Josse de Dixmude , 4"* échevin , en 1499.
Victor de Dixmude, 7" échevin, en 1500.
Josse de Dixmude, 2*" échevin, en 1501.
Victor de Dixmude, 8' échevin, en ^501.
Victor de Dixmude, écoutète, en 1502.
Josse de Dixmude , 2* échevin , en 150S.
Josse de Dixmude , écoutète , en 1505.
Jean de Dixmude, 9* échevin, en 1512.
Hector de Dixmude, écoutète, en 1515.
Jean de Dixmude, 6* échevin, en 1514.
Jean de Dixmude, 5' échevin, en 1518.
Jean de Dixmude, 6* échevin, en 1520.
Hector de Dixmude, S* échevin, en 1525.
François de Dixmude, 11* échevin, en 1529.
François de Dixmude, 8® échevin, en 1554.
François de Dixmude, 9"^ échevin, en 1556.
François de Dixmude, 6® échevin, en 1540.
François de Dixmude , 6' échevin , en 1546.
Jean de Dixmude, 5"* échevin, en 1555.
Jean de Dixmude, 4** échevin, en 1561.
Jean de Dixmude, 4* échevin, en 1565.
Jean de Dixmude, 5* échevin, en 1567.
Jean de Dixmude , 4* échevin , en 1570.
Jean de Dixmude, 5* échevin, en 1574.
Jean de Dixmude, 10** échevin, en 1587.
Jean de Dixmude, lO'' échevin, en 1589.
Jean de Dixmude, 11'' échevin, en 1591.
115
Jean de Dixmude, 5* ëchevin, en 1595.
Jean de Dixmude, 4^ échetin, en 1597.
Jean de Dixmude, 5* échevin, en 1601.
Jean de Dixmude, S*' ëchevin, en 1602.
Jean de Dixmude, 2*» échevin, en 1606.
Nicolas de Dixmude, IV échevin, en 1607.
Jean de Dixmude, 3* échevin, en 1614.
EXTRAITS d'ujT AITCIEIC LIVRE D*épiTAPHES ET DE MONUMENTS
RECUEILLIS PAR M. NICOLAS DE SCHIETERE , AU COMMEN-
CEMENT DU IVll** SIÈCLE (1).
St-Martin à Ypres.
Derrière le maitre-autel sont des vitraux peints repré-
sentant les armoiries de Dixmude jointes à celles de
Schoten, qui sont au chef d'or, au demi-lion de sable et
à celles de Schattinck, de sable, à la croix de vingt
besans d'or, de même qu'à celles de Waghenare, qui
sont à trois roses d'azur allié de Dixmude.
Au côté sud de l'église se trouve une pierre sépul-
crale bleue , couverte de cuivre et ornée de deux figures.
C'est la sépulture de Victor de Dixmude , fils de Jean ,
mort le 11 Janvier 1582 , et de sa femme , Adèle de
Haveskerke, fille de Philippe, morte en 1576. Les
armoiries sont Dixmude : à la bande dentelée de gueules j
Schattinck : d'or à l'écusson de gueules à la bande com-
ponnée d'argent et d'azur sur le tout et trois lions d'or
couronnés et Haveskerke à trois coquilles d'argent sur
la face, une croix ancrée d'argent, Nevele et Heule.
(1) H. Le cheyalier De Schietere de Lophem, a eu Tobligeance de me
coiiunuiiic[iier ce manuscrit, qui renferme les alliances de sa Aimiile.
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116
Au côté sud , sous une pierre blanche , gisent Pierre
de Dixmude , fils de Denis et de Gathérine , fiile de Wau-
tier Godericx. Ses armoiries étaient un lion au premier
canton timbré couronné d'or et azur de huit pièces.
Au côte nord de la chapelle , dite zutd-kapel, est une
pierre sépulcrale bleue , surmontée de deux figures ; on
y lit l'inscription : Chy gist Franchois de Dixmude , f
Jois, qui fut filz de François, obiit 1451 , le 5 Janvier,
et mademoiselle Marie de Lichtervelde , f Eloy , sa
femme, obiit 14...
Au côté nord git sous une pierre bleue, Denis de
Dixmude, mort le 20 Juin 1579. Il portait de huit faces
or et azur, un lion au premier canton.
Sous une pierre blanche git dame Anne Godericx,
fille de Wautier , veuve d'Éloy de Dixmude , et femme
en secondes nôces de Gilbert Van der Niepes , morte le
29 Juillet 1596 , et demoiselle Françoise de Dixmude ,
fille de Louis, morte le 5 Septembre 1457.
Au côté nord de l'autel de Ste-Calhérine , sous une
pierre bleue , couverte de cuivre , gît Messire Jean de
Dixmude, fils de François, mort le 22 Avril 1512, et
Messire Jean de Dixmude, fils de Philippe, mort en 1559,
le jour de St-François , et dame Denise , fille de W Denis
Schattinck, femme de Jean de Dixmude, morte le 12
Septembre 1583. Et Messire Éloi de Dixmude , fils de
Jean , qui posa la première pierre des murs d'Ypres , le
6 Avril 1588, comme écoutète de cette ville, et mourut
le 8 Avril 1391.
Au côté nord est une pierre incrustée de cuivre , sépul-
ture de dame Anne de Dixmude , fille de Jean et femme
de Jean Scholen, morte le 12 Décembre 1367.
Là git aussi dame Denise de Dixmude , fille de Charles,
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117
veuve de Victor de Dixmude , seigneur de Volmerbeke ,
morte le 8 Août 1481.
Au côté sud est une grande pierre bleue. G^est la
sépulture de Wautier de Dixmude, fils de Louis, mort
le 1 Juillet 1445, et de sa femme, dame Marie, fille
de Jean Van Thorrout, morte le 30 Août 1461.
Aux Jacobins, à Ypres,
Au côlé ouest de Téglise se trouve une grande pierre
bleue, ornée d'armoiries. Là gît Ingeiram de Dixmude,
fils de Wautier, mort le 26 Août 1442, et dame Marie
Van Ho ve, fille de Nicaise, morte en 1488.
Dans la même église est enterré, sous une pierre
bleue , François de Dixmude, mort le 20 Janvier 1420,
et dame Glaire Van Roosebeke, sa première femme,
morte le 9 Mai 1414 , et dame Marie Van Bomvenkerke ,
sa deuxième femme.
Église de l'hospice de Belle, à Ypres.
Au côlé nord se trouve Tépitaphe : Cy gist Jehan Belle ,
P sire Nicolas, qui trespassa Tan 14.., et mademoiselle
Denyse de Dixmude, f* Jehan, sa fe^me, obiit 1479,
le 10* jour de
Boesinghe.
Au côté nord du maitre-autel glt Jean Van Haelewyn ,
chevalier, fils de Jean, seigneur de Rouseirie et de
Boesinghe, mort le 18 Avril 1482, et dame Cathérine
de Dixmude , morte le 5 Octobre 148S, elle avait épousé
en premières nôces un seigneur de Walscappelle.
Hooglede.
Au côté sud du chœur est une tombe de Victor de
Dixmude, écuyer, seigneur de Volmerbeke et de la
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pelile Woesline, mort le 21 Septembre 1511 et de dame
Leonarde Van Gryspeere, sa femme, morte en 15...
Dans celle église est enterré Jean de Dixmude, écuyer,
seigneur de la pelile Woesline, fils de Charles, mort le
19 Septembre 1505, et dame Marie de Volmerbeke,
fille de Godscalc et de dame Marie Paeldink , morte le
12 November 1506. Ils eurent deux fils , Victor et Hector.
Hector, fils cadet, épousa une demoiselle Sbroeden , dont
il eut Jacques , Marie et Anne. Victor, fils de Victor et
Leonarde Van Gryspeere, épousa Marguérile Vander
Woesline, fille de François, seigneur de Beselaere, dont
est issu François, mort en 1559, qui épousa Marie
Vanden Berghe Van Handsame , dont il n'y eut pas de
postérité. Victor épousa en secondes noces , Jeanne , fille
de Robert de Rokeghem, dont Josse, Marie et Anne,
n épousa en troisièmes noces Madeleine Van Dalen , dit
Van Donghen, fille de Jean, seigneur de Legerswalle,
près de Gertruydenberg , dont il eut Philippe et Jean.
Jacques , fils de Hector de Dixmude , épousa une de-
moiselle Van Vlederinghe ; de ce mariage naquit Hector.
Marie de Dixmude, fille d'Hector, épousa, le 27 Oc-
tobre 1527, Josse Van de Woestyne , seigneur de Bese-
laere, dont est issu Hector, seigneur de Beselaere, qui
se maria à Claudine de Rosimbos , laquelle lui procréa
deux fils, François et Maximilien.
Josse, fils de Victor, mourut sans postérité.
Marie de Dixmude, fille de Victor, épousa François
Van Oudenfort, seigneur de Scharrenberg.
Anne de Dixmude fit une mésalliance.
Jean de Dixmude, fils de Michel, épousa Cathérine
Augustins, à Ypres.
119
De Beer , fille de Nicolas, dont il eut Marie de Dixmude,
veuve de Nicolas De Bu , chevalier.
Dixmude.
Dans l'église paroissiale se trouve dans la nef latérale
celle épitaphe : Cy gist noble homme, Jean Hallarts,
dict Percheval, seigneur de Dixmude, obiit 1452, le
19 de Décembre.
Bruges.
L'inscription suivante se trouve dans l'église de Saint-
Donat , sur une pierre bleue , incrustée de cuivre : Hier
licht begraven Bertolomeus De Voocht^ raedt shertogen
van Bourgoingne, grave van F^laenderen, die staerfUhQ.
den 11° in Maerte, ende joncvrauwe Anna /« sheer
Pieters van Dixmude, Bertolomeus toyf toas, de welcke
staerf 1426, den 12" Maerte.
St-Jacques, à Gand.
Il y a dans cette église une épitaphe de Jean de Dix-
mude, fils de Josse, chevalier , qui mourut le 20 Février
1552, il avait épousé Jaqueline DuUaerts.
Dans la même église est le tombeau de Josse Van
Galoen, qui mourut le 10 Juillet 1549, et de dame
Harie de Dixmude , fille de Josse , chevalier , conseiller
de l'empereur, femme de Josse Yan Caloen, morte le
17 Octobre 1550.
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V\VVV\V\\VVVV\\\V\\IVVVVVV\VVV\W*WWWWWWV\WWWV\WWWV\V>I
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
I.
VENTE d'une terre ET d'uNB MAISON A. DIXHUDE.
1227.
Universis Christi fidelibus presentem paginant inspecturis
scabint Dixmudenses salutem. Noverit universitas vestra quod
Theodoficus Houbanc et Jacobus filius Michaelis , filii Godelieve
de Thorout vendiderunt Lamberlo tinctori domum cum fundo
et omnibus appenditiis suis quondam Boidini Nose, pro viginti
duabus marcisy triginia duobus solidis pro marca computatis
Flandrensibus. Terra veroj in qua sita est domus eadem y exten-
ditur versus septentrionem usque ad ripam aque que vocaiur
Ede y reducta tamen quadam parte terre y habente in longitudine
decem pedes versus eandem ripam. Et idem Theodericus pro^
misit coram nobis bona fide , quod ipse et heredes sui eumdem
Lambertum contra magistrum et fratres domus Teot, et contra
Johannem Houbanc et filios suos et contra fratres et sorores et
omnes coheredes suos et quoslibet alios aliquid juris in eadem ,
re vendita reclamaturos acquitabunt. Et hoc idem promisit et
Nicholaus Dierhere sub eadem forma. Et nos requisiti in figura
judicii, pronuntiavimus judicando legitimam esse notatam ven-
ditionem, Actum anno Domini M. CC. vigesimo septimo, mense
septembri.
(Extrait du Cartulaire des Dunes.)
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II.
VENTS d'vNE piège DE TEBRE DAIfS IK RUE DITE SCIPSTRAET.
1271.
Nous Gilles de Paons ^ Raouls Piet, Jehan Pinekin , Jehans
De le Porte et Gilles Li Bruns, eschevin de Dikemue, faisons
a savoir a tous ceaus qui ces lettres verront et orront, que
Agathe de Werkînes et Katerine sa fille ont doneit et vendut
a Terri Clau le pieche de terre vendu qu'il avoient a Dikemue
en le Scipstrate d'en coste le maison jadis Ernoul Loec gisant
sour lewe pour vint livres de le monoie de Flandres a leur
volenteit plainement paies. Et cele terre et tout le droit
quil i avoient et dévoient avoir Agathe et Katerine de-
vant dites werpirent et résignèrent en le main le bailliu
de Dikemue jselonc la loi et la cousturae dou pais al 003
Terri devant dit, et par jugement de nous. Et si pçrmi-
sent Agathe et Katerine pour li et pour ses enfans a Terri
Clau devant dit de la terre devant dite a tous jours perpe-
tuelment en contre tous cheaus qui fiena i porroient deman-
deir plaine loi a garandir. Et en tesmoignage de toutes ces
coses devant dites avons nous ceste présente lettre a Terri
Clau devant dit saielee de nos propres saials. Ce vendage
fisent Agathe et Katerine devant dites saines et haities et de
leur boine volenteit en lan del incarnation notre Seignor
mil deux cens soissante et onse , el mois de novembre.
EXTRAIT d'un 1.1VRE MANUSCRIT iNTiTuU : fieffistrum cotidiauum
cotnpositionum et refectionwn funiatarum in pitantiâ çcçh-
siœ smcti JViçhçlai Dixmudts , examt^m per Jacobum
BatUjivum, amo 1352.
Nobilie et feneroaus vir dominus Carolus De Saceule, miles
in «fffiû H eut cûmnUiitanee tclentes amnipotenii Deo refundere
(Extrait du cartulaire des Danes, )
III.
AififAiES. — Tome IV.
8
122
gratins de Victoria oppido Dixmudenai et ejus incolis concessa ,
die septimo mensis tnartii anno tnillesimo qucidringentesimo
octuagesimo octavo contra Brugenses et suos complices, a qua-
dam parochia fF'erchene vocata, dictutn oppidum applicantes
ad illud secrète in aurora dicti diei instrumentis bellicisy scalis
et pontibus eisdem resistentia armigerorum et incolarum dicti
oppidi relictis capientes et occupantes, ad ejusdem omnipotentis
Dei , ejusque genetricis Mariœ et totius curiœ cœlestis super-
norum civium gloriam, honorem et laudem ac ad perpetuam
rei memoriam fundarunt quolibet septimo mensis martii die
cujuslibet anni septem horas canonicas et Salve Regina ter
cantandum ad utrasque nempe vesperas et post primam , deinde
absque mora missam primœ de sanctâ Mariâ ad altare supremi
chori ecclesiœ parochialis sancti Nicholai y oppidi Dixmudensis
decantandas , unà cum duobus pulsibus magnœ campanœ y
serotino vero iempore prœcedentï et ante missam primœ
dictas fundationis die scilicet et mense cujuslibet anni et in
quantum septima dies mensis martii futuris annis veniret in
quadragesimali tempore, tune horœ canonicœ prius fundatœ,
illo prœdicto die decantabunt absque missâ primœ sabbato
proximo ante quadragesimam vel alio die quo commodius fieri
possit, Pro qua fundatione prœnominati fundatores dederunt
48 libras parisis ad consignandas aut emendas terras vel
redditus,
IV.
EXTRAIT DU MÈNE REGISTRE.
Anno Domini 1490 , armigeri oppidi Dixmudensis de quâ-
dam prœdâ in Reyninghe spoliata dederunt communitati
pitantiœ summam 42 lib, gros, in alla moneta, quam quidam
summam beneficiati pitantiœ concesserunt oppido Dixmudensi ,
pluries a domino Dixmudano et legislatores rogati; atque pro
prœdicta summa 42 lib» gros, ipsum oppidum tenetur perpetuis
temporibus pitantiœ annuatim exsolvere 12 lib, in bassa
moneta, pro qua fundatione pitantia tenetur novem cotidianos
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sine missâ primas decantare singulis annis, in novem domi-
nicis diebus post festum paschœ incipientibus.
V.
EXTRAIT BES COMPTES DE LA PAROISSE DE ZANTVOORDE, PRÈS d'tPRES,.
DE l'aunée 1564.
De prochie van Santvoorde heeft te coste geweest lot Dix^
tnuyde over de redetnptie der levering van 380 palisaden,
165 facyneny 41 bandeh banderoen, mitsgaders over de levé-
rynghe van 82 staecken en 165 voeten reghels fsaemen voor
de somme van Glds, 395.
Over de course extraordinaire en taire betaelt om vol*
doeninghe van het mandement forraige uutghesonden by
den grave van Hoorne Glds. 215.
610.
VI.
ÉTAT-IIVYEIVTAIRE DES ARCHIVES DE LA MAIRIE , DE L^ANCIEII GREFFE ET
DE LA CI-DEVANT TRÉSORERIE DE LA VILLE DE DIXMUDE , SE TROUVANT
DÉPOSÉES AU BUREAU DE LA MAIRIE DU DIT DIXMUDE.
Secrétariat de la Mairie.
1. Une boîte contenant des lois, arrêtés, règlements,
tableaux, états, lettres des administrations supé-
rieures , des fonctionnaires publics et particuliers sur
Tordre et l'organisation administrative.
2. Une boite contenant des pièces relatives aux foires et
marchés.
8. Une boite contenant des pièces relatives à Fadminis^
tration des hospices.
•4. Une idem contenant des pièces relatives à Fadminis-
tration de bienfaisance.
8. Une idem contenant des pièces relatives à l'indigence
et à la mendicité.
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6. Une idem contenant des pièces relatives à l'ëtat civil.
7. Une idem contenant des pièces relatives à la popu-
lation.
8. Une idem contenant des pièces relatives au culte.
9. Une idem contenant des pièces relatives au territoire
de la commune.
10. Une idem contenant des budgets et des comptes mu-
nicipaux.
11. Une idem contenant des pièces relatives àTadminis-
tration des ponts et chaussées.
12. Une idem contenant des pièces relatives à Tadminis-
tration des eaux et forétâ.
18. Une idem contenant des pièces relatives à l'adminis-
tration publique.
14. Une idem contenant des pièces relatives aux arts et
imétiers.
I60 Une idem contenant des pièces relatives aux fêtes
publiques.
16. Une idem contenant des pièces relatives aux travaux
publics.
17. Deux idem contenant des pièces relatives aux con-
tributions directes.
18. Uoe idem contenant des pièces relatives aux biens
communaux.
19. Une idem contenant des pièces relatives aux patentes.
20. Une idem contenant des pièces relatives aux droits
réunis et aux droits indirects.
21. Une idem contenant des pièces relatives à Toctroi
municipal.
22. Une idem contenant des pièces relatives à la compta-
bilité et aux dettes communales.
23. Une idem contenant des pièces relatives à Tearegistre-
ment et aux domaines nationaux.
24. Une idem contenant des pièces relatives aux épidémies.
25. Une idem contenant des pièces relatives à la vacoine.
26. Une idem contenant des pièces relatives aux prisons.
125
27. Une idem contenant des pièces relatives aux fonrnitu-
res militaires. ,
28. Une idem contenant des pièces relatives à la marine.
29. Une idem contenant des pièces relatives aux réquisi-
tions et convois militaires.
30. Une idem contenant des pièces relatives aux armées.
31. Deux idem contenant des pièces relatives à la circon-
scription militaire.
32. Une idem contenant des pièces relatives à la gendar-
merie et à la maréchaussée.
33. Une idem contenant des pièces relatives à la garde
nationale.
84. Une idem contenant des pièces relatives aux gardes
côtes.
35. Une idem contenant des pièces relatives aux passe-
ports.
36. Une idem contenant des pièces relatives aux tribunaux*
37. Une idsm contenant des pièces relatives au notariat.
38. Une idem contenant des pièces relatives à la police.
39. Une idem contenant des pièces relatives au commerce*
40. Une idem contenant des pièces relatives à l'agricul-
ture.
41. Une idem contenant des pièces relatives à la chasse*
42. Une idem contenant des pièces relatives aux émigrés.
43. Une idem contenant des pièces relatives aux élections
cantonnales.
44. Une idem contenant des pièces relatives aux poids et
mesures métriques. ^
45. Une idem contenant des pièces relatives à f emprunt
forcé.
46* Une idem contenant des pièces relatives aux dettes du
gouvernement français.
47. Quatre-vingt registres de l'état civil.
48* Trois tables décennales de naissances, mariaifos et
décès.
126
•49. Une matrice de rôle et un ëtat des sections des pro-
priétaires fonciers.
50. Un registre de mutation.
51. Un registre contenant des extraits de lois et d'arrêtés
du gouvernement.
52. Un registre pour l'inscription des procès-verbaux con-
cernant Testampillage.
53. Un sommier des biens communaux.
54. Quatre registres des mandats expédiés sur la caisse
communale.
55. Six registres de correspondance.
56. Quatre registres d'actes et de procès d'administration.
57. Trois registres de patentes.
58. Deux registres de mercuriales.
59. Un registre d'apostilles sur requêtes.
60. Deux registres de fournitures militaires.
61. Deux registres d'inscription de déclarations de loge-
ments par les aubergistes.
62. Deux répertoires de pièces reçues à la mairie.
63. Une matricule générale des conscrits.
64. Une matricule des individus absents pour le service
de l'état.
65. Une matricule des conscrits qui se sont fait remplacer.
66. Un registre de population.
67. Quinze anciens registres de l'octroi municipal.
68. Le plan de la ville.
69. Un terrier de la ville.
70. Quinze volumes d'actes de la préfecture.
71. Les bulletins des lois depuis l'an IV d(B la république ,
jusqu'à l'an 1813.
72. Le code administratif par Fleurigeon.
73. Le code municipal.
74. Le code civil.
75. Un exemplaire de l'instruction générale sur la con-
scription.
127
76. L'annuaire du département de la Lys.
77. L'ancien code pénal.
Ancien Greffe,
78. Vingt-quatre registres d'états et inyentaires de mor-
tuaires.
79. Cent-treize fardes d'originaux d'états et inventaires de
mortuaires.
80« Trente fardes de comptes de mortuaires et d'adminis-
tions de biens.
81. Un grand nombre de fardes de pièces de procès et
de comptes de faillites.
82. Deux registres d^octrois de mineurs.
83. Cinquante-et-un registres de passation , d'actes d'inhé-
ritence et d'exhéritage appartiennent aussi au greffe,
lesquels en vertu d'ordre supérieur ont été déposés
au greffe du tribunal civil de Farrondissement de
Fumes^ le 30 Juin 1809.
84. Un grand nombre de comptes concernant la chapelle
dite KruyS'hapelle»
85. Un grand nombre de comptes d'administration de la
ville , des administrations charitables et de l'église*
86. Plusieurs procès que la ville a soutenus, tant contre
des particuliers que contre d'autres administrations ,
communautés ou corporations.
87. Un nombre de sentences et d'octrois.
88. Octrois des accises de la ville et autres pièces concer-
nant son administration.
89. Une grande farde de comptes du Béguinage.
90. Divers règlements militaires , capitulations etc.
91. Plusieurs fardes d'ordonnances et subsides etc.
92. Deux registres de recette du trésorier.
93. Deux registres dits: Ferie-boek,
La ci-devant Trésorerie.
128
94. Huit registres de sentences, dit: Boek van yierachoêre,
95. Six registres de saisies-arrêts.
96* Sept registres d'affermages.
97. Un registre d'offices.
98. Deux registres de constitution.
99. Un registre de taxations.
100. Trois registres d'ordonnances politiques.
101. Deux registres de résolutions.
lOâ. Deux registres d'emphytéose .
103. Un registre de droits et privilèges. «
104. Un registre de mutations des créanciers, qui ont des
rentes à charge de la ville.
103. Un registre des renouvellements des magistrats.
106. Trois anciens inventaires des archives du greffe et de
la trésorerie.
Fait et dressé Je présent inventaire par le Maire de la
ville de Dixmiide soussigné, en conséquence de la circu-
laire de M. le sous-intendant de l'arrondissement de Fumes ,
en date du 7 du courant, N*" 884, en la Mairie de Dix-
mude, le 18 Octobre 1614.
laoe du sceau. Signé: F. floMoim, Maire.
VjmA F. Van de Pvtte.
129
X\\\V»iVVVVVVW\VVV\\\\V\\\\\\^VVVVVVVVVVVVVV\iVVVV\V\\ftiVV\iVVVVVVVV\
NOTICE SUR £ËS TOIIBËS
DÉCOCVERTSS EN AOCIT 1841 ,
En préparant le terrain pour placer dans Téglise de
St-Sauveur le nouveau pavement en marbre , on découvrit ,
à peu près au centre de Te'glise , trois tombes les unes sur
les autres, la première immédiatement sous le sol, la
seconde à environ quatre pieds de profondeur et portant
la date de ISS^. Trois à quatre pieds au-dessous de celle-ci
se trouvaient les tombeaux dont nous allons nous occuper.
Il y en avait deux à côté l'un de Pautre, construits en
maçonnerie, et recouverts à l'intérieur d'une légère couche
de plâtre sur laquelle avaient été collées des gravures
dont des parties^ étaient peintes en détrempe.
Plusieurs étaient encore fort bien conservées, mais le
temps les avait pour ainsi dire pétriflées , car lorsqu'on
cherchait à soulever du bout de l'ongle un coin du papier ,
il se cassait comme le verre. Cette trouvaille dut nécessai-
rement attirer l'attention des personnes qui s'occupent de
nionuments et d'arts. Une foule de curieux alla examiner
Annales. — Tome IV. 9
130
ces tombeaux , les gazettes en parlèrent , mais on ne déter-
mina ni l'époque où ces gravures furent faites , ni quel en
avait été l'artiste, ni l'âge précis des tombes.
Du reste grâce aux soins de messieurs les Marguilliers
et particulièrement de M. Vermeire, toujours plein de
zèle pour tout ce qui concerne les arts, les amateurs
peuvent en juger par eux-mêmes, les pans de mur sur
lesquels ont été collées nos gravures , ayant été enlevés avec
précaution et placés dans des caisses de bois.
Le Gouvernement fiit informé du résultat de ces fouilles
et députa deux personnes pour en apprécier la valei^r.
Malheureusement le choix tomba sur deux architectes,
tandisqu'il eut fallu des savants ou des graveurs. On ne sut
rien du rapport que ces messieurs avaient fait, et la chose
en resta-là. Le Comité de la Société d'Émulation ne put
demeurer étranger à ces monuments , et , attentif à tout
ce qui intéresse l'histoire des arts, des sciences et des
lettres en Flandre, crut devoir soumettre au jugement
de personnes compétentes le calque exact d'une des
grandes gravures , représentant le couronnement de la
Vierge.
Comme il n'y a aucune marque ni nom de graveur
à nos planches , on ne peut juger de leur ancienneté que
par le faire , joint aux notions historiques sur la construc-
tion de l'église de Saint-Sauveur.
Quant au premier point, il faudra dire d'abord quel-
ques mots sur l'origine de Fart de la gravure. On sait
que la gravure sur bois précéda celle sur cuivre ou sur
métal. Le métier des graveurs sur bois était affilié à
celui des cartiers , et bien différent des graveurs sur cuivre
qui tenaient aux orfèvres. En Allemagne dès 1470 on avait
inséré des figures de saints gravées, dans les livres. Ce
n'est qu'en 1481 qu'on voit paraître dans ce pays un
loi
livre orné de gravures sur cuivre , le Missale Herbipolense^
En Belgique il n'y eut aucun livre avec des gravures sur
bois avant 1476, époque où parut le Fasciculus temporum de
Jean Valdener (1); mais on ignore complètement quels furent
les premiers graveurs sur bois, quoique les premières
images portent des marques ou des armes de graveurs.
Déjà antérieurement aux époques que nous venons de citer ,
on avait fait de grandes gravures sur bois ou images dé-
tachées représentant des saints ou des sujets religieux.
Le baron Heinecke rapporte que dans ses voyages il en a
rencontré beaucoup , collées sur les couvertures des pre-
miers livres imprimés. La plus ancienne portait la date
de 1423 (2).
Ainsi dès l'origine de l'art, on composait et l'on imprimait
des images détachées , avec des inscriptions , avant que l'on
n'imprimât des livres , à l'imitation sans doute des fabricants
de cartes à jouer , et d'après un procédé analogue , ainsi que
Prosper Marchand Ta démontré. Maintenant si Ton com-
pare nos gravures récemment découvertes , à celles qu'on
trouve soit dans les bibles des pauvres , soit dans l'histoire
de St-Jean et de l'Apocalypse , ou dans les histoires de la
sainte Vierge , premiers livres dimages imprimés au xv'
siècle , on voit qu'elles sont d'un dessin plus correct et d'un
style plus élégant qu'aucune d'elles. L'ensemble est plutôt
léger que chargé , et malgré les larges lignes qui forment
les contours , les figures sont bien drapées et faites avec
goût. Elles représentent des sujets religieux; les plus
grandes ont la forme carrée, les petites la forme ronde.
(1) Voir l'ouvrage du Baron Heinecke pag. 196, et V Essai sur l'origine
de la gravure en bois et en taille douce, Paris, F. Sohœll , 1808 , tome t
page 209.
(2) Page 250.
152
Des bandes ondulantes contiennent des inscriptions deve-
nues presqu'inde'chiffrables. Le faire nous reporterait à
la fin du XM"" siècle , or le couronnement de la Vierge , dont
nous donnons ici le fac-similé , et le Christ en croix , les
deux planches les mieux conserve'es , sont à ce qu'il nous
paraît dans le meilleur style de cette époque, et consé-
quemment , on risquerait peu de se tromper en établissant
qu'elles doivent avoir été gravées de 1490 à 1510. On
pourrait même les attribuer Jean Walther Van Assen,
qui florissait vers cette dernière époque , car les pièces de
cet artiste ont , comme les nôtres , une touche facile , de
l'expression dans les têtes et de la variété dans le carac-
tère des figures. Ceci n'est toutefois quune simple suppo-
sition de notre part.
Après avoir fondé notre opinion sur la manière, sur le
style de nos gravures , mis en rapport avec les premières
notions sur l'art, examinons si les notions historiques sur
la construction de l'église de St-Sauveur viendront con-
firmer cette supposition. Il paraît constant que le sol de
l'église s'est successivement élevé. Il était jadis à 10 ou
12 pieds au-dessous du niveau de la rue actuelle, éga-
lement beaucoup plus basse, et les différentes couches
de sépultures qui ont été trouvées, coïncident avec les
vicissitudes que cette église eut à subir depuis sa fondation
par saint Éloi, évêque de Noyon et de Tournay vers le
milieu du vu" siècle (1). Elle fut détruite par les Normands
vers la fin du Ix^ Celle que Von construisit à la place,
fut entièrement consumée par un incendie en 1358, et
c'est sans aucun doute à la période qui s'étend depuis
(1) Voyez Cousin; Histoire de Tournai, livre 2, page 64. BuzeUn,
Gallo'Flandria, page 251, littera C, et les Annales de Flandre du même
auteur, livre 2, page 64.
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15S
cette reconstruction jusques vers la fin du xv" siècle,
qu'il faut faire remonter la couche de tombeaux au nom-
bre desquels se trouvaient ceux qui nous occupent. Une
deuxième rangée est placée au-dessus , et nous avons fait *
remarquer que l'un de ces tombeaux portait la date de
4534. La couche inférieure paraît s'étendre dans toute
la longueur de l'église, car en creusant le sol en 1778,
pour établir les fondements de la nouvelle chaire de vérité,
à six pieds environ de profondeur, on trouva également
deux caveaux l'un sur l'autre, dont le plus bas était recou-
vert de peintures représentant Notre Seigneur, la Vierge
et des saints , le tout parsemé de fleurs de lis et parfaite-
ment conservé. Cependant les ossemens étaient réduits en
poussière. Dans le procès-verbal qu'on dressa de cette
découverte , il est dit qu'on ne put savoir à qui avaient servi
ces sépultures.
Ces renseignements sont importants pour notre sujets
en ce qu'ils nous ramènent à la même date que nous avons
cru pouvoir fixer ci-dessus. Une nouvelle preuve que nos
gravures ne sont pas plus anciennes , c^est que les pre-
mières gravures sur bois sont faites avec une espèce de
détrempe d'une composition si faible qu'une humidité tant
soit peu intense est capable de l'emporter. C'est ce qui
est même arrivé à quelques exemplaires longtemps enfer-
més dans les armoires des bibliothèques voûtées ou dans
des endroits qui n^étaient pas bien secs (l); tandisque
les nôtres , probablement imprimées par la presse , mon-
trent encore une encre bien noire et fortement marquée ,
quoiqu'enterrées depuis tant d'années.
(1) Voir l'ouvrage intitulé ; Idée générale d'une coUecUon complète
d'estampes, page 441.
134
Pour les conséquences que Ton peut en déduire , sous
plus d'un rapport , il y avait déjà quelque chose de curieux
à avoir exhumé des gravures sur bois , enfouies depuis plus
* de trois cents ans^ mais elles offrent en outre ceci de
remarquable que leur format est peu ordinaire. D'après
nos recherches , nous sommes autorisés à penser qu'il n'en
existe pas de plus grandes, de cette même période. Nous
croyons aussi que ces mêmes planches sont inconnues
aux amateurs et par conséquent qu'elles pourraient être
uniques, ce qui du reste, comme l'on sait n^est pas une
chose fort rare pour les estampes du quinzième et du
commencement du seizième siècle. Cette circonstance est
facile à s'expliquer. La dévotion pour les images , repré-
sentant des saints ou des sujets religieux, était mon-
tée, en ce temps, au plus haut dégré; le clergé en
distribuait en toute occasion. Elles étaient donc assez
communes, les graveurs en bois trouvant plus de pro-
fit à ce travail, qu'à tailler les figures extravagantes
dessinées sur les cartes. Ces images dispersées et perdues
parmi les laïques, imprimées d'ailleurs sur des feuilles
volantes, ne furent conservées que pour autant qu'on les
collait dans les livres. C'est ainsi que plusieurs sont par-
venues jusqu'à nous.
En établissant une date approximative pour y rattacher
les gravures des tombes de St-Sauveur, nous n'avons eu
aucun égard à l'enluminure qu'on y remarque , parce qu'elle
ne peut nous guider. Meerman , en effet (i) , parle de cette
(1) Origin. Typogr. P. 227« Voir aussi V Essai sur l'origine de la
gravure en bois et en taille douce, où la 5® planche, l^' toI. , offre la
copie exacte d^une ancienne gravure en bois , coloriée , et tirée d^une
histMre de St^Jean révangéliste, petit in-folio, qui se trouve à la
bibliothèque royale de Paris.
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135
espèce d'ornement employé dans plusieurs bibles des pau-
vres , de sorte que dès l'origine de la gravure sur bois ,
on doit avoir eu l'habitude de les colorier grossièrement ,
probablement à l'imitation des cartes à jouer. Car dans la
fabrication de celles-ci, la gravure en bois, l'impression
et la peinture allaient de compagnie et cette triple ope-
ration ouvrait tout de suite la porte à l'impression sur
papier, des planches gravées' en bois, et peu après à
l'impression des livres.
Nous terminerons cette courte notice par deux obser-
vations qui concernent l'église de St-Sauveur, sous le
rapport de l'art. Avant 1739, on y voyait encore repré-
sentées sur les vitraux du chœur, les figures des douze
pairs de France, parmi lesquels se trouvait l'évéque de
Noyon. Montfaucon, dans ses antiquités françaises et
gauloises, T. iit, P. 7S, nous a conservé la gravure de
ce monument, détruit lors de la construction de la voûte
en briques, au-dessus du chœur actuel (I), car d'abord
il n'y avait qu'une voûte en bois.
Les peintures en détrempe ou à fresque qui recou-
vraient les murs à l'intérieur de l'église , ont également
disparu, comme on s'en est récemment convaincu en
faisant légèrement gratter une partie du mur à Tentrée
de la chapelle des tondeurs de draps. L'une d'elles, que
l'on voit presqu'en entier, représente St-Christophe por-
(1) Les comptei de la fabrique constatent que jusqu^en 1796, ceUe-ct
payait annuellement au curé de la deuxième portion de la paroisse de
St-Sauveur, la somme de douze florins courants comme indemnité pour
rincorporation du terrain de sa maison et de son jardin sur lequel on
avait bâti le chœur qui existe aujourd'hui. Ces renseignements nous ont
été fournis, avec sa bienveillance accoutumée, par H. Yermeire, qui si
souvent déjà a été utile aux écrivains nationaux et étrangers.
136
tant l'enfant Jésus. Cette dernière figure est très gra-
cieuse. Il serait à désirer qu'on fit restaurer les peintures
des deux côtés de la porte de cette chapelle, afin de
conserver au moins un spécimen de la manière dont
étaient anciennement décorés les murs de notre belle
cathédrale.
Octave Delepierre.
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137
^^^^^^^^^^^^lv^^^^^^^vvl^^^^vv^^^^^^^^'v\^^<v\^^^l^\^lv\^^^^^^^^^^^^^^^l\
l'IlimiON DE JÉSUS-CHRIST
PAR UN DOYEN DE SAINT-DONAT.
Tous ceux qui lisent habituellement Ylmitation de
JémsrChrist^ s^apperçoivent que l'auteur a dû fréquenter
le grand ménde; cette profonde connaissance du cœur
humain est le fruit d'un commerce soutenu avec les hom-
mes, et ce dégoût de la vanité mondaine et des honneurs
ne peut être que le résultat d'une expérience personnelle;
mais qui est cet auteur?
Cette question a produit des dissertations sans nom-
bre et des discussions sans fin , la passion s'en est
même quelquefois mêlé; des débats très vifs s'élevè-
rent à ce sujet, en 1680, entre plusieurs savants, et
furent si largement saturés d'injures, que le parlement
eut besoin d'y intervenir pour les modérer. Après six
audiences solennelles, le tribunal se prononça en faveur
de Thomas à Kempis , mais tout le monde savait d'avance
COMPOSÉE A BRUGES,
Anitales — Tome IV.
10
138
que cette décision ne déciderait rien , et il en fut ainsi ,
on continua à se disputer, et si bien, que jusqu'à ce
jour Ton dispute encore. Le vœu de l'auteur, lorsqu'il
pria Dieu de rester inconnu — Da mihi nesciri — s'est
donc accompli.
Au XV** siècle, l'opinion flottait déjà incertaine entre
St-Bernard, Gerson et Thomas à Kempis; au xvi® siè-
cle, l'opinion ne se partageait plus qu^entre Gerson et
Thomas.
Pierre Manriquez, dans son ouvrage imprimé à Milan ,
en 1604, osa le premier discuter publiquement cette
question et contester à Thomas la gloire d'avoir composé
V Imitation, Le P. Rossignol , jésuite , et Constantin Gajétan
écrivirent en faveur de Gersen, abbé d'un monastère
de Bénédictins. Le P. Rosweyde, dans une savante lettre,
en 1615, écrivit en faveur de Thomas; en 1617, il publia
ses Findiciœ Kêmpmses, contre Gajétan. Gajétan riposta
par une apologie de son opinion en 1618, à Paris. Dans
l'intention de populariser son opinion, il demanda à la
congrégation de Propaganda fide, la. permission de tra-
duire V Imitation en grec moderne; mais les chanmnes
réguliers s'y opposèrent et les choses en restèrent là.
Plus tard le supérieur général de la congr^ation de
St-Maur ayant sollicité auprès du cardinal de Richelieu ,
et dans l'intérêt de la gloire de son ordre, l'autoiisaticH
de faire sortir des presses de l'imprimerie royale Vlmita-
tion de Jésus-Christ, avec le nom de Gersen, le cardinal
fit examiner les manuscrits sur lesquels les Bénédictins
se fondaient pour attribuer à un des leurs ce livre im-
mortel. Toute cette procédure est trop bien connue, pour
que je l'analyse ici , il suffira de rappeler que l'opinion de
la commission de personnes savantes formée pour exami-
ner leurs titres, leur fut complètement dâavorable,
139
Texistence itiérac de ce Ûerseii est plus que problé-
matique.
Le principal argument dé ceux qui attribuent Tlmita-
tiofl â Thomas à Kempiâ, est uu MS. qui se trouvâit à
la maison des Je'suîtéS, à AilVera, écrit de la main de
^boma^ et qui contenait 17mttof/on^ ainsi que plusieurs
Irdités dé Thomas et qui finissait par ces mots : Phi-
tuê Ét cùmpktus anno Domini M CCCC XLI, per manus
Thomm à Keinpis in monte St^Jgneth propè Zwoll. Le
M8* ^tait incontestablement éerit par Thomas , mais én
était'^il Fauteur? Il existait une bible écrite par lui , à la fin
se trouvaient exactement les mêmes mots du MS. d'An-
Ycrsî Factufn et cùmpletum anno 1439^ in vigilia
St*Jacobi, per manus Thomt» à Kempis etd Ct qui,
évidemment^ ne prouve pas que Thomas l'ait composée;
Thomas était copiste de son monastère, et copiait pour
la vente et au profit de »ùn ordre. La ehromque de son
monastère (Chron. Montis SUAgnetUs, ÀntiHérp. 1634 <)
ne Udâse point de doute à cet égard: ScHpéit, dit-elle,
bibliam noitram totcUiter et aliôs muttùs libroê pto d&mo
et prêtiù. Lâ bibliothèque de Tunitersité de Louvain con-
tient un ]»|S. des ouvrages de Thomas, écrit probablement
par lin et où V Imitation ne se trouve pas. (Voir la note
à la fin.)
Dattd le Voyage littéraire de deux Bénédictins dé la
congrégation de St-^Maur, les PP. Martene et Durand
disent qn^étant arrivés à l'abbaye de St-Trond, dans le
pays de Liège , ils y virent nn MS. de V Imitation sans
nom d'auteur, ne contenant que les trois premiers livres
ot commentant ainsi i incipiun^ ammonitiones etc. A la
fin du troisième livre, ajoutent nos Bénédictins, on Ut
m mots i Hunt libeUum feeit fkri fValterus De Stapel
pHor monaêterii St-'Trudonis^ qui perfectus fuit anno
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140
M CCCC XXFII, ce qui, disent-ils, décide la question
touchant Thomas à Kempis, puisque son prétendu ori-
ginal n'a été écrit qu'en i442.
M. Onésyme Le Roy fit Facquisition de ce MS. a
Gand, en 4836, on le croyait perdu, des partisans de
Gerson avaient déjà soupçonné qu'un Kempiste l'avait
sans doute détruit. Je déteste bien cordialement ces sor-
tes de suppositions , qui ne reposent sur aucun fondement,
que rien n'autorise , elles nuisent dans mon opinion à ceux
en faveur de qui on les fait: ce MS. avait pu périr de vingt
manières , puisque les Français avaient passé par St-Trond
à la fin du dernier siècle , il était donc assez inutile d'aller
rêver un flamand Kempiste et vandale. Heureusement le
MS. existe encore et prouve en effet un peu contre
Thomas , car si l'ouvrage existait déjà en 1427 à St-Trond,
Thomas n'a pas dû le composer en 1442.
Le MS. a éàé achevé en 1427. Je suppose que Wau-
tier De Stapel l'a commandé en 1425 , la confection d'un
livre demandait alors du temps et une pareille commande
était une affaire dimportance qui se concluait devant no-
taire, on ne l'aura faite que parceque l'ouvrage était
généralement apprécié à sa valeur, il a falli^ du temps
pour cela et sans exagérer on peut affirmer que 1420
est l'année probable de la confection de \ Imitation, ce
qui reculerait de 22 ans, l'existence d'un livre que l'on
n'attribue à Thomas que sur la foi d'un MS. de 1442.
Pour éviter cette difficulté , les défenseurs de Thomas
placent la publication de cet admirable traité en 1410 ,
\ mais cela ne résout jpas la question.
De quelque opinion que l'on soit sur le nom de l'auteur ,
on doit finir par avouer que l'ouvrage porte en lui-même
des preuves évidentes , qu'il a été composé par un homme
d'un âge mûr ou par un vieillard. Or, en sui^^nt les défen-
\
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141
seurs de Thomas , ii aurait eu à peine 30 ans , serait
à peine sorti du noviciat et n'aurait reçu la prêtrise que
depuis deux à trois ans , c'était être trop jeune pour parier
avec cette autorité et le ton qu'il le fait.
V Imitation contient même plusieurs preuves matérielles
qu'elle a été composée par un vieillard. Ainsi au chapitre
du premier livre , en détournant les lecteurs de la recherche
du nom de l'auteur de ce livre, il dit en termes formels :
« Ne vous inquiétez pas de l'autorité de celui qui écrit,
s'il a peu ou beaucoup de science .... mais complaisez-vous
dans la lecture des paroles des vieillards, jv Dans le ni® chap.
du même livre, il insinue clairement qu'il a ^nnu un
grand nombre de docteurs et de professeurs qui tous sont
morts et remplacés. « Dites-moi où sont maintenant ces
professeurs et ces docteurs que vous avez connus lorsqu'ils
vivaient encore et qu'ils fleurissaient dans leur science.
D'autres occupent à présent leurs places et je ne sais s'ils
pensent seulement à eux , ils semblaient pendant leur vie
être quelque chose et maintenant on n'en parle plus. »
Pour avoir vu cette succession de dignitaires , il avait dû
vivre longtemps j remarquons, en passant, un autre pas-
sage de V Imitation qui est important , c'est au quatrième
livre, chap. ix. « Je vous offre, dit-il, tous les pieux désirs
des âmes fidèles, les besoins de mes parents, de mes
frères, de mes sœurs etc. » Or, Thomas à Kempis n'a
jamais eu qa'un seul frère et probablement pas de sœurs.
Un argument très-populaire en Belgique en faveur de
Thomas, mérite un mot de réponse. Il n'y a qu'un
Flamand, dit-on, qui puisse dire: — Siscires totam bibliam
exterius. — Ce mot Scire exterius est un flandricisme,
continue-t-on, dont un Français n'aurait pu faire usage;
mais que l'on veuille bien remarquer que Thomas n'était
pas flamand; l'argument prouverait donc plus que l'on
1>Î2
u*exige^ le fait est que scire exterius est du lalin du
moyen-âge ; ensuite on oublie que Gerson , que je prends
pour l'auteur de Ylmitation^ a demeuré plusieurs années
à Bruges comme doyen de St-Donat ; l'argument, s'il prou-
vait quelque chose, serait donc plutôt favorable à Gerson;
mais il existe d'autres preuves en faveur de Gerson et qui
sont plus. concluantes. M. Onésyme Le Roy a découvert à
Valenciennes un MS. qui ne laisse plus auom doute et
qui prouve en même temps que Gerson prêcha à Bruges
les premiers traits, la substance, le cadre et souvent le
texte de ce qui plus tard, après avoir été traduit en latin,
forma Vln^tatim.
Ce fait généralement inconnu ici, mérite d'être relevé a
Bruges. Mon intention est de résumer les découvertes de
M. Onésyme Le Roy; mais j'ai besoin d'abord d'esquisser
h vie de Gerson (1).
Jean Charlier, dit le Docteur très chrétien, fut surnommé
Gerson , du village de ce nom , dans le diocèse de Rheims >
où il vit le jour le ii Décembre 1365. Il devint chau-
celier de Funiversité de Paris, en 1393, au milieu des
troubles de l'Église, de ce triste schisme d'occident, œ
qui rendit très-difficiles à remplir les devoirs attachés
alors à cette dignité.
Par la protection du duc de Bourgogne, dont il était
chapelain et aumônier, il fut nommé, le 13 Avril 139K»
doyen de St-Donat à Bruges, où il passa les trois années
les plus paisibles de sa vie, avant sa retraite de Lyc^i
mais ayaut déplu à ce prince parce qu'il condamnait le
(1) Voie Études sur ieê mifêtère§, etc. par Oaétyipe J^s^^ I^Uf
chez L. Hachette ; 1827.
Corneille et Geraon, par Oa^syme Le Roy. Paris, chez Adrien Le ClerO|
1841.
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145
meurtre du duc d^Orléans commis par le duc de Bourgogne,
il fut privé de ce bénéfice le 27 Mai 14H.
L'intérêt de la saine doctrine le trouva toujours inébran-
lable, mais Passujétit à une suite de persécutions. Le frère
de Charles VI , le duc d'Orléans, se sentit vivement piqué
par un sermon de Gerson et lui en fit éjw^ouver son ressen-
timent. Ce même duc d'Orléans ayant été assassiné par
le duc de Bourgogne son protecteur , il monta néanmoins
en chaire, prononça l'oraison funèbre de l'assassiné et
flétrit hautement ce lâche attentat. En butte alors à la
haine de Jean-sans-Peur et d'une populace immorale, il
eut sa maison saccagée et fut forcé de se cacher es
haultes vousies de Notre-Dame de Paris.
Lors des doubles élections de papes faites à Rome et à
Avignon, il fut phis d'une fois député vers eux et ne les
ménagea pas , il provoqua le concile de Pise et s'y con-
duisit avec fermeté et prudence. Pendant la tenue de ce
concile il publia son fameux traité d^ JuferibilUate
Papœ, pour prouver que l'Église universelle a le pouvoir
d'obliger deux concurrents à se désister de leur dignité et
le droit de Ici» déposer s'ils refusent.
Le concile de Constance ouvrit une nouvelte carrière à
son zèle et à ses talents, il y assista en qualité d'am-
bassadeur de Charles VI , de l'égfet de France et de
l'iïBïve^sité de P^n>. Il publia à cette occasion j^usieurs
traitée*. B élâit d^ entré en discussion avec la plupart
des âovt^te^s de son temps et atait lutté- presque seiri
contre le$^ superstitions , tes viees et les crimes de son
siècle. Il avait attaqué, par exemple, l'astrologie Judlciwe,
les visions, les talismans, la honteuse doctrine de fassas-
smaÉ poétique. Le zèle el le courage qu'ïl avait montrés
èsim te scUsme de l'église et contre tes macrvàtses doctri^
MSy toi suseitèfeni de noft^eux eàneYnis. Aussi fût-il
144
forcé (le se réfugier en Allemagne, déguisé en pèlerin.
Gerson s'arrêta d'abord dans les montagnes de la Bavière
et y composa, à l'imitation de Boè'ce, son livre de Consola-
tione theologiœ, en prose et en vers , et une apologie de sa
conduite à Constance. Ensuite il se rendit dans le duché
d'Autriche, et après plusieurs années d'exil, il revint
après la mort de Jean-sans-Peur se fixer à Lyon, vers
i419, au monastère dès Gélestins, dont son frère était
prieur. Une lettre de ce frère de Gerson nous donne
sur sa vie à Lyon des détails extrêmement intéressants
et qui vont nous aider à découvrir le véritable auteur de
Ylmitation.
u II mène , dit son frère , déjà depuis près de quatre ans
la vie la plus tranquille et si retirée que vous le prendriez
pour un ermite, quoiqu'il n'ait pas cherché encore le désert
et qu'il habite au milieu de son peuple , sur quoi beaucoup
de gens s'étonnent et disent : Que fait-il ici , si solitaire?
pourquoi ne se produit-il pas en public? que ne va-t-il
appaiser ces flots de colères qui débordent de toutes parts?
Que fait-il enfin? Il se fait tout à tous: tantôt leur rend
grâce ou les félicite , tantôt les aide de ses pieuses prières ,
exhorte les uns et compâtit aux autres.
u Au milieu de ces soins, vous ne pouvez vous figurer
par quels torrents de larmes échappées du fond de son
cœur , il déplore la ruine à jamais déplorable de ce beau
royaume de France, dépouillé, déchiré par les guerres
civiles et abandonnée comme une curée à ses ennemis .....
Vous le verriez donnant un libre cours à ses soupirs , à ses
sanglots , immobile , solitaire , se taisant et dans son silence
attendant le secours de Dieu Mais s'il s'aperçoit que
le moindre souffle de vanités humaines tente de l'ébranler,
vite il descend de ces hauteurs au plus profond de la vallée
et s'y met en lieu sûr, suivant moralement l'exemple du
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145
hérisson , qui aux attaques de son ennemi , se recueille ,
en se repliant tout entier sur lui-même. »
C'est-là Ylmitation de Jésus-Christ réalisée par l'auteur,
Gerson a fait d'abord et écrit ensuite , feciî et docmt,
mais continuons:
« Ne croyez pas néanmoins , poursuit le prieur , qu'il
reste tout le jour engourdi dans l'inaction, le jour
même parfois ne suffit pas pour achever les travaux salu-
taires que lui suggère son esprit, très-souvent il est
obligé de prendre sur ses nuits , et il se lève , au milieu
des heures de repos, pour bénir le nom du Seigneur ....
Allez donc maintenant le rembarquer sur ces flots d'une
mer orageuse ! N'est-il pas bien plus sage de goûter ,
dans le calme de sa conscience, les joies du Seigneur,
que d'aller lutter chaque jour , pour ne remporter de ces
luttes que la haine, quand le nombre des insensés est
si grand et la conversion des méchants si difficile? J'ajoute
(comme il me l'a témoigné souvent lui-même), qu'il n'a
jamais , autant qu'il se le rappelle , joui d'une paix , d'une
joie plus profonde que dans ces moments où , déjà sexa-
génaire , il s'était vu en butte aux traits acharnés de son
ennemi (Jean-sans-Peur), et à des tribulations si diver-
ses. Tant est vrai ce mot: Misère humaine à Dieu
ramène.
« C'est ainsi qu'en l'éloignant du siècle , l'épreuve le tour-
nait plus vivement vers Dieu ; l'exil , les persécutions et la
fureur des hommes ont été pour son âme la pierre qui
aiguise, et l'ont rendue plus belle et plus brillante. Aussi
m'^-t-il dit quelquefois, en gloriflant le Seigneur, qu'il
ne s'était jamais senti l'esprit plus pur ni plus vif. C'est ce
qui lui a fait composer d'excellents écrits qu'il m'a depuis
peu communiqués et que j'ai lus si avidement , que leur
10.
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146
doctrine, comme un vin généreux, m'a pour ainsi dire
enivré. »
Tout cela n'est que la pratique du 12* chapitre du pre-
mier livre de \ Imitation, la vie égale et saintement paisible
de l'auteur se réfléchit dans cette œuvre de sa vieillesse. Déjà
dans son traité sur la manière de conduire les enfants dans
les voies du Christ, De pueris ad Christum trahendis, il
avait eu soin de se plier au style de son sujet et dimiter ,
comme il le dit, la simplicité de l'enfance en parlant des
enfants. Rien de plus doux, de plus onctueux, de plus
semblable à limitation de Jésus-Christ que la fin de ce
traité où il engage les enfants , surtout les plus pauvres , à
venir apprendre avec lui leur catéchisme : « Ne craignez
pas, mes amis, leur dit-il, nous mettrons en commun nos
biens spirituels. De vos biens temporels je ne veux rien.
Par un heureux échange , ce que je vous donnerai d'instruc-
tion , vous me le rendrez en prières ; ou plutôt nous prierons
les uns pour les autres , et par-là nous trouverons peut-être,
que dis-je, oui bien certainement nous trouverons grâce
près de notre Père commun. »
On dit qu'il rassembla, selon sa coutume, les petits
enfants dans l'église , la veille de sa mort , et que , debout
au milieu d'eux , il les engagea à répéter avec lui la prière
qui suit : Dieu, mon Créateur, ayez pitié de votre pauvre
serviteur, Jean Gerson.
Ce ne sont pas ici des arguments directs qui prouvent
que Gerson est l'auteur de Ylmitation, mais elles mon-
trent au moins que les sentiments de Gerson sont les mêmes
que ceux que l'on découvre dans Ylmitation. Il est bien
constaté qu'il écrivit plusieurs petits traités pieux, mais
dans sa dissertation sur l'auteur de Ylmitation, Ellies Dupin
se trompe, lorsqu'il dit que le frère du chancelier atteste,
dans sa fameuse lettre , que les Célestins avaient prié
147
Gerson de leur composer quelquMcrit sur ces paroles r
Si quelqu'un veut marcher sur mes traces^ qu'il renonce
à soi-même et qu'il porte sa croix et qu'il me suive ^ et qui!
écrivît en leur faveur un opuscule sur ces mots par lesquels
commence le iv® livre de V Imitation : Fenez à moi y vous
tous qui êtes affligés Ces assertions du prieur seraient
certainement remarquables et feraient une allusion évidente
à Y Imitation; mais le frère de Gerson ne dit rien de pareil
dans sa lettre , et je m'étonne que M' Onésyme Le Roy ,
toujours si exact, ait pu reproduire ce qu'avance Dupin,
sans le vérifier. L'opinion qui attribue l'Imitation de Jésus-
Christ à Gerson , n'a nullement besoin de faux arguments ,
surtout depuis que M. Onésyme Le Roy a fait la découverte
d'un manuscrit qui décide la question, sans moyen d'y
revenir.
Un livre français intitulé: L'intemelle consolation , était
répandu au milieu du xv' siècle; ce traité avait donné
souvent l'idée qu'il pouvait bien être l'original de Y Imitation^
d'autres, au contraire, la prenaient pour une traduction
longuement explicative de Y Imitation. Barbier, dans sa
Dissertation sur soixante traductions françaises de l'Imi-
tation de Jésus-Christ, sans décider, signala cependant
L'internelle consolation comme pouvant conduire à retrou-
ver l'auteur de Y Imitation,
L'internelle consolation est divisée en trois livres qui
contiennent la plus grande partie des sentences de Y Imi-
tation et les parties les plus saillantes, ils sont comme
une ébauche des trois premiers livres de cet admirable
ouvrage, mais dans un autre ordre; le premier livre de
Y Imitation est le troisième de L'internelle consolation;
le deuxième livre repond au premier, et le troisième
contient toute la substance du deuxième livre.
Il restait à en trouver l'auteur et à savoir si l'ouvrage
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148
était un original ou une traduction; le style de ce traité
n'était nullement celui des sermons français de Gerson
qui nous sont parvenus.
Ces sermons sont en petit nombre, car vers ces temps,
les ouvrages ascétiques paraissaient rarement en français ,
les sermons même, quoique préchés en français, furent
publiés en latin, et de cette époque, il est rare d'en ren-
contrer un; c'en est au point que Gerson croit devoir
s'excuser d'avoir écrit en cette langue.
«Aucuns se pourroient esmerveiller pourquoi de tant
haulte matière comme est la vie contemplative, je vueil
escripre en français plus qu'en latin Ad ce, je répons :
si pevent avoir recours les clercs qui scevent latin à telz
livres , mais aultrement est de simples gens et par espécial
de mes suers germaines aûxqueles je vueil escripre de
ceste vie contemplative et de cest estât. »
Il ne trouve que dans l'amour fraternel une excuse
pour avoir écrit en français , comment concevoir qu'il ait
composé LHnternelle comolatim en cette langue malgré
ses habitudes et ses répugnances universitaires? Ensuite
si L'intemelle consolation n'était qu'une traduction des
trois premiers livres de Vimitation, en eut-on retranché
des pensées excellentes, en eut-on surtout retranché le
quatrième livre si sublime, si pieux? Pourquoi aussi en
eut-on changé l'ordre?
La question en était-là, lorsque M. Le Roy découvrit
à la bibliothèque de Valenciennes un MS. ii^foUo» sur
peau de velin, Grossé (une partie a Bruges et l'autre à
Bruxelles, mais la même année et de la même main),
l'an 1462, et par godiiiiendememt et ordonnance du très--
haut^ très-excellent et très-puissant prince Philippe duc de
Bourgogne et de Brabant,
Ce manuscrit contient, outre le fragment d'un petit
149
traité moral , deux serinons sur la passion , prêches à Paris
et trois autres traite's eh forme de sermons , prêches par
Gerson à Bruges , et qui ne sont autres que les trois pre-
miers livres français de Y Imitation de Jésus-Christ, ou la
première leçon d'après laquelle on a composé plus tard
le traité de LHntemelle consolation, dont il ne nous re§te
malheureusement que des copies rajeunies , et dont Gerson
lui-même a fait ensuite Vimitafion.
Pour qu'il n^y ait pas de doute sur l'auteur de ces
sermons , je crois devoir copier ici dans les deux rapports
sur ce manuscrit de M. Mangeart, adressés à M. Cousin,
membre du conseil royal , les notes qui suivent : « J'ai
examiné attentivement ce manuscrit, M. le conseiller, et
je n'hésite point à croire que tous les traités qu'il renferme
sont du même auteur. C'est dans tous à-peu-près le même
style et quelquefois jusqu'aux mêmes expressions. Il y a
identité de sentiments et de vues H y a entre les traités
renfermés dans ce MS. et ceux publiés de Gerson la plus
complète uniformité de pensées Laissant de côté les
inductions et autres présomptions fournies par le raison-
nement, je veux me tenir à quelques preuves matérielles.
D'abord le nom de « Maistre Jehan Jarson , chancellier
de Nostre-Dame de Paris répété à la tête de chacun
des sermons sur la passion et parfaitement écrit de la
même main qui, en 1462, a copié tout le volume, ne
permet point de douter que Jean Gerson ne soit l'auteur
de ces discours. »
« Quant aux trois traités contenus dans notre MS.
et que nous retrouvons, il est vrai, en latin, dans les
éditions de V Imitation , voici ce qui me porte à les attri-
buer au chancelier de Paris, » et M. Mangeart cite alors
des passages de ces traités comme ceux-ci: «t Si comme
toute ceste matière est plus a plain déclairée en la pre-
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150
mière partie de ce traittée sur le mystère de la passion. «
Une miniature qui se trouve à la tête de son sermon
sur la passion, nous le montre préchant en Peglise de
St-Bernard à Paris ; mais peu de temps après il s'en fut
vers sa solitude de Bruges , et c'est dans cette ville et devant
la cour de Bourgogne que nous le représente une autre
miniature, qui est mise sur la même page , où commence le
l' sermon de L'internelk consolation. L'inscription de cette
miniature est exactement celle du second livre de V Imitation:
Cy commencent les admonitions tirans aux choses internelles
et parle de l'internelk conversation. L'entête du texte latin
porte : Jdmonitiones , ad interna trahentesj de interna con-
versatione. C'est dans ce sermon qu'il dit: Smstien doncques
avecque Jhesu-Crist se tu veulz régner avecques Jhesu-Crist.
C'est le texte exact de Vimitation, liv. ii, chap. i. Sustine
te cum Christo et pro Christo, se vis regnare cum Christo.
On y retrouve le troisième chapitre du deuxième livre de
Y Imitation: uTien toy premièrement en paix et lors tu
pourras les autres pacifler Qui mal se contente et es-
meult, il sera dejetté (agité), de moult souspechons,
ne il ne reposera , ja ne lairra les autres reposer. Il dist
souvent ce quil ne devroit pas dire , et délaisse à faire ce
qui lui serait plus expédient Aucuns sont qui a eulx
meismes nont point de paix , et si ne laissent les autres en
paix. Ils sont griefs aux autres et a eulx meismes sont ilz
plus griefs , tu scez bien tez fais excuser et coulourer et
ne veulz recepvoir les excusations des autres. Mieulx
vauldroit toy accuser et ton frère excuser. » Voici la tra-
duction latine de ces mots , tels que les contient V Imitation:
Tene te primo in pace, et tune poteris alios pacifkare.
C'est le début du chapitre. Qui maie contentus est et
commotus variis suspicionibus agitatur: nec ipse quiescit
nec alios quiescere permittit dicit scepe quod dicere non
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151
deberet; et omittit quod sibi magis facere expediret Et
sunt qui nec pacem habent, nec altos in pace dimittunt :
aliis sunt graves, sed sibi semper graviores tu bene
sets facta tua excusare et colorare et aliorum excusationes
non vis recipere. Jmtius esset, ut te accusares et fratrem
tuum excusares.
Je dois me borner à quelques citations, pour montrer
que ces trois traités contiennent plus encore qu'en germe
les trois premiers livres de l'œuvre célèbre dont nous
cherchions l'auteur^ on peut d'ailleurs consulter pour plus
amples détails les recherches de M. Onésyme Le Roy;
mais pour ne laisser aucun doute, je me permets de copier
le commencement et la fin du troisième sermon et de
mettre en regard le texte de V Imitation.
€tttt me 0tmt H ne m pa^
en tembree^ ce bbt noetre
Seigneur 3 Ijeeu-ittriôt, Ce wnt
tej lee paroles bu itU be Dieu
par lesquellee nou0 dotntnee
atnw0ne0te« que nou0 eneieu-
vone 0a oie et 9e6 meur^ ^ de
nou0 Douions eetre oralement
tnrline£^ et be toute aoeuglerie
be mer eetrebeliore?! eoit bonc-
quee noMre douoerain estube be
mebiter en la Doge be 3l)e0u-'
Criet* Sa boetrint be 3i)e0U''
ttriftt va par btesu» toutes les
TEXTE DE L'IMITATION , .
LIVRE I , GHAP. I.
Celui qui me suit, ne mar-
che point dans les ténèbres,
dit le Seigneur (Joan. viïi,
12). Ce sont les paroles de
Jésus-Christ, par lesquelles
il nous exhorte à imiter sa
conduite et sa vie, si nous
voulons étré vraiment éclai-
rés et délivrés de tout aveu-
glement du cœur.
Que notre principale étude
soit donc de méditer la vie
de Jésus-Christ.
2. La doctrine de Jésus-
Christ surpasse toute doc-
trine des saints ; et qui pos-
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154
ûutre0 bocimee be^ 6amt0^ ti
qutc0tT(iue0 aurait lesf^ertt it
WxtVL il g trouorrott tnanne rc-
^om. iWaiô il abment que plu-
ôieur» par fréquente aubitian
be l'eDangile «entent un petit
béeir ^ pour ce quiU nont point
lesperit be 3l)e0U-®rt0t. iOlui
xH^eult platnement et eavoureu-^
sëtnent entenbre les parolee be
3l)e0u-4rri0tf il 0e confient
f0tubier et f0nfermer 0a vit a
celle be 3l)e0U-4rri0t* iOlue te
prpuffitebi0puter I)aulte0cl)a0e0
be 3l)e0u-4rri0t et be toute la
îrinîte' ^ 0e en tog na point be
l)umilite\ parquoj tu bc0plai0e0
a la Trinité* tiraiment I)aulte0
par0U0 ne font point rt)omme
0aint ni rt)omme îu0te ^ maio
oie Dertueu0e le fait cl)ier a
Mm. 9ieict plu0 h eentir
compuction que 0cao0ir la bif-
finition. Si tu 0caooi0 toute la
bible par bei)or0 et le0 bit0 be
tou0 pl)ilo0opl)e0 que te prouffi'^
teroit tout ce ^ 0an0 cl)arite et
0an0 la grâce be IViett* tlanite
bee oanites^ toute» ci)00e0 0ont
sèderait son esprit, y trou-
verait la manne cachée.
Mais il arrive que plu-
sieurs, à force d'entendre
l'Evangile , n'en sont c[ue peu
touchés, parce qu'ils n'ont
pointl'esprit de Jésus-Christ.
Voulez-vous comprendre
parfaitement et goûter les
paroles de Jésus-Christ, ap-
pliquez-vous 'à conformer
toute votre vie à la sienne.
3. Que vous sert de rai-
sonner profondément sur la
Trinité, si vous n'êtes pas
humble, et que par-là vous
déplaisiez à la Trinité?
Certes les discours subli-
mes ne font pas l'homme
juste et saint ; mais une vie
pure rend cher à Dieu.
J'aime mieux sentir la com-
ponction, que d'en savoir la
définition.
Quand vous sauriez toute
la Bible et toutes les seur
tences des philosophes, que
vous servirait tout cela , sans
la grâce et la charité?
Fanité des vanités^ et tout
n^est que vanité (Eccl. i , 2),
hors aimer Dieu , et le ser-
vir lui seul.
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145
mmii^ fom 9ttn it bon ruer
orner et ternir, «arc ert m la
B(nxvtvaxnt Bûfunct tenbre an
rejne releete par le conitm^i
iu monbe. €m boneque^ Da-
nhé be quitvc rtcl)e00e0 tpxj^
fixiMtnt et be eeyerer en tlle»*
€eet tmhi be beetrer Ijonneure
par ambition et be 00g eeleoer
en i)ault* €e0t oanité be 0teu-
DÎr le» beeîre be la t l)ar et' be
ce beetrer bont aftti^ U convient
e«tre wonlt jrteftnent pujnj»
iSedt vanité be b/^irer longue*'
ment viore et be bien peu curer
be bonne vie* Ceet vanitt be
rejarber ceMe viepreeente seu-
lement et non abvieer aincijoie
a (elle ijug t»t aivtmx.
La souveraine sagesse est
de tendre au royaume du ciel
par le mépris du monde.
4. Vanité donc, d'amasser
des richesses périssables , et
d'espérer en elles.
Vanité, d'aspirer aux hon-
neurs, et de s'élever à ce
qu'il y a de plus haut.
Vanité , de suivre les désirs
de la chair, et de rechercher
ce dont il fau()ra bientôt être
rigoureusement puni.
Vanité, de souhaiter une
longue vie , et de ne pas se
soucier de bien vivre.
Vanité , de ne penser qu'à
la vie présente, et de ne pas
prévoir ce qui la suivra.
Vanité, de s'attacher à ce
qui passe si vite, et de ne se
pas hâter vers la joie qui ne
finit point.
Lorsque trente ans plus tard parut V Imitation en latin ,
sans nom d'auteur, je m'explique assez nettement d'où
provenait l'hésitation des uns à l'attribuer à Gerson , mal-
gré les rapprochements frappants et constants entre ce
livre et les sermons de Bruges ; et l'assertion positivevdes
autres qui le lui attribuèrent, car l'imprimerie n'existant
pas encore, les sermons de Bruges sur LHntemelle conso-
lation durent être peu connus et l'identité de ces sermons
avec les dififérents livres de l'/mi^aliow impossible à con-
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154
stater pour ta plupart. Gd mystère n'en étati pas cepcn
dant un sans dcmte pour tous et il e&t à crdre que plusieur&
amis ont été rais dans le secret , mais cpi'ils auront res-
pecté les motifs qu'a^aît Gerson de rester inconnu^ M. Le
Glay signale, dans son intéressant Catalogue des MMS. de
la bibliothèque de Cambrai, où demeurait llllustre araî de
Gerson, le cardinal Pierre d'AiMy, un MS. du I' livre
de V Imitation, du xv* swcle, afeo ce litrç: Privmà Hber
magistri Johmnis Gerson^ caimUimi p^kie^$^ d» hi^
TATiONE Ghristi. M. l'dbbé Geace dit que ce mém& pre^
mier livre, avec la date de 1421 , a éAé trouvé à l'abbaye
de Mœlck, ^ Autriclie^ que Gerson avait peut-être visité
pendant son exil el où il avait conservé des amis.
La fin de ce sermon n'a pas des rapports moins frap-
pants avec te fin du premier livre de thnHation, c'eâft la
dernière citation que je fais :
moult ht %fm W pottftt ht
6mnU mfnitoiiii> mi ïpft'-
ttnx bt btfândir m iairmrit
proufUent m ttvtm tnf ytttft
quî U0 autres qn^ «entorrent
it oginm U» éjfitta (pn(j^ Uuk
dmrt tfcuùw» it (Ofntrokus»
mntg^t tcf^ v$ém^ et 4«t(^
^îl d9tt ÏM tMxta^m it xaa
pmi tn nttlîctftte i tu Wts
cntenbrt ^itti: rt (amrA tu
yrmtfttara oitoni comte tu
fttûê ht fmt m to^
Une cbûs« réfroidit en
quelques-uns Tardeur d'avan-
cer et de se corriger: la
crainte des difficultés, et le
travail in combat.
En effet, ceux-là devan-
cent les autres dans la vertu,
qui s'effioroeni mmw W f lus
décourage deae$vaîttcre enr-
méi&fis dunfi ee^ qui leur est
leplua péniMe et fui contra-
riei te pin» leurs pedehant&.
VeiMesL snr vousi,. esriles-
Tous^ dv«rtîs9ea-vouep<i qmi
cp'il €» sent diss autres^ y ne
fljégSgfE pas vott-^mâne.
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155
Celug qui vht n règne Mite Vous ne ferez de progrés
fin Mmt tellement i^rouftter qu'autant que vous vous ferez
ifatam mhu gloire be llara- de violence.
fixmm^ ixirvenir* ^Irnen*
Ces trois sermons contiennent tous des traits qui con-
cordent aussi exactement avec l'un ou l'autre des livres de
Ylmitation; les seules différences qu^on y remarque,
proviennent de la position où se trouvait Gerson en prê-
chant ses sermons à Bruges ou en les traduisant en latin
pour l'usage des moines, à Lyon. Gerson, doyen de Saint-
Donat à Bri^s et prédicateur à la cour des Ducs de
Bourgogne, devait parler autrement qu'il ne put le faire
dans sa retraite de Lyon , avancé en âge , vivant en religieux
et parlant aux moines. Aussi, dans le vieux texte français
on ne trouve pas cette vive peinture de la dure vie des
religieux de la Chartreuse, de Giteaux etc. et des écarts et
du relâchement de quelques autres ; adresssés a la cour
de Bourgogne, ces détails étaient sans but, sans utilité,
et auraient pu paraître une insulte à quelques-uns. Mais
en écrivant pour les Gélestins, sujets de son frère, ce
tableau rentrait dans ses vues; on le trouve donc dans
Yjfmittttion et on ne le rencontre pas dans les sermons.
Le portrait de l'homme pacifique, qui est conservé dans
le deuxième livre de ïlmitaHon, offre les leçons et les
ai^lications ks pliK heur^ses à Philippe-le-Hârdi , à qui
le doyen de St-Donat dit ce qu'il dmt faire: ^'il vmt éta-
blir la pa^ chez lui et diesks au^es. Philippe^ comme on
^t, eut à pacifier non seulement se& états, mais la
Finance entière et l'Europe en prob à tous les dâ)orde-
Ge qu'en dit Gerson dans ses sermons et cpi'il repète
éms le deixième Kvre de l'/mîroiMm, est en tout conforme
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156
à ce que Thistoire des Ducs de Bourgogne a dit de
Philippe-le-Hardi.
Mais ce qui est remarquable, c'est le développement
inusité que , dans un sermon , comme dans le chapitre de
l'homme pacifique^ notre doyen de St-Donat donne au
caractère qui lui sert de contraste à cet esprit indiscipliné
et soupçonneux, implacable surtout, inconséquent, à
charge à autrui non moins qu'à lui-même, et qui semble
jeté sur la terre pour n'être jamais en repos et n'y
jamais laisser les autres.
Qu'on relise ce portrait , et on se convaincra que notre
doyen de St-Donat eut quelqu'un en vue et c'était sans
doute Jean-sans-Peur , cet indigne fils de Phi^ppe, ce
malheureux qui sur un léger soupçon , sur le mot indis-
cret d'une femme, jure la mort de son parent, du frère
de son roi, le fait assassiner, dissimule son crime, eii
convient tout-à-coup , s'en accuse , et bientôt s'en vante
et en laisse faire lapologie. Notre doyen avait déjà sans
doute démêlé le caractère de ce jeune homme , et av it
essayé de le convertir en déroulant devant ses yeux les suites
de ses "vices, mais ce fut en vain. Aussi Jean-sans-Peur
eut-il toute sa vie l'aversion la plus décidée de notre doyen,
il le persécuta et ce ne fut guères qu'après la mort du
prince que le doyen de St-Donat put rentrer dans son
pays. Par suite de ces préventions, le prince avait sans
doute essayé d'étouffer jusqu'au nom de Gerson et de ses
admirables sermons , mais l'impression qu'ils avaient laissée
était si forte, que Philippe-le-Bon, le fils de Jean-sans-
Peur , fit à la fin recueiUir les écrits de notre doyen , et
Içs fit transcrire par un deâ plus fameux calligraphes de
l'époque , évidemment dans l'intention de les transmettre
à la postérité.
Cette cour de Bourgogne , si heureuse à Brages du
157
vivant de PhiUppe-le-Hardi , méritait bien de recevoir
notre doyen et d'entendre la première inspiration du plus
beau des livres qui soit sorti des mains des hommes, et
rien n'honore Philippe-le-Bon , comme la justice qu'il rend
La miniature ci-jointe, tirée du manuscrit de Valen-
çiennes , nous montre le doyen de St-Donat au moment
où il fait u les admonitions tirans aux choses interneUes
et parle de IntemeUe conversation, » devant la cour de
Bourgogne et en présence de son duc et de sa duchesse
que Ton découvre dans une tribune l'artiste nous y
dépeint la cour céleste toute entière, Dieu, la Vierge, les
Saints et les Saintes, inspirant notre doyen et les anges
qui applaudissent des ailes et rendent gloire à Dieu du
présent qu'il fait à la terre , il semble avoir voulu dépein-
dre l'effet produit par ces admonitions. L'heureuse in-
fluence de la parole grave et sublime du célèbre doyen
de St-Donat est déjà répandue sur le peuple de Bruges ,
l'attention des auditeurs et leur recueiUement est remar-
quable, surtout celui des femmes , <c Qui vous sont assises
bien à la terre et voulentiers , se faire se povoit, se bou-
teroient dedans par grande humilité. »
M. Onésyme Le Roy, qui le premier a reproduit cette
miniature, fait remarquer que la forme de l'humble man-
tille que portaient les femmes à Bruges, est encore la
même aujourd'hui , et il ajoute en note : « Rien n'a
changé à Bruges. » Je suis sûr qu'il n'a été animé que
de bienveillance en traçant ces mots , mais je le préviens
qtie sa remarque a excité un rire fou parmi nous. La
Belgique semble être située aux Antipodes pour les Fran-
çais, tellement ils la connaissent mal ou la méconnaissent
à plaisir. Il ne nous manquait plus que de devenir une
nation fossile , et c'est la découverte que nous sommes
à celui que son père avait persécuté.
158
sur le point de voir faire par quelque Français, né malin,
qui s'emparera des paroles de M. Le Roy. Nô désespérons
de rien , nous aurons bientôt à joindre cé trait à la cari-
cature que les écrivains français tracent de temps en temps
de nous , dans leurs revues. Le fait est qu'à Bruges tout
a changé, et si bien, qu^il est impossible de distinguer
extérieurement un Français d'un Brûgeois , ce qui n*est pas
toujours sans inconvénient.
Mais quel motif a pu avoir Gerson de se cacher d'un
bon livre? Pourquoi nVt-il pas signé son travail? Son
humilité d'abord, le besoin d'expier sa gloire passée tt
de rabaisser même la vanité présente dont îl craignait,
nous a dit son frère , que le moindre souffle ne vînt rà)ran-
1er. Mais il avait un autre motif pour éviter d'être c(mnu
du siècle; c'était pour qu'un ouvrage, le fruit de trente
ans de méditations , écrit pour tous les temps , pour tous
les chrétiens, ne pût être jugé par les préventions étroites
de l'esprit de parti , dont personne plus que Gerson fle
devait craindre les effets.
Gerson avait eu le courage de dirô la vérité et de
la défendre contre tous les hommes de son temps ^ et il
était cordialement détesté par eux. Ayant été nommé chan-
celier de l'université de Paris, sa première démarche fut
de se rendre devant le faible Charles VI , et de lui signâ-
ler^ dans un discours qoi nous est conservé, les abns^ les
excès auxquels le royaume était en proie par la faute des
princes, car leur d{sêm9iùn, dit le courageuiE orateur, M
trop nuisabk et rethèt toute mr le pamr^ peuple. Après avoir
énuméré tes maux causés aux gens petit» par ks varlêts
de certains grandâ tolérés par leurs mattres, il dit au
roi: «Toy, prince, tu ne faicts pas tela maux, il est
vrai , mais tu les souffres ; advise se Dieu jugera juste-
ment contre toy en disant; je ne te punis pas^ mais si
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159
les diables d^enfer te timrinentent je ne les empescheray
point. » Le dao d'Orléans, snr qui tombaient les traits les
pins piquants de ce discours , s'en courrouça et sut s'en
¥ei^r« J'ai dit en commençant comment Gerson s'attira
l'inimitié du duc de Bourgogne. Il s'était ékvé contre les
romans de son temps et indisposa fort contre lui les
littérateurs en attaquant aussi la représentation de ce que
l'on nommait des mystëres.
tes Dominicains ayant été exclus de l'enseignement
public, Gerson prit fait et cause pour eux, et dans une
lettre datée de Bruges , il les élève au-dessus de leurs ad-
versaires. Gerson peu après, en défendant la vérité, s'était
aliéné les ordres religieux qui prétendaient pouvoir prê-
cher dans les paroisses sans la permission des évéques et
des curés. Dans ses efforts pour éteindre le schisme
d'occident , son zèle finit par lut attirer la haine du clergé.
Il se fit d'autres ennemb encore en attaquant Pastrologie
judiciaire , les visions , les flagellants , les talismans et tous
les égarements de son temps. Son amour pour la vérité,
ses luttes courageuses avaient déplu; seul contre tous, il
avait eu le malheur d'avoir trop raison, et cela suffit pour
avoir tort« Gerson n'a donc pas voulu compromettre le suc
ces de son livre par l'adjonctioa d'un nom propre que tant
de passions avaient tâché de flétrir. Il voulait être utile en
servant les hommes , même en dépit d'eux-mêmes , car la
plupart auraient repoussé le livre si l'auteur s'en était fait
connaître , les préventions contre lui auraient suffi seules
pour arrêter la propagation de son livre. L'anonyme aida
au succès, car dès qu'il fut goûté, le vague heureux sous
lequel il dreulajt permettait à tous les ordres religieux de se
l'attribuer; il parvint ainsi à braver le ^iicle, que craignait
pour lui son aqteur. Mdis il e^t temps de restituer à
Gcirsoii ce qui hii appartient et de lui rendre U gloire
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160
qu'il a si soigneusement évitée durant sa vie. Grâce à la
généreuse idée de Philippe-le-Bon qui a fait recueillir les
sermons que Gerson avait prêches devant son père, tous
les mystères dont l'auteur de Vimitation était encore enve-
loppé, s'éclaircissent. Les sermons de Gerson, conservés
à la cour de Bourgogne, auront été communiqués à
d'autres personnes, et puis revus, corrigés et augmentés
par des hommes de bon vouloir; après avoir reçu ce déve-
loppement, le copiste, de sermons aurai fait des traités,
de là L'internelk consolation répandue au xv' siècle, dont
le fond appartient à Gerson et le reste à d'autres, qui
n'avaient ni le style , ni la simplicité de l'auteur des ser-
mons. Un des motifs les plus décisifs de l'opinion qui
réfusait d'admettre Gerson comme auteur de Vinterneile
consolation était l'assertion de Gerson lui-même, qui dit
qu'il n'écrivit qu'une seule fois en français et qui s'en
excuse même; depuis la découverte de M. Onésyme Le
Roy, la chose se comprend. Le traité de Z'm^emeffe con-
solation n'est autre chose que les trois sermons de Gerson,
que plus tard il traduisit en latin , comme il avait fait du
traité adressé à ses sœurs. M. Le Roy nous prépare une
édition de ces trois sermons , et dès lors il sera évident pour
tout le monde que cet immortel ouvrage est l'œuvre d'un
doyen de St-Donat , et qu'il fut prêché d'abord à Bruges ,
avant que Gerson, son auteur, le mit en latin à Lyon.
Note P. 139. Je reçois à Tinstant quelques renseignements sur le MS. de
Lou^ain. Cet ouvrage porte tous les indices d'une cBuvre autographe. Il
contient des ratures, des leçons variées, écrites sur des morceaux de pa-
pier et collées sur un texte primitif et reformé, ce qui appartenait à l'au-
teur seul et qu'un autre ne se serait jamais permis. CeMS. provient de
l'abbaye de St-Martin, à Louvainj il porte la date de 1448, c'est un
in-folio, d'une écriture serrée qui ne contient que des traités de Tho-
mas à Kempis, mais parmi lesquels le livre de V Imitation ne se trouve pas.
L'abbé C. Carton.
161
VVV\VVVVVVV\VVVV\AVVV\VVVVVVVVVVVVVVWV\V\.WV\WWV.\WWV\WWV\.VM
BIOGRAPHIE DE M. PYCKE.
La Société d'Émulation et la plupart des sociétés lit-
téraires du pays viennent d'éprouver une perte sensible
dans la personne de M. Léonard Pycke, que la mort
a enlevé à sa famille et à ses nombreux amis. Né
à Meulebeke, village de l'ancienne châtellenie de Cour-
trai, en 1781 , il montra dès Tâge le plus tendre un goût
prononcé pour le barreau. Il fit ses études au collège de
Mol , dans la Gampine , commença son cours de droit à
Paris et l'acheva à Bruxelles. Son ardeur pour la science
fut si grande , qu'il passa souvent ses nuits sans prendre
de repos. Une mémoire vaste, une pénétration d'esprit
rare , une voix sonore et une élocution sans gêne , telles
étaient les dispositions , qu'avait le jeune étU(Uant en droit
à la fin de son cours d'étude.
Il s'établit, en 1808, comme avocat à Courtrai et
bientôt, comme il le dit lui-même dans un mémoire, les
heures du jour ne suffirent plus à l'examen des nom-
breuses afiaires qui lui furent confiées. Le code civil français
était en vigueur depuis peu d'années, M. Pycke en avait
Akkales — Tome ÏF'.
11
162
fait une étude toute spéciale , sans négliger le droit cou-
tumier qui nous régissait auparavant et qui bien souvent
dut être invoqué et appliqué durant cette époque de tran*
sition des lois; aussi, les autres jurisconsultes, les
publicistes et les professeurs mêmes , consultèrent bien
souvent le jeune avocat de Courtrai sur les questions
difficiles qu'ils rencontraient dans l'application des lois , et
ses réponses exactes contribuèrent à affermir sa réputation.
Après les événements politiques de 1814, M. Pycke
fut choisi pour faire partie de plusieurs commissions de
la nouvelle organisation civile. Dès lors il lui fallut joindre
à l'étude du droit civil celle de la science de l'administra-
tion publique , et l'homme savant et laborieux ne recula
pas devant les nouvelles charges qu'on lui avait imposées ;
une partie de ses nuits laborieuses fut consacrée à cette
étude importante. L'activité qu'il avait déployée dans la
carrière administrative le fit nommer par le roi Guil-
laume, le 5 Juillet 1816, membre de la commission de
rédaction d'un projet de règlement sur les régences des
villes.
Appelé à la sous-intendance de l'arrondissement de
Courtrai, pendant que M. Du Bus siégeait aux États-
Généraux, il remplit gratuitement ces fonctions durant
trois années, de 1816 à 1818, et fit partie des États de
la province pendant trois sessions jusqu'à ce qu'il fut élu
membre de la seconde chambre des États-Généraux , le 5
Octobre 1818. Il avait rempli pendant six ans les fonc-
tions de juge suppléant au tribunal civil.
Un arrêté du roi le nomma, le 4 Juin 1817, secré-
taire de la chambre de commerce et des fabriques à
Courtrai ; fonctions qu'il remplit d'une manière si désin-
téressée , qu'il renonça à son traitement en faveur de la
ville.
163
Ge désintéressement, il le montra durant toute sa
carrière administrative, en refusant tout traitement pour
la pl^ce d'avocat de tous les établissements charitables
de l'arrondissement de Gourtrai pendant dix ans , et sur-
tout en acceptant la nomination de Maire de la ville, puis-
qu'il dut renoncer de ce chef à ses fonctions d'avoué.
Sa nomination de Maire, nom qu'on changea bientôt
en celui de bourgmestre, remonte au 25 Juillet 1817,
et fut comme le signal d'une suite de tracasseries. Il est
d'ailleurs impossible de plaire également à tous les partis
lorsqu'on est placé à la tête d'une administration , surtout
lorsque le chef est guidé par un esprit d'ordre et d'éco-
nomie, tel que M. Pycke montra durant tout le temps
qu'il fut bourgmestre. C'est à lui que la ville de Gourtrai
est redevable du bon état de ses finances et du redresse-
ment des abus qui existaient avant son entrée en fonction.
A la chambre M. Pycke appartenait par ses opinions à
l'opposition libérale et cela suffit pour encourir la haine
du ministre Van Maanen , qui chercha un motif quelcon-
que pour persécuter et pour faire fléchir de son côté le
premier magistrat de Gourtrai.
Une dénonciation anonyme, dans laquelle fut envelop-
pée une grande partie de la régence , fut faite au gouver-
nement et M. Pycke fut renvoyé devant le Tribunal cor-
rectionnel de Bruges, du chef de prévention d'un défit
prévu par l'article 175 du code pénal. L'arrêt qui prononce
ce renvoi porte, qu'il y a des charges suffisantes pour
étabUr que le prévenu Léonard Pycke a fourni des briques
pour la reconstruction de la Halle et la construction de
deux aubettes dans la ville de Courtrai^ et ce dans le temps
qu'il était bourgmestre de la même ville , et comme tel
chargé d'en ordonnancer les payemens^ ou de faire la
liquidation des dites dépenses.
164
Da chef de cette accusation, il fut emprisonné au
mois de Juin 1822, et choisit pour ses de'fenseurs,
MM. De Vleeschauder et Beyens du barreau de Bruxelles,
avec lesquels il était depuis longtemps lié d'amitié. On
employa d'abord des moyens de cassation contre Parrét
rendu par la chambre de mise en accusation et le prévenu
de concert avec M. l'avocat Beyens et l'avoué Mandos,
publia ses moyens de cassation en une brochure de vingt-
sept pages in-4°. Ce mémoire, remarquable par sa lucidité
et par sa logique serrée , démontre à ^évidence l'innocence
dû prévenu. Il est adressé à MM. les Président et Con-
seillers de la cour supérieure de justice , à Bruxelles ,
première chambre , siégeant comme cour de cassation et
ne porte pas de nom d'imprimeur. Les moyens de cas-
sation furent cependant rejetés et l'inculpé parut devant
la cour de Bruges, présidée par M. Van de Velde, au
mois de Décembre 1822. L'acquittement suivit la défense
et M. Pycke fut mis en liberté le 22 du même mois.
Nous pourrions dire ici avec le prévenu: Il est difficile
de croire, il est douloureux de penser que des cîrcon- *
stances aussi naturelles , des faits aussi simples , reconnus
licites et innocents par l'autorité administrative , aient pu
présenter ensuite les caractères d'un crime ou d'un délit ,
et servir de base à ces poursuites rigoureuses ; mais on
n'est plus étonné de toutes ces injustices , lorsqu'on con-
nait les scandales judiciaires commis par le ministre de
la justice d'alors.
M. Pycke continua à siéger à la chambre des États-
généraux, jusqu'à ce qu'éclata, en 1830, la révolution
belge. Il n'eut alors rien de si empressé que de se rendre
à la Haye et ensuite à Bruxelles pour sauver le pays
d'une anarchie complète. La révolution étant consommée
et ne l'approuvant pas sous tous les rapports , il se retira
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Î65
de la carrière publique pour s'adonner tout entier à son
goût de la culture des belles-lettres.
Ce jurisconsulte s'était déjà assigné une place parmi
les savants du pays par la publication de plusieurs mé-
moires, marqués au bon coin de Texactitude et qui lui
ouvrirent les portes de l'académie royale de Bruxelles,
dont il fut nommé membre de la classe des lettres , le 4
Février 1829.
La même académie lui décerna le deuxième prix, en
1822 , pour un mémoire sur l'état de la législation et des
tribunaux ou cours de justice dans les Pays-Bas autri-
chiens , avant l'invasion des armées françaises , et sur les
changements que la révolution française et la réunion de
ces provinces à la France , pendant près de 20 ans , ont
opéré dans la législation et l'administration de la justice
civile et criminelle. Cet ouvrage fait partie des Mémoires
couronnés j et a été tiré à part, en 1824, format in-4°,
de 29 S pages, chez De Mat, à Bruxelles. L'auteur se
proposait d'en donner une nouvelle édition , comme il le
dit lui-même dans une de ses lettres , « les exemplaires en
sont épuisés, mais je m'occupe d\ine nouvelle édition
augmentée de nouveaux documents. »
L'académie de Bruxelles décerna , en 1827 , la médaille
d'or, au mémoire de M. Pycke, en réponse à la
question : « En quels temps les corporations connues sous
le nom de métiers, Neeringen en ambachteny se sont-elles
établies dans les provinces des Pays-Bas? Quels étaient
les droits, privilèges, et attributions de ces corporations?
Et par quels moyens parvenait-on à y être reçu et à en
devenir membre effectif (1). »
(1) 80 pages m-4«. Imprimé chez Hayez, à BruzeUes, en 182Z..
166
La même académie avait proposé une autre question :
« Quels étaient les droits et les attributions des États dans
les différentes provinces des ci-devant Pays-Bas autri-
chiens , d'après les constitutions et les droits publics de
chaque province, jusqu'à l'époque de la réunion de la
Belgique à la France, en 1795?» M. Pycke avait écrit sa
réponse sur cette question, lorsque l'académie jugea à
propos d'annoncer que la question était retirée du concours.
Ce travail peut cependant être considéré comme un des
meilleurs sortis de la plume du jurisconsulte courtraisien.
Retiré des affaires publiques, M. Pycke s'occupait
durant nombre d'années d'un grand ouvrage sur le Code
civil , et malgré l'affaiblissement de son corps et l'atrophie
de son intelligence usée par le travail , il passait encore
une partie de ses nuits à l'étude, qu'il ne quittait que
malgré lui, lorsque la fatigue l'y forçait. Il mourut à
Cour Irai, le 8 Février 1842, à l'âge de 61 ans, re-
gretté de tous ceux qui l'avaient connu dans l'intimité
de l'amitié. Une vive pénétration d'esprit , une conversa-
tion agréable , mêlée de saillies bien placées , rendaient sa
société très intéressante. Sa conversation favorite roulait
d'ordinaire sur des questions de droit ; alors il devenait
tout animé et intéressait les assistants par sa diction et
sa logique claire et serrée.
La Société d'Émulation perd en M. Pycke un de ses
membres honoraires, qui lui ont montré le plus grand
intérêt. L'envoi de ses ouvrages et sa correspondance
nous ont témoigné qu'il avait à cœur l'encouragement des
belles-lettres et surtout l'histoire de sa Province.
L'ABBÉ F. Van de Putte.
167
PUBLIÉS SUR NOTRE PROVINCE OU DANS NOTRE PROVINCE.
Fidèle à la promesse que la rédaction des Annales a faite ^
nous joignons à ce N° l'annonce des ouvrages qui ont paru
sur rhistoire de notre province. Il ne sera pas sans utilité
de jeter quelquefois un regard sur les années précédentes,
et de rappeler aux souvenirs de nos concitoyens des ouvra-
ges écrits sur l'histoire de notre belle province ou sur quel-
que point particulier de cette même histoire. C'est évidem-
ment dans le but de donner à nos Annales un dégré d'intérêt
de plus, que nous entrepenons ce travail, mais d'antres
motifs nous y engagent également. Bien des auteurs se
contentent de produire , sans remarquer qu'il reste à trou-
ver les moyens de placer les ouvrages; les publications
sont trop peu connues , et restent en magasin et les auteurs
ne font pas leurs frais, de-là le découragement; et ce sont
les plus honnêtes, les plus consciencieux qui en souffrent.
Je connais tel ouvrage , auquel son auteur même n'attache
qu'infiniment peu de mérite et de valeur littéraire, et qui
lui a rapporté un bénéfice de 4000 francs ; c'est qu'il l'avait
fait connaître en le faisant colporter. 11 faut plus de publi-
cité , c'est la meilleure protection qui puisse être accordée
aux auteurs. Le Messager des sciences historiques nous avait
déjà donné l'exemple et nous l'imiterons, seulement noua
nous bornerons à l'histoire de notre province et aux publi-
cations historiques qui y paraissent. Ceci aura un autre
RMIIË D'OIIYRAGES D'HISTOIRE
168
résultat encore : en rassemblant , sous un cadre réduit , la
notice de tout ce qui intéresse notre belle province , nous
faciliterons à ceux qui s'occupent de recherches historiques
la tâche qu'ils s'imposent en leur faisant connaître les dé-
couvertes récentes , et nous leur épargnerons souvent des
méprises ou le ridicule de refaire ce qui a été bien fait déjà.
Cette revue sera , au commencement , nécessairement
incomplète, nous tâcherons d'étendre nos correspondances
et de parvenir à savoir ce qui se publie en France et en
Allemagne sur nous et notre histoire provinciale. Â. B. C.
Om Cari Danske, grève af Flandem, af D, C, F. Wegener kctor i •
historié og atatistick vel aorôe académie ind hy delaesakrifi til examen
artium og den offentlige skole examen ved aorôe académie i Juli 1839.
Kjâbenhavn irykt hos Andréas Seidelen. In-4« , de 120 pages.
Je tiens d'autant plus à publier ce titre en entier , que les
exemplaires de cet ouvrage sur Charles-le-Bon, publié à
Copenhague , ne sont pas dans le commerce et que celui-ci
est peut-être le seul qui en existe dans le pays. La langue
danoise a des rapports si constants et si généraux avec notre
langue, que sans la comprendre complètement, j'ai pu
déjà me convaincre que cette dissertation est une des plus
approfondies sur cette époque. C'est le travail d'an homme
laborieux et consciencieux, qui a consulté, confronté tout
ce qui a été publié sur ce comte, et dont je désirerais bien
de voir faire une traduction. Cette partie de notre histoire
n'a pas encore été traitée comme elle le mérite. On a réduit
le meurtre de ce prince aux proportions d'une vengeance
d'une famille froissée dans ses intérêts et blessée dans son
orgueil ; ces passions en ont hâté la fin , mais cette catas-
trophe venait de plus haut, elle fut emmenée par l'étranger
qui employa les Berthoud , qui les excita , mais cette famille
ne sut peut-être jamais qu'elle était menée, ni par qui, ni
dans quel but. Il est remarquable que malgré les documents
contemporains qui nous sont conservés sur ce comte, la
famille Van der Straten ait pu passer pendant des siècles
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169
pourFautear de l'assassinat de Charles-le-Bon , tandis qu'elle
en a été au contraire la victime et qu'elle était en guerre
ouverte avec la famille des meurtriers. Conçoit-on que
malgré Gualbert et Wautier, on ait pu renouveller pendant
une longue série d'années la lecture annuelle de l'acte
d'exécration de la famille Van der Straten à la porte de la
cathédrale de Bruges? Ce fait est cependant constant et il
n'y a guères que cinquante ans que cette cérémonie bizarre
a été abrogée ou plutôt qu'elle a cessé par suite des circon-
stances. Elle se pratiquait en 1792, quoique les Bollandistes
eussent déjà publié leur travail sur ce point. J'ai un autre
écrit sur cette famille, composé par un Carme déchaussé
de Bruges^ bien des années avant la révolution française.
Les traditions populaires ne sont pas toujours des autorités
infaillibles, des erreurs historiques s'accréditent souvent
sans qu'on puisse en expliquer ni la source, ni les motifs.
D'où venait cette haine contre la famille Yan der Straten?
Chacun des détails de l'histoire de Charles-le-Bon exigerait
réellement une discussion particulière. On a débité bien des
erreurs, par exemple sur la famille Erembold, l'histoire
l'a très-maltraitée et elle ne mérite pas entièrement l'op-
probre qu'on a déversé sur elle. Guillaume De Loo et la
part qu'il prit dans le meurtre de Charles ou dans la ven-
geance de ses meurtriers , est une autre épisode sur laquelle
la plupart des historiens ont dit ou répété des faits néces >
sairement faux. M. l'abbé De Smet a présenté à l'académie
royale, un travail sur Guillaume de Loo que nous attendons
avec impatience y et que j'analyserai aussitôt qu'il aura paru.
D*autres points encore mériteraient de devenir l'objet d'une
monographie. A. B. C.
La Belgique en 1841. Bruxelles, Hauman, 1841, iii-8o, avec gravures
sur acier. P. tiu et 206.
Comme l'on n'est plus aussi sédentaire , que l'on fait plus
d'excursions que naguère , les descriptions des villes abon-
170
dent, malheureaseraent elles sont faites dans le cabinet, et
le lecteur en sait beaucoup moins après les avoir lues , car
c'est savoir moins que d'apprendre des erreurs. Un magnifique
volume, édité par M. Hauman, sous le titre La Belgique en
1841, a d'abord attiré tous les regards, mais comme il
n'était composé qu'afin d'utiliser des gravures anglaises d'un
autre ouvrage , le public s'est bien vite aperçu en lisant le
texte , que l'accessoire était devenu le principal , et le prin>
cipal l'accessoire. Aussi ce livre e^t-il tombé au rang des
livres à images.
A l'article Bruges , Fauteur, après une élégante introduc-
tion sur les villes qui semblent des tombeaux habités (sic),
nous apprend que les eaux du canal d'écoulement de
Bruges à Gand, sont stagnantes , ce qui doit singulièrement
dérouter dans ses plans M. l'ingénieur en chef de la pro-
vince. Ensuite commence la description de la vieille cité
flamande, et tout ce que l'auteur trouve à y faire remarquer,
c'est la cheminée du Franc , les corniches de l'hôtel de la
Couronne impériale , et trois médaillons sur la façade d'une
maison. C'est à la lettre tout ce dont il y est parlé dans les
seize pages consacrées à la description d'une des villes les
plus riches de la Belgique en monuments d'architecture,
en tableaux anciens, en objets d'art de tout genre. En
vérité , c'est là une moquerie que l'on peut à peine croire ,
même après avoir lu cet article. M uno disce omnes. Que
les curieux et les voyageurs aillent donc apprendre à con-
naître nos villes dans ces recueils publiés par pure spécu-
lation, et ils iront raconter dans leur pays, comme une
chose étonnante , que la mer baigne les murs d'Anvers , et
que Ton mange des huitres fraîches à Ostende.
L'archiviste du Hainaut, M. Lacroix, vient de publier une
brochure curieuse , contenant les détails de l'entrée à Mons ,
en 1470, de notre princesse Marie de Bourgogne et de sa
171
belle-raère Margaérite d'Yorck. Ce récit est extrait du re-
gistre aax procès-verbaux du conseil de lâ ville et d*nn
mémorial. Les vers déclamés sur les théâtres, qu'on avait
coutume de dresser dans les rues aux fêtes publiques à cette
époque, et où on représentait des scènes tirées en général
de ITcriture sainte, cqs vers, disons-nous, sont transcrits
dans cette narration, et présentent un curieux échantillon
de l'état de la versification du temps. Nous y avons remarqué
plusieurs mots flamands, entr'antrea jutaiel ^ur joyaux.
De bonnes notes philologiques accompagnent cette notice
de M. Lacroix; il relève aussi une erreur, par suite de la-
quelle on fait remonter l'institution de la chambre de rhé*
torique de Mons à 1431 , tandisque les rhétoriciens de cette
ville ne formèrent une société qu'un siècle plus tard/
La joyeuse entrée de la fille de Charles-le-Téméraire
coûta, en cette occasion, 7577 livres, 19 sols, -4 deniers
de Hainaut, ce qui certes était beaucoup au xv* siècle,
Entr'autres présents, la jeune princesse Marie avait reçu
des Montois un collier d'or émaillé , coûtant 200 livres.
Il est singulier que parmi ces dons à des princesses, le
vin de Rhin joue le plus grand rôle. ^
Les Belges iUuatrea, Briuellef, lib. oat. gr. in-8««
LoRSQu'owE nation qui a toujours été soumise à d'autres
puissances, pendant une longue série d'années, parrient
enfin à recouvrer son indépendance , et prend rang parmi
les peuples qui ont acquis , quelquefois bien chèrement , le
droit de se gouverner par leurs propres lois , il reste une
noble tâche a remplir par les vrais amis du pays , c'est de se
constituer une nationalité, c'est-à-dire de faire naître ce
sentiment d'union et de sympathie qui résume tous les hom-
mes d'une même race , d'une même contrée en un seul
homme , qui fait qu'une injustice commise emers l'un) d'eux
soit aussi vivement sentie par tous , que si chacun en était la
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172
"^iclime, et que tou» soient fiera de la gloire qui peut rejail-
lir sur un seul. Sans cette nationalité, un peuple n*aura
jamais qu'une existence éphémère. Or , elle n'existe point
par le fait seul d'un protocole ; pour percer à travers l'enve-
loppe des petites passions et de l'individualisme, il faut que
les écrivains montrent , par des exemples puisés dans l'his-
toire du pays , que Tintérêt de chacun en particulier dépend
de l'intérêt de tous y en un mot , que l'union seule fait la
force. L'histoire des grands hommes est donc un puissant
mobile pour éveiller au fonds des cœurs l'amour de la patrie.
Que la peinture, que la littérature se donnent la main pour
atteindre ce noble but, que l'intelligence, sous quelque
forme qu'elle se révèle, prenne part au monument à élever,
et bientôt le succès viendra couronner les efforts.
C'est cette pensée qui a sans doute dirigé MM. A. Jamar
et Ch. Hen dans la nouvelle publication vraiment nationale
qu'ils ont entreprise. Les Belges illustres sont arrivés à leur
quatorzième livraison , avec l'approbation de tous ceux qui
ont lu ce magnifique ouvrage , auquel concourre l'élite des
écrivains et des artistes du pays. Bien plus, il est arrivé à
cette entreprise, ce qui certes est une curiosité des plus
remarquables, aujourd'hui que la presse lance journellement
des milliers de volumes à l'avidité du public, que les éditeurs
sont obligés , afin de satisfaire aux nombreuses demandes ,
de remettre sous presse les dix premiers livraisons, entière-
ment épuisées. Les éditeurs non seulement ont fait un beau
livre, mais encore une œuvre éminemment nationale, et
lorsque l'ouvrage sera terminé, ils pourront dire avec un
juste orgueil: exegi tnonumentum ! ^
Vaderlandache historié door J, David, kanonik hon. der Metropoliiane
kerk van Mechelen, prof, aen de katholyke univ, van Leuven en preai'
dent tan hetPausl, Collegie aldaer, Eerate deel, Leuven, 1842, in-12<>.
C'est une entreprise bien courageuse que la composition
d'une histoire générale de notre pays dans l'état actuel des
173
études, sur les sources mêmes de notre histoire. Je croyais
que le temps n'était pas encore arrivé d'entreprendre cette
tâche, mais M. Fabbé David m'a convaincu que quoiqu'il y
ait encore une masse immense de documents inexplorés,
il y a déjà moyen d'écfrire une histoire intéressante , curieuse
et utile de notre pays^ et voici son plan. 11 ne nous a pas
livré son œuvre entourée des échafaudages qui ont servi à
l'élever, accompagnée de ces raisonnements , de ces recher-
ches contradictoires qui indiquent le savant, mais ne prou-
vent pas que Fauteur comprenne le but de son travail; il
parle avec toute la bonhomie d'un père qui raconte à ses
enfants des faits qu'il a vus , avec tout le laisser-aller d'un
entretien et toute l'élégance d'un ouvrage étudié.
Je suis sûr qu'un savant parviendrait à soutenir avec
quelque probabilité, plusieurs opinions contraires à celles
que M. Fabbé David soutient, qu'il prouvera que Samaro-
hriva est plutôt telle ville que telle autre, que César ou
Cicéron n'ont pas campé en tel endroit, mais à huit lieues
plus loin. £h! l'histoire dépend-elle donc d'une date, tire-
t-elle son intérêt de l'indication d'un lieu? L'histoire, c'est
la marche des événements; c'est le développement d'une
idée que Fon suit dans son progrès, ses luttes, sa victoire;
décrire l'histoire de nos pères , c'est les montrer tels qu'ils
se sont fait connaître d'abord dans leurs guerres contre
l'envahissement d'une civilisation autre que la leur; c'est
peindre un peuple qui jette un cri de liberté , et qui s'en
montre digne par son courage, de l'aveu même de son
ennemi. L'historien, s'il comprend sa tâche , saura montrer
dans Fhistoire de nos pères les germes, les causes des
mœurs de nos temps; un peuple ne meurt pas tout- à-fait,
il revit encore dans les générations qui se succèdent , cette
parenté doit se trouver dans le tableau que nous présente
l'historien; il a une plus noble mission encore, il doit
instruire; les fautes des pères doivent devenir la leçon des
fils , et leur expérience servir à notre instruction , et
c'est ce que Fon retrouve dans Fhistoire que vient de publier,
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174
M. l'abbé David, c'est ainsi qu'il a conçu sa tAche et il Ta
remplie.
Ce Tolume contient une description de la Belgique , et des
recherches sur ses habitants , — - les guerres de César , —
la Belgique sous la domination Romaiûe , — l'introduction
du christianisme et la décadence de la domination de
Rome.
Le second volume contiendra l'invasion des Germains au
V* siècle , — les Francs , — le règne de Charlemagne , —
la division de ses états parmi ses enfants et l'origine de nos
comtés.
Le troisième volume sera dédié à l'histoire des comtes
de Louvain^ qui deviennent ensuite les ducs de Brabant
jusqu'au règne de Philippe-le-Bon , en 14S0.
Le quatrième volume nous donnera l'histoire de la Flan-
dre, depuis les temps les plus anciens jusqu'à Philippe-le-
Bon.
L'histoire particulière des autres comtés de Belgique,
comme du Hainaut , de Namur , de Luxembourg et de Lim*
bourgs depuis leur origine jusqu'à ce qu'ils passent sous le
gouvernement de la maison de Bourgogne au commence-
ment du xv« siècle, formera le sujet du cinquième livre.
Dans le sixième volume, l'auteur tracera l'histoire des
Provinces Belgiques , sons Philippe-le-Bon et ses successeurs,
jusqu'à l'abdication de Charles-Quint, en 1555.
Le septième yoiume offrira l'histoire de la Belgique sous
Philippe II , nos guerres , le règne d'Albert et d'Isabelle et
de leurs successeurs, jusqu'à ce que la Belgique passe sous
la domination Autrichienne, en 1700.
Le huitième et dernier volume, continuera cette his-
toire jusqu'en IBSO.
M. l'abbé David rendra un immense service au pays en
achevant le travail si bien commencé.
Le bas prix auquel ce volume se vend provient immédia-
tement du désintéressement de l'auteur. Le volume est à
un franc. A. B. C.
176
Marie de Bourgogne, par Ûotàve Delepierrc.
Les journaux anglais nous annoncent que Ton vient
d'offrir au petit prince de Galles un Alphabet royal, où
toutes les lettres, rehaussées d'or, chargées de couronnes
et d'armoiries, désignent un roi ou un souverain plus ou
moins légitime, Alfred, le grand roi Saxon, ouvre cette
liste; l'N se trouve libéralement illustré par le nom de
Napoléon; l'O était vacant, on aurait pu utiliser le roi Ovo,
si connu, ou Othon; par patriotisme on s'est décidé pour
Olivier (CromvFell), quoiqu'il soit fortement soupçonné de
n'avoir pas été très-légitime. Il n'y a pas eu de concurrent
pour X, il appartenait de droit à Xerxès. Le nouveau monde
a fourni un nom à l'Y, c'est celui du malheureux Yturbide.
Zénobie, la reine de Palmyre, avait le monopole de la
lettre Z; et termine cette glorieuse nomenclature*
Les artistes ont toujours les mêmes idées bizarres; au
temps que notre Marie de Bourgogne se disposait à appren-
dre Talphabet, on lui offrit aussi un alphabet; mais moins
galant. La lettre A est ornée d'un Arlequin et de la- figure
d'Adam. La lettre D nous présente un chien qui Danse au
son d'un violon; par un caprice de peintre, au lieu d'un
violon, notre homme racle sur une scie, l'artiste a sans
doute voulu exprimer ainsi la douceur des sons qui font
sauter l'animal. Les ornements , comme on voit, sont beau-
coup plus gais, mais infiniment moins royaux que ceux de
Talphabet du prince de Galles. Les lettres elles-mêmes sont
jolies, et le sont tellement que M. Wahlen a jugé à propos
de les faire graver pour en orner un de ses chefs-d'œuvre.
Jamais^ il faut l'avouer, rien d'aussi beau n'est sorti de ses
presses. Pour rendre la chose plus piquante, il a voulu que
ces lettres de Marie de Bourgogne servissent d'initiales aux
vingt-cinq chapitres de la vie de cette gracieuse princesse.
M. Delepierre n'a pas eu la prétention d'écrire du neuf
sur Marie , il s'est contenté de nous donner un résumé clair
et intéressant de tout ce que l'on a publié sur cette
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176
princesse. Après Fouvrage de Gaillard , après les recherches
de Dom Plancher, de la Marche, de Barante etc. il restait
nécessairement peu de complètement ignoré à dire, mais tous
ces travaux avaient besoin d'être analf sés , et c'est ce à quoi
M* Delepierre s'est dévoué. On doit lui en savoir gré, il a
fait une bonne œuvre en retraçant le tableau du règne de
cette duchesse; voici comme il le commence : « Il y a dans
l'histoire de notre pays plusieurs femmes qui nous ont
laissé de chers et de frais souvenirs. Ces noms bien-aimés ,
on ne saurait les oublier: on les prononce toujours avec un
vif sentiment de reconnaissance. Qui n'a pas entendu répéter
avec vénération en Belgique les noms de Marie de Bour-
gogne et de Marie-Thérèse? C'est que, dans une femme qui
occupe le trône et en fait descendre la bienfaisance et la
bonté; on sent quelque chose de providentiel et d'idéal qui
ne peut appartenir qu'à une nature plus délicate que la
nôtre. A la suite du règne orageux de Charles-le-Téméraire^
ou le guerroyeur, comme le disent les documents de cette
époque , l'avènement de Marie de Bourgogne est le retour
d'un beau printemps après un rigoureux hiver, tout se
ranime ; tout renaît: les libertés se relèvent: une nouvelle
prospérité commence à briller pour le commerce : les arts
et les lettres retrouvent aide et protection. Sans l'inouïe et
\osatiable ambition de Louis XI , et la mort prématurée de
Marie, une ère nouvelle de bonheur allait s'ouvrir pour
nous. Aussi la vie de cette princesse forme-t-elle un des
plus attachants épisodes des Annales de la maison de Bour-
gogne. »
L'auteur ne s'est pas contenté d'être écrivain gracieux,
par habitude il s'est montré savant et finit sa vie par des
éclaircissements historiques qui contiennent entre autres le
dépouillement des divers fonds de la bibliothèque royale de
Paris, qui possède des documents relatifs â Marie depuis
l'année 1467, jusqu'en HB^, date de sa mort. Ces docu-
ments nous étaient entièrement inconnus et intéresseront
plus d'un genre de lecteurs.
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177
Il est à regretter aussi que cette vie de Marie de Bour^
gogne ne soit pas à la portée de toutes les fortunes, M. Dele-
pierre devrait la refondre , la faire précéder d'un tableau
de la situation du pays à l'avènement du gouvernement de
Marie, et le finir à la mort de cette duchesse. Cette épisode
serait une des plus intéressants morceaux que Ton puisse
offrir à la curiosité des lecteurs. Le règne de Marie n'est
plus populaire, on se souvient de son nom, et de son
malheur, mais la' sombre figure de Maximilien l'offusque,
il faudrait isoler Marie et tracer son portrait seul.
Nous ne finirons pas notre revue , sans faire une observa-
tion sur le mépris que professent depuis quelques années
les écrivains français pour la vérité historique. Cent fois ils
en ont fournis des preuves, et dernièrement encore M. Vic-
tor Hugo^ dans son ouvrage intitulé Le Ehin^ a pris soin
de ne pas rester en arrière. Il y dit gravement que Marie
de Bourgogne, femme de Maximilien, mourut à Vienne ,
en Autriche, et que les antiques châteaux des bords du
Rhin virent passer son cercueil (ici la description du cer-
cueil) , lorsqu'on le transporta à Bruges. A. B. C.
Kunttliefde'a bydragen, !<> aflevering , Januarius 1842. BruggOy
hy Bogaert^Dumortier etc.
C'est le premier cahier-prospectus , d'une petite publica-
tion de la Société Flamande, établie à Bruges, le 5 Sep-
tembre 1841 , sous le titre de Kunstliefde. Ce cahier contient
le discours du vice-président à l'inauguration de la société;
nn petit article sur l'orthographe qu'elle adopte, qui est celui
de la commission ; l'esquisse d'un drame intitulé De Coninck
en Breydel. Il paraît résulter du dernier article, que la
rédaction s'occupera également de politique. Le moyen est
excellent pour tuer l'entreprise. On ^aurait dû s'abstenir de
mêler l'aigreur politique aux pacifiques études littéraires.
Quelques mots acerbes nous font mal augurer de la suite.
Nous conjurons les membres de la société d'y penser.
ÂnifALBS. — Tome IF. 12
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178
Levenschets van Karel van Mander, door P. Van Duyxe ,
Oêni, F, en E. GifseNnek, 1842.
Ckttk esqai3se de la vie d'un de nos peintres les plas
populaires est due à un de nos premiers poètes. Van Mand^ ,
naquit à Meulebeke , en 1548. Peintre et poète en même
temps, son ouvrage sur les vies des peintres est le plus
connu , et nous a conservé des détails que l'on chercherait
envain ailleurs. Comme poète , M. Van Duyze le fait mieux
apprécier qu'il ne l'était jusqu'ici. Cette esquisse est très-
intéressante, elle est le fruit de longuea recherches^ et elle
est écrite aves cette élégance et cette facilité de diction qui
caractérise H. Van Duyze.
HoHee sur le mouêolée de la famille De Gros , avec des donnéeê hMoHques
sur cette famiUe , par HL l*abbé Yan de Putte, régent àn collège à
Bruges I membre de la Société d^Émulation de la même ville, de celle
des antiquaires de la Morinie etc. Bruges, ches J. GaiUaerd, me de la
Bride, in-4<', de 52 pages, et un dessin.
La notice de M. l'ahbé Van de Potte nous fait connaî-
tre ici un monument de la ville de Bruges^ qui intéressera
vivement les curieux. Il était temps qu'on vint à l'aide au
monument, en attirant sur lui l'attention puhlique, car
malgré sa valeur artistique et malgré les souvenirs histo-
riques qui s'f rattachent , relégué comme il était dans un
réduit obscur , le temps s'occupait ' déjà à le détruâe en
détail , c'est le mausolée de ferij De Gros.
Ce monument tout en pierre de Boulogne, a environ
huit pieds de hauteur sur sept de largeur. La niche esc
divisée en deux parties par une table en pierre de Tournai 9
sur laquelle git Ferry De Gros, vêtu en chevalier^ et «a
première femme, dame Philippine Widaodlf dans la partie
inférieure git Dame Françoise d'AiUi> sa deuxîèn|e femme.
Tout le monmnent a été peint en couleur», et la plupart des
ornements dorés, ce qui, aveo le jour somhte qui l'éelairait ,
produisait le meilleur effet.
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179
M. Fabbé Van de Putte ne s'eat pas contenté de non»
présenter une description de ce mausolée, il a tracé une
monographie complète de la noble famille De Gros.
La première idée de la publication de cette notice , et du
charmant dessin du mausolée qui Faccompagne^ appartient
à M. Gaillaerd, relieur de livres et grand amateur de curio-
sités , à Bruges. Cet homme a fini par découvrir une masse
de pièces rares; c'est à lui que Fon doit Falphabet de
Marie de Bourgogne. Avec un peu plus de connaissan-
ces il nous aurait pu conserver une foule de chartes et autres
documents qu^il a détruits. Cette famille Gaillaert a depuis long-
temps la bosse des collections d'épitaphes. Corneille Gaillaert,
héraut d'armes de la Flandre, écrivit, en 1561, un ouvrage en
deux volumes in-folio, en flamand, qui contient les épitaphes
illustres qui existaient alors en Flandre. Cet ouvrage est la
propriété de M. le vicomte de Croeser de Bergues. M. J. Gail-
laert aussi s'est occupé durant des années à rassembler les
inscriptions sépulchrales , les dessins des monuments etc.
Il a la manie des collections et les vend à fur et à mesure
qu'il les àehève. S'il trouve aide et protection dans la bien-
yeillance de ses concitofens, il se propose ensuite de publier
les vitraux de l'église de Jérusalem, à Bruges , ainsi que le»
monuments et tombeaux de la famille d'Adornes. Nous dési-
rons TÎTement qu'il réussisse. La publication qui nous occupe
donnera une idée très-favorable de ses projets. L'ouvrage
estin-4**, et sort des presses de M. Annoot-Brackman , un
des premiers imprimeurs de notre pays , pour le goût et la
perfection de ses éditions ; le dessin du tombeau de Ferry
de Gros est très-joli, il est gravé d'après Foriginal qui a
servi à Férection du monument. En le confrontant à un
autre dessin qui en existe à la bibliothèque et qui a été
fait à la fin du dernier siècle, Fon voit qu'alors déjà le
tombeau avait subi des mutilations; il esta espérer qu'il sera
restauré, U parait que le gouvernement s'y intéresse, le
dessin que poMie M. Gaillaert était indispensable.
A. B. C.
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180
VVVVV\VV\n>VVVX>V>>>MV\IV\iV\VV\;H\A,VV*VVV\VV\JVV\V^VVVVVVVVVVV\V\\;\WV>l
CHEF CHÉRUSQUE, LIBÉRATEUR DE Là GERMANIE.
irOTICI A I^OCCASIOTI DE Lk STATUE QUE l'aLLEHAGHB SB PROPOSE
d'éliter a ce guerrier célèbre.
La savante stratégie et la science des fortifications déve-
loppée par le général romain Drusus , et Phabile politique
de Tibère avaient amené de tels résultats dans la Germanie
inférieure, que jusqu'au-delà du Weser, les peuples n'op-
posaient plus aucune résistance ouverte aux armées romai-
nes. Tout fléchissait, il n'existait plus d'union entre les
diverses nations du pays contre l'ennemi commun , et plu-
sieurs des chefs les plus redoutables avaient été corrompus
lorsque la force ne les avait point soumis.
Les rapports fréquents avec l'étranger commençaient
même déjà à modifier les mœurs nationales. Trois légions,
des plus vaillantes, occupaient les châteaux et les forte-
resses^ et au milieu des hautes forêts de chênes, habitait
un préfêt romain , chargé d'introduire les lois , les usages ,
les habitudes de son pays.
La si)ûème année de l'ère chrétienne , Saturninus avait
été remplacé dans le gouvernement de la Germanie par
Quintilius Varus, homme d'un caractère faible et plus
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181
propre à administrer en temps de paix , qu'à imposer sa
loi par la force des armes ; de plus , l'amour de Por et
ravarice le dominaient. Les peuplades germaniques paru-
rent lui être entièrement dévouées, dans leur inactivité,
et il tâchait, par des moyens de douceur, d'implanter
l'esclavage parmi eux. Cependant les Germains, par une
intelligence instinctive, s'aperçurent très-vîte du but où
l'on voulait arriver, et leurs cœurs, nés pour la liberté,
bondissaient de colère dans leurs poitrines à la vue des
faisceaux et des bâches qui entouraient sans cesse le géné-
ral romain , comme une marque de sa puissance illimitée ,
et du droit de vie et de mort qu^il exerçait à volonté sur
les vaincus.
Pour le Germain, le dernier dégré de l'esclavage était
la punition corporelle ; elle déshonorait sans retour , et
jamais ses chefs n'avaient été investi du pouvoir de porter
de semblables arrêts. La Divinité seule, s'exprimant par
la bouche des prêtres, disposait de la vie.
Longtemps la haine nationale se cacha sous une appa-
rente soumission , parce que personne ne s'était présenté
qui eut l'audace de soulfler sur cette étincelle, pour en
faire naître un vaste incendie. Rome même nourrissait dans
son sein le libérateur de la Germanie. C^était Herman,
que les Romains nommaient Arminius, fils du chef ché-
rusque Segimer , jeune homme plein d'énergie et de cou-
rage, dont le regard étincelant laissait apercevoir ce qui
se passait dans son âme. Ses services militaires lui avaient
mérité le titre de citoyen et de chevalier romain, et il
était revenu dans sa patrie parfaitement initié aux con-
naissances que possédaient les oppresseurs de la Germanie.
Il fut témoin de ce que ses compatriotes avaient journel-
lement à souffrir, du joug qui les écrasait, et il songea
à le briser. Ses sentimens furent compris et partagés par
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182
plusieurs chefs chérusques , ses discours les emflammèrent
de plus en plus , ils résolurent Taffranchissement de tous
les peuples voisins, et afin d'être plus sûrs de détruire les
Romains en une seule fois , ils organisèrent des révoltes
partielles et peu importantes sur les frontières , pour atti-
rer Varus de ce côté. Tel est le récit des historiens de
Rome.
Varus eut pu éviter son destin. Au milieu des Germains
eux-mêmes, il y avait un traître , le chef chérusque Seges-
tcs, ennemi de Segimer, et envieux du renom d'Herman
qui, par son intelligence supérieure autant que par son
grand courage, fixait les regards de la nation. Avant que
la conjuration n'éclatât, Segestes pria instamment le
général Romain de faire arrêter Herman au milieu d'un
banquet, où tous les chefs se trouvaient réunis; mais une
aveugle confiatice en ses forces cachait à Varus l'abîme où
il allait tomber. Le plan habilement conçu, fut exécuté
avec ensemble. Attirées dans des lieux presqii'impraticables,
remplis de bois et de marécages, les légions romaines
furent massacrées en deux jours et deux nuits, Varus,
comprenant qu'il n'y avait aucun salut à espérer , se p^rça
de son épée. Plusieurs chefs suivirent son exemple. Un
bien petit nombre parvint à s'échapper. Quarante mille
hommes avaient péri.
Ce fut un jour de terrible vengeance que devait tôt ou
tard amener la colère d'un peuple libre et blessé dans ses
plus chères affections.
Des principaux prisonniers, les uns furent offerts en
sacrifice sur les autels des dieux de la patrie, les autres
réduits à la plus dure condition, et d'après le récit des
Romains mêmes, plus d'une illustration pour qui s'ou-
vraient les portes du sénat, garda les troupeaux des
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183
Germains , on usa sa vie à veiller à la porte d'une maison
germaine.
Tel est le sommaire de ce que nous ont appris les
historiens latins 3 combien ce récit eut été différent, si
un Germain l'eut écrit!
Le vaincu cherche toujours a ap{Mtoyer sur son destin»
et veut trouver la cause de ses malheurs dans la trahison,
tandisqu'ils ne sont réellement que le résultat de eircour
stances amenées par sa propre imprudence et par sa
conduite irréfléchie. Ce qui est certain, et les Romains
mêmes Tont reconnu , c'est que toutes les nations germai-
nes doivent leur liberté à la victoire d'Arminius , et nous,
leurs neveux, nous devons au courage de ce grand
homme, les sentiments de nationalité et l'amour de la
liberté qui font encore battre nos cœurs.
Peu d'hommes ont mérité de la part d'un ennemi ^
l'éloge que Tacite a donné au libérateur de la Germanie :
« Quoiqu'il ne sortit pas toujours victorieux de tous les
combats qu'il eut à livrer , l'on peut dire qu'il demeura
invincible, et son nom est encore répété dans les chants
des Germains. >»
Tel est l'homme auquel l'Allemagne va élever un mo*
nument colossal, en appelant toutes les nations de la
même origine, à prendre part à cet honunage rendu au
génie et au courage. Sa victoire sur les RoiDain& dût
être un terrible échec pour ces oppresseurs, si l'on en
juge par le désespoir d'Auguste qui , en l'apprenant, s'arra-
cha les cheveux, se frappa le front contre les murs de
son appartement, et ne put s'empêcher durant de longues
nuits d'insomnie, de crier: Vàrus! Varus! rends-moi
mes légions!
Sur l'emplacement où eut lieu le combat^ près de
Detmold, capitale du duché de Lippe-Detmold , Ernst
184
Y
VanBaudel, de Bavière, est chargé d'élever une statue
colossale d*Herman, sur le faite d'une coupole presque
terminée qui a quatre-vingt-dix pieds de hauteur. La main
gauche est posée sur un bouclier , la droite tient un glaive,
qu'il élève vers le ciel, comme pour le remercier de la
délivrance de sa patrie. Le lûonument est bâti sur une
montagne, et l'ensemble, depuis le pied du mont jus-
qu'à l'extrémité du glaive, aura 170 pieds de hauteur.
En Allemagne des offrandes sont venues de toutes parts ,
depuis le trône jusqu'à la la cabane. Les villes anséati-
ques, les sommités de la France et d'Angleterre ont
également souscrit, et déjà des sommes considérables
ont été versées pour l'érection de ce monument national.
Cependant l'entreprise a besoin de nouveaux secours.
La Belgique, cette terre riche et fertile, que les Romains
parcoururent également le glaive à la main, et traitèrent
en ennemi , doit aussi de la reconnaissance au héros ger-
main. Nos ancêtres furent les frères d'armes de ses
soldats, notre souverain a la même origine, le flamand
et l'allemand sont deux sœurs , nos mœurs ont les rap-
ports les plus intimes avec celles de l'Allemagne, ces
considérations et bien d'autres doivent nous engager à
prendre part à cette œuvre magnifique. Les noms des
donateurs seront inscrits sur un régistre qui sera placé
auprès du monument, comme un souvenir éternel de
gratitude, et autant que possible, chacun recevra une gra-
vure représentant la statue d'Herman.
Octave Delepierre.
185
VVV\VVVVVVV\VVVVVl\VVVVVVVVVVVVVVVV\A\IV\\V\\)VV\V\MVV\WWWWWV\W
EISTOmi
GODTENT DE SilNT-SIXTI.
Il ne reste plus que peu de vestiges des anciennes forêts
qui couvraient jadis la Flandre, presque toutes ont été
défrichées et rendues à une meilleure culture. Les bois
situés entre Poperinghe , Crombeke et Westvleteren sont
des restes de ces forêts antiques que respectait la cognée
de nos pères. Cette solitude a servi, depuis plus de dix
siècles, de retraite à quelques cénobites, qui, dégoûtés du
monde , y cherchaient un repos dans le service de Dieu.
Les moines de Siihiu, plus tard St-Bertin , achetèrent
en 806, d' un certain Herlharius , une maison et dix bon-
niers, tant en terres arables, qu'en prairies et en bois,
situés à Westvleteren , dans le Pagiis Isseretius, (in loco
nuncupante Fletrinio) et y envoyèrent quelques frères
pour cultiver cette propriété (1), C'est l'origine du cou-
vent nommé plus tard St-Sixte.
(1) Car/. SiihietMê, page 68 , et Heindrycx, Oudh, der CQê$elry\ van
Feume. MS.
A1TNA1.BS — Tome IV. 15
186
Il esta présumer que cette nouvelle institutioii , dépen-
dante de St-Bertin , tomba sous la main dévastatrice des
Normands ; aucun écrivain n'en fait la moindre mention , et
les données manquent jusques vers le milieu du xit® siècle,
lorsque la prieure du oouvent de Beauval vendit, en 1355 ,
à Guillaume Van Heule , quarante-deux mesures de terre
de St-Sixte avec les bâtiments y situés et tous les meubles,
pour deux escalins parisis par an de chaque mesure. Cet
acte de vente est le premier connu, qui donne à cette
propriété le nom de St-Sixte. En 1372, Grielle, fille de
Guillaume Van Heule, vendit St-Sixte à Tabbaye des Dunes
pour 42 livres tournois. Cette abbaye avait déjà acheté
une année plus tôt cent mesures de terres sises dans la
commune de Westvleteren et elle acquit encore plusieurs
autres propriétés contigfues, en 1375 et en 1389 (1). Toute-
f(MS, il n'est dit nulle part que Tabbaye envoya des frères
pour habiter les bâtiments et pour cultiver les terres.
St-Sixte doit avoir été érigé en seigneurie, car, en
1617, Jean de Thiennes, seigneur de Walderohies, Neuf*
viUe, etc. donne à Adrien Makeblye deux flefs, dépendant
de la seigneurie de Vischwalle, dite St-Sixte (2).
Vers 1610, Gilles De Lattre, ex-domestique de M.
De Hennin, évéque dTpres, se retira, du consentement #
de Tabbé des Dunes, dans la solitude de St-Sixte, avec deux
autres personnes , qui y vécurent en ermites dans de peti-
tes cabanes. Frère De Lattre se rendit bientôt à Rome
pour demander la permission de pouvoir ériger un monas-
tère de Tordre du St-Sauveur, dit de Ste^Brigitte. La
congrégation des cardinaux y consentit à condition que
(1) Iny. dei archives dei Dunef , tit. f^^ntes,
(2) Ibid. tit. Donations,
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187
Vévêqae d'Ypres, dans le diocèse duquel le monastère
devait être érigé, y donnât son assentiment. Monseigneur
De Hennin donna en faveur du nouveau couvent les lettres
suivantes:
Antoine De Hennin , par la miséricorde divine et la grâce
du Saint-Siège apostolique , évêque d' Ypres , à tous ceu?
qui verront ou oîront les présentes lettres , salut en Celui
qui est le salut de tous.
Puisque, en vertu de la cliarge pastorale à nous imposée
parle Saint-Siège apostolique, nous sommes tenus d'écouter
les désir$ des fidèles et de confirmer et de corroborer de
notre autorité ceux qui proviennent d'un grand zèle de
dévotion et de religion monastique et qui tendent à Taug^
mentation de la gloire de Dieu et de la sainte religion:
ayant reçu la requête de notre bien-aimé en lésus-Chrîst ,
Gilles De Lattre, supérieur des frères de Termitage de
St-Sixte, près de Poperinghe, paroisse de Westvleteren ,
afin de pouvoir ériger dans cette solitude un monastère
d'hommes de l'ordre du St-Sauveur, vulgairement nommé
de Ste-Brigitte. Ayant délibéré plusieurs fois avec nos vicai-
res-généraux et ayant mûrement considéré eette affaire et
accordé enfin, le 12 du mois d'Août de cette année > des
lettres citatoires à tous ceux qui voudraient s'opposer â
eçtte érection; lettres qui étaient de la teneur suivante :
Antenne De Henfiin, par la miséricorde divine et la
grâce du Saint-Siège apostolique, évéque d* Ypres, à tous
prêtres, notaires et agents publics à nous soumis, salut
en notre Seigneur.
Gilles De Lattre, supérieur et ses frères de l'ermitage
de SfrSixte dans la paroisse de Westvleteren près de
Poperinghe au diocèse d' Ypres, nousayant présenté une
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188
requête Tan dernier et ayant depuis lors demandé à la
sainte congrégation des illustres cardinaux députés pour
lés affaires des évéques , de pouvoir ériger dans le même
ermitage un monastère de l'ordre de Ste-Brigitte et la
sainte congrégation, par ses lettres en date du 16 Janvier
1645, nous ayant prié de vouloir consentir à la demande
des suppliants , si nous n'avions pas de motifs de nous y
opposer. Ayant fait d'abord visiter cet endroit par notre
archidiâcre et l'ayant visité depuis nous-méme en personne
et l'ayant trouvé si bien disposé que la chapelle qu'on venait
d'y bâtir , pouvait être consacrée et que nous Pavons consa-
crée pour que les frères pussent provisoirement y célébrer
les offices divins et y pratiquer leufs exercices de piété,
qu'ils ont coutume de pratiquer. Nous ayant demandé
instamment, le'21 du mois passé, de pouvoir bâtir un
monastère et nous ayant montré les conditions , la règle ,
la manière de vivre , et la manière de doter les frères et les
moyens d'entretenir les bâtiments : ayant mûrement consi-
déré toutes ces choses et entendu aujourd'hui les membres
de notre conseil; comme il conste que l'affaire exposée
tend à la gloire de Dieu et à ^édification de l'église catholi-
que et qu'il nous semble qu'elle ne peut porter préjudice à
qui que ce soit, et afin que personne n'en souffre préjudice,
nous ordonnons que vous citiez ceux qui se croiraient lésés,
en affichant les présentes lettres à la porte de la dite cha-
pelle et à celles des églises de Westvleteren et de St-Bertin
à Poperinghe et que vous en envoyiez copie à sa grandeur
révêque de St-Omer , comme prévôt de Warnêton et patron
de l'église paroissiale de Westvleteren et à tous ceux qui
croiraient y avoir quelque droit, afin qu'ils comparent
devant nous, ou en notre absence, devant notre conseil épis-
copal, le 2 Septembre prochain (jour que nous déterminons
absolument), afin d'y exposer leurs réclamations, pour que
189
les parties étant entendues, nous puissions procéder en justice
d'après l'exposé de la cause. Si , au jour fixé, personne ne
comparait, ou , si les raisons alléguées n'étaient pas valides,
nous interposerons notre autorité et passerons outre en
déclarant que l'exécution qui se fera ainsi péremptoirement
soit valide, comme si elle était faite à toute et à chaque
personne individuellement.
Donné à Ypres en notre palais épiscopal, le 12 Août
161 S, sous notre seing et la signature de notre secré-
taire.
Sur le revers était écrit:
Je soussigné notaire apostolique , ai exécuté ces présen-
tes lettres citatoires , contre tous ceux qui voudraient
s'oppposer à l'érection du couvent de St-Sixte , en affichant
la copie de ces présentes lettres et en les envoyant cache-
tées à sa grandeur l'évêque de St-Omer et ai donné pareille
copie au curé de St-Bertin à Poperinghe , en présence de
M. Verobique, archidiâcred* Ypres.
Fait le 19 Août 1615.
Était signé: Charles Hougke. F. Georgius,
Je, Antoine Du Hamel, curé de St-Bertin à Poperinghe^
certifie avoir cité , par mes lettres et par affiche de la copie
des lettres citatoires de l'évêque d'Ypres, aux portes de
Péglise de Westvleteren , le très-révérend évéque de
St-Omer, patron de l'église de Westvleteren et toutes
autres personnes qui croient avoir quelque droit et qui
veulent s'opposer le 2 Septembre 1615. En foi de quoi je
signe , le 20 Août 1615 , en présence de Joachim Water-
notaire apostolique.
19)
bitte et de M . Philippe de l'Espinetle , curé de Vetri , au
diocèse d'Arràs.
Était signé: Antoine Du Hamel, curé de St-Bertin.
Après une deuxième sommation conçue dans les mêmes
termes, suit le consentement de l'érection par l'évêque
dTpres , de la teneur suivante :
Nous Antoine , évêque susnommé , voulant favoriser le
pieux et louable dessein des suppliants et leur accorder
notre faveur, consentons à la bâtisse, à l'érection et à la
dotation du monastère prénommé , et ratifions et confir-
mons de notre autorité ordinaire ce qui a été fait et reste
à faire pour ladite érection, nous réservant notre autorité,
droit de visite et de correction et tout autre droit qui nous
est propre. En foi de quoi avons fait signer ces présentes
lettres par notre secrétaire et les avons fait sceller de notre
scel. Donné à Ypres Tan de notre Seîgneui* 4 61 S, le 9
Septembre. Était signé sur le pli : Par ordre de sa grandeur,
Théodore Van Horenbergh , secrétaire , et scellé du grand
scel.
Le nouveau couvent de St-Sixte fut donc construit
sur le terrain de l'abbaye des Dunes. Une réclamation de
cette abbaye fut faite en ces termes:
Nous frère Antoine Andris , humble prieur du monas*
tère de Ste-Marie des Dunes de l'ordre de Ctteaux, au
diocèse d'Ypres et les autres frères du itiéme monastère,
du consentement du très*révérend abbé, voulant solgûer
la conservation de nos biens et propriétés, faisons savoir au
vénérable prieur et aux autres reHgietix demeurant sur notre
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191
fond et propriété de St-Sixte près de Poperinghe, que
puisqu'ils ont employé sans notre consentement une partie
de notre propriété pour y bâtir , il ne nous convient aucune-
ment qu'ils emploient plus longtemps notre dite propriété
pour y bâtir et y demeurer et qu'ils doivent chercher
ailleurs une retraite. Sans quoi nous ferons valoir notre
droit comme il convient.
Fait en notre chapitre des Dunes le 22 Novembre
1621 et scellé de notre scel.
Plus bas se trouvait : F. Ponsd , secrétaire.^
L*évéque dTpres intervint dans ces difiBcultés^ et pria
Tabbé Campmans de vouloir donner en aumône aux frères
de St-Sixte le tei*rain où était construit le nouveau monas-
tère, c'est-à-dire trois à quatre mesures de terre. Cette
demande fut accordée par les lettres suivantes :
Frère Bernard Campmans, abbé du monastère de
Ste-Marîe des Dunes et frère Josse Ducorron , prieur et
tous les autres pères et frères du même monastère à tous
ceux qui ces lettres verront ou oiront salut. Depuis peu
le révérend frère Joseph de Jésus» prieur de Ste-Marie
de la Sainte Foi, dit communément St-'Sixte, de Tordrê
de Ste*Brigitte, nous a fait e^ser que depuis enviroa
vingt ans û habite un endroit nommé St-Sixte , et que
cette place, jadis un lieu d'horreur, est devenue un
pâturage spirituel où journellement on érige de saints
tabernacles pour abriter de la chaleur du jour les religieux
qui professent avec persévérance la règle de Ste-Brigitte.
Mais , cet endroit nous ayant toujours appartenu et nous
appartenant encore , et que ce n*est que par amour et par
faveur que nos prédécesseurs et nous , avons permis à un oit
192
deux ermites de s'y occuper de Dieu et d'y construire des
cabanes à leur usage. Le Seigneur multipliant tellement
son peuple , il en est résulté qu'on y a bâti un couvent de ,
religieux, et le prieur et les autres frères étant inquiets
de leur avenir et ne sachant comment y trouver une habi-
tation tranquille , ils nous ont envoyé plus d'une requête
pour obtenir le terrain prénommé , nous suppliant humble-
ment de vouloir être nommés les fondateurs du lieu dit
Sainte-Marie de la Sainte Foi ou de Saint Sixte.
Mus par les supplications du dit prieur et prenant en
considération la rétribution des œuvres pies qu'ils nous ont
promises , et considérant les liens de société et de confra-
ternité par lesquels ils veulent se joindre à nous, comme
sont le sacrifice de la messe , et des prières dévotes , tant
pour nos défunts que pour les leurs. Nous leur donnons
à perpétuité le dit terrain , contenant trois à quatre me-
sures de terre, sur lequel ils ont bâti un couvent, à
condition que ces pères, se ressouvenant annuellement de
ce bienfait , nous reconnaissent pour les seigneurs immédiats
de cette place , en nous offrant tous les ans , au jour de
la fête de saint Bernard , pour salaire ou reconnaissance,
dans notre église^ un cierge de cire blanche , pesant une
demi-livre, comme offrande emphytéotique. En outre,
nous reconnaissons et approuvons le dit ordre , et promet-
tons nos prières mutuelles, espérant que, raffermis dans
cet amour , nous posséderons un jour dans la céleste patrie .
l'amour incréé.
Donné aux Dunes, sous notre seing, sous ceux de notre
prieur et de toute la communauté , avec Fappension de notre
scel et de celui de l'abbaye , le jour de l'octave de l'Assomp-
tion de Marie, l'an de grâce 1630.
Était signé : Bernard Gampmans , abbé.
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195
Les Brigittins de Saint-Sixte, ainsi constitués, eurent
à supporter une rude épreuve; ils furent accusés d'être
gens sans aveu , sans discipline , en un mot comme étant
de vrais hypocrites , et cités comme tels au conseil souve-
rain à Tournai. Ils y gagnèrent cependant leur procès le
5 Août 1676. Ce procès parut Tannée suivante à. Douai,
chez Marie Serrurier, in-4°, portant pour titre: L'établis-
sement solide des monastères simples de l'ordre du Sauveur,
vulgairement dit de Sainte Brigitte, déclaré par les papes,
recognu par les docteurs et confirmé par arrest rendu en
jugement contradictoire par nos seigneurs les président et
gens tenans le conseil souverain étably à Toumay, l'advocat
De la Figne plaidant pour les pères.
Les pères exerçaient les fonctions du saint ministère
dans les paroisses voisines, y préchant et entendant les
confessions.
La petite église bâtie au commencement du xtii*' siècle ,
fut rebâtie en 1706, elle était voûtée. Les fenêtres de
cette église étaient à vitraux peints, représentant les
armoiries des donateurs ; la tour renfermait trois petites
cloches.
La porte d'entrée du monastère, qui existe encore, fîit
construite èn 1730.
L'édit de Joseph II contre les ordres religieux, qui
mènaient seulement une vie contemplative, fut appliqué
au couvent de St-Sixte. Le 12 Avril 1783, Monseigneur
de Wavrans, évêque d'Ypres, envoya dire aux pères Bri-
gittins qu'ils allaient être supprimés le lendemain. En effet,
M. De Koninck, échevii) de la châtellenie d'Ypres, arriva
* ce jour accompagné de deux secrétaires et de deux com-
missaires venus de Bruxelles. Ces deux derniers, ayant
lu l'édit de suppression, allèrent diner à l'abbaye d'Ever-
sam, laissant pour économe de St-Sixte M. De Koninck.
194
Ils ayaient eu soin d'emmener de Poperinghe un serrurier ,
qui changea toutes les serrures. La porte de l'élise fut
scellée et les religieux ne purent dire la messe qu'à portes
closes. L'on permit cependant plus tard aux habitants du
voisinage de venir assister à la messe les dimanches et
fêtes. Les commissaires avaient ordonné à la communauté
d'évacuer la maison avant le 15 Mai. Les pères furent
nourris durant tout ce temps par leur nouvel économe,
M. De Koninck, qui à tous les repas donnait à chaque père
une pinte de vin. Chacun reçut aussi un nouvel habit
avant de quitter la maison et S. M. Pempereur accorda à
chaque père une pension annuelle de 70 livres de gros et
à chaque frère lai 35 livres. Deux novices furent renvoyés
et reçus plus tard à Tabbaye de St-Jean à Ypres.
Le 6 Mai , Ton vendit en vente publique les bestiaux, et
les terres furent louées. Beaucoup de monde se rendit à
cette vente, mais personne ne put entrer dans les bâti-
ments.
Le 1 S du même mois tous les religieux avaient quitté
la maison, excepté le prieur et le sousprieur qui reçurent
ordre de M. De Kom'nck de rester encore pendant quelques
jours. Le prieur partit pour Rousbrugge le 22. Le sous-
prieur resta seul à la demande des curés de Crombeke,
de Westvleteren et de St-Jean à Poperinghe, qui avaient
adressé une pétition au gouvernement, afin qu'un prêtre
pût résider à St-Sixte pour l'instruction des gens du
voisinage. Le gouvernement ayant rejeté cette demande,
le sousprieur partit aussi et un certain Pierre Duquene,
natif de Haringhe, resta seul pour garder les bâti-
ments.
Le 16, 17 et 18 Juin eut lieu la vente des meubles;
les bâtiments furent aussi vendus â M. Iweins d'Ypres ,
qui les fit démolir pour en vendre les matériaux.
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195
Lors de la suppression , la communauté de St-Sixte était
composée des personnes suivantes:
P. George Cousyn, prieur, né à Rousbrugge le 13 Juin
1734.
P. Aimé Pillaert , sous-prieur, né à Elverdinghe.
P. Aurèle Druy, né à Hazebrouck.
P. Benoit Schoonheere, né à Dunkerque.
P. Amand De Beer, né à Beveren.
P. Bénigne Crosel, né à Poperînghe.
P. Guillaume Leurs, né à Arnike.
P. Jean De Man, né à Watou.
Frère Sixte Le Beer, né à St-Omer.
F. Jacques Montaigne, né à Nieucapelle, mort en 1788.
F. Victor Timmerman, né à Dickebusch.
Les bois de St-Sixte furent habités, il y a quelques
années, par un ermite, nommé Jean-Baptiste Victoor,
natif de Poperinghe, homme issu de parents honnêtes,
qui y cultiva un terrain défriché. Déjà avancé en âge, il
céda sa propriété aux Trappistes, qui y bâtirent un mo-
nastère et une église à l'endroit même où Vîctoor avait
construit sa cabane de chaume. Le nouveau couvent de
St-Sixte est éloigné de quelques minutes de l'endroit où
fut bâti l'ancien ; les pères défrichent les bois et rendent
fertile une des terres les plus stériles du pays.
Pour compléter cette notice, qui, nous l'espérons,
servira à l'histoire ecclésiastique de notre province, nous
ajoutons ici le Nécrologe de tous les pères qui ont habité
St-Sixte durant environ deux siècles.
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NECROLOGIUM
OXNIUX RELIGIOSORUM GONYENTUS SÀNGTI SIXTI.
Frater Egidius De Latre^ clericus, primus sacerdos hujus
ordinis, obiit 21 Septembris 1625.
Pater Lueas de Assumptione, obiit 6 Octobris 1626.
Frater Gabriel à sancto Spiritu , laieus , obiit 21 Novembris
1626.
Frater Antonius à Cruce, laicus, obiit 18 Aùgusti 1627.
Pater Egidius à Deserto , obiit 29 Augusti 1627.
Frater Maximilianus à sancto Sixto, clericus, obiit 1 Au-
gusti 1636.
Frater Stephanus à sancto Roberto, dericus, obiit 8 Martii
1637.
Pater Reginaldus à gratiâ Dei, obiit 11 Decembris 1638.
Pater Gaudentius Scioutnet, obiit 2 Aprilis 1640.
Pater Josephus à Jesu, piissimus religiosus, qui sanctè
vixit, obiit 10 Aprilis 1640.
Frater Bernardus à sancto Ignatio , laicus , obiit 9 Octo-
bris 1641.
Pater Nicolaus à sancto Gregorio , obiit 20 Decembris
1642.
Pater Paulus à sancto Leone, obiit 17 Aprilis 1646.
Pater Michael à sancta Iberga, obiit 9 Augusti 1646.
Pater Anselmus à sancto Jacobo, obiit 14 Augusti 1646.
Pater Franciscus à sancto Onuphrio , obiit 30 Augusti
1648.
Pater Nicolaus à sancto Antonio^ obiit 13 Novembris
16*9.
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Pater Ferdinandus à sancto Georgio , obiit 26 Septembris
i652.
Pater Joannes à domo Dei, obiit 4 Junii
Frater Matthias à Deodato, laicus, obiit 13 Novembris
1657.
Frater Gabriel ab incarnatione, laicus , obiit 23 Feb. 1660.
Frater Adalbertus à sanctâ Brigittâ, laicus, obiit 19 Octo-
bris 1661.
Frater Augustinus à sanctâ Monicâ, obiit 23 Decembris
1661.
Pater Dominicus à sancto Donato, obiit 24 Septembris
1663.
Pater Jacobus à Charitate, obiit 15 Januarii 1666.
Frater Bruno à sancto Francisco, laicus, obiit 19 Febr.
1667.
Pater Sebastianus Becue, obiit 9 Augusti 1667.
Pater Joachim à sancto Nicolao, obiit 19 Septembris
1669.
Pater Gregorius à sancto Adriano, obiit 19 Maii 1672.
Pater Gasimirus De Attendael, obik 22 Julii 1672.
Pater Dionisius Van Reninghe, obiit 29 Decembris 1679.
Pater Raymundus Remond, obiit 22 Junii 1680.
Pater Michael Hurtevent, obiit 15 Augusti 1681.
Pater Adrianus Baert,» obiit 28 Augusti 1681.
Pater Alexis Diedeman, obiit 2 Decembris 1687.
Pater Anselmus Van Zuutpeene, nobilis, obiit 15 Septem-
bris 1688.
Pater Philippus à Dorotbea, alias Joannes Bailli, Sambri-
pontanus, obiit 23 Martii 1691, aetatis 76, sacerdotii 57,
prpfessionis 58.
Frater Cyprianus Olive, laicus, obiit 3 Novembris 1696.
Pater Fortunatus De Vos, obiit 28 Octobris 1697.
Pater Stephanus Petit, obiit 22 Junii 1703.
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Pater Modestus Hasseler, obiit 30 Julii 1704.
Frater Andréas Hublé, laicus, obiit 46 Octobris 1707.
Pater Augustinus Folcque, obiit 3 Augusti 1709.
Pater Ferdinandus Tammacker^ ex Aheringheni , obiit
20 Julii 1713.
Pat^ Petrus Bouckelisen, obiit 11 Decembris 1717.
Pater Franciseus Peel, obiit 19 Decembris 1720, œtatis
53, relig. 32, sacerdotii 29.
Pater Joanaes Tandt^ Venloensis, obiit 26 Maii 1722,
œtatis S9, relig. 28, sacerdotii 25.
Pater Hieronymus Gobert, Iprensis, obiit 10 Decembris
1722, œtatis 48, relig. 23, sacerdotii 19.
Pater Carolus Roulé, Poperinganus , obiit 18 Octobris
1724, œtatis 4S, relig. 34, sacerdotii 30.
Pater Adrianus Laureins , Hazebroucanus , obiit 27 Aprilis
1725, œtatis 55, relig. 36, sacerdotii 30.
Pater Theophylus Loys, Poperinganus, obiit 8 Julii 1726.
Pater Philippus De Latre , ex Rousbrugge , obiit 22 No-
vembris 1727.
Pater Gulielmus Christiaen, obiit 28 Novembris 1729.
Pater Ludoyieus De Marchalck, ex Alveringhem, obiit
4 Decembris 1729, œtatis 26, relig. 4.
Frater Emanuel De Seok, Dunkercanus, laicus, obiit 29
Martii 1732, œtatis 57 , relig. 34.
Pater Ulpho Van de Wynckel, Poperinganus, obiit 12
Aprilis 1733.
Frater Ladovicus Boudon, Iprensis, diaconns, obiit 22
Febniarii 1736,
Pater Dominicus Le Febure, Iprensis, obiit 13 Septem-
bris 1736.
Frater Jaoobus Meesseman, Poperinganus, laicus, obiit
22 Junii 1738.
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Pater Ferdinandus Schelfaut, Hazebrouckanus , obiit 10
Junîi 1741.
Pater Bernardus Buis, Dunkercanus , obiit 1 Novembris
1742, œUtis 36.
Pater Bernardus Du Tailly, Poperingauus , obiit 2 Octo-
bris 1743, setatis 70, relig. 50, sacerdotii 46.
Pater Idesbaldus Le Roy, Popering^nus , obiit IS Martii
1745.
Frater Franciscus Van Medelem, laicus, Poperinganus,
obiit 2 Aprilis 1747.
Pater Ludovicus Berten, ex Waesten, oWit Ootobris 1748.
Pater Philippus Sioen, obiit 2 Augusti 1749.
Pater Guilielmus Van Acker, Hazebrouckanus, obiit 28
Decembris 1749, setatis 58, sacerdotii 14.
Pater Emmanuel Verbeke , ex West-Vleteren , obiit 3 Maii
1751.
Pater Mattheus Kestelyn, Furnensis, obiit 9 Novembris
1756.
Pater Henricus Hano, Dunkercanus, obiit 15 Decembris
1756.
Pater Joannes Verlynde, Hazebrouckanus, obiit 5 Junii
1761.
Pater Augustinus Van Egroo, ex Oost-Vleteren , obiit 8
Julii 1765, œtatis 58, religionis 36, sacerdotii 33.
Frater Guilielmus Le Merre, laicus, ex Rousbrugge, obiit
10 Septembris 1766.
Frater Franciscus George, ex Bevercn, laicus, obiit 5 Ja-
nuarii 1767, aetatis 50, reUg. 20.
Frater Victor George , Poperinganus , laicus , obiit 6 Ja-
nuarii 1768, aetatis 60, religionis 30.
Pater Carolus Van Baelen, Hazebrouckanus, obiit 16 De-
cembris 1768, setatis 59, religionis 39, sacerdoti 36.
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Frater Félix Landtzweerdt , ex Reninghelst , laicus , obiit
42 Decembris 1775, setatis 75, religionis 46.
Pater Augustinus Vermeulen, obiit 28 Mai 1774.
Pater Josephus Vander Brugghen, obiit 2 Augusti 1775.
Pater Dionisius De Langhe, submersus, 16 Augusti 1777.
Pater Bertinus Caloone, Winnoci-Bergensi, obiit 18 Oc-
tobris 1781, xtatis 50, religionis 30, sacerdotii 26.
Pater Ludoyieus Syoen, Hazebrouckanus , obiit 18 Octo-
bris 1781 , aetatis 50, religionis 30, sacerdotii 27.
Pater Bemardus Schoutheer, Dunkercanus, obiit 8 Sep-
tembris 1781, œtatis 62, religionis 40, sacerdotii 37.
Frater Jacobus Montaigne, dictus Rulle, submersus in
mœnibus Iprensibus, 31 Julii 1788.
ÉPITAPHE DE J.-B. VICTOOR.
HIC
SOLVS
ANNIS TBR 8BNIS
FUIT m DESERTO
RE ET ROMimS
JOAIfRES B. VICTOOR
QUI SOLlTUDimS SVM
ILLAM 0. BERNARDI SOBOLBM
HjEREDSH FACIENS
ANIfO
JKTATIS SVM LXXYI
8 HAII
£T GHUISTI NATI H D CCG XXXII
OBOORMIVIT.
R. I. P.
L'abbé F. Van de Potte.
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L'ARGHITIGTE L0VI8 YAN BOGHII.
Il n'est que trop vrai que beaucoup d'illustrations belges
sont encore inconnues. Nous ignorons la plupart des noms
des personnes qui ont érigé nos monuments publics , tant
admirés des étrangers, et tandis qu'on érige des statues
aux guerriers , qui ont su faire tuer adroitement beaucoup
d'hommes, le génie de l'artisan reste dans l'oubli.
Nous avons été les premiers a faire connaître Louis Van
Boghem, l'un des architectes du monument de Brou (1)
dont le nom appartient indubitablement à la Belgique;
nous nous plaisons aujourd'hui à donner de nouveaux
renseignements sur cet architecte illustre. M. A. Wauters,
archiviste de la ville de Bruxelles , parle de ce personnage
dans une Notice sur la maison du roi à Bruxelles, insérée
dans la 1® livraison du Messager des sciences historiques,
année 1842. Il dit, qu'après la mort d'Antoine Kelder-
mans , maître ouvrier des maçonneries de monseigneur le
(1) Annakê de la Société d'Émulation, T. ii, P. 166 et T. m, P. 432.
AiriTALEs. — Tome IV* 14
202
roi, qui avait fait le plan du Broodhuys, Louis Van Beiv-
gfaem ou Bodeghem fut nommé, en 1S16, pour conti-
nuer l'ouvrage.
L'on voit que M. Wauters n'écrit pas le nom de Van
Boghem comme nous l'avons écrit: il l'a orthographié
d'après les comptes de la bâtise de la maison du roi, qui
se trouvent aux archives du royaume, tandis que nous
l'avons écrit d'après la signature autographe de Van Bo-
ghem , laquelle se trouve au bas de deux lettres que nous
a communiquées M. Le Glay, et qui se trouvent aux ar-
chives de la chambre des comptes à Lille.
Pour faire connaître la part que prit Van Boghem à la
construction de la maison du roi, nous ne pouvons faire
mieux que de donner l'extrait du Messager. «Avant de
î) commencer la bâtise, celui-ci (Van Boghem), fit le
» plan de la disposition intérieure , de concert avec Jean
« Crickengys , maître de la chambre des comptes , Domi-
3> nique de Wagemaker, Henri van Pede, et Rombaud
3> Van Mansdale dit Keldermans , maîtres des travaux des
î> villes d'Anvers, de Bruxelles et de Malines. Tous ces
» artistes qui méritent de sortir de l'oubli dans lequel on
« les a si longtemps laissé, ne recevaient qu'un traitement
3> fixe très-mince, et le premier d'entr'eux. Van Bode-
3> ghem, n'avait pas plus de cinq livres par an. Le pre-
« mier article de leur ordonnance porte qu'on devait asseoir
les murs du portail de manière à pouvoir dans la suite
» surmonter celui-ci d'une tour ; le portail devait avoir un
}> palier ou brétèque et 6 escaliers, le rez-de-chaussée
» offrir vers la Place quatre boutiques et du côté de la
« Boucherie six.
)» Louis Van Bodeghem fut, pendant les années sui-
î» vantes , presque toujours employé aux travaux que faisait
exécuter en Savoie la gouvernante Marguerite Autri-
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203
» che (1). On sait <[ue cette princesse, dont le nom
rappelle aux Belges une brillante période artistique et
» littéraire, fit élever, pour honorer la mémoire de son
» mari, Philibert de Savoie, la magnifique église de Notre-
» Dame de Brou et convia des artistes de tous les pays
^» à orner des produits de leur talent ce mausolée conjugal
» Le long séjour de Bodeghem dans cette contrée permet
» de supposer, jusqu'à preuve du contraire, que cet
« enfant de notre sol a construit cet édifice , un des plus
» beaux qu'ait vu élever Fépoque de la renaissance. »
Nous avons prouvé par les lettres de Van Boghem
que la supposition de M. Wauters est un fait constaté,
et nous osons avancer sans témérité que l'architecte em-
ployé à la construction du monument funèbre érigé à la
mémoire de Philibert de Savoie , est une des plus grandes
gloires artistiques du siècle de la renaissance. En recueil-
lant d'autres particularités sur cet architecte célèbre, nous
réunirons les éléments d'une biographie d'un de nos plus
illustres artistes Belges.
(1) Meesfer LodBwych f^an Bodeghem j don meesten deel van denjare,
hesunder in den somer^ buHen alanta in Savoy en weacnde^ in den dienat
0naer genedige vroutoevan Savoy en, (Comptes de I^bâtisepour Tan 1517).
L'abbé F. Van De Pvtte.
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V\V\VVV\\A(VVVVV\VVVVVVVVVV\IVV\VVVVVVVVVVVVWWV\WV\WV\.WV\WWW
BIO€lRAPHI£ D£ CHARLES DE YISGH.
Charles De Visch naquit à Buiscamp, près de Furnes,
de parents nobles , dont les ancêtres figurent souvent dans
rhistoire de la Flandre sous le nom de seigneurs de la
Chapelle ou Capelle. Son père, George De Visch, s'était
marié à Marie Van Hecke, dont il avait eu trois enfants.
Charles seul resta en vie et les deux autres moururent en
bas âge. Il acheva ses humanités à Furnes et alla étudier
la philosophie à l'université de Douai. Dégoûté du monde,
il se retira, en 1618, à Tabbaye des Dunes, mais son
abbé le rénvoya à Douai pour y achever ses études théo-
logiques en 1621. Après avoir obtenu le grade de bache-
lier en théologie, Charles retourna à son monastère, en
1625, où il resta jusqu'en 1629, lorsqu'il fut envoyé à
l'abbaye d'Eberbach, au diocèse de Mayence, pour y
enseigner la théologie. Il se mit à l'ouvrage et débuta dans
la carrière professorale par l'explication du traité des vœux
monastiques qu'il avait composé et qu'il dicta à ses élèves.
Il était parvenu à l'explication du traité de la Pénitence ,
205
lorsque les Suédois s'emparèrent d'Eberbach, et disper-
sèrent les moines de son abbaye.
Pendant .son séjour à Eberbach , le jeune professeur
avait encore écrit l'histoire de cette abbaye, qui fut imprimée
plus tard, en 1640, à Cologne, par Gaspar Jongeling ,
dans son ouvrage intitulé : Notitia abbatiarum ordinis Cis-
terciensis per orbem universum.
Retourné dans sa patrie , De Visch fut envoyé par son
abbé à Dixmude , pour la direction spirituelle de Tabbaye
de 's Hemelsdael. Ce fut là qu'il eut tout le loisir de
s'adonner aux lettres ; il y écrivit les histoires des abbayes
de Groeninghe à Courtrai et de 's Hemelsdael, la série
des abbés de Ter-Doest et la fondation du prieuré de
Waerschoot, insérées dans la Bibliotheca scriptorum ordi-
nis Cisterciensis,
Chrysostôme Henriquez avait écrit en espagnol les vies
des premiers abbés des Dunes, Liger et Foulques 5 De
Visch y voyant beaucoup d'incorrections , les corrigea et
les traduisit en flamand, à l'usage des religieuses de
's Hemelsdael.
Après avoir dirigé 's Hemelsdael pendant douze ans ,
De Visch retourna à Bruges en 1645 , et fut nommé prieur
le 30 Mars 1649. Malgré les occupations multipliées de
sa place, il trouva assez de temps pour écrire plusieurs
ouvrages estimés dont voici les titres :
Bibliotheca scriptorum S. ordinis Cisterciensis, in-4°. La
première édition de cet ouvrage est sortie des presses de
Jean Serrurier, à Douai, en 1649. L'auteur fit paraître
une seconde édition, beaucoup augmentée, en 16S6, à
Cologne, chez Jean Busœus. Il était sur le point de pu-
bliér une troisième édition, lorsque la mort lé prévint:
cette édition devait être augmentée considérablement à
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en juger d'a{Nrès le manuscrit, conservé à la bibliothèque
du séminaire de Bruges, qui porte pour tjtre: JwsUir
rium ad bibliothecam scriptorum sacri ordinis Cisterciensis
anno 1656^ publkatam per R. D. Carolum De Fisch,
priorem Dunensem. Ce MS. est composé de 166 pages,
in-4** , d'une écriture compacte.
Jlani magni de Insults, doctoris universcUis, opéra
morcUia parenetica et polemica, tineis et blottis erepta et
notis illmtrata, in-folio , Anvers , chez Lestein , 1653.
Il publia cinq années plus tard, c'est-à-dire en 16S8,
un abrégé de l'ouvrage: De sex alis cherubim du même
Alain de LiUe , sous le titre de Cherubim mystims, potenti
alarum suarum virtute sequaces suos ad cœlum sublevans.
Bruxelles , chez Philippe Vleugaert , en latin , en français
et en flamand.
Deux autres ouvrages d'Alain de LiUe étaient destinés
à voir le jour par les soins de Charles De Visch , l'un
portant pour titre: Oculm sacrœ scripturœ, sive liber de
varié significatione nominum et verborum sacrœ scripturœ,
et l'autre: De maocimis theologiœ seu doctrinale altum.
Nous ignorons ce que sont devenus ces manuscrits.
Compendium chronologium exordii et progressas abba-
tiœ clarissimœ B, Mariœ de Dunis. Bruxelles, chez Phi-
lippe, 1660, de 12S pages, in-13\ A la suite de cet
ouvrage l'éditeur a ajouté l'ouvrage du même auteur, Fita
R. P. Jdriani Cancellier, monasterii Du$misis abbatis,
40 pages, in-12°.
Fitœ^ BB, Eberardi de Commeda et Richardi de
Frisià, monadiorum ordinis Cisterciensis ^ sanctitate
Ulmtrium. Bruges, *16K5.
Tractattis historiens primœ originis festivitatis sacnitis-
simi corporis et sanguinis Christi^ ex verâ revelatione
divinitus facta 5. Firgini Julianœ CorneUensi, Bruges,
207
chez Nicolas Breygbel, in-8*, 1663. Jean Chapeaville
avait déjà publié cet opuscule dans ses Jnmkjs Leodienses.
De Visch nous a laissé en outre plusieurs ouvrages
manuscrits, dont six volumes sont conservés à la bibliothè-
que du séminaire de Bruges. Trois de ces volumes in-4'*
portent le titre de Faria curiosa, et contiennent des
copies d'ouvrages manuscrits et notamment des compila-
tions de Brandon et de Gilles de Roya, d'après les MSS.
de St-Pierre à Gand, et de St-Bertin.
Un volume in-folîo contient ses sermons flamands ,
l'histoire de l'abbaye de 's Hemekdael et quelques notes sur
la famille De Yiscb.
Un autre volume in-4", de 355 feuilïets, porte pour
titre: Notitiœ genealogicœ diversarum nobilium et anti-
qmrum familiarum belgicarum prœsertim Flandriœ. Ce
vohime est enrichi de quantité d'armoiries peintes en
couleurs. L'auteur dit qu'il n'était pas d'intention de pur
blier cet CHivrage.
Le style latin de De Visch est quelquefois dur , incor-
rect et toujours plat. Ses ouvrages, qui ont demandé
des recherches infinies, respirent partout une grande
érudition. Il était lié d'amitié avec la plupart des savants
de son siècle et il entretenait un commerce de lettres
avec les Sanderus, les Philippe Labbe, les Bollandus,
les Tissier, les Galopin, les Doresmieulx et d'autres
savants tjui ont illustré le xvu* siècle.
Déjà avancé en âge et surchargé par ses travaux
littéraires, Charles De Visch se démit de sa place de
prieur le 9 Avril 1661, et s'adonna tout entier à per-
fectionner ce qu'il avait publié , et c^ qu'il devait encore
faire paraître. La mort le surprit au milieu de ses tra-
vaux, le H Avril 1666. Il fut enterré dans le caveau
des abbés des Dunes et on plaça sur sa sépulture une
208
petite pierre en marbre blanc de 28 centimètres en carré,
portant cette inscription :
088k
1. D. CAROLI
DE VI8CH
HIST0EI06RAPHI BT
PRIOEIS DU1TEN8IS.
OBUT 11 APEILIS 1666.
Cette pierre existe encore aujourd'hui et se trouve en
parfait état de conservation.
Le portrait de De Visch a été publié dans le premier
volume de la Biblwtlieca belgica de Foppens , avec la no-
menclature de quelques-uns de ses ouvrages.
De Visch se servait de deux devises , qu'on rencontre
plusieurs fois dans ses manuscrits , lune faisant allusion à
son nom 5 était: Quo minimè reris gurgite, pisds erit.
L'autre qui se trouve à la fin de plusieurs de ses écrits
porte: Non est mortale qmd opto.
L'abbé F. Van de Putte.
209
^^\^\^\^^^\^\^^M^\^\^v»^^\^\^vvvv\^vvv\^^vvvv\^v\v^vvvv^^v\vv^iv\^
ANALËCTES BRV6E0ISES.
POIDS PUBLICS DE LA VILLE.
Sanderus, dans sa Flandria illustrata, lib. I Rerum
Brugensium, cap. iv , dit que le comte de Flandre accorda
entr'autres faveurs , à la ville de Bruges , un poids public ,
publicum libri pondium^ en 1282; mais ce ne fut qu'un
renouvellement de privilège , peu après Fincendie à jamais
déplorable qui, le 18 Août 1280, avait consumé, avec la
tour de la Halle , toutes les archives de la ville , et notam-
ment les chartes de ses nombreux privilèges. Le traducteur
hollandais de Sanderus, édition de Leyde, 173S, tome I,
p. 172, exprime le publicum libri pondium, par een stads
Il est constant que de temps immémorial la ville était
en possession de bureaux de pesage public. Gomme on le
voit dans une charte du comte Guy de Dampierre , trans-
crite à la page 12 du Rooden Boeh, il y avait deux de ces
bureaux: Vun près dm pont sainct Jehan et l'autre au
markié. En outre, pour satisfaire aux besoins du com-
waag.
AififALBs. — Tome IV.
15
210
merce , la rtlie devait eneore avoir , suivant la dite charte ,
quatre entreposeurs jurés ki yront autour es environz pour
peser en tous les lieux de Bruges ou mestier sera.
Au siècle suivant , le nombre des bureaux fixes de pesage
s'élevait à quatre. Celui du pônt St-JeaA fignre toujours en
première ligne. Ce pont, situé vis-à-vis de Pentrée principale
actuelle de l'académie de peinture , sculpture et architec-
ture^ n'existe plus. Cette partie du canal a été voûtée, et
est devenue une assez jolie place publique.
Pour l'ordinaire , le produit de ces bureaux de pesage
s affermait annuellement , ainsi que les autres droits per-
çus par la viUe. Dans le compte de 1284, le plus ancien
de ceux que nous possédions encore , il est porté au folio
5 verso : De assisia ponderis, 500 libri, — Dans le compte
de 1285, fol. 5 recto: Jb assisia ponderis 1250 libri. —
Dans celui de 1299, fol. 7 verso: De assisia ponderis 2250
Lib. Les autres comptes du xiii* siècle , qui sont tous en
latin, contiennent des mentions semblables. Ceux du
xiy^ siècle sont en flamand , et ce qu'on nommait assisia
ponderis, y est désigné comme assise van den pondre. Au
fol. 4 recto du compte de Ontfangen van der
assise van den pondre 1365 L. M.; 27 recto, de celui
tle 1351 à 1352: Ontfangen van den pondère 5982 L.;
fol. 14 recto de celui de 1417 à 1418, on voit que la
ville avait encore quatre bureaux de pesage, et qu'elle
faisait percevoir les droits : Door vier weghers ende haren
inleghers ten vier weghusen; qu'en outre elle avait vyf
tolnaers, et après déduction de leurs salaires , il revenait
à la ville 6353 L.
S'il est ici question de cinq tolnaers payés par la
ville, cela vient de ce qu'elle avait jadis, outre le toi
de Bruges, ceux de Damme et de Winendale, lesquels
toutefois produisaient peu de chose. Dans le compte
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211
de 1302, fol. 30, le bureau de Damiae produit,
outre les frais, 491 L.j celui de Winendale, d'après le
compte de 1489, fol. 138 verso , m rapporte que 135 L.
Au folio ISS, on lit les deux meatious surrantes , au sujet
des poids de St-Jean: Item betaetd PhMij^e Fan der
Rêde, oomierge ier gw^m thùotne by St-Jam^Brugge ,
ter cau&e voor zinen pensioenen mdt wedde 9l$ çoncMerge
voorseyd van 3^jaren , . , ie vier livres, 11 5. € Den. Gr.
^'jaers etc.
item betadd Gheillaerd den kersghidiier , ter muse van
zdcere menic/Ue steenen roetene keersen, by hem ghelevert
ter voors. groate thoolne by St-Jans-Brugge , te» dwerscke
^tonden, « diversehe pryzm, 7 Z. 2 5. 6 Deu. Gr.
Au cartulaire intitulé Booden bouck, P. 266^ l'on voit
qu'en 1481 la ville avait , pour la facilité du pesage, outre
les balances ordinaires et les poids tous en cuivre, une
espèce de balance à bascule, appelée la grande pille ^
pour peser jusqu'à six mille livres à la fois.
En suivant ainsi Thistoire du commerce de Bruges-, on
voit qu'il y eut constamment plusieurs poids publics,
mais que le grand Tolhuys de St-Jean fut toujours le
principal lieu de pesage. Il serait nécessaire d'examiner
presque tous les comptes , pour savoir au juste à quelle
époque la viUe a cessé d'en avoir la propriété entière,
encore pourrait-on ne pas réussir dans cette recherche , à
cause des fréquentes lacunes qui se rencontrent dans les
comptes. Il est certain néanmoins que dans les derniers
temps du gouvernement autrichien, le bâtiment du Tol-
huys ou des poids publics de St-Jean , quoiqu ayant primi-
tivement appartenu à la ville, était dévolu au gouvernement,
et comme tel , occupé par le receveur de la douane , qui
y avait sa demeure et ses bureaux , sans que pour cela^
la partie inférieure de la maison ait jamais cessé d'être
212
employée comme bureau de pesage pour les besoins du
commerce.
Durant la domination française , si attentive à tirer des
choses tout le parti possible , la ?ille a continué d'en jouir
très-paisiblement.
Au mois de Mai 1837, cette maison des douanes fut
vendue, comme bien domanial, avec reserve du bas,
occupé par la balance publique , que les domaines
reconnaissent par l'afBche appartenir à la ville* Il est à
espérer que le nouvel acquéreur n'aura pas le mauvais
goût d'abattre l'escalier si gracieux et si riche d'architec-
ture, qui forme l'entrée. C'est un des plus jolis vestiges
de ces constructions nobles et élégantes auxquelles on
reconnaissait la Venise du nord.
LE BANQUET DES SAVANTS.
Le mois d'Août 1521 , vit réuni à Bruges une société de
célébrités , telle que peu de i^illes en possédèrent de sem-
blables. Ghristiern II, roi de Danemarck était arrivé
dans les Pays-Bas au commencement de l'été. Il était
suivi d'un nombreux cortège de nobles et de gentilshom-
mes. Le paiement de la dot de sa femme Isabelle, sœur
de l'empereur, et plusieurs affaires politiques étaient les
motifs qui l'amenaient à la cour de Charles-Quint. Celui-
ci se trouvant alors à Bruges, Christiern vint l'y rejoin-
dre, quelques jours après que le Cardinal de Wolsey avait
fait son entrée dans la vieille cité flamande avec on train
royal. Plus de SOO cavaliers l'accompagnaient, tous vêtus
de tuniques de pourpre et de robes de soie, de magni-
fiques chaînes d'or brillaient sur leurs larges poitrines , et
un nombreux domestique servait à genoux l'aristocratique
prélat.
Il passa trois jours de suite en consultation secrète avec
Tempereur, afin de conclure, de la part de Henri VIII,,
une ligue contre la France.
214
Erasme, qui se trouvait partout où il s agissait de
grandes choses, e'tait aussi venu à Bruges, dans Pespoir
de trouver a causer avec Thomas Morus et lord Montjoie.
Comme il faisait très gracieusement sa cour à Charles-
Quint , il dînait souvent à sa table , avec les ministres et
les seigneurs de la cour. Fréquemment Christiern à son
tour invitait toutes ces illustrations ; entr'Erasme et lui la
conversation roulait d'ordinaire sur les maux qui affli-
geaient l'e'glise et sur les remèdes les plus propres à en
opérer la gue'rison. Le roi, qui plus tard fut chassé de
son royaume pour ses actes de cruauté' , qui languit pen-
dant 12 années dans un lugubre donjon dont la porte
était murée, n'ayant pour toute compagnie qu'un nain
hideux , et ne recevant le pain de la douleur qu'à travers
les barreaux d'une lucarne , ce roi , disons-nous , était d'avis
que les voies de la douceur et de la conciliation ne pou-
vaient conduire à rien.
Nous avons extrait ce qui précède de l'histoire des
relations commerciales et diplomatiques des Pays-Bas avec
le nord de l'Europe, par AUemeyer, et de l'histoire
d'Angleterre par Lingard, comme souvenir mémorable
dans les fastes de Bruges. Quel parti ne pourrait-on pas
tiier de cette réunion de souverains et d'hommes de
génie, pour la description d'un banquet dans le genre
d'Athénée ou de Platon? ^
MARIE DE BOURGOGNE ET MAXIMILIEN.
LoRSQu^iL s'agit de marier la fille de Cbarles-le-Témé-
raire, on sait que de grandes intrigues s'ourdirent de
divers côtés. Louis XI surtout mettait tout en œuvre
pour profiter de cette circonstance. Les Magistrats des
villes de Flandre eurent, au sujet de ce mariage, de
longues correspondances, car il s'agissait de l'existence
du pays. Malheureusement la plupart de ces documents
ont été négligés par l'histoire , quoique propre à jeter du
jour sur ces temps agités. Nous présenterons ici sommai-
rement une dépêche des députés de Bruges qui se trouvaient
à Gand, écrite à leurs collègues les bourgmestre et éche-
vins :
Depuis notre dernière missive, des ambassadeurs ont
été envoyés parle roi , au sujet de notre princesse et en son
absence, les points suivants ont été examinés: l"* Par
les lettres exhibées par les états , concernant l'alliance
de la jeune duchesse avec le fils de l'empereur, celle-ci
est-elle tellement Mée, qu'elle ne puisse se marier à d'au-
216
très? Le conseil décida négativement; car elle ne répondit
autre chose à Févêque de Metz , sinon qu'elle se soumet-
trait toujours à la volonté de son père, et qu'elle donnait
son assentiment à ce qu'il avait fait, comme à ce qu'il
ferait par la suite. Vachier Gordyne, notaire présent,
dressa un acte de ces paroles. Or, cette réponse ne lie pas
suffisamment, pour le mariage, et de plus entre le duc
Charles et l'empereur Frédéric il y avait encore différentes
autres conditions à remplir , qui ne l'ont jamais été. Deuxiè-
me point : Quelle serait l'alliance la plus avantageuse pour
la princesse, pour ses sujets et pour le pays? On objecta
contre Maximilien la grande distance qui séparait ses états
et ceux de Marie, et par conséquent les difficultés pour lui
de venir au secours de la Flamlre. On proposa l'alliance
du duc de Clarence, mais il était assuré que le roi de
France serait courroucé de cette union avec l'Angleterre ,
ce qui amènerait une guerre perpétuelle au sujet des pays
qui devaient hommage à la couronne de France. Finalement
il fut résolu qu'il n'y avait pas d'alliance plus avantageuse
que celle avec le Dauphin, d'autant plus que dans le cas
contraire le roi Louis était déjà prêt à entrer en campagne.
Troisième point : l'ouverture des villes et forts de l'Artois.
Il est résolu qu'elle ne se fera que verbalement, sans que
le roi ni ses hommes d'armes puissent y être admis. Ces
places pourront prêter serment au roi , jusqu'à ce que la
jeune duchesse lui en ait fait hommage. Quatrième point :
que ferait-on , comment résisterait-on au roi , si cette ou-
verture n'avait pas encore lieu lors de l'alliance du Dauphin
avec Marie? car de tous cotés on reçoit des plaintes au
sujet des tentatives que fait la France en Artois, contrai-
rement aux promesses des ambassadeurs. Le seigneur de
Rurabeke et Jean de la Bouverye avaient été chargés de
porter assistance. Il y a ici beaucoup de députés qui pen-
217
sent qu'on ne pourra parvenir à un bon accommodement
avec le roi, qu'en lui montrant les dents.
Voilà tout ce que nous savons pour le moment. Écrit
à Gand, le 18 Mars anno 76. Le matin à 6 heures.
Tout ce qui se rattache à l'histoire de l'empereur Maxi-
milien durant son emprisonnement à Bruges, est d'un haut
intérêt, comme le prouvent les nombreuses recherches
faites depuis quelque temps à ce sujet, par plusieurs histo-
riens.
Malheureusement il a été impossible de présenter jusqu'à
présent un ensemble satisfaisant de cette période, vu qu'un
nombre assez considérable de pièces sont encore ou inédites
entre les mains de particuliers , ou enfouies dans les dépôts
d'archives. Plus d'une fois déjà le récit de cette lutte terrible
entre les corporations de la Flandre et un souverain, empe-
reur et roi , a attiré notre attention , et nous avons fait con-
naître des documents curieux relatifs à ces graves événements ^
du xv"** siècle. Continuant nos recherches sur cette époque,
nous communiquerons ici quelques actes qui n'ont point
encore été publiés , et qui nous initient à la pensée intime
de ce grand mouvement populaire.
Afin de ne pas affaiblir l'énergie du style, nous n'en
ferons pas la traduction , qu'on se rappelle seulement que
près de quatre siècles se sont écoulés depuis.
Les magistrats et tous les corps de métier de Bruges
remarquant, disent-ils, que par l'administration du roi des
Romains la Flandre a été remplie de troubles et forcée de
Sommant it la ^xict :
218
soutenir la guerre contre la France , malgré la paix conclue
en 1482 , et rompue sans l'assentiment des Etats du pays ,
que de cet état de choses il est résulté des maux sans nom-
bre , et que par suite le peuple s'était emparé du dit roi des
Romains, et avait arrêté plusieurs seigneurs allemands et
autres. Craignant que des représailles fâcheuses ne soient
exercées contre eux , ils se lièrent et s'engagèrent tous en-
semble , l'un pour l'autre et chacun pour tous , de se prêter
assistance et secours mutuels. Pour plus de sûreté et afin
que les mêmes circonstances malheureuses ne se représen-
tent dorénavant, les villes de Bruges, Gand et Ypres,
auront chaque année , au 4 Septembre , une réunion de
personnes nobles , afin d'examiner si les affaires du pays
soumis au jeune duc Philippe^ sont administrées selon
les lois et coutumes. Il y aura encore chaque 14™** jour
d'Octobre une assemblée armée des corps de métier , éten-
dards déployés , et des magistrats, entre 6 et 7 heures du
soir; dans laquelle réunion on suivra IVdre observé à la
procession du Saint-Sang. Deux jours de suite oes cprps
parcourront la ville processionnellement, et peudaut ce
temps on arrêtera les comptes de la ville.
Allen den ghonen die deze présente lettren van verhamlQ
zuUen zien of hooren lezen , waer in dat bem verbipt deei^
jeghens den anderen, deen metten anderen, ende elc je-
ghens aile de andren , zo v^ie dat nu ofte teeneghen daghen
in gebreke ghevonden zoude mogben werden, van dezen
naervolgbenden verbande, elk over hem ende over de zîne
al nu in officien zynde, ende die naer ons wezen zullen,
aïs capiteyn, bailliu, schoutfaeeten, burchmeesters , scepe-
nen, raden, ghecommitteerde booftmannen van den poor-
trie, als van sint Jans, sint Donaes, Onzer Vrauwen , sint
Jacops, sinte Niclaeys ende van s'Carmers zestendeelen ,
sghelycx dekenen van ambochten ende van neeringhen , ait
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219
van den ambochte Tan de fF'ulhnwevers , van de vulders,
van de scheerers, van de vaerwers, Tan den ambochte
Tan de Fleesschauwm's f Tan de Tischcoopers , Tan den
ambochte Tan de ThemerUeden, Tan de matsenaren, Tan
de tegheldeckers , Tan de loodghieters , Tan de plaeste-
raers, Tan de stroodeckers , Tan den laghers, Tan denwyn-
meters, Tan den wynscroders, Tan den cnnpers, Tan den
wielwerckers, Tan den drayers, Tan den scrynewerkers ,
Tan den beildemakers , zadelaers , Tan de boghemakers , Tan
de lynemakers, Tan den potmakers^ van den ambochte van
den emeden, Tan den goudsmeden, Tan den waepmakers,
Tan den theninpotghieters, Tan den ambachte van den
cordewaniersj van den zwarte ledertauwers , Tan de hude-
yvetters, Tan de dobbeerers, Tan den buersemakers , Tan
den witte ledertauwers, Tan den handscoewerkers , Tan den
ambochte Tan den coussceppers , Tan den sceppers, Tan den
calcstickersy van den lamwerckers, Tan de oude cleercoo-
pers, Tan den oude graeuv^erckers , Tan den vdliv^erckers,
Tan den ambochte Tan den hackers, Tan den muelnaers,
Tan den hoedemakers, Tan den lyse cleetwcTers, Tandon
tycwoTors, Tan den wulleslaghers, Tan den haerdemakers.
Tan den riemakersi Tan den scheedemakers, Tan den pater-
nostermakers, Tan den fratenjers, Tan den kersghieters ,
Tan den sciplieden ende Tan de makelaers Tan der stede
Tan Brugghe, groetenesse: Omme dieswille dat by den
gouTerneurs ende regemente Tan den hoghen room-
scheu oonync, het land Tan Ylaenderen was ghestelt
in grooter beroerte ende stercker oorloghe, jeg}iens
de macht der Franchoisen^ niet teghenstaende dat den
paeis, alzo als elc weten mochte, de welcke ghemaect vras
in het jaer 82 laestleden , dat die ghebroken werde buuten
den wetene ende zonder consente Tan de staten Tan den
landen^ als Brabant, Ylaenderen, Hollant ende Zeeliant^
daer ute dat Tele moorden^ rooTen, violeeringhen , ver^
crachtfaeden op ghehuwede Trauwen ende maechden,
gheestdic ende weirlic, Terderringheii Tau kercken, steden.
220
casteelen Tan den platten lande ende van den aermen
scamelen landsYolcke , met ontellicke Tele meer andre poin-
ten, grievelieke aercheden, orrible ende onredelicke faicten,
geschiet ende gbebeart zyn ter gheheelder destractie ende
becommertheden van den voorzeyden lande , stiebtende iant
op lant, stede op stede, ghebaer op ghebaer, binnen ah
buuten, Teel cracbtegber, murmnracien, alzo dat coop-
inanscepe ende neeringbe slaecte ende vergbinc ende ne-
gbeenen loop noeb coars en badde , boven dezen opiysyn-
gbe ghesteit ende gbemaect van oorlogbelicker wreetbeyt
op de stede van Ghent, buer afcnoopende ende slaatende
haere passaigen, %o dat van nyenwers niet der yoorseyde
stede gbeene Titaelge gbenaken en conste , noch en mocbte ,
insgbelycx ute gbeweest hebbende met grooter subtylder
neerensticbede ommè binnen den stede van Brngghe te bren-
ghen , ende die te yervullene, met menichte van vreimden
Toicke Tan T^apenen, Hennuyeren, Duudschen ende andre ,
ende die hier binnen dezer stede van Bruggbe te legghene
in eene ontamelieke gheduerlichede , zonder daer of theb-
bene met dezer onzer Toorscreven stede consent, raedt
ofteadTis, beTranende bemlieden alhier te houdene, ende
datte jeghens de voorseyde stede van Ghent, meenende van
dezer stede ran Brngghe , de Trelke tôt noch toe eene goede
ende proffitelicke coopstad ghehouden es ghezyn, te Inakene
eene onpaeiselicke stede van oorlooghe zonder oorboir,
maer scadelic , daer mede dat wj aile te zamen inghezetene
Tan dezer stede zeer beroert ende ontstelt zyn gcT^eest,
ooc anmerckende met drackeghen ziene de groote listen ,
stercke practycken yan openynghen te bezoackene van
poorten ende betastinghen van gheordonneerden oploopin-
ghen hier binnen dezer stede , omme onslieden te mueghen
overwelven metten volcke van wapenen voorsproken, de
TTclcke wf hebben gheschant met onzen oghen, hem spree-
dende buuten omtrent der voorseyder stede, dies wy al
ghemeenelic inghezetene welwiltende deze stede ende onzen
ervachteghen prince grave Phelippus, mids den incommene
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221
van der Buerg, de conyDC voorseyd met kapiteynen by
eender banoiere met ghespannende boghen aldaer, vellende
pycken, ooc met bloote zweerden foitelic bereed, contrarye
dan ghemeente van der voorseyder stedei van Brugghe,
haut parer onnoselder eode grooter bescaemtheyt ter be-
schermenesse van oDzen goedyoghen, wyfs ende kînderen ,
ooe ter behoudenesse van ons ghennuts, prinsen, stede
ende lant, zyn gbecommen , den eersten dach van sporcle
int jaer M 1111° 87, met onzer noodtzinnegher vergaderyn-
gbe met wapenen , onwonden bannieren , engienen , tenten ,
pavilloenen, ter maret ghedaen, aldaer hy onzen verzoucke,
jso vele dat de hoghe roonuche conync ghecommen es in onze
handen, ende in de macht van den III leden slands van
Viaenderen^ hem den voorseyden conyne te zamen bebben
gheordonneert een proper bnus ende plaetse, daer inné
dat hy redelic , tamelic ende eerlic bewaert ende ghelogiert
es te zinen oorboire, ende te onzer aider verzekersthede,
voort zo hebben wy inghenomen ende ghehouden eeneghe
mneghende diversche heeren , dnudschen ende andere , de
welcke raders ende opstelders zyn gheweist ter oorlooghe,
omme te bedervene met crachte beede lant ende stede,
ende zyn deze Toorseyde heeren by accorde ende consente
der drie leden des lands van Ylaenderen ghevoert , gheyan-
ghen ende ghehonden binnen der Toomoemde stede van
Ghent, ende omme te vercrighene ende te achterhalene
zekere persoonen, hem zelven hebbende ghevlacht, ver-
borghen, bescnldich wezende grootelicx of aldermeest van
allen den voorseyden quaden opstellen ende faiten , hebben
vtry ghemaect ende ghedaen diversche loopinghec ende
bezonckingen in kerken , in huuzen , in boomgaerden ende
eldre , alzo dat ooc eeneghe van dezen voorseyde sticke ter
kennisse van den drien leden tsiands van Ylaenderen ghe-
commen ende ghebrocht zyn , by hem lieden gheexecuteirt,
niet jeghenstaende hoe vf ei dat al dit voorleden ghedaen es
gheweist alleenlicke omme te belettene, het duchtelicke
verdriet ende lyden dat ons ende aile den ghemeenen lande
222
daer of zoude moghen anwassen endc gheboeren, maer
omme het Toorseyde land van Ylaenderen te vervoorderne
te stellene in ^yne voorweiende nature ende în almlcker
manière, zo dat paeys, jnsticie, eendragtighede , coop-
manscepe ende neerynghe, daer in virtnatelie regneerende
ware, loop, cours ende ghanc hebben naer «ynder oor-
spronckelick l)ehoorte , bloeyende nu gheljo als dat ghe-
daen heift in tyden voorleden , ten oorboire ter weiPÈKchedc
van onzen ervachteghen ende natuerlicken prince dilen
landen ende onderzaten , dit Toorscreven al om minne cm
Triendscepe^ duer ancxt, zoorgfae, vreeze în dezer Toorseyde
Toorme ghescbiet ende ghebuert wezende, wylîeden be-
scaemde ons , nochtans beducbten dat men in toecoinmende
tyden by ouden gbedinckenesse , by anghewasser muegent-
heden, als rysinghen ran gbeslachten, ofte by quaden
anbringbene , ofte by wat manîeren dat datte soude moglien
gbebuert wezen , dat men ona in tyden , ofte in wylen ver-
driet ansprake , of lettinghe , of binder zoude moghen doen,
welwetende nocbtans claer ende bescbeedefic, blyckelio,
ende openbaerlic dat wy by onnatuerlicker craekt op ons
begbonnen met natuerlicker eensbede , wy dat alzo zoe-
telîc als mueghelîc es gheweist hebben wederstaen, duer
het welke bezoorghendc toecommende grieren als utedezen
gesproten , het ware by jnstitien verzocht of andermîns op al
die beduchtelîchede iest dat wy capitein , baîHiu , seheut-
beeten, wetbouders^ liooftmannen , dekenen ons ^ei^iaden
albier, deen metten anderen, deen jeghens denanderen,
ende elc jeghens aile de anderen aïs vooren Toorseyt es,
omme troost, bulpe , secours te doene, èicken ende leickeo,
nedere ende bogbe , zo wîe dat nimmermeer nu ofte eene-
glien daghe by verstervenesse of anders, ter cause van
dezen doene of zegghene anghesproken zoude mogben
werden, daer inné bevanghen aile de ghone die gbeeeren
bebben ghesyn omme voot ons allen ten oorboire der stede
ende den lande te voedene, appellatien, opronping^hen of
wederzegghen van zaken ende Tan dermachl van de fooa-
225
*ohen ooding eûde ûae yoochdiesohepe van zinen ervach-
ieghea ghebooren sueae, onzea nataerlicken goeden
prinche grave Pbelipa, in diere manieren of anderssîns
«ghelfox daer inné bagrepen, aile de ghone die hj con-
trainte of ghemeene voyse wetende of niet wetende wien
zy aneTâerden ofte deden^ sydert der date dat raen ter
marct quam naer hei toverlyden zalegher ghedenkenisse
der faertoghe Karols van Valoys, hebbende eed ghedaen wyien
onzen lieven ervachtighen faeere Grave Philips, onde wylen
denhertogbe van Oosteoryc, als nu conyno van de Romeynen,
nu wederomnie by grooten redene onzen zeer beminden
nataerlicken prince, ende dat al tsamen by deo beleedene
ende regemente vooren verfaaelt, ona zelven by purer
^ kennissen , ecbtende ak nu ende nataerlicke waerachtighe
gberechticbede ons allen claer stellende binden voorzeyden
verbande van allen woorden ghewercken buuten der march
of daer binnen gbescbiet ^ in yrai manière dattet moeghelic
te gbescbiene Ey, annopende dezen onzen noodzionelîcken
labuere ende anders niet oiiime al dit sterckelic, wyselic
ende duecbdelic, ten oorboire ter bescbermenesse van
hoghe van fiederen, van nederen aïs hoghen ter behoudenisse
van ghesticktegber rusten te onderhoudene , so eyst dat ons
allen iogheseten van der goeder stede van Bragghe ende by
denS ledene'lands^als voor scepenen, burcbmeesters, voocht,
scepexien, raden, meisgaders beede de dekeneu van den
voorseyde stede van Gbent, vertogbend onder bemlieden voore
ée S boo£»teden als Gbent, Brug;ghe , Ypre ende tgbeheele
lidiame éen laoden van Vlaenderen over ons, om oos ende
onzen naercommers faebben zy yqot onsliedea van dezer stede
•albier gheordooneert ende ons verleent uut der muegbenden
boogfaeyt ons natueiiicx beer prince , boe dat wy liedon van
dezer stede van Brugghe voorzeyd in elc jaer verstaende wel
ende perfectelic «onder aflaet van jare te jare zullen in
ontbteden jille OAze onderzaten ten i'"" daghe vaa September
iôer te sendene binnen decer stede «ekere ghecoome persoo-
Ben naer de groothey d ende behoorte van huerltedea plaetsen
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224
ende steden, omme alhier te vertoghene byden heere, by
der wet, hooftmannen , dekenen of binnen dien jare voorle-
den in eenighe van hueren plaetsen ofte steden faulten
ghevonden hebben gheweist by gbebreke van goeden rege-
mente, omme al dat ter stont te reghelen , te belfen eer dat
de (juade costumen verwarderden in oinmanierlicken state
ende wezen ; voort dat wy lieden yan dezen stede voorzey t
zuUen gbehouden zyn van jare te jare, te wetene capitain,
baiiliu , scoatheete , barchmeesters , scepen , raden ghecom-
mitteert metten state der voorzeyde stede , hooftmannen van
den poortrye, dekenen van ambochten ende van neerynghen
te zine ten 14 van Octobre snavonds tusscben den 6 ende den 7
hueren te wezen elc metten zinen ghewapent volk , standaer-
den en bannieren^ ter maret , ende zo wie wat hooftman, de
ken al ghelycke voorseyden daer in fanlten bevonden werde
of van commene in eeneghen ghebreke van zinen standaerde
te bringhen of te zendene met zinen volke ghestoffeerd, lo zal
die hooftmannen of deken verbuerende x roeden inners in de
stede ende eist dat eenich in ghebreke weze van zynen
onderzaten , die daer toe vermaend zal werden , die zal ver-
baeren een roede inners ter versterkynghe van der stede
de welke verbuerte men innen zal by eerlicker exeeucie
van der wet , hooftmannen ende dekenen , ende zullen zy
aldus dezen eersten a vont 14 in Octobre, in deze voorscre-
ven wapenen gaen naer de ordonna ncie, ende ghelyc als
men ghaet inde processie die wy doen van den waerde
heleghen Bloede, den 8 dach in Meye, ware ooc by aldien
dat die voorscreven ordonnancie verordonneort worde van
ghanghe, omme beter coleur ende bet ghevormt te ghane
naer rechter wapenen manière ^ daer omme zo ne zullen
niet vermindert noch verandert worden de verzaminghen
van der hauwette , de zekere huere ende tyden , noch ooc
mode de verbuerte voorsproken op al naer het voorseyde ,
daer ghebrec of belettinghe in gevonden werde, en zal
men aldus ghaen den voorseyden eersten avond van huut
der maerct voor den Bytere, duer de Wapenmakers-stratei
225
tôt Sînt-Jans-brugge, laacx de Spegelmakers-reye , daer
de Inghels-straete , duer de Rudder-straete , keerende ia
de Boogaert-strate, duer de Cromme-Wale, over de Stroo-
brugghe, voor by den Carmers , daer tProssche, duer de
Peper-straete , over de oude Muelne-brugghe , daer de
hooch-straete , duer de Buereh, duer de Breydel-straete ,
op de Maret, den anderen avont 15 in October, weder-
omme verzamen ter voorseyder plaetse ter ghelycker huere
ende op ghelycker peyne, gaende alsdan duer de Wulle-
strate, commende over de groote Eeeliout-brugghe, over
de VJas-brugghe , duer de Braemberch-straete , duer de
Witte-Ledertauwers- straete , ten Hoye, voorby den Naza-
retten, ten Anckerne, duer Ste-Marie-straete, voor tVleeschuus,
west duer de Steen-straete , duer de Dweers- straete, duer de
Wulffaert-straete, duer den Oudenzak, over de Lee-brugghe,
duer sheer Gheerwin-straet , voor de voor Sinte-
Xristofiels, ter maret, den derden avond al weer ende in
ghelycker vormen , 1 5 in October , gaende van der maret ten
Beerkine in, duer de St*Jacobs-straete, duer de Ezel-straete,
duer 'sheer Bonins-straete , Terbaelie, ter Vlaminc-brugghe ,
voor by den Aughustynen , over de Wynkel-brugghe, duer de
Lange- Wynkel , duer tGhenthof, lancx de noordzyde van
de Reye, tote Sint-Jans-brugghe , duer de Zouter-straete,
over de Buerze , duer de Vlamync-straete , ter Maerct : ende
zal men binnen dezer middeler tydt sluuten de rekenynghe
ende staet van der stede, te dien hende dat elc mueghe
als dan, zonder delayen of cause thebbene van daer te
blivene, gaen rustelic te zinen huuse in paeyse, met minne
ende in vreden, omme deze wapenen ende aile tvoorseyde
tôt elckerlich beschermenesse : zo hebben wy eendrachtelic
gheslooten, belooft ende ons verbonden in goeder eer-
baerheyd, trauwen, ende ooc by eede over ons ende onze
naercommers, over al de ghemeene inzetene van dezer
stede, sghelycx over onze haghe-poorters ende onderzaten
aile lemmer te beletten , te weerne , ende daer jeghens te
vallene ghesaemderhant, deen met den anderen, met live,
Anitales. — Tome IV.
17
226
met goede, met orachte, mot mueghenthede , ende met al
dat ons dalmoghenden God verleent heift , ooc cesseerendô
voor gbelye aïs bdTen Terhaelt es, allen moeyten, tribula-
cien wien zy ter cause vaa onzen voorgheneomden zakea
zoude moghen ghebueren, dat die gbesticbt, gbebegent
ende ter neder gbeworpen zuUen wezen , beloven elcande-
ren bulpe ende bystandicbede te doene te a lien ifden dat
bet nood werd zonder eenegbe faulte , malengien of exou-
sacie daer oppe te doen. Al tweleke onze naercommers ia
officien , in wetten ende in eede ran dezer voorseyde stede
tbuerlieder ancommene beloven zullen ran al tôt al, bf eeàé
dat te bondene ende te doen boudene , van pointe te poiii^
ten , ende indien dat wy of esnicb onzer of onzen naercoo^
mers dies verzocbt worden ter bulpe van trooste ende
bystande , ende dan daer of weisende in gbebr eke ^ die zal
gbehouden werden als meeneedieb ende buuten gbesteh
zyn tan aile vergaderingben ende gbezelseepe , van allea
goeden mannen, gbelyc eeneo verwaten menscbe ; dat meer
es, dat men den zegbele van zinen zestendeele , neeringhe oft
ambocbt, zal duer drincken met eenen yserin slotele, daer
in bliyende tallea dagbe ter bescamenesM datter booft yan
den zegbele voorsproken bangbeade aa deze Ictteren yan
Terbande beift gbeweist contrarie der waeracbtiobede ende
daecbdeticker eendracbtiebede. Item dat men van nu voor-
dan zo wat byden beere ende byder wet ende andere
gbebeescbte zal wesen^ ander booftoftannen^ dekenen ende
den gbemeenen buke van der voorseyden stede dat de and-
woorde , die zy op de begbeerde zaken overbringbea
zttUen dat die ferme ende van waerde gbeboudea wordea
zal, zonder aldaer oppe yemende meer te vergaderen of te
doen versamene, ende dat altyts de meeste meniobie zal
verwegben der minste menicbte zonder vertreo ende
zonder delay. Inkeanissen, in Of^rcoodsoepeng vastiobedea
van al dies voorzeyd es, bebben deze jeg^benwoord^be
beeren deze ktteren gbedaen zegbeleii^ te vreteae^ wy
capitein , baîlliu ende scheuteeten ete teel oma teghele »
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VTf burchmoesters , scepenen, raden, ghecommitteerde ,
hooftmaDned van der poorteiye in ghelycken met onzen
zegheleD, ooo metten zeghele van verbande van dezer
Toorseyde siede, sgbelycx met allen den zeghelen van den
Yoornoomde amboebten ende neeringhen, over ons ende
over aile onzen ghemeenen onderzaten nu ende naercom-
mende beboorende ter onderdanicheyt ende obediencie
in rechte deïer stade end6 bueren eerscepien. Dit was
gbedaen ende besegbelt met aile den voornoemden ze*
ghelen hauthanghende int jaer duust Tier bondert 80 ende
zevene.
, POINTS ET ARTICLES QUI FONT l'oBJET DES PLAINTES DES NEUF
MEMBRES DE LA TILLE DE BRUGES.
Nous résumerons les principaux articles en peu de mots :
1*. Rendre la liberté aux négociants arrêtés à Gravelines
par la garnison.
2*. Rétablir Tordre dans la ville , afin que le commerce ne
souffre pas plus longtemps des désordres existants.
3". Concernant les 80 livres de gros à payer à ceux qui
ont arrêté le fFatergravé.
4*. Concernant les joyaux et les serviteurs du jeune duc
Philippe qui ont été retenus.
8^. Chacun des neuf membres aura copie des privilèges
contenus au petit llyre noir.
15**. Ceux qui ont contribué à établir le 4"^ membre de la
Flandre , seront poursuivis rigoureusement.
U faudra examiner ce qui a été fait des fortes con-
tributions levées par le Franc de Bruges, et des
emprunts levés sur les habitants de la ville.
Jean Leupen et De Sarge doivent déclarer qui les a
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autorisé à donner un sauf-conduit maritime , parce
que beaucoup d'argent a été transporté par mer , et
qu'il importe de savoir qui en a profité.
18°. Remettre en liberté les négociants anglais arrêtés à
l'Ecluse , afin qu'ils ne fassent pas de mauvais rap-
ports en leur pays.
19\ Le seigneur de Gruthuse et ses deux fils doivent res-
ter comme otages à Bruges.
23°. Tous les bateliers , matelots et pilotes jurés du pays
devront se réunir à certain jour afin de répondre et
de prouver pourquoi ils ont conduit un grand nomr
bre de navires hors des limites de notre juridiction
sur mer.
24°. Enquête à faire au sujet de l'emploi des deniers des-
tinés au curement du Zwyn.
26o. On veut savoir de suite, et avant de déposer les
armes , si les deux châteaux de l'Écluse veulent se
soumettre au prince Philippe et aux trois membres
de Flandre, sinon on les y obligera par la force.
27°. Les membres des corporations ne peuvent être pour-
suivis en justice.
28°. Il faut que l'on obtienne des nouvelles positives de ce
que maître Jooris Baert et autres ambassadeurs,
envoyés en Autriche, ont fait durant cette ambas-
sade qui a coûté beaucoup d'argent.
29°. La charte que ceux du Franc ont obtenu frauduleu-
sement , et par laquelle ils ont forcé les haghepoorters
(bourgeois de l'extérieur de la ville), à payer d'ex-
horbitantes contributions, sera déchirée en notre
présence, sans qu'on puisse tenter de jamais la réta-
blir.
30°. Il doit y avoir une alliance offensive et défensive entre
les trois membres de Flandre et les neuf membres de
la ville, pour protéger les corporations.
33"*. Le jeune duc Philippe doit venir à Bruges.
37°. Les marchands anglais seront libres de venir vendre ,
comme autrefois , par sac , leur laine sur les marchés
de la ville.
39°. Les trois membres de la Flandre enverront au roi
de France , au sujet de la paix , une ambassade , au
nom du duc Philippe.
40°. Les keures des corporations , telles qu'elles existaient
en 1482 , seront maintenues , et on tiendra la main
à leur exécution.
42°. Tous les magistrats prêteront serment au prince
Philippe; le territoire du Franc ne sera plus qua-
trième membre de Flandre , mais soumis à la ville ,
et marchant sous son étendard.
44°. Ceux qui ont été la cause que Damme s'est soustrait
à la juridiction de la ville de Bruges, ont-ils été
punis?
47°. Avant de remettre en liberté les officiers allemands
du roi des Romains , ils devront prêter serment au
duc Phillippe , et jurer de ne plus porter les armes
contre lui ni contre le pays.
49°. Quiconque reprocherait à un autre ce qui s'est passé,
ou rappellerait émeutier^ sera sévèrement puni.
51°. L'on mettra tout en œuvre pour conserver l'amitié
de monseigneur Philippe.
53°. Damme devra être mis en meilleur état de défense ,
qu'il ne l'est aujourd'hui.
55°. La foire de Bruges devra durer 18 jours; et l'on
demandera aux états d'établir des foires semblables
à Anvers et à Mons,
56°. Les bourgeois, aubergistes et hôteliers, qui ont entre-
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230
tenu les domestiques et les chevaux des seigneurs
de la suite du roi des Romains , doivent être payés
de ce qui leur est dû,
S 7". On fera saisir tous les biens de Pierre Lanchals, de
maître Barradout, Roeland, Lefevre et de tous
leurs complices.
39"*. Les ét^ts auront à examiner les règlements sur la
monnaie , afin que la même monnaie ait cours dans
tout le pays.
6S°. Les fonctions de poinçonneur devront être conférées
par la ville.
66''. Le poinçonneur ne pourra dorénavant recevoir plus
de deux mittes par chaque poids jugé trop léger ou
trop pesant.
67°. Les articles de commerce reçus de Fextâ'ieur par
les négociants étrangers, devront être vendus par
eux» sans pouvoir être travaillés ou changés de
nature.
69^. Avant de faire retirer les bannières et étendards , les
divers points compris dans le présent acte devront
être mis à exécution, ou les raisons seront données
pour lesquelles cela n'a pas eu lieu.
pi DOLEARGBEV tVHM BSftHEERTEN DIS DE CMWOmmmftia TAN
NEGHSN LEOEIY YAIT DER STEDE YAK BEUGOVS IlfT GEiriR^I^ OVER-
BROCQT BEBB^N PER WET.
Eerst d£^t men vulcommen de zes pointen die den 2S
dach van Sporkele laetsleden by hemlieden overghegeren
waeren, ende ghesloten metter wet te wetene.
P. Aenghaende tghuendt dat de nacien te kennene
gbegfaeven hebben, ter causen van eenegben cooplieden,
ende huerlieder goederen ende eoopmanscepen , die ghear-
resteert zyn binder stede van Grevelynghe^ by den ruters
251
daer liggfaende îd garnisoene , omme betalinghe thebbene
van haerlieder soutien , omme niewers te vyndene van de
voorseyde cooplieden ende hueren goeden te doene ont-
slane , want men hemlieden wel schuldieh es xii° L. grooten
die 7.Y betaelt willen hebben , eer zy de voorseyde coop-'
Jieden ende hueren goeden ontslaen willen , ende al waerer
zy dese ryse ontsleghen , zy en zouden nocbtans daer omme
niet laten , aile andere cooplieden ende hueren goeden te
arresteerne.
Yoort ten anderen , aengaende dat de voorseyde van
^en nacien , begheert hébben , dat de stede gbestelt worde
in goede ghereghelthede, ten hende dat de coopmanscepe
loop ende çourps hebben moghe, ende dat de cooplieden
g^beene cause en hebben, die te scuwene.
i®. Item aengaende den 50 L. grooten die de ghesellen
die den watergrave ghevangen hebben , begheren thebbene,
jdf men die betalen zal van der stede ^oede of niet^ jof
van âer goede van don watergrave.
40. ^Yoordt omme .de baghen, juweelen ende dienaers
tran Pliilippe Monseigneur, of men die hem zal late vol-
ghen naer zyne begheerte of niet.
5^. Voovdt wat men doen zal metten ^deaeniers , die nu
t»y gesohrifte ^esteât zyn vc^^ende der begheerte van
den valdke.
6*». Ende of men Silvester Van den iBqrghe, als poorter
<zeil moghen ontslaen op caucion juratoire.
7^. Voordt xy begheeren te ziene ende thebbene vastic-
^it ende bezeghelthede , ghelyc als de 'heeren van Gbendt
beloofi hebben ^ ende selve ^hebben van de payse van Vranc^-
'i^]^)ke.
^S"". Voordt dat elc van de ix leden hebben zal copie , van
•de ~pointen>ende artiolen van privilège begrepen int zwarte
^uoidtia , iende van >tghuendt dat van desen gesloten zal
worden.
9"*. Voordt, dat de zes ghecommitteetde desbourseren
euUon ,de zet ihondavt ^ponden i^ropten, t(Ktbehoorend&
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diversclien persoonen die bescadict zyn an Colsaerdt de
Mey.
10°. Voordt ten proffite van de créditeurs, te doene
desbourseren de penninghen van Willem Roelands , Jaii
Daussa ende andere die daer of de handelyrighe hebben.
11°. Voordt dat men wederkeere alzulke penningen,
als die van deser stede ontfanghen hebben tongbelyeke,
van boeten , het zy by bliverscepe of andersins , van zaken
daer of partien noch niemend scade of ghehad en heift ten
hende datter geen procès of en zou zyn , ende dat elc gbe-
rembourseirt worde , indien men bevyndt , dat se die daghe-
lyck beth hebben.
12°. Voort aengaende den haghenpoorters, dat men
bôzouc doen zal, e.nde visiteren de oude privilegen, ende
die ghesien, ende ghehoort huere doleance^ ghedaen te
wordene, zo redene bewyzen zal.
13°. Voort, dat raen justicie doe, over de ghone die
hem vervoordert hebben, tvierde let te maeken contrarie
der eendrachtichde van den lande, ende dat men die
scaerpelicke executeert in de steden ende plaetsen daer zy
zyn , ende hier of zelven informacie doen omme te wetene
wie die zyn, diet ghedaen ofte vervolcht hebben.
14°. Voort zo begheeren zy recht ende justicie over de
ghone , die zekere kennissen ghebroken hebben , ghegheven
ende verleent by mevrauwe Marye, ter lester duechde-
licker vergaderynghe voor deze, niet ghedaen dien ter
générale cause, omme de dood van dhertohge Kaerle,
- verradelicke daer toe ghebrocht, zo wel bleek te Ghent by
justicien, ende omme groote scattynghe te quiste gegheven,
ende om vele achterhoudene , onser privilegien , int Vrye
ende andersins, ghemerct dat zulke inbrekers zo men
zeicht, boven de voorseyde kennisse ons ghenomen hebben,
lyf, land, ende stede ende scamelicke ghejaecht uut onser
welvaert ende dat men hier of informacie neeme , ende
daer op recht doe.
16°, Voort zo begheeren wy ghereedscepe van justicien
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over de ghone die ghemaect hadden rassche ghereedscepe
omme ons allen te verdervene ende tondweldeghene lyf,
land ende stede.
16°. Voort zo begheeren zy rekenynghe ende rasch vul-
doen van aile den zwaeren-zettynghen ende groote pen-
Tiynghe ghegheven int Vrye ende smalle steden ende voordt
van der leenyn'ghe die den poorters ende insetene van
dezer stede es ghedaen doen, ende waer dese ende aile
andere pennynghen ghevaren zyn, ende indien men daer
of iemand in faulten vynt dat die ghehecht zyn ende gbe-
steld in justicien.
l?**. Yoorts zo begbeeren zy te wetene van Jan Leupen
ende de Sarye, wie hemlieden maechtich ghemaect heeft
te ghevene tsaveconduit van der zee, want men wel weet
van die van noordwaert datter vele penningen of commen
zyn, ende waer ende te wiens profiyte de zelve pennigen
ghedistribueert zyn.
IS**. Voort zo begheeren zy dat de inghelsche cooplieden
ghevanghen ter Sluus ontsiegen werden, costeloos ende
scadeloos, ten hende dat zy te betre rappoort doen mue-
ghen haeren conync.
19". Voort zo begheeren zy tontbiedene ende thebben
binnen dezer stede van Brugghe de edele personnaigen,
te wetene Mynheer van den Gruithuuse ende beede zyn
zoonen.
20". Voort indien ^de conync eeneghe zaken ghedaen
ofte ghegheven heeft, zichtent dat die van Brugghe ghe-
appelleert hebben van zynder voochdye dat zal men te
nieten doen ende casseren.
21°. Voort dat men also corts alst mueghelic wert,
vercryghe eenen goeden ghestandeghen ende générale
pays , ende dat daer inné de vier landen besloten zyn.
Sâ". Voort ande voorseyde vier landen ende al onse
wel willende te begheerene , dat zy aile de fugitiven ende
onse quaetwillende anvoerden ende brynghen daer zy
behooren, in handen van justicien, ende dat omme hem-
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liedea meUen aldergereedsten op te zeg^ghen kuerlieder
mesdaet op de verbuerte van elc onser vriendsoepe ende
aidât onsen natuerlicken prinche vermach.
28*. Voort dat aile stiermannen ende bezwooren pyloten
Tan desen lande commen ten zekeren daghe ende in zeker
hand omme te Terandwoordene ende te doen blyokene,
waer omme <iat »y groote menichte van schepen ghevoert
hobben buter heerlicbeyt ende ^rydomme van onsen Zwene.
24°, Voort 80 begbeeren zj te wetene vraer omme dat
de beteiyngbe van den Zwen« acbterblevcn ea, wantmen
daer toe vele pennynghen ghegheven heift , hoe wel datter
al noch cteen profiyt of commen es, ende van dien rekeny n-
^e van den ghonen die d'administratie van don pennyngen
^èhadt hebben.
28". Voort 80 begbeeren zy aile de ghone tsy poorlere
of vreimd« dîe finanoie gbemaect hebben contrarie den
welvaerne van onzen natuerlicken prinche cndo yem zyneo
lande, omme fauerlieder singulier proffyt, gheoorrigiert
theib^ene ten exemple van allen anderen.
tfei". Voort 80 begbeeren zy te wetene of de ghone die in
beede de casteelen zyn ter Sluus obedieren witten den
geoerallen pays, hueren «nde onsen natuerlfken lieere «nde
den drie^eden slands van Vlaenderen, ende dat zy dat'wetea
imllen'tersfond, op peyne dat te vervoighen ni0t crsK^te^ eor
dat zy uter wapene scheeden.
Voort dat g^ene ambochU^iedea ihem mtH hsAren ,
amboc^ite i^eneerende in wetten g/hestdt en zvAlen ^ordeiL.
28"*. Voort zo begbeeren zy te v^etene waerachtegiie Aydin-
ghe van tghuendt dat meester dooris Baert ende «néeve
ambassaden lîie geweest hebben in Oostlandt, dat Tele goeds
ghecost heift, ghedaen'hcfbben.
iSO*». Voort zo begbeeren «y den brief oî toalfvel, alsp
ment noomft, diedie van^den Vryen (raudeflie veporeg/henlbeb-
ben, daer by ey de liagfhepooFters 'bedwonghen ende vep-
oraeht hebben te ghéldene ze£tyngtie'ende>poîntyn^e zeeve
lafitich viaer bnereB quaden wiHe , 'oonlrame den fpriwltgoa
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van ons ende dat de zelve lettre gfhecasseirt ende te nieuten
ghedaea zj tonser presencie , zonder dies raeer te vervoor-
deren op oiislieden gramschap ende jnstîcîe.
80*». Voort zo begheeren zy dat de drie leden slands
ende de wet , metsgaders den neghen leden van der stebe
van Bruggbe mallicanderen eed doen zulïen ende beloven
ende gbeven brieven van verbande, besegbelt alsoot be-
boort, dat zo wanneer eenicb ambocbt of ambocbtsman , of
poortre, of huere naercommers gbevechseirt , of aengbe-
sproken worde omme bemlieden yet te raesdoene boren
den kennisse dat elc daer inné ghebouden zal wesen by
zynen eede dat te belettene ende te wederstane , met al
buerleder maobt ende op de vcrbuerlen of onderpanden
als daer op gbesteld zal werden , gbemerct dat buerlieder
vergaderyngbe daecbdelic es ende dat zy buere fugitiven
claerblyckelic vynden in instrumenten ende engienen van
wapenyngbe jegbens den welvaert van onsen natnerlicken
heere, landen ende 6(eden ende buere previlegen.
8 P. Voort zo begbeeren zy dat aile de bagbepoorters
incommen zullen naer d'houde costume, want zy verstaen
bebben dat hem dat eenegbe beletten willen, ende hees-
scben die bcletters gbecorrigiert tbebben naer huer ver-
diente.
8S*^. Voort zo begheeren ly te wetene de cause waerom*
me dat de groote menidite van zaeken gheordonneert ende
gbema^ct waren, waer zy ghevarcn zyn endo dat dk
gbevonden werden ende ter maerct gbebrocht ten elcx
presencie*
88^. Voort omme te oommene teenen goeden paysivelic^
ken ende eendraobtigben a&obeeden van bueren duecbder
licke vergaderyngbe, zo begbeeren zy tbebbene onsen na-
tnerlicken princbe den bertoogbe Phelips binnen der stede
van Bruggbe , omme met hem ende met al zynder wette-
licker hoocbeyt tbebbene een goede vast ende waerach*'
tich kMnis of onbegrepen zulke bev^amieese als daer toe
236
dient jeghens aile quade opzeggbers ende contrôleurs van
huerer duechdelicker vergaderynghe die noodzakelic was
ende ter goeder, waeromme es 20 vooren verclaert es,
ende dat die gheconformeirt zy alsoot behoort ende al
omme ghepubliecrt.
84°. Item dat men van nu voordan gbeen begheerte nocb
consent doen en zal dan by boofdmannen ende aile den
dekenen, ende dat men metten zegbele van verbande niet
meer zegbelen en zal ten zy ter presencie van den 18 zwaer-
dekens ende niet anders ende emmers niet min.
Sô**. Voort by also dat eenich ambocbtsman indo wet
gbestelt worde nimmermeer commen en zal of betrocken
worden in eeneghe officien van arabocbten, nocb in gbeene
vergaderynghe van zynen ambochte.
86°. Voort dat men van nu vooi^dan gbeen poorters en
zal mueghen veroordeelen metten duergaende waerhede,
maer dat de poortre zal mueghen commen in justicien , hem
verandwoordende omme den mesdadeghen te corrigierne y
heerlicken dynghedaghe , elc naer zyn mesdaet also eenen
poorter toebehoort, niet te meer binnen den lande dan buten
den lande.
87°. Voordt dat niet jeghenstaende der previlege van
deser stede omme den ghemeenen oorboor van der zelver
stede dat de vreimde cooplieden de inghelsche wuUe die zy
coopen, zullen mooghen bringhen of doen brynghen binder
stede van Brugghe ende die aldaer vercoopen of vermanghe-
len by gheheelen zaeken, zo zy van ouden tyden gheplo-
ghen hebben.
88°. Voort ute dien dat de conync van den Romeynen
gheneghen, en tçn payse also wel metter croone van Vranc-
kerycke als met die van Ghend, ende daer omme bescreven
hadde de staten van den lande binnen der stede van
Brugghe, zo hy zeicht by zeker zynder andwoorde dat ach-
tervolghende dies hy aile neerenstichede doen wille in de
dachvaert nu ter tyt beteekend den staten binnen der
stede van Mechelen, metsgaders den drie leden slands van
257
Vlanderen, dat den voorseyden pays generalic, eendrachte-
lic geschien, ghebueren, ende onderhoaden mach wesen met
aile den lande van onsen nataerlicken heere ende prinche
zynen zone.
S9°. Voort dat omme ten voorseyde payse te bet te
gfaerakene de wrelke wy bezworne hebben, volgende de
conclusie ghenomen met die van Ghendt , een notable am-
bassade ghesonden worde an den conync van Vranckrycke ,
uter name van onzen natuerlicken prinche, de hertoghe
Phelips , van den drie leden van den lande , omme confir-
macie van den zelven payse thebbene zo eer zo li'evere.
•^0°. Voort dat aile ambachten binder stede van Brugghe ,
hebben ende ghebruacken zallen ende voordan onder-
houden zuUen zonder gebreken aile zulke previlegien^
kueren, statuten, prero^tiven, rechten ende andre vry-
heden, als zy hadden ende ghebruacken int jaer LXXXII
laetsleden binden tyde van den payse van Vranckerycke
ende daer te vooren , ende also v^rel van den previlegien
die begrepen zyn int zwarte boucxken ende elders, ende
dat men elc zyne keuren weder geven zal , dièse niet en
heift.
•41®* Voort dat aile de previlegien, costamen ende usai-
gien die men zoude moghen gheuseirt hebben , ter contra-
rien ende tanderen tyden gheottroyeert te uieuten ende
van onwraerden zuUen wesen.
42®. Voort zy begheeren openbaerlicke te ziene vearach-
tich slot ende besegheldhede van den payse tusschen ons
ende der croone van Vranckerycke, ende tanscanwene,
hoe dat toegaende es ende gestateirt ende in wat manieren»
ende dat alk veetten, officieren ende bailliuwen binden
lande van Vlaenderen , voordan gestelt zuUen zyn by hue-
ren hoofde, inde name ende ghebiedt van onsen na-
taerlicken heere ende prinche, den grave van Vlaende-
ren , ende daer mede te v^eder roepene de nieuwichede van
den lande van den Vryen , in zulker wys dat zy niet meer
let wesen en zallen van den lande', maer habitanten ende
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onderzaten van der stede van Brugghe, ende dat zy van na
voordan commen zullen in obéissance ende ten ontbieden
van der stede van Brugghe, onder hueren standaerden
daer zy behooren met menichten, ende naer transpoort van
ouden costumen.
43"^. Voort dat hemlieden verwondert ware uute epde unt
wien eerst heift moghen spruten de imbroke van desen
lande^ ende der croone van Yranckeryoke , ende sg^elycx
van der croone van Inghelant , daer zy noyt dan goed en
44°. Voort zo heift in vooriedenen tyden ghebleken dat
by scalker malicie ons zoade ondergaen ende afgetroc-
ken gheweist de stede van den Damme, of daerof verleden
es pongnicie , dat es een point dat zy begheeren te weténe
ende te verstane,
45°. Voort dat aile de mndsereeders , bonnettemaekôrs ,
plattynsnyders , lybrerariers gbeseyt boacscrivers ende bouc-
bynders y ende brauwers ambocbt wesen zoude, eûde
kueren, ende vrybedea hebben als andre ambochten.
46°. Voort dat men aile de ghone daer men quade snsh
picie op heift, of ghevanghene die bescnldich zyn exOiie-
roere , ende stelle in justicien , ende die onbesculdicfa tyn
dat men die ontsla.
47°. Voort dat aile de Duytschen en officieren van den
roomschen conync, die ghevanghen zyn of niet, eer dat zy
Tertrecken zullen, eed doen zullen den hertoghe Phelips
ende nimmermeer opstellinghe doen, nooh wapen draghen
jeghens hem, noch zinen landen ende goedwillegheué
48<^. Voort zo begheeren zy te hooren lesen alzUlcke
brieven of andre provisie ala de stede van B«igghe heift ,
sprekende op de nacie van den Oosterlinghen, omme di^
te houdene ende doen hoadene aen de voorsëfde naoîe,
want zy hemlieden in vele jaeren voorleden lettel duechden
ghedaen hebben , ende spAerlic in den dieren tyt.
49°. Voort dat men niemende verwyt doen zal by eeiii«
^he iigurieuse woorden, ghelyc te zegghâne metdeiBakaf
wiste.
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and^re gelycke woorden, op den ghonen die dat deda
scerpelic ghecorrigiert te zyne , ter discrecie van der wet.
50'' • Yoart dat die de penningeo Tan der leenynghen
ont£aen kebben^ daer of rekenyoghen doen zullea, eade
dien zy daer of anderssins daa duechdelic ghedisponeerdt
hebben dat zy daer of instaen zuUôn, ende niet min die
gbeleendt hebben zullen betaelt wesen yan der stede.
^l^, Voort dat de staten van den vier landen vergadert
werden, also gherynghe aU mueghelic wert omme eenen
eendrachtighen pays te slutene.
52^. Voordt dat men ontbiede ende zo >ele doe an Phi-
lippe Monseîgneor , aLs dat men zyne vriendscepe behoude»
^â*". Voordt dat men de stede van Damme in beter be-
waernesse stelle dan die nu es.
54*. Voordt dat men de poorters ende poorteressen also
virel de minste als de meeste onderhoude in de rechten,
previlegien ende vryheden van deser stede, ende also wéi
op den Steen als elders.
55°. Voort dat men de Brngghemaerct houden zal ach-
tiene daghe, ende dat men bidden zal den staten van den
lande omme ghelyoke maercten te vercryghene tAntwrer-
pen ende te Berghen.
56<'. Voort dat men den poorters ende herberghiers
betale van al tghuendt dat men hemlieden tachteren ende
sculdich es, van dat zy sconyncx heeren huerlieder paer-
den ende dienaeren ghevoed ende ghesusteneert hebben.
57**. Voort zo verzoucken ende begheeren zy dat men in
arree&te stellen zal aile de goedjnghen van de&en naervol-
ghende persoonen y te wetene : Mer Pieter Lanchals , mees-
ter Thybaul^^ Barradout|» Roeland , Lefevre ende aile andere
die met hemlieden besculdigh zyn » zo waer dat die ghe-
leghen zyn of bevonden zullen moghen vt^erden ende dat
men die indaghe teenen zekere daghe , omme ghehoort te
wesene in jasticie»
58°. Voort aen^aende der stede van der Sluos omme
diesv^iUe dat de vremde coopman altyds qualioken ghetrac-
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teirt wert int lyden ende int passeren of zyne affeeren die
hj te doene heift bînnen der stede van der Slaus of int
water ten grooten quesse van hem van deser stede ende
Tan den ghemeenen lande van Vlaenderen, so begheeren zy
dat daer op goede scerpe provisie ghedaen zy in zulker wys
dat de coopman gheen cause en bebben dese stede ende
tZwrin te latene also hy daghelicx doet also elc v^eten mach,
ende omme verstanesse tbebben van der voorseyde provisie ,
es waer dat omme toftrecken van cleene ende diverscbe
pachten die men van sprinchen wegbe plach thebbene op
den coopman, de stede van Brugghe haer ghelast ende
verbonden heift in tsestich ponden groten ervelic dièse daer
vooren betaelt den prinche. Ende dat de stede van Brugghe
in haeren handen vercreghen heift zeker jaeren gheduerende
t'baliaige van den watre ter Sluus en tselve officie ghere-
stringiert ter bewaernesse van den koopman ende tsynder
lavenesse , by den weiken ghelycke restryncsie ghebreict van
der baillinaige van den lande van der Sluus , ende voort van
aile andere exame ende andere extraordinaire zaken die de
pachters van der thoolne ter Sluus ende andere princhelic-
ken pachten die noch in wesen zyn daghelicx useren ten
hende dat de coopman paisivelick ende duechdelic ghetrac-
teirt mach worden also wel ter Sluus als eldre.
59°. Voordt dat , als de staten vergadert zyn, dat men zalc
advys stelle ende ordonnere op tstic van den munte , ten
hende dat de zelve munte in elc land even ghelyc loop ende
courps hebben.
60® • Voort dat men advis neme op den stapele van der
haringhe ende wynen ten Dame, naer d'houde costume.
6P. Voort aengacnde den deven ende aile scepen van
oorloghe op zee dat men die doet rumen ten hende dat de
coopman cause heift te bet te commene tsinen rechten stape«
le 9 ende dat hy niet meer en comme binden lande van
onsen ervachteghen prinche by saveconduite.
62**. Voort dat zo wie den thol van Brugghe foebehoort
sculdich es den Vlaemsche stroom vry te houdene van
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aile roove ofte men zoudene zynen thol neme ende legghen
tsheeren tafle, ende zclve de zee vry tboudene tsynen coste.
63°. Voort dat aile manîeren van alleune ende and ère
coopmanscepe commende van Plomby, of van wat andre
landen dat zy , dat men die vry zal mueghen brynghen bin^
den lande van Vlaenderen , zonder last van eenegher impo*
«icie, niet jegbenstaende diversche gheboden tandren tyden
ghedaen ter contrarient die te nieuten wesen zullen , ende
begheeren dat correclie ghedaen zy van den ghonen die
daerof beletters gheweist hebben of beletters zouden v^illen
wesen.
64®. Voort dat aile cleene zviryngbende ende andere
tbollen ter Sinus, by middele van appointemente of anders*
fiins ofghestelt ende te nieuten of ghedaen worden, zo dat
best moghelic was.
65®. Voort dat men tofficie van den ykerscepe stelle
in den handen van deser stede, zoot van ouds ghewreist heeft,
ende dat de zes ghecommitteerde ter stede goede daerof.
disponeren zullen , ten profiFyte van der zelver stede.
66°. Voort dat de ghone die tofficie van den ykerscepe
bedienen, niet meer hebben en zal dan twee miten van
elken ponde vreder dat te licht of te zwaer is.
67*'« Voort dat de cooplieden van wat nacien dat zy
zyn, voordaen niet gheoorlooft en zal wezen eenich andere
coopmanscepe binnen der stede van Brugghe te doene
dan van den goede ende coopmanscepe die zy brynghen
zullen van over zee ende van over berchs , of die an hem*
lieden ghesonden ende gheconsineirt zal worden , die te
moghen vercoopene, noch eenichsins te verminderen, of
doen veranderne , anders dan naer inhouden van der
kueren, van der cruudhalle^ meerseniers, hallelaken-
halle ende lynwaethalle bevonden, trecht van den poor«
terye van der voorzeyde stede, ende dat de zelve vreimde
kooplieden niet en znllen moghen coopen eenighe goeden
ende coopmanscepen die zy brynghen of an hemlieden
ghesonden . ende gheconsigneirt zullen worden, zy voor-
Ahhales, — Tome IF. 18
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seyd es ende ghelyo alleen coperroot, quiczelver ende aile
andre, zullen vercoopen iti zulken staten als zy die bryn^^
ghen of an hemlieden ghesonden werden, ende dat zy
die niet en zullen mueghen Terwercken of veranderen
op de boete van vichtich ponden parisis , te yerbueren ran
elken sticke, also dickent alsment ter eontrarie dade, also
wel den verwerckere als diet doet verwercken, elc ëO
ponden parisise van elken sticke, ende hier of zal den
deken van de oruudhalle tbezone hebben.
68**. Voort omme dieswille dat de stede van Braggho
jaerlics zeere ghelast es, ter causen van pachte van den
tholne, zo hebben zy metsgaders deken ende hooftman-
nen van den gheselscepe van den makelaers gheadviseert
dat men zo vele zoude v^illen doen in den ghonen die
men den pagt van thoolne betaeld jaerliox, dat men ont-
slege worde van pachte van den zelven thoolne indien
tmaeghelio zy, ende indien dat niet zyn en mag, dat
men provisie doe by scerpen ghebode omme den dienaers
van der zelver thoolen, dat niement van nu voordgn en
gheoorloove eenich goed weerdich boven den vyf ponden
grooten, te vertoolne ten zy dat dat ghedaen zy by eenen
vryen hostelier, makelare ofte zynen bekenden clerc, ten
hende dat de zelve stede niet ghefraudeirt en werde van
hueren rechte van de voorzeyde thoolne, ende indien
dat eenich ghebrec ghevonden worde onder den hostelier,
makelare, of zynen clerc, dat die ter correotie staen zullen
als zy van ouden tyden ghestaen hebben.
69**. Voort in voormen ende beteekehesse van hertelicker
begheerten omme wederromme gheene nieuwe vergade-
rynghe te stichtene , zo begheeren zy eendrachtelyk dat eer
zy standaert of bannieren vellen zullen, dat aile dese poin»
ten zullen v^esen gheexpedieert onde vuldaen , of dat men
hemlieden ghetoocht zal hebben by wat middelen of by wat
reden dat datte also niet sculdich en es te wesene , noch te
gheschiene.
TO"". Voort aile zaken voorleden ghepasseirt ende ghe*
245
scbiet zynde, daêrof dat de cause es gheweist omme pays,
minne, eetidraclitichede bitien lands ende metten vier landen
t'onderhôodene ende thebbene acooordt omme onsen ede-
leû gbebooren heeren ende natuerlicke prinche grave Phe-
lips tbebbene Truechdelic hier ende eldre in stede daer toe
gbeordonneert , nemaer boe wel dat aile zaeken oorspron^
ghen ende sticken zeere goed ende duechdelic zyn, ter
Oondicie nochtans dat in toeeommende tyden by oprysene
van gbeslachten ende oude nick mochte op eenegben was^
«en, lyden of verdriet, duer envye van oader memorye,
zo es huerlieden begbeerten dat men vynde ende ordonnere
raed van vertekerthede omme daecdelic te besourgbene
dken, gaende van elken op elken by verbande van den
drie leden in obediencien ont natuerllcx heeren der wet
ekkde den negben leden, ooc wel te verstane de wet, ende
de negen leden zo vâst verbonden met elcanderen aïs dat
nemmermeer nôch te gheenen daghe ter causen van desen ,
waer hy hoogbe, waef hy neder, waer by deene, waer
hy grodt^ yemende pugnicie lette^ indere, of grief daer of
gbebueren zoude mueghen.
71®. Yoort dat men ordonnere van der stede weghe
zekere ambassedears omme te treckene ter daobvaert te
Mecbelen.
78*. Voort dat den vreimden cooplieden niet gheorlooft
en zyn binnen dezer stede van Brngghe, teenerwaersten
min te vercoopene dan 6 vaten, balen, of kisten zukere ofte
andere goedere, ten ware dat zy der niet meer en hadden.
73®. Voordt dat geen scipman, van wat steden of plecken
by zy , van bnten slands en gbeoorlove an te nemene noch
te bevrecbtene eenich goed noch ooopmanscepe binnen
deser stede, ende dat alsoo weg te voeme, hy en zy alvoo^
ren poortere tan deser stede, ende bovendieti bevryt int
ambocht van den sciplieden op tekere correotie ende bœte,
ende dat de vryhede van den ambochte van den sciplieden
van deser stede hem bestrecken toter Sinus.
74"^, Voort dat aile de ghone die naermaels in wetten
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commen zullen of in eenich offiîïie van deser stede ghelyc
bailHu , scoutheeten , buerchmcesters , scepenen , raeden
ende trésoriers, ende aile anderen die eed doen van den
previlegen van deser stede, tonderhoudene binnen den
derde daghe, dat zy hueren eed ghedaen zallen hebben,
elc int zyne besien ende visenteren zal de prevelegen van
der voorseyder stede, ten bende dat elc van bemlieden
te bet weten mogbe wat hy bezwooren beeft , ende dat de
zelve previlegen van pointen te pointen onderbouden
blyven.
TS**, Yoort dat aile processen die gbesproten zyn, zo
waer ende voor wat jugen dat die hangben, ende nocb
onghedecideert zyn ter causen van der lester zaken die gbe«
Vfreist hebbene tusschen de aertscb bertoogbe van Oostryck ,
nu roomsch conync, ende den lande van Vlaenderen, der
payse daer naer volcbt ende, al dat daer ute gbesproten es,
of die nocb ter zelver cause spruten zouden mogben , bier
dat bet zy te nieuten v^esen zullen ende van gbeender
weerden, ende en zullen de persoonen die onlancx in
gberoupen zyn, gbeene processen mogben annemen te laste
van der stede, of daerof de zelve stede gbeagreveirt zoude
mogben worden, ter causen van zaken gbescbiet op buer-
lieder persoon ende gocden in buerlieder absencie ende
siebtent bueren banne, maer zullen buere goederen mue-
gben anevaerden in zulken state aïs zy die vynden.
76*». Voort begbeeren zy dat men goede gberegbeltbede
boude aengaende der paste van den broode, want tgbe-
meente daer by zeere vercranct es.
77°. Voort dat aile poorters ende poorteressen vry zullen
wesen van tboolne al Vlaenderen duere , naer tinboudene
van den zwarten boucxkene.
78°. Voort aengaende de particulière supplicacie over-
gbebrocbt van Jer poorterye, bet zal latere mgbesien wor-
den.
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L'acte qu'on vient de lire indique les griefs que Ton
voulait voir cesser , et qui avaient été la cause de Tempri-
sonnement de Maximilien. Il paraît qu'à la suite il y eut
une assemblée des députés des trois membres de la Flan-
dre, devant laquelle ces demandes et quelques autres
furent examinées. L'acte suivant fait connaître les réponses
à ces demandes , et servira à compléter les renseignements
précédents.
Pour suivre les détails du soulèvement contre Maximi-
lien, et voir ce que produisirent les prétentions de la
commune , des corps de métier et des magistrats , il est
nécessaire de lire le traité de paix entre le roi des Ro-
mains , les états et les trois membres de la Flandre , conclu
à Bruges , le 16 Mai 1488 , et qu'on trouve tout au long
dans le Recueil des traités de paix etc. Amst. , 1700 , 4 vol.
in-folio, tome I , page 737. Ce traité est extrait des chro-
niques manuscrites de Jean Molinet, tome II, page 68.
DIT NAERVOLGHENDE ZTN DE POINTER ENDS ARTIGLEN DIE DE GHEDEPC-
TEIRDE TAN DEN IfEGHEN LEDEN VAN DER STEDE TAN BRCGGHE , TAN
DEN ZELYEN LEDEN WEGHE OVERBROCHT HEBBEN DER WET VAN DER
YOORSEYDER STEDE , OnVE DIE BT DEN LEDEN SLANTS VAN TLAENDEREN
TOLCOnHEN THEBBENE AL ZULKE POINTEN ENDE ARTICLEN ALS DAER
OP BTDER VOORSETDER WET ENDl^ DEN GHEDEPUTEERDEN VAN DEN
NEGHEN LEDEN, VAN ARTICLE T ARTICLE, GBENAEMT ENDE GHEADYISEERT
ZYN.
Eerst zo begbeerea zy , dat men justicie doe over de
gbone die hem verToorderd hebben tvierde let te makene
contrarie der eendrachtichede van den lande ^ ende dat men
die scerpelicke executere in de steden en plaetsen daer
die zyn, ende dat men daer op informacie doe, omme te
v^etene wie zy zyn diet ghedaen ende vervolgt hebben.
Appointemente. Elc van den leden informacie doen lal
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van de besculdcghen , omme jeghen de zelve naer bevînt
van der informacie te procedeerne aîîio naer rechten ende
justicie behoornen zal. Aldus gheteekend: Vah der Obtiii.
Item voord zo begheeren zy recht ende justicie, over de
ghone die zekere remissen ghebroken hebben gbegbeven
ende verleent by mevrauwe Marie ter lester duechdelyc-
ker vergaderynghe voor deze , niet ghedaen dan ter goeder
causen , omme de dood van hertooghe Kaerle verradelic
daer toe ghebrocht zoot wel bleec te Gbend by justicien,
ende om groote scattingbe te quitte gbegbeven ende omme
vele acbtergbebouden onsen previlegen int Vrye ende
andersins gbemeret dat zulke inbrekers den sommeghen
van bemlieden gbenomen bebben, lyf, landt ende «tede
«nde scameîycke ghejaecbt uut huerer welvaert, ende
dat men bier op informacie neme ende daer op recbt doe.
Appointement. Yrienden en magben oft andere die daer
of weten te beclagben, informeren den procureur generael,
die es of wesen zal, in de camere van den rade in Ylaen-
deren, omme by der zelven procureur gbeprocedeert te
werdene jegbens de besculdegbe, by justicie voor myne
beeren van den rade , daer de kennesse beboort als naer
recbte behooren zal , ende indien niemant van de vrienden
ende magben nocb anderen en quamen omme zulke infor-
macie te doene zo zullen, de voorseyde drie leden zelve
de procureur générale last gbeven uut zyner officie hem
daerof te doene informerene. Aldus gheteekend : Oeteh.
Voord zo begheeren zy rekenynghe ende rasch vuldoen
van allen den zwaren zettinghen, ende groote pennynghen
gbegbeven int Yrye ende smallen steden, ende voord van
den leenyngbe die den poorters ende insetene van dezer
stede es ghedaen doQn, ende waer dese, ende aile andere
pennigben ghenadert »yn, ende indien mm daer af yemende
in fauten vint, dat die gheheobt zy ende ghestelt in juS'
ticie.
Appointements Dat dQ drie Jeden zo veto doen a^nllen»
(iat de rekenynghe allomme ghehoort a^uUen siyn, daer zy
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nog Qiet gbehoort en zyn, ende daert ghedaen es gbelic te
Bragghe, int Vrye of elders de regierers elc int zyne,
zullen innen ende ghecrighen zooder lanc delay zulke
somme van penninghen aïs men der Toorseyder stede van
Bragghe, den lande van den Yryen^ oft andere plecken by
slute van de Toorseyde rekeningbe tacbter ende scaldioh
es, ende dat byarreste, plecken ende vanghene van den
persoonen die de zelve pennyngben gbebouden zyn te be-
talene zonder dit te declareerne tôt anderstont dat zy de
zelve penningben beth zullen bebben. Ende als Tan den
gbonen die de stede den landen gheleent bebben, mensalse
rembourseeren , zoome eerst zal connen ende moghen*
Aldus gheteekent: Obtkh,
Item dat alzo corts alst maegbelic wert te vercrigbene
eenen goeden gbestadegben ende generalen pais, ende dat
de vier landen daer in gbesloten zyn.
Appointement. Dat zy daer omme vergadert zyn te Gbend,
metten staten van Ylaenderen, yerbeidende de comste
▼an den staten van allen den landen. Aldus gbeteekent:
Omit.
' Item daer ute dien dat de coninc van den Romainen
gbegbeven es ten paise , alzo wel met de croone van Vranc-
kericken , als met dien van Gend , ende daer omme bescre-
▼en hadde de staten van den landen binnen der stede van
Bruggbe, zo by zeicbt by zekere zynen andwoorde, dat
acbtervolgende dien by aile neerenstiebede doen vrille in
de dacbvaert nu ter tyd beteeckent den staten binnen der
stede van Mechelen, metsgaders den drien leden slands van
Ylaenderen, dat den pais generalic, eendraobteUc gbesciet,
gbebueren, ende onderbouden macb wezen, met aile den
landen van onsen natorelicken beere ende prinefae zynen
ïone.
Appoinotement. De drie leden vrilden wel dat de coninc
bem employeren ende vougben wilde teener goede géné-
rale paise, also wel van Yranckericke als van aile den
lande, maer dat hy badt onderbouden ware, dan de paise»
248
die ghemaect hebben gheweist, ende yerzekert dat hy noch
mement den zelve breecken en zoude mogben. Aidas ghe-
teekent: Obyen.
Voord dat hemlîeden verwonderd ware uut wién eerst
heift moghen spruten de imbroke tan den paise van
desen lande ende de croone van Vranckericke , ende ins-
ghelicx van den croone van Ingeland, daer zy noyt van
pais en wisten.
Appointement. De drie leden hebben vele diligence daer
inné ghedaen ende bevonden diverschen besculdinghe ,
ende onder anderen mer Pieter Lanchals , die gheexecuteert
es , zo elc weten mach , ende als van den anderen zallen
daer inné procederen in tyden ende wilen, aïs men beghee-
ren zal. Aldus gbeteekent: Oeyen.
Item dat men ontbiede ende zo vele doe an Mer Philîppus
van Ravestain, als dat men zyn vriendscepe beboade.
Appointement. De drie leden hebben vele diligencien
daer toe ghedaen, ende nog doen zuUen, ende begheeren
niet anders indien zy zyne vriendscepe verwerven consten.
Aldus gheteeckent : Oeyen,
Item dat gheene gheestelicke persoonen ambochten doen
zullen moghen binnen den lande van Vlaenderen, want
dat es ten grdoten quetse van den ghemeente insetenen van
der stede van Brugghe, ende den ghemeenen lande van
Vlaenderen, want zy zyn ghestelt Gode te dienene, ende
anders niet te doene, want gheene hertoghe noch prinche
hem daer ghehelpet en mact,
Appointement. De drie leden willen daer op communie-
quieren, met elc anderen ende rypelic letten, mids dat
eene générale zake es^ ende dat men also wel te Ghendt ,
tYpre ende elders als te Brugghe , van ghelicken doet , eer
zy daer op sluuten zullen ^ Aldus gheteekent : Oeten*
Ende voord zo begheeren zy , dat de wet van der stede
van Brugghe^ sprekende advisere metten anderen tween
leden, angaende der reparacie van den Zwene ter Sluus,
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ende dat men dat betere ende daer toe doe zulke dyligencie
aïs van nooden werdt.
AppQintement. Dandren twee leden zallen gherne yer-
staen, zo wanneer de landen yerenst zullen wesen ende
staen in paise. Aidas gheapprouveert ende gesloten te
Ghendt by den drye leden slands van Vlaenderen, den 17
in April A° 88 naer Paesscben^ aidas gheteekent, my présent
gbeteeckent : Van ser Oeten.
De pareils actes peuvent seuls expliquer les rouages
secrets des grandes commotions de la fln du xv* siècle ,
et Ton n'en pourra faire un récit complet et coloré que
lorsque tous auront été mis au jour.
Cette lutte entre un souverain habitué aux principes
politiques de l'Allemagne et un peuple ayant , depuis son
origine, joui d'une liberté presqu'illimitée , se termina après
une captivité de quatre mois , qui ne prit fln qu'à des con-
ditions onéreuses pour l'archiduc.
On sait qu'après avoir été enfermé pendant une quin-
zaine de jours dans la maison d'un épicier-droguiste,
nommé Nieulant, sur la Grand'Place, les corporations
lui donnèrent pour prison la maison de Jean de Gros ,
près du pont des Baudets. On peut voir à ce sujet l'inté-
ressante pubhcation de notre collègue le docteur De
Meyer, Origine des apothicaires de Bruges^ in-4°.
MOEURS ET USAGES DU XVV SIÈCLE.
En Septembre 1518 une maladie pestilentielle régnait à
Bruges. Une ordonnance fut publiée prescrivant des mesU'*
res pour empêcher le progrès de la contagion. Entr'autre
il fut défendu de célébrer des nôces ou festins où se ras-
semblerait un grand nombre de personnes, et ordonné
de fermer toutes les écoles d'enfants.
Quelque temps auparavant l'empereur était mort, et
après une grande procession à ce sujet, on régla, le 1
Juillet 1519 , les fêtes qui seraient célébrées pour Tavéne-
ment du nouveau souverain. Sur le Bourg, devant le
Scepenhuis^ ou hôtel-de-ville , il devait y avoir jeux et esba-
temens. La ville promettait à ceux qui feraient le mieux ,
douze cannettes de vin , et aux autres , selon leur mérite ,
huit, quatre ou deux cannettes.
251
Il parait que les mœurs devaient être bien dere'glées
à cette époque, car la même ann^e^ diverses ordonnan-
ces furent publiées , statuant que les jeunes filles au-dessous
de 25 ans, ne pourraient plus parcourir les rues en
vendant des fruits. Les considérants du règlement prou-
vent qu'il n'y a pas d'autre cause à cette mesure, que
celle que nous y assignons.
En 1521 Tournai fiit assiégée, et d'une rude manière,
car Bruges , pour son contingent , ordonna une levée en
masse de tous les hommes valides de 18 à 50 ans. Gomme
la peste et la guerre marchaient presque toujours de
compagnie en ces temps, l'année suivante cette terrible
maladie vint ravager la ville de Bruges. Elle dut sévir
longtemps, puisqu'en 1523, non seulement elle n'avait
pas cessé, mais avait envahi la commune de St-Michel,
et divers règlements sanitaires furent publiés. Cet état de
choses amena la disette , et , en 1524 , la eherté des vivres
fut telle, que les magistrats durent prendre des mesures
rigoureuses pour y remédier.
Cependant ces malheurs n'abattirent pas l'énergie. Le
28 Avril de la même année une levée en masse s'e6fectua
contre les Français.
Charles-Quint les avait battus à Pavie. Une publication
annonça des prières publiques à l'occasion de cette défaite ,
fit connaître que le roi des Français avait été fait prison-
nier, et que le nombre des morts était de 14,000. Le
même mois les magistrats publièrent la liste des sei-
gneurs français qui avaient subi le même sort que le roi.
En 1525 la paix se conclut entre l'empereur et le roi.
Des processions et des fêtes eurent lieu à cette occasion,
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et la tranquillité étant rétablie à l'intérieur et à l'extérieur,
l'attention se tourna vers les progrès de Phérésie de
Luther. Une ordonnance curieuse est publiée contre elle
le 28 Août.
Des dissensions s'étant élevées entre le pape et l'empe-
reur , celui-ci fit arrêter le saint Père , et ce ne fut qu'en
1S27 que la liberté lui fut rendue. Le 18 Janvier une
procession générale se fit : Om dat onzen helighen vadere
den paus by ordonnancie van den keysere^ onsen ghe-
duchten heere, ontsleghen es ende gherestitueert in zyne
vryheyt en liberteit.
L'année suivante, une nouvelle maladie pestitentielle
fit invasion. On la nomma de zweetende zieckte^ et son
intensité ne diminuant point malgré l'approche de Thiver ,
un règlement sanitaire fut publié le dernier jour de
Septembre.
Une foule de circonstances avait contribué à énerver
l'action de la police, au point qu'en 1S30, il n'y avait
plus de sûreté dans les rues, même en plein jour. Les
malfaiteurs étaient si nombreux, que les magistrats prirent
une ordonnance qui les punissait de la peine de mort:
Àengezien dat veele groote overdaden, en violencien, zo
wel by daghe als by nachte ghebueren by opbrekynghe
van dueren ofte veynsters^ worpinghe met steenen up de
lieden husen/" uploop te doene up persoonen etc. etc.
Le 21 Janvier 1530 eut lieu à Bruges l'enterrement de
la gouvernante des Pays-Bas.
253
Le magistrat donna à connaître paru ne ordonnance ,
qu'en vertu de la résolution prise d enterrer ce jour, après-
, midi, le corps de très vénérée dame Madame la régente
des Pays-Bas , dans le couvent des Annonciades , hors de
la porte des Baudets , ledit corps serait accompagné d'une
procession solennelle, pour laquelle il est strictement
ordonné aux doyens et aux serments des corps de métier
de se rendre en habit noir à Thotel-de-ville , avant onze
heures du matin, afin d'aller en corps et ensemble avec
le magistrat à Péglise de Notre-Dame , et de-là , en bon
ordre, avec le cercueil, à travers la rue Sainte-Marie,
par le côté ouest de la boucherie (aujourd'hui place Simon
Stevin), à travers la rue des Pierres, la Grand'Place, la
rue St-Jacques , la rue des Baudets , jusqu'au couvent susdit
où l'on célébrera un service solennel. Tous ceux qui
habitent les rues par lesquelles passera le cortège , doivent
tenir leurs boutiques fermées, et nettoyer devant leurs
maisons.
Deux jours auparavant il avait été résolu d'aller au
devant du cercueil jusqu'à la porte Ste-Croix ; de l'amener
avec grande pompe et solemnité à travers les rues que les
habitants doivent nettoyer avec soin. Les chefs-hommes,
doyens et serments des corps de métier, tous en habit
noir, avaient reçu l'ordre de se rendre processionnellement
du Bourg jusqu'à la porte de la ville.
Si tout à l'heure nous avons vu que les mœurs étaient
arrivées à un haut degré de dépravation , il parait que le
faste avait aussi sa part dans cette démoraUsation générale.
Voici à ce sujet un*^ nance assez curieuse de l'empe-
reur Charles-Qii' ^^mbre iSSi :
264
« Pour remédier au grand desordre et excès qui est
entre les vassauk et subgetz et autres manans et habi-
tans de nos pays de par decha , en leurs habillements et
accoustrements , à leur insupportable dépence et au pré-
judice du bien de la chose publique, nous avons statué,
ordonné, défendu et interdit à tous nos vassaulx soient
ducs, princes, marquis, contes, bannerets, nobles ou
aultre , mauans et habitans de nos dits pays , de quelque
estât, qualité ou condition qu'ils soient, aux femmes
comme aux hommes sans aucune exception, le port et
usaige de toutes sortes et manières de draps d'or et d'ar-
gent^ de toille d'or ou d'argent , de brocat d'or ou d'argent,
tant en robes, manteaulx ou chappes, pourpoints, sayes,
cottes et cottelettes, en manches ou manchettes, ou en
bordures grandes ou petites , et ensemble toutes bordure»
d'or ou d'argent , sur quoy ni en manière que ce porroit
estre.
» Que nul de noz vassaubc et subgetz de quelconque estât,
qualité ou condition, puissent doresnavant porter robbes,
manteaulx, ne sayes, de velours ou satin cramoisi, fors
princes, marquis, contes ouïes chevaliers de notre ordre,
et les seigneurs bannerets d'ancienne noblesse, ou les
chefs de notre privé conseil et leurs enfants , les chefs
d ofiBces et principaux oiBciers de nostre hostel , en tenant
pour eulx et chacun d'eulx, nombre de bons chevaux,
convenable à leur estât. ^
» Que nul de noz vassaulx et subgetz, ne autres manans
et habitans de nos ditz pays , et aultres que les dessus
dénommés , puisse ou porra doresnavant porter robes de
velours noir, ou autres couleurs non cramoisi , s'il ne tient
trois bons chevaux de selle , dont les deux seront chacun
de la haulteur de seize paulmes et demye pour le moins.
Que nul aussi, de quelque estât qu'il soit, fors les dessus
255
nommés, puisse ou porra doresnavant porter robes de
satin ou damas , ne soit qull tienne deux chevaux , l^un
pour le moins de la baulteur de seize paubnes et demye.
Et en outre que nul aussi de quelque estât qu'il soit,
puisse porter saye de velours, de satin ou damaz, ne soit
qu'il tienne un bon cheval. Qui feroient le contre , et pour
chacune fois qu'il adviendroit, de la perte et confiscation
des robes et aultres habillemens, bordures et brodures
qu'ilz porteroient contre notre présente ordonnance, ès
pays et lieux ou confiscation a lieu , et outre ce ^ indiffé-
remment de peine arbitraire, de la valeur des dits habille-
mens , bordures ou brodures , ès lesquelles pertes , confis-
cation et peine s'appliqueront la moitié au profit de l'église
paroissiale ou d'autres églises du lieu ou ce adviendroit,
et l'autre quart au profit de l'officier qui en fera l'exécution
(il parait qu'un quart revenait de droit au gouvernement).»
Les pestes nombreuses qui régnèrent au xt* siècle,
étaient souvent occasionnées par le défaut de mesures
sanitaires qu'il faut toujours prendre au milieu d'une
nombreuse population. Les administrations s'en aperçu-
rent enfin , et nous voyons de temps à autre qu'elles diri-
gent leur attention sur ce point. En Octobre 1530, on
ordonna à Bruges d'enterrer dorénavant les chevaux , les
chiens morts ainsi que le poisson gâté , non plus derrière
l'hospice de la Madeleine , oii cela se faisait habituellement,
mais loin de cette institution, de l'église de St-Bavon et
des maisons voisines. De plus d'enterrer assez profondé-
ment pour qu'il ne puisse sortir d'exhalaisons nuisibles,
et de recouvrir les fosses d'une couche épaisse de sable.
En 1S32, défense de vendre le vin de Rhin plus de
huil gros le stoop.
256
Kn 1533, défense à qui que ce soit, à Bruges, d'acheter
de la laine de Flandre, et de la faire peser ailleurs que
dans het vlaemsche weghuis située dans la rue aux Laines
{Wulhuistraei).
On se rappelle qu'à cette époque la manufacture des
étoffes en laine était déjà en pleine décadence à Bruges.
Les laines anglaises enchérissaient chaque jour , au point
que peu d'années après , on dut entièrement y renoncer ,
et on commença à fabriquer des draps avec de la laine
d'Espagne (1S43). Il paraît que celle de Flandre ne con-
venait pas pour les étoffes fines. Pour plus amples infor-
mations sur ce point, nous renverrons le lecteur à une,
notice publiée précédemment dans les Annales sur la fabri-
cation des draps à Bruges , depuis le xvi'' siècle jusqu'au
Octave Delepierre.
257
VVVVVVVVVVVVVVV\VVVVVVVVV\,VVV\VV\)VWW\)VV\WV\WWV\V\VV\AV\WV\VV
PROJET DE DÉFRICHEMENT
DE LA
GRANDE BRUYÈRE
QUI s'étend sur les communes
JDt IXnVbmooorit ^ ZmmmU et £xt\\Uxvtïii( ^
CONNUE SOUS LE NOM DE
VRY GEWEYD,
Je n'ai d'autre but dans cet e'erit que d'attirer l'attention
sur une question d'utilité publique , à laquelle il est temps
de donner une solution.
Opportunité du projet.
• La Flandre est dans la souffrance. La crise terrible
que subit l'industrie linière par suite de la concurrence
des toiles faites à la mécanique, réduit à la pauvreté une
foule de braves gens qui ne demandent que du travail. Le
terrible fléau du paupérisme commence à nous envahir.
Le dépôt de mendicité, établi à Bruges pour les deux
Flandres, ne contenait ordinairement que peu de monde
pendant l'été, aujourd'hui que nous sommes au beau
AnirALES. ^ ' Tome IF. 19
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258
milieu de la bonne saison, le dépôt est' toujours encombré
comme -au plus fort de l'hiver , et ce qui ne s'est jamais
vu en Flandre , des bandes d'hommes sans travail , au milieu
de Tété , parcourent les campagnes et menacent le repos
public.
Des hommes , amis de leur pays , inspirés par des vues
généreuses , font explorer des pays lointai&s , et cherchent
jusqnes sur les côtes de l'Amérique , des terres à défricher
et les moyens d'utiliser les bras et le génie industrieux du
Belge. Tout en formant des vœux pour le succès de si
brillants projets , on doit cependant reconnaître qu'il n'est
pas nécessaire de sortir de la Belgique pour trouver des
moyens d'occuper utilement bien des bras.
On trouve encore à l'heure qu'il est, au milieu de la
province, qui est une des mieux cultivées de l'Europe, et
au milieu d'une population active et industrieuse, comme
l'est la laborieuse population de la Flandre, on trouve,
dis-je, des terres d'une étendue considérable, qui sont
incultes , sauvages et à peu près telles que les a laissées
le déluge universel.
Il faut espérer que ce triste état de choses va enfin cesser.
La mise en culture de terres communales^ car telle est
la nature de celle dont je me propose de parler , ne peut
se faire sans l'intervention et l'autorisation du gouverne-
ment. Or, de tous les gouvernements étrangers qui ont
exploité la Belgique, aucun n'a eu ni le loisir, ni la volonfé
sérieuse de s'occuper de ce genre d'amélioration intérieure.
Un bienfait pareil ne peut s'attendre que d'un gouvernement
fondé par le pays , libre et national enfin comme celui sous
lequel nous avons le bonheur de vivre. Aussi a-t-on ob-
servé que les défrichements en questicm ont été Tobjet
constant de la sérieuse sollicitude de l'autorité provincial
dès qu'elle fut définitivement organisée.
Dans &on Rapport de 1838 l'état de P administration
de la Flandre-Occideni(de^ fait au conseil provincial, la
dépuiation permanente , au § défrichements, donne avec un
intérêt tout particulier, de longs détails de toutes les
démarches , de toutes les formalités au moyen desquelles
on est parvenu à mettre en culture la bruyère connue sous
k nom de Sysseelsche-veld de la contenance de H. 71-30-43.
Ce paragraphe finit par exprimer le vœu de voir l'exemple
de Sysseele suivi à l'égard d'autres vaines pâtures de l'es-
pèce, telles que le Beverhouts-veldyle Maele^veld et autres.
î> De grandes étendues de terres vagues , ajoute-t-il, seraient
)» livrées à la culture et augmenteraient le bien-être des
w habitants des communes ou elles sont situées. »
Ce voeu ne resta pas stérile, Eti effets dans le Rapport de
1839 , la députation permanente annonce avec empresse-
ment qu^un pas nouveau vient d'être fait dans la mise en
eultute dôs taines pâtures» C'^st la bruyère de Maele (hèi
fHaele^vetd) ûe la contenance de 108 hectares, sur laquelle
les habitants du hameau (ci-devant seigneurie) de Maele
eterçaieni depuis plusieurs siècles un droit i^térile de
parcours , qui venait d'étt*e en partie aflei^mé.
Après des succès pareils ^ il ne faut pas désespérer de
voir aussi k question résolue enfin en faveur de la bruyère
qui feit l'objet de cet écrit. Encouragé par le haut intérêts
qjjeportent à ces travaux les hommes éclairés qui président
aux destinées de la Province , assuré de toute leur sympa-
thie, je me suis mis à faire une étude sérieuse de la
question , et c^est avec une entière confiance que je com-
munique au public le fruit de mes recherches , trop heureux
si elles amènent un résultat utile à mes concitoyens.
Pour raisonner solidement sur ce qui regarde une
propriété , il faut prendre pour base le titre en vertu du-
quel on possède. C'est ee que nous allons faire. Voici donc
Î60
d*ffbord le titre ou Tacte de concession de la Bruyère,
. traduit du flamand aussi Gdèlement que possible.
Texte de l'acte de concession de la bruyère.
Nous Philippe de Clèves, de la Marck, seigneur de
Ravestein, ff^innendaele etc.
Savoir faisons à tous ceux qui verront ou ouïront
ces présentes lettres, que nous avons reçu l'humble et in-
stante supplication de nos communs Laeten (1), Ao-
bitants de cette partie de notre seigneurie et vierschare
(\y Ce mot Laéten est d*origine tudesque , diaprés Rapsaet. C'est le
mot Leid des Germains, que les Romains ont rendu par Lidus, Lifus^
Leifus, LaituSf Lariuê, et c*est de cette latinisation de Letd que nous est
▼enu le mot de Laeten, Ceux-ci étaient des colons qui demeuraient sur les
terres d'autrui. Or dans toute VAlIemagne ces hommes sont encore appelés
Leiden^ Luyden; en Flandre: Luyden, IrOtffen. En Flandre les justicia-
bles d*une cour foncière, c*est-à-dire, de basse justice, à raison de leur
tenure à rente foncière, portent le nom de Laeten de tel ou tel seigneur,
comme Proostlaeten , Canoninxlaeten,
Jules César n^avait jamais permis que les peuples germaniques Tins*
sent s^établir dans les Gaules. Auguste suiTit une politique opposée,
ainsique ses successeurs, et du temps de Julien l'apostat, il y avait déjà
un nombre incalculable de Germains établis dans la Belgique, Innumera
Germanorum muliitudo, comme il écrit dans sa lettre aux Athéniens.
Probus et Constance Chlore en ont peuplé toute la partie de la Flandre,
depuis Courtray jusqu^à la mer, et toute la côte maritime jusqu'à Anvers
et en Zélande. St-£loy y convertit plusieurs Suèves , et d'autres barbares*
Il existe de ces colonies de Leiti^ Laeten^ encore plusieurs vestiges
en Flandre, en voici quelques-uns:
Laeten de Zweveghetn, demeure des Suèves.
— — Zioevezeele, salle ou tribunal des Suèves.
— — Torholt^ forêt du dieu Thor.
— — Odelem, siège du dieu Oden.
— — Quarl'Ypresj Tpres des Quades.
^ — ^ Catzandy sables des Cattes.
— — Winnendaele, vallée des Winnidi.
— — Scheldewindih^ Winnidi de l'Escaut.
— — Dendencindik, Winniài de la Dendre.
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261
de fFinnendaele qui s'étend dans les paroisses de Rudder-
voorde et de Zwevezeele, par laquelle ils nous font con-
naître qu'ils avaient obtenu de feu Adolphe duc de Clèves,
comte de la Maitck^ seigneur de Winnendaele, au nom rfe
sa légitime épouse dmhesse de Clèves et Dame héréditaire
de la prédite maison et paxfs de TFinnendade et de ses
appendances, certaines lettres de contrat entre lui et les
prénommés sujets concernant Poccupation de la commune
bruyère ou pâture, dans les paroisses de Ruddervoorde
et de Zwevezeele (1)> comme il conste par les lettres en
due forme quHls en ont, scellées du sceau du prédit feu
Adolphe duc de Clèves, en date de l'année 1424^ le 28*
jour d'Avril;
Nous suppliant très humblement qu'il plût à nous comme
seigneur du pays et seigneurie de Winnendaele, de leur
donner nos lettres de confirmation, approbation et consen-
tement au même contrat, pour plus grande sécurité d'eux
et de leurs descendants à perpétuité :
Nous, eu égard à leur humble supplique et désirant
maintenir le prédit contrat, le leur avons fait renouveler,
à cause des défectuosités survenues à leurs anciennes lettres,
de telle sorte que dans peu d'années il ne sera plus possible
de les comprendre et de les lire, approuvons donc et con-
firmons les susdites anciennes lettres comme elles se trùur-
vent ici transcrites de mot à mot, et commencent comme
suit:
Nous, Adolphe, duc de Clèves et de la Marck, seigneur
de fp^tnnendaele, au nom de notre légitime épouse la
diuihesse de Clèves^ Dame héréditaire de la maison et pays
. (1) G^est seulement depuis les opérations cadastrales que quelques
hectare» sont portés comme se trouvant sur la commune de Ltchhrvelde,
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262
de WinmndfkBh et de m aji/pendanm, sdvûir faisons à tom
cem qui verront le» présenter lettres, que, à l'hnmbla
supplication et à l'instante prière de nos cammuns La^ten
assis et demeurant dans notre seigneurie de fFinnendaele^
dans les paroisses de Ruddervoorde et de Zumezeeh, c^est»
Mire de toutes ces personnes qui pajfent annuellement la
redevance à notre prédite Fiersclmre da Winnendaele
(settinghe ende pointinghe geWen), ^ous, de notre gractn
spéciale, avons coftsenti , consentons et donnons par ces
présentes lettres, à nos communs Laeten (q)partena»t à
la prédite Fierselmere de Winner^daele et d^eurant dans
tes paroisses de Ruddervoofde et de Zwevezeele, comme
prédit est^ que ces susdits Laeten , eux et leurs descendants,
demeurant dans la seigneurie et les paroisses ci-dessus
nommées, pourront o/coir et qmrir à perpétuité l'eau et le
commun pâturage pour tous leurs beiStiaux ayant l'âge,
à l'exception des chevaux entiers, les taureaux, les porcs
et les oies; en outre que tes mé^nes hà^m pourront faucher
de f herbe, cueillir de la myrte, couper du jonc, enlever
de la tourbe, tout cela sans en être empêché ni par nofus^
ni par notre receveur de ff^innendaete, ni par nos offidefs
dms le pays de Winnendatèle, qui veiUeront à ce q^e les
susdits Laeten ne s'arrogent plus que nous n'amns consenti
et donné ci-dessus^ C'est-à-dire que ms susdits Laeten
/outrons à perpétuité comme nous avons cims$nti ci^ssfus,
dans les places dénommées ci-après, à savoir : (descriptiao
des tenants et aboutissants.)
Èt ce moyennant une rente héréditaire de dix-huit livres
paHsfs monnoie de Flandre par an.
Laquelle rente sera payée par nos Laeten assis sous ta
Fierschaere de ff^innendaele dans les paroississ de Rudder-
voorde et de Zwevezeele et leurs descendants, habitants , et
payant redevance dans notre prédite Fierschaere de Win-
263
nendaele, à nous et à nos successeurs à perpétuité, (tannée
en année, chaque année une fois,^ et chaque fois au jour
du nouvel an.
Moyennant ce, nos Laeten auront droit d'écarter et de
tenir dehors les dites places et pâtures, tous les autres
manants non domiciliés (1) dans notre Fierschaere de
ff^innendaek.
Et dans le cas que quelques Laeten domiciliés mais
non payant la redevance dans notre susdite Fierscliaere,
menassent leurs chevaux, leurs vaches ou quelqu' autre
bétail dans les mêmes places et pâtures, que ce soient des
bourgeois (Poorters) ou autres, alors nous consentons et
députons notre sergeant et nos officiers de notre seigneurie
dans Ruddervoorde et Zwevezeele, et toiU autre officier
à nous assermenté, leur donnant toute autorité, pouvoir
et spécial commandement de porter aide et secours à nos
susdits Laeten, et voulons qu'en cas de besoin^ notre
sergeant et totU autre officier à nourS assermenté prennent
leur recours à notre châtelain et à nos lois de fFinnendaele
pour avoir telle décision qu'il appartiendra d'auprès les
coutumes et usages de notre Fierschaere de Winnmdaele
et la nature de la cause, afin que nous et nos Laetea, nous,
ayons chacun ce qui nous appartient^
Et pour quHl y ait garantie pour nous et nos successeurs^
diH recouvrement et payement anni^ de la rente de dix-huit
livres parisù de la part de nos dits Laetea, // est ordonné
à notre receveur et notre loi de fFinnendaele^ de commun
accord avec nos dits Laeten , que la dite somme de dix-huit
livres pari&is sera enregistrée dans notre livre des^ recettes
(1) Ces Laeten non habitants sont désignés dans la ckarte par les mots^
AflÊ^tenéé Loetetkf et ceux qnî réti^eDt, par les mots: Op*iitende Laeten^
264
de Winnendaele et qu'il y aura des chefs-hommes comme
sera déclaré ci-après, donnant assignation et hypothèque
sur des biens leur appartenant et situés dans notre Vier-
schaere de Winnendaele, comme il est clairement déclaré
et mentionné dans la charte scellée du sceau de notre éche-
vin de Winnendaele y laquelle charte a retenu devers soi
notre receveur de Winnendaele, (Suivent ici les noms dé
ces chefs-hommes au nombre de neuf, qui ont chacun con-
stitue' une rente hypothéque'e ou hoofdmanschap de qua-
rante escalins parisis ou une livre parisis par an.)
Et pour garantir de toute perte et dommage les dits neuf
chefs-hommes engagés chacun pour 40 escalins parisis par
an y il est convenu entre notre receveur de notre loi de Win-
nendaele et nos communs Laeten appartenants à notre Fier-
schaere et résidants dans les paroisses de Ruddervoorde et
de Zwevezeeky d'un commun accord, que nous avons cor-
roboré de notre consentement, que celui qui sera notre
échevin dans la paroisse de Ruddervoorde et de Zwevezeele,
nommera et choisira chaque année trois personnes, dont
deux seront chefs-hommes sous notre Fierschaere de Win-
nendaele en tant qu'elle s'étend dans les paroisses de Rud-
dervoot^de et de Zwevezeele, lesquels après avoir fait leur
serment entre ses mains, feront la répartition de ces 18 livres
parisis entre les communs Laeten de notre prédite seigneurie
et paroisses, ayant profit d'eau et de pâturage avec leurs
bestiaux dans les prédites places et pâtures. Lesquels répar-
titeurs auront égard dans la répartition au nombre de bétes
et àu profit que chacun aura dans la dite bruyère.
Il est aussi convenu que les répartiteurs ne répartiront
outre les 18 livres parisis, que 18 escalins parisis , chaque
année, de sorte que chacun des trois répartiteurs aura pour
sa besogne de répartition et de recette six escalins parisis.
Cette répartition aura lieu une fois l'an, à la Saint-Jean d'été.
265
Et dans le cas que quelqu'un fit défaut de payer sa quote-
part dans la répartition, alors les répartiteurs, un mois
après que la répartition aura été proclamée et publiée là om
il appartient, poursuivront le débiteur par voie de saisie,
devant la loi de notre Fierschaere de Winnendaele; et de
cette manière, les répartiteurs recueilleront la dite somme
de dix-huit livres paresis et la remettront entre les mains
des neuf chefs-hommes, à chacun 40 escalins paresis, pour
en faire payement à notre receveur de TFinnendaele, à
notre requête et au jour dit ci-dessus. Les dits répartiteurs
seront changés et renouvelés d'année en année, et ceci sera
fait par notre prédit échevin, qui exercera près de notre
Fierschaere de TFinnendmle pour le coin de Ruddervoorde,
Et dans le cas que quelques Laeten se permettassent de
prendre chez eux des bestiaux qui ne seraient pas les leurs
et les envoyassent paître dans la dite pâture, notre receveur
fera saisir et calanger ces bestiaux devant la Fierschaere
de TFinnendaele.
Nous autorisons encore nos communs Laeten et leurs suc-
cesseurs, demeurant sous notre dite Fierschaere dans les
paroisses de Ruddervoorde et de Zwevezeele, à ce qu'eux
ou chacun d'eux puisse écarter et opérer la saisie de tous
les bestiaux appartenant à des Laeten ou Poorters non
domiciliés qui seraient trouvés dans les dits pâturages,
si ce n'est dans le cas que notre receveur de Winnendaele,
d'accord avec la majorité des neuf chefs-hommes, eut ac-
cordé à quelques Laeten (1) non domiciliés de jouir du
commun pâturage pour une année, moyennant certaine
rétribution, laquelle rétribution cédera au profit des Laeten
(1) Ces afsittende laeten, ainsi admis à la joaissanoe de la bruyère
au moyen d^un accord, furent nommés les accordants*
266
ayant dotnidle, e( en diminutim des dix-huit livres parisis
par an.
Et comme par la suite il pourrait survenir quelque ofr-
scurdssement et matière de contestation entre nos communs
Laeten sur ce qui dit est, nous voulons nous en reserver
la connaissance f pour décider comme de droit.
Et parce que toutes ces clwses se sont faites à ^instante
prière et humble supplicatwu de tios communs Laeten,
ainsi avons noms, assurés de leur commun accord, fait
sceller ces lettres de notre sceau pendant. Jinsi fait l'an
Notre Seigneur 1424, le ^S*" jour d'JvrU.
Et afin que k contrat et appointement comme ci-dessus
soit tenu stable et valable pour nous et nos descendants,
au temps à venir, ainsi avons nous, Philippe de .Clèves,
seigneur de Baveetein, Winnendaele etc. , fait sceBer de
notre sceau et signé de notre main ces présentes lettres'de
renouvellement, par forme de confirmation et ffappro-
bation, le douzième jour de Septembre de fan 1514.
Signé Philips, et scellé du sceau en cire rouge,
KoUqoi kiit«rif|Qei tor cette ooecoaioii. Son oiigkie féoëtle.
Les prîiice$ et les seigneurs, selon Rapsaet, dont les
terres étaient abandonnées ou déserter par les guerres
privées et les émigrations desxu'' et xin'' siècles, invi-
taient des colons, cette classe d*boinnies libres qui
n'étaient nî des nobles, ni des ingénus, ni des seifs,
et qu'on trouve désignés dans nos chartes sous les noms
d!hospites^ d'hêtes, de X<9/t> Lœten, à v^Eur s'établir sur
leurs terres et les y engageaient par les offres les plus
avantageuses. Maïs 3 ne suffisait pas de leur donner des
terres ou d'établir des fermes; il fallait encore pourvoir
ces colons et chaque ferme de pâturages pour leur bé-
267
tail, de bois ou de tourbe pour leur chauffage et de
tous les articles imiispensables pour la vie et l'exploit»
tatioD. Mais qui ne sent pa^ Timpossibilité d'annexer à
chaque ferme en particulier un pâturage ou un bois? Le
seul bon sens indique donc que le seigneur n'avmt d'autre
parti à prendre que de choisir un fond propre au pâti^
rage ou un bois, et de l'attribuer à l'usage ooramun
d'un certain n(Hnbre de fermes- contigues. C'est ^ien là
évidemment l'origine des communaux qu^on trouve repan-»
dus çà et là sur la surface de la Belgique. L'arrondisse-
ment seul de Bruges en comprend pour H. 840'*99*9d G.
La dame héréditaire du pays de Winnen^hele qui
porta ces domaines dans k maison de Clèves par son
mariage avec Adolphe duc de Clèves , et qui est la véri-
table donatrice, était la fille d'un de nos souverains.
C'était Marie, fille du duc de Bourgogne , Jean-sans-Peur.
Lors âe son mariaga, qui se fit en 1406 , son mari Adol-
phe, comme aes anoétres , ne portait que le titre de
comte f mais il fut bientôt élevé à la dignité de duc par
l'empereur Sigtsmond. C'e^i de cette alliance avec la
maison de Bourgogne , que date l'élévation de la maison
de Clèves. Cette maison brilla d'un grand éclat à la cour de
nos ducs de Bourgogne, et deux de ses princes, père
et fils, occupent une plac^ assez marquante dans l'histoire
de nos troubles sous Maximilien. Cette maison s'éteigwt
en 1609, par la mort du due Jean-Guillaume qui ne laissa
pas d'enfants.
Le fief de Winnendaele passa alors de la naaison de
Clèves dans la maison électorale palatine de Bavière, qui le
possédait encore au moment de la réunion de la Belgique
à la France.
Par suite du ivmiê de Lunévillé, du 9 Février 1801,
qui st^uk des m^mmtés en faveur d«s princes âlle-
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268
mands dépossédés , d'autres possessions furent accordées à
la Bavière , par lé recez de la députation de l'empire d'Alle-
magne, du 28 Février 1803, en -compensation du mar-
quisat de Bei^op-Zoom, des seigneuries de Ravestein,
Megen, Winnendaele etc. qu'elle cédait à la France. Le
domaine de Winnendaele devint donc définitivement do-
maine de l'Etat. C'est aussi au domaine de l'Etat que se
payait la rente annuelle de 18 livres parisîs, stipulée dans
l'acte de concession , jusqu'au jour de son remboursement ,
7 Mai 1842.
Après cette courte digression historique, passons aux
deux principales déductions qu'on peut tirer du texte
même de la concession. Ces déductions sont:
Le titre écrit semble limiter les droits "des habitants
à de simples droits d'usage; aujourd'hui cependant ils
ne sont plus simples usagers, ils sont propriétaires. La
législation républi<^aine qui a fait main basse sur toute
concession, faite à titre de féodalité ou à perpétuité,
ainiài que les faits de possession qui se sont accomplis
depuis, ont modifié le titre primitif en ce sens, qu'au
droit de jouissance , ils ont réuni le droit de propriété,-
en un mot, il y a eu interversion de titre.
Les Art. 1 et 2 de la loi du 18—29 Décembre 1790,
publiée en Belgique, par arrêté du directoire exécutif
du 7 Pluviôse an V , attribuent à ces concessions perpé-
tuelles l'effet de transmettre la propriété (Sirby, Juris-
prudence de la cour de cassation , tome xiii, I* partie,
page 382 ), en déclarant rachetables les rentes perpé-
tuelles dùes à raison de ces concessions.
Aussi Tadministration de l'enregistrement et des do^
Ire Déduction tirée de Pacte de concession.
269
maines ne fit-elle aucune difiBculté de recevoir le rem-
boursement de la rente here'ditaire et perpe'tuelle affectée
à la bruyère par le titre de concession.
Voici la teneur de la demande de pouvoir rembourser ,
adressée à monsieur le directeur de l'enregistrement et
des domaines à Bruges.
« Les soussignés Pierre Van Steelant, Pierre Van Acker,
w François Callebert , Pierre Sabbe , Jean Verhoye , Fran-
» çois Verhoye, domiciliés a Ruddervoorde , Augustin
« De Busschere, Emmanuel Sap, Jean Van Haelemeersch ,
» domiciliés à Zwevezeele , chefs-hommes administrateurs
» de la bruyère nommée Vry Geweyd, et en cette qualité
î> débiteurs envers l'administration des domaines d'une
w rente foncière perpétuelle de Fr. 16-32 (18 livres
î> parisis), provenant de la ci-devant seigneurie de Win-
î> nendaele, échéant ânûuellemeût le pi*eiîjier Janvier,
» hypothéquée sur la propriété nommée bruyère oxx Vry
n geweyd.
n Demandent en conformité de l'arrêté royal du 8
)» Août 181 S, à pouvoir rembourser la dite rente à
» raison de vingt fois son montant constitué. Ils s'obligent
)) en outre à parfaire les intérêts , jusqu'au jour du rem-
« boursement.
Fait à Ruddervoorde, le 20 Avril 1842.
Et le 7 Mai suivant le remboursement se fit.
Voici la teneur de la quittance :,
» Reçu de Pierre Van Steelant, François Verhoye, Pierre
Van Acker, Pierre Sabbe, François Callebert, Jean Ver-
hoye , demeurant à Ruddervoorde, Jean Van Haelemersch,
Emmanuel Sap et Augustin De Busschere, demeurant
à Zwevezeele, chefs-hommes administrateurs delà bruyère
270
nommée Vry geîoeyd, et en cette qualité débiteurs envers
l'administration de Tenregistrement et des domaines de
la rente ci-après :
1** La somme de trois cent vingt-six francs qua-
rante centimes en remboursement du capital ,
au denier vingt, d'une rente foncière et perpé-
tuelle de seize francs , trente-deux centimes ,
dûe à la susdite administration et provenant
de la ci-devant seigneurie de Winnendaele ,
échéant annuellement le 22 Septembre (cette
date est erronée), hypothéquée sur la sus-
dite propriété 526-40
2* Dix francs vingt centimes pour intérêts échus
depuis le 22 Septembre dernier jusqu'au-
jourd'hui
536-60
« Le dit remboursement est autorisé par lettre du direc**
leur de l'enregistrement et des domaines, en date du 4t
Mai 1842. 151.^
« Thourout, le 7 Mai 1800 quarante-deux.
» Le receveur de l'enregistrement et des domaines ,
n Signé: De Ro. >»
Quant aux faits de possession qui se sont accomplis
depuis ^interversion de titre opérée par les lois révolu-
tionnaires, ils sont tels qu'ils suIBsent pour former un
titre à eux seuls aux yeux de la loi. Depuis la suppression
de la féodalité, la jouissance des ' habitants a absorbé la
totalité des produits de la bruyère , ils ont fait des plan-
tations, ils ont passé des baux pour la concession de
la chasse, de la pèche, ils ont soutenu des procès,
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271
en un mot , ils ont recueilli tous les avantages , en
même temps quils ont porté toutes les charges, comme
contributions, entretien des chemins et rigoles. Or, lâ pos-
session animo domini à titre de propriétaire » ne c^Nilsiste
à Tégard des biens communaux que dans la jouissance
commime et illimitée ; d*où il suit que lorsque ces actes
de jouissance sont exercés d'une manière illimitée , ceux-ci
caractérisent une véritable possession civile* Il n'en faut
pas davantage pour pouvoir prescrire. « Pour pouvoir
prescrire, dit le code, Art. 2229, il faut une possession
continue et non interrompue, paisible, publique, non
équivoque et à titre de propriétaire. >»
La bruyère est un bien communal^ appartenant en
toute propriété à une section de la commune de Rud-
dervoorde, et à une section de la commune dé Zweve-
zeelej c'est-à-dire, aux habitants de cette partie de la
seigneurie de Winnendaele qui s'étendait sur ces deux
communes.
Qu'est-ce qu'un bien communal? L'Art. I de la loi
du 10 Juin 1795, répond: « Les biens communaux sont
ceux sur la propriété ou le produit desquels, tous les
habitants d'une ou plusieurs communes, ou d'une section
de commune, ont un droit commun. » Ce droit commun
ne peut donc appartenir qu'à ceux qui ont la qualité
d'habitant, et appartient à eux seuls.
Cette qualité de bien communal ne peut être contestée
à notre bruyère. Elle fut reconnue par un arrêt solennel
de la cour de cassation, dont voici le narré et le texte,
td qu'il se trouve dans Dalloz, Jurisprudence du xix*"
siècle, Voc** communes, l*** section , l'* espèce.
2« Déduction iitét ûà l!acte de COncMsioil.
272
Arrêt de la cour de cassation dans le procès De Groeser.
» Les habitants d'une commune ne sont pas recevables
à réclamer ut singuli un droit qui leur appartient ut
univers! ; s'ils forment une commune ou même une section
de commune, ils ne peuvent procéder en justice que par
le ministère de leurs représentants légaux, autorisés
valablement par l'autorité administrative. (L. iO Juin
1793^ sect. I, art. 1 et 2; 1. 29 vend, an S. )
» La nullité des jugements rendus même en faveur de
ces habitants, nullité prise du défaut de qualité des habi^
tants, soit de la commune, soit de la section de commune,
peut être proposée, pour la première fois, en cassation $
et d'office par le ministère public.
(De Groeser contre la commune de RudderTOorde , etc.)
» Le 25 vend* an 9 , Louis Maertens et Marc Saelens ,
agissant tant pour eux-mêmes qu'au nom et comme fondés
de pouvoir des autres habitants^ et commun peuple du ci-
devant pays de Winnendaele, font assigner le sieur De
Croeser devant le juge de paix, pour voir dire que mal
à propos il les a troublés dans leur possession annale de
faire paitre leurs bestiaux dans la bruyère HetVrygeweyd,
d'y prendre de l'eau , d'y couper de Fherbe , d'y extraire
de la tourbe , d'y rouir du lin , et qu'ils seront maintenus
dans cette possession avec dommages-intérêts et dépens.
— Le S frim. jugement qui adjuge ces conclusions. —
Le sieur De Groeser n'avait pas opposé le défaut de qua-
lité des demandeurs devant le premier juge ; il Toppose sur
l'appel. — Les intimés répondent que le droit dans lequel
ils demandent à être maintenus est, à la vérité, commun
à tous les habitants \ mais qu'il est aussi et par cela même
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275
commun à chacun d'eux, et qu'ils plaident non pas ut
universt, mais ut singuli. Cette réponse est accueillie par
le trib. civ. de Bruges, qui, le 7 Nivôse an X, confirme
le jugement du juge de paix.
» Pourvoi en cassation de la part du sieur De Croeser.
>» LA COUR, — sur les concl. de M. Lecoutour, subst. ;
— Vu les art. i et 2^ sect. 1'** de la loi du 10 Juin 1793 ,
ainsi conçus :
» Article premier. Les biens communaux sont ceux sur
î» la proprie'té ou le produit desquels tous les habitants
» d'une ou plusieurs communes ou d'une section de com-
« munes, ont un droit commun.
)> Article deux. Une commune est une socie'té de citoyens
» unis par des rélations locales , soit qu'elle forme une
municipalité particulière, soit qu'elle hs^^ partie d'une
î) autre municipalité.
» Vu pareillement la loi du "vingt-neuf vendémiaire , an
cinq, portant:
» Article premier. Le droit de suivre les actions qui
1) intéressent uniquement les communes, est confié aux
» agents ou à leur défaut à leurs adjoints.
» Article deux. Dans les communes au-dessus de cinq
» mille âmes , le droit de suivre les actions qui les intéres-
» sent est attribué à l'ofificier municipal , qui sera choisi à
)> cet effet par l'administration municipale.
» Article trois. Les agents ou leurs adjoints, les officiers
« municipaux , ne pourront suivre aucune action devant les
« autorités constituées, sans y être préalablement auionsés
» par l'administration centrale du département , après avoir
» pris l'avis de l'administration municipale. »
Akitalbs. — Tome IF. 20
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274
» Attendu qu'en droit, il résulte de Tart. 2 de la loi
du 10 Juin 1793, que les habitants du canton appdéle
pays de Winnendaele , peuvent former une commune,
encore bien que ce pays soit situé dans le ressort de deux
municipalités distinctes et séparées; Attendu qu'en £ait
tant par sentence du conseil de Gand, du 17 Juillet 1706,
et la transaction du 14 Juillet 1711, produite par les
défendeurs eux-mêmes , dans lesqudles les citoyens de ce
pays sont qualifiés de manans communs, de communs ha-
bitants du coin de Winnendaele, que par les autres pièces
du procès dans lesquelles Louis Maertens et Marc Saelens
se disent agir au nom du commun peuple^ il est établi
non-seulement que la réunion de ces habitants forme effec-
tivement une commune , mais encore que c'est à titre de
droit communal et au nom de la communauté entière,
qu'il a été formé action en complainte et réintégrande
contre le sieur De Croeser ; — Attendu enfin que cette
action qui, d'après les dispositions de la loi du 29 vend,
an 8 , ne pouvait être intentée et poursuivie que par un
agent public, et avec l'autorisation préalable de l'autorité
administrative supérieure, l'a été, sans aucune aut<nrisation,
par deux des habitants, (ne paraissant revêtus d'aucun
caractère public), comme fondés de pouvoir des autres
habitants et commun peuple du pays de Winnendaele, ce
qui est une contravention manifeste à cette loi du 29
vend, an 5 ; — Casse. »
>» Du 29 Frim. an XII. — C. cass. f sect. civ. — M. Lasau-
dade, pr. d'âge. — M. Rupérou, rapp. — MM. Gdcbârd
et Chabroud , av. »
Ce procès , qui dura sept ans et coûta près de dix mille
francs à la seule partie demanderesse, finit par une
transaction approuvée par décret impérial du 10 Février
1811.
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278
Vôid le texte de eette pièce:
H TRANSACTION conclue sur procès entre Moii^f
V^noen^Joseph De Croeser, rentier demeurant à Bruges,
d'une p^rt.
» Et Messieurs Joseph Verhoye, en sa qualité de maire de
ta commune de Ruddervoorde, et Pierre-Joseph Le Clercq,
maire de la commune de Zwevezeele , représentant respee*
tivement la communauté des habitans qui d^neurent sur
la portion des dîtes communes, on sous Tanden rég^ê
»*étendait la juridiction de la ci-devant seigneurie de Win^
nendaele , et les Ayant droit qui se trouvent dans la dite
étendue.
» Par contrat de vente sous seing prité, conclu à Bruges
le premier Vendémiaire an neuf ^ ou vingt-trois Septembre
nril huit cent, enregistré audit lien le seize Germinal an
X , qui a reçu cent soixante francs pour double droit et
subvention, Monsieur Louis-François De Carnin avait
cédé à Monsieur Vincent De Croeser une masse dé cent
quarante-sept mesures, une ligne, ancienne mesure, for-
mant soixante cinq hectares , dix-sept ares , cinquante cinq
centiares nouvelle nïesure -, consistant en bruyère et étangs
sis* dans les communes de Ruddervoorde et Zwevesede.
» Muni de ce titre, Monsieur De Croeser^avaît commencé
à bâtir une habitation sur la bruyère , à en cultiver une
partie, en desséchant phisieurs étangs ou viviers.
» Les habitans de Zwévezeele et de Ruddervoorde ici
représentés par l^urs nmires respectifs, qui avaient joui
plus de trois siècles, de Tusage de ces bniyères et
étanga, notamment en y envoyant paitre leurs bestiaux,
coupant des tourbes et des joncs, rouissant leur lin et
en tirant d^autrés profits , s'en sont vus privé tout-à-coup
par te fait de Monsieur De Croeser.
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276
n De là est née Faction possessoire que les dits habitants
ont intentée contre Monsieur de Croeser devant le juge-
de-paix du canton de Pitthem , tendante à être maintenus
dans leur libre jouissance et paisible possession; et en
effet le juge de paix, par son jugement du cinq Frimaire
an neuf, enregistré à Thielt le treize du dit mois par Le
Fevre qui a reçu un franc un décime , les dits habitants
furent maintenus dans leur possession.
» Sur rappel de Monsieur De Croeser , le tribunal civil du
premier arrondissement de la Lys séant à Bruges, par son
arrêt du sept Nivose an X, enregistré à Bruges le vingt-
trois Pluviôse suivant, par Filon, qui à reçu les droits ,
faisant droit par nouveau jugement, maintint et garda
également les intimés dans leurs possession.
)> Monsieur De Croeser se pourvut en cassation, et la
cour de cassation, par arrêt du vingt-neuf Frimaire an
XII, cassa le jugement du tribunal civil de Bruges pour
le motif que l'action aurait dû être poursuivie par un
agent public, au lieu de Têtre par les habitants eux-mêmes
nominativement, et non sans l'autorisation préalable de
l'autorité administrative.
» Cet arrêt, enregistré à Paris le dix-neuf Pluviôse an
XII , au droit de vingt-cinq francs vingt-cinq centimes ,
renvoya les parties devant le tribunal civil de Furnes.
» Le tribunal de Furnes, par son jugement du vingt-
sept Juin mil huit cent sept, enregistré le sept Août
•suivant, au droit de dix-neuf francs quatre-vingt centimes,
annuUa aussi le jugement du juge-de-paix de Pitthem
ci-dessus mentionné, déclara les habitants sans qualité pour
agir en leur nom en maintenue de leur possession et les
condamna à des dommages-intérêts et aux dépens.
» Les contendants, après environ sept années de procé-
dure , se virent réculés au point d'où ils étaient partis ,
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277 ^
et désirant mettre une fin à leurs différends pour éviter
d'autres frais , et sous Pagréation de l'autorité supérieure ,
ont conclu la transaction suivante, savoir:
» Art. i. Monsieur De Croeser aura et retiendra en
toute propriété, pour lui, ses hoirs et successeurs, à perpé-
tuité, la quantité de vingt-huit mesures de terre, formant
douze hectares trente-huit ares , soixante-trois centiares ,
à prendre dans l'étang , nommé le Werf-Fyver, bornée
à l'ouest par les prairies dites Schraege Meerschen, au
nord par la propriété de Monsieur Van Lichtervelde et
par le pâturage de la communauté des habitants qui sont
parties en cette , à l'est et au sud par le même pâturage ;
la communauté susdite renonce par conséquent à tout
droit sur la dite propriété cédée.
» Art. 2. Pour arriver à sa dite propriété, Monsieur
De Croeser aura droit de passer avec chevaux et chariots
et autrement, par l'allée ou dreve qui a son débouché
dans le chemin public de Roulers, vis-à-vis le cabaret
sous l'enseigne du Petit Fan.
» Art. 3. Il sera tenu d'établir à ses frais et sur sa
propriété cî-dessus déterminée, des clôtures ou fossés d'une
solidité et d'une étendue suffisante pour prévenir l'incur-
sion des bestiaux que la communauté des habitants
pourra laisser pâturer à Pentour de la dite propriété;
de sorte que s'il arrivait que quelqu'animal franchissait
les dites clôtures ou fossés et causait des dommages à
Monsieur De Croeser ou ses succeseurs, la communauté
des habitants ni aucun d'eux ne pourra en être responsable,
ni être inquiétée par qui que ce soit de ce chef.
)> Art. 4. Il paiera les contributions et autres charges
afférentes à la dite propriété, à <îommencer dès le premier
Janvier mil huit cent neuf.
» Art. 5. Les obstacles mi3 à la perception des deniers
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278
provenus de la vente des fruits peadant par racines sur
le terreiu contentieux sont levés , et Monsieur De Croeser
pourra les exiger de Monsieur Gustis, acheteur ou s'en
arranger avec lui comme il le trouvera convenir.
)> Art. 6. Monsieur De Croeser se contentant de la
propriété ci-dessus individuée à Tartide 1 , cède et aban-
donne à la communauté des habitants susnommés tous les
autres droits qu'il a acquis par le contrat de vente du
premier Vendémiaire an IX, ci-dessus mentionné, se
devestissant du surplus de la propriété qui fait Tobjet du
dit contrat pour en investir la dite communauté qui en
jouira en toute propriété avec promesse de garantie en cas
d'éviction, à quel effet il a remis à Monsieur Le Maire
de Ruddervoorde le dit contrat d'achat et autres titres y
rélatife.
« Art. 7. Il est convenu que Monsieur De Croeser ni
ses successeurs ne pourront jamais bâtir ou laisser bâtir
sur la propriété cédée par l'article premier , si ce n'est
une petite maisonnette pour le logeipent d'un surveillant.
)» Art. 8. Dans aucun cas, ni le propriétaire du terrein
cédé a l'article 1 ci- dessus, ni ses successeurs op ayant
cause, ni leur surveillant, ni leurs locataires n'auront
droit à participer aux avantages de la communauté des
habitants de Zwevezeele et de Ruddervoorde, de la-*
quelle communauté ils sont exclus à perpétuité.
Art. 9. Au moyen de la présente transaction, toutes
les contestations existantes entre parties vieoneitf à cesser,
tous procès sont éteints et anéantis à jamais , et Us frais
resteront respectivement compensés.
» Art. 10. La présente a été faite en quadruple, à
Ruddervoorde ce onze Novembre rail huit cent huit. »»
(Suivent les sigoatures.)
279
Puisque nous venons d'établir que la brayère appar-
tient non à toute une commune , mais à deux sections de
commune , il importe de bien (fe'terminer la position ad-
ministrative d'une section de commune. Posons donc
quelques principes.
Une section de commune peut, \o posséder.
4° Une section de commune peut avoir des biens com-
munaux proprement dits , qui lui soient propres , qui ne
soient pas la proprie'té de la commune entière. La défi-
nition d'un bien communal , donnée plus haut par la loi
du 10 Juin 1793, le prouve suffisamment. Cette loi qui
règle le partage des biens communaux , part de ce prin-
cipe, lorsqu'elle dit à l'art. 2: les habitants seuls de la
section qui jouissait du bien communal, auront droit au
partage.
2o Administrer.
2** L'autorité communale n'est investie par la loi que
de l'administration des biens qui appartiennent à la com-
mune entière. Les communaux appartenant à une section
de commune doivent avoir une administration séparée.
te Les communaux , dit Rapsaet, Jnalyse de f origine et
» des progrès des Belges. Edit. 1839 , tome 4, page 522 , ne
)» sont pas des biens de la commune , ce ne sont que des
» biens de canton ou de section d'une commune ou village.
î> Aussi les voit-on communément régis par un maître ou
« syndic particulier élu par les habitants de la section , avec
» un conseil pris dans le sein du canton , qui en règlent
et en repartissent les impositions , qu'un collecteur par*
>» ti(^ier perçoit et qui n'en est comptable qu'à l'assemblée
« des membres de la section, sans que la municipalité
» du village ait droit de s'immiscer dans cette adminis*
^ tration. »
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280
Effectivement c'est ainsi que la chose se passe relative-
ment à notre bruyère. L'acte de donation a institué le
corps des chefs-hommes ( hoofd-mannen) ^ au nombre de
neuf. C'est-là le conseil. Le rôle de cotisation est arrêté
par ce conseil. Actuellement un demi franc par tête de
bétail et un demi franc par ménage de ceux qui n'ont pas
de bétail , mais n'en jouissent pas moins de la bruyère ,
en y coupant de la tourbe à discrétion , telle est la coti-
sation qui suffit à couvrir les frais de cette administration ,
dont la dépense principale consiste dans le payement dé
la contribution foncière. Le recouvrement du rôle de
cotisation s'adjuge au rabais à celui des chefs-hommes
qui se contente du moindre salaire. Cette année la mise à
prix était de 40 francs , et le rôle fut définitivement adjugé
au chef-homme Jean Chris tiaens pour 28 francs de salaire.
C'est ce qui s'appele: de rolle pachten. Ceci se fait chaque
année dans l'assemblée générale des ayant-droit, à la
Saint-Jean d'été , époque fixée par l'acte pour la reddition
du compte. . ^
Ce corps administratif se trouve vis-à-vis de l'autorité
communale, à peu de choses près, dans une position
pareille à celle des bureaux de bienfaisance et des conseils
de fabrique. '
En effet , le décret du 9 Brumaire , an XIII , dit à
l'art. 4 : Les communautés d'habitants pourront délibérer
par l'organe des conseils communaux, un nouveau mode
de jouissance. Les sections de commune, ou leurs repré-
sentants, les chefs-hommes, peuvent donc délibérer,
mais leur délibération doit passer par F organe du conseil
communal. Et ce qui est décisif sur ce point , c'est qu'un
arrêté du 24 Germinal, an XI, a voulu que, dans le
cas qu'un procès s'imtame entre deux sections d'une
même commune, l'acnon soit suivie par un syndic ou
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281
agent à élire, et stipule tout particulièrement que ce
choix ne peut tomber ni sur le maire , ni sur l'adjoint de
la commune. Dans ce cas, la section de commune ne
peut plaider sans le ministère de l'agent préposé à l'ad-
ministration de ses biens (Dalloz, Jurisprudence du
xix* siècle^ Voc° Communes, 1" section, 3® espèce).
Donc il faut que la section ait une administration à elle ,
si elle a des biens.
s» Elle peut aliéner.
Une commune, une section de commune peovent
aliéner. Ce principe est incontestable; mais aucune aliénation
ne peut plus avoir lieu sans le consentement de la section
intéressée, sans le consentement du conseil delà commune
dont elle fait partie , sans l'avis de la députation provinciale ,
et sans l'autorisation du roi (Art. 76 de la loi commu-
nale).
Ayant, par tout ce qui précède, dessiné nettement
la position des deux sections des communes de Rudder-
voorde 'et de Zwevez^ele ; ayant prouvé qu'elles possèdent ,
quelles administrent et qu'elles peuvent aliéner, il
importe de passer à l'examen de plusieurs autres ques-
tions , non moins importantes que celles que nous avons
déjà traitées. Mais nous devons d'abord donner, comme
base à ces nouvelles questions , une idée de l'état actuel
de la bruyère, afin qu'on puisse juger ensuite s'il est
à désirer que cet état actuel soit modifié.
Etat actael de la bruyère. Son insalubrité.
Nous ne pouvons mieux faire que de laisser parler la
commission médicale de la province, qui a été chargée
d'une enquête sur les lieux, relativement à une fièvre
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282
endémique qui y règne , et qui est connue dans le pays
sous le nom de F'eldsHor, Voici son
RAPPORT ADRESSÉ A M. LE GOUTERITEOR DE LA FLANDRE- OCCIDENTALE,
SUR l'état SAlfITAIBB DE LA POPULATION d'uNE BRUYÈRE, SITUÉE
ENTRE LES COMMUNES DE ZWETEZEELE , DE LICHTERVELDE ET DE
BUDDERVOORDE , PAR LA COMMISSION MÉDICALE DE LA PROVINCE (!)•
L'expérience a depuis longtemps démontré la pernicieuse
influence qu'exerce sur l'état sanitaire de ses habitants une
terre inculte et couverte d'eaux stagnantes; depuis longtemps
elle a prouvé aussi qu'en rendant cette terre à la culture ,
non seulement on ouvre une source d'abondance et l'on con-
vertit la misère en richesse, mais qu'on détruit à jamais
cette cause d'insalubrité.
Sans sortir de notre pays , les Grandes Moëres près de
Fumes , rendues à la culture par les frères Herwyn , il y a
près de 50 ans , en sont une preuve , que chaque jour vient
rendre plus évidente. D'après M' De Keuwer, médecin à
Furnes(2) et d'après la notoriété publique, ce pays autrefois
un foyer éta*nel de maladies , depuis le convertissement de
ces marais en terre cultivée , ne le cède plus en rien sous
le rapport de la salubrité, à aucune autre contrée de la Bel-
gique et a cessé complètement de mériter la mauvaise
réputation qui lui était échue.
On ne peut donc assez applaudir à la communication faite
par M' le D^ Pattyn, de Zwevezeele, à la société Médico-
(1) Commissaires: MM. De Mbter et Db Làbate, Rapporteur.
(3) Jnnaks de la Société Médico-Chirurgicale de Bruges, Tome 1,
Graviora qusB ex cœli , terrœque insalabritate
oriuntar mala per nostram diligentiam leviora
fieri possunt. Yarro, de Re rustica, Lib. XII*
285
Chirurgicale de Bruges, sur i*état sanitaire des habitants
d'une bruyère enclavée entre sa commune et celle de Rud-
dervoorde, communication sur laquelle M' le Gouverneur de
la Flandre-Occidentale demande des éclaircissements à la
Commission médicale de la Province.
Les membres de la Commission , chargés de vérifier les
renseignements fournis par M' le D' Pattyn, doivent d'abord
déclarer qu'il leur a été impossible de recueillir les données
précises que M' le Gouverneur leur demande sur le nombre
d'individus atteints annuellement par la fièvre intermittente
endémique en ces lieux , et d'établir le rapport de ce nom-
bre avec celui de la population. Un grand nombre de ces
malades ne réclament pas des secours médicaux; ils laissent
traîner leur mal , ou ils y opposent des remèdes vulgaires
et leur maladie reste ignorée. D'autre part, il n'est pas fa-
cile de se mettre en relation avec la population qui est très-
appréhensive de laisser scruter son intérieur par des étran-
gers , qu'ils soupçonnent de suite de nourrir l'intention de
vouloir attenter à leurs privilèges. Un autre obstacle pour
arriver au rapport demandé , est le peu d'accord qui règne
entre les médecins de la localité sur l'existence ou le carac-
tère de la maladie endémique. M' De Pla, chirurgien à
Ruddervoorde , a déclaré n'avoir rencontré que fort rare-
ment la fièvre intermittente, à tel point qu'il a à peine
eu l'occasion d'administrer le sulfate de quinine. Et cepen-
dant la plus forte portion de la population de la Bruyère
se trouvant dans la commune de Ruddervoorde , est soumise
à ses soins et ne peut être appréciée par M' le D' Pattyn.
Néanmoins s'il a été impossible de déterminer le nombre
annuel de malades atteints par la fièvre endémique de la
Bruyère , les membres de la Commission ont pu s'assurer
que cette fièvre y règne , qu'elle atteint généralement , après
quelqnes semaines de séjour, les personnes qui, venues
284
d'un autre endroit de la commune ou de communes envi-
ronnantes , se fixent sur les terres riveraines de la Bruyère ,
nous disons sur. les terres riveraines , car sur la Bruyère
elle-même aucune habitation ne peut être construite, la
mainde l'homme ne pouvant toucher à cette terre que l'on
dirait maudite. Dans toutes les maisonnettes que l'un de
nous a parcourues avec M' le docteur Pattyn, l'existence
de cette fièvre a été avouée par les habitants , qui la dési-
gnent sous le nom de eldstier. Chez quelques-uns cette
maladie existait encore actuellement, tels que l'épouse
Louis Van Den Berghe, l'épouse Emmanuel Walgraeve
chez qui nous avons reconnu une pneumonie , compliquée
de la fièvre endémique: Ferdinand Rouvier était convales«
cent d'une fièvre intermittente qui avait duré plusieurs mois;
des enfants d'Emmanuel Van Doorne, l'un était mort il
y a huit jours , l'autre était en danger. Toutes ces habita-
tions étaient à quelques pas de distance l'une de l'autre.
Indépendamment de cette fièvre à forme intermittente , il
existe en outre, et ici les praticiens susdits sont parfaitement
d'accord, il existe, disons-nous, un état particulier de
l'économie animale, dû également à l'influence de la Bruyère,
et qui se manifeste dans toute l'habitude extérieure , mais
particulièrement par des gonflements glandulaires , surtout
du mésentère , des déviations du système osseux etc. Les
enfants portent cette empreinte encore plus que les adultes.
Nous en avons vus dont le système osseux était si vicieuse-
ment développé , que les organes contenus dans le thorax
pouvaient à peine remplir leurs fonctions: ainsi la circulation
et la respiration offraient une telle gène, qu'au moindre
mouvement la suffocation paraissait imminente.
Maintenant que nous avons constaté le mal, il ne sera
pas difficile de répondre à M' le Gouverneur, quelles
en sont les causées ainsi que les moyens d'y porter remède.
385
Les causes sont Tétat inculte de la Bruyère qui se
couvre conséquemment d*eaux stagnantes. Trente mares
environ d'eau sans issue sont disse'mînées sur une surface
de 900 mesures et sont autant de foyers d'où s'exhalent
les émanations morbifiques. Les mêmes causes ont été
constatées dans tous les temps et dans tous les lieux. Qu'on
lise X Histoire des marais et des maladies causées par les
émanations des eaux stagnantes, par le docteur Monfal-
con, et Ton sera frappé de Tuniformité des résultats
emmenés par les mêmes circonstances (sauf les modifica-
tions apportées par les climats), en Europe, en Amérique
et partout où l'esprit observateur a porté ses investigations
sur le même objet.
La nature de la cause emporte l'indication du remède.
Partout en effet , où l'on a rendu ces terres à la culture ,
et où par des procédés que l'art indique , on a donné issue
aux eaux stagnantes , ou même lorsqu'étant dans l'impossi-
bilité de les évacuer, on leur a donné la profondeur néces-
saire, partout aussi la maladie a disparu.
Si cependant par des motifs de droit, qu'il serait à
désirer que la législature fit disparaître, l'on fut dans
l'impossibilité de porter le remède si loin, il resterait
toujours au pouvoir de l'administration de prendre les
deux mesures suivantes, qui remédieraient au moins en
partie au mal, et qui adoptées pour cause de salubrité
publique, pourraient être exécutées en dépit de tous les
obstacles :
1"* Fournir un écoulement aux eaux stagnantes;
2"* Interdire aux communes de laisser bâtir de nouvelles
habitations sur les terres riveraines, ayant droit de pâ-^
turage.
Fait à Bruges, le 13 Octobre 1841.
De Lahaye.
286
Il n'y a rien à ajouter à ce rapport. L'insalubrité est
constatée. La cause du mal et le remède sont indiqués.
Les causes sont: l*état inculte de la bruyère, qui se
couvre conséquemment d'eaucc stagnantes. Trente mares
d'eau sans issue sont disséminées sur une surface de 900
mesures, et sont autant de foyers d'oii s'exhalent les
émanations morbifiques. La nature de la cause emporte
l'indication du remède: rendre ces terres à la culture,
donner un écoulement aux eaux stagnantes.
Voilà quant au sol. Quant aux habitations, il faut
remarquer , ainsi que le dit le rapport , que sur la bruyère
elle-même aucune habitation ne peut être construite,
la main de l'homme ne pouvant toucher à cette terre que
l'on dirait maudite. Cependant en moins de trente ans
le nombre des habitations s'est doublé^ en 1810, on ne
trouva que 120 feux, aujourd'hui ily en a 243. Voici à
quoi tient cette augmentation. D'après la charte, la dona-
tion n'est pas faite indistinctement à tous et à chacun des
habitants de la seigneurie dans les paroisses de Rudder-
voorde et de Zwevezeele, mais uniquement à ceux de
ces habitants qui payent la redevance annuelle à notre
Vierschaere de Winnendaele [Die met onzer voornoemder
J^ierschaere van Winnendaele elcx jaers settinghe ende
pointinghe ghelden). Cette redevance était une charge
personnelle payée au seigneur à simple titre de protec-
tion , pour droit i'héte^ et comme cette redevance ne se
payait pas par les prolétaires, les indigents, ceux-cr
furent donc exclus et privés de la jouissance , aussi long-
temps que dura l'ancien régime. Aujourd'hui que cette
redevance féodale est abolie et qu'il n'y a rien qu'on
puisse mettre légalement à la charge de ces habitants
pour la remplacer , la jouissance est accordée à quiconque
réussit à se faire un gite sur l'ancienne terre de la sei-
287
gneurie. Malheureusement on ne réussit à cela que trop
bien. Moyennant quelques rerges de terre prises en em-
phytéose, en mendiant ci et là quelques pièces de bois
et quelques briques , on se fait une cabane au bout de
quelques semaines , et Ton s'installe modestement comme
co-propriétaire du Getoeyd. C'est-là véritablement un
abus ] cette augmentation de population pauvre va direc-
tement contre l'intention de ta cbarte, et n'est pas
même sans quelque danger pour la sécurité publique. C'est
principalement dans ces cabanes que l'on rencontre le
F' eldstier.
Mais l'excès du mal en sera Iç remède. Le nombre
de ceux qui jouissent de la bruyère s'^étant tellement
accru surtout en population pauvre, la jouissance com-
mence à se réduire à bien peu de chose pour chacun
d*eux. A l'heure qu'il est, la bruyère est véritablement
écorchée par les Turfkappers. Il y a, comme j'ai dit
plus haut, 243 feux d^ayant-droit. Plus de la moitié n'a
d^autre chaufTage que la tourbe de la bruyère. Ne prenons
cependant pour terme moyen de la consommation de
chaque ménage que quatre charretées de tourbe par an et
nous trouverons que les 900 mesures dont un bon tiers
est occupé par des mares d'eau et des viviers, et ne
produit par conséquent pas de tourbe, doivent en foumif
par an 972 charretées. Ce qui est impossible, de sorte
que le Geweyd ne suffit plus aux besoins de chauffage de
la population. If en est de même du pâturage. La mai*
grcur des vaches qui fréquentent la bruyère est devenue
proverbiale. Les parties de bon pâturage y sont trop
elairsémées, pour pouvoir nourrir convenablement les
288 têtes de bétail qui doivent en vivre.
Son peu de produit.
%
^ 288
Pour achever de prouver la stérilité actuelle de la
bruyère, ayons recours au cadastre.
La contenance totale du Vry Geweyd sur les trois
communes est de H. 338-53-60 centiares, et le revenu
imposable ne monte qu'à la somme de Fr. 2949-28.
C'est donc encore moins de Fr. 9 par hectare. Il y a dans
la bruyère des terres médiocres, il est vrai, mais il y
en a aussi de première qualité. Si les unes comme les
autres étaient livrées à la culture, ce revenu pourrait
être triplé. La seule commune de Ruddervoorde subit
tous les ans une perte négative de plusieurs milliers de
francs à raison de ce défaut de culture ; c'est-à-dire , que
la nature donnerait un produit net de trente, quarante
mille francs par an de plus , s'il était permis à industrie
de l'homme de venir à son aide.
Cette description de l'état actuel de la bruyère est si
vraie et en même temps si triste , que tout homme impar-
tial doit avouer qu'une modification radicale ne peut se
faire trop tôt.
Lorsque le but qui a présidé à la formation d'une
association n'existe plus, cette association tend par sa
nature à se dissoudre. C'est le cas de l'association du
pTry Geweyd.
Pour le démontrer, remontons à I^origine, à la cause
qui donna naissance à la communauté susdite. Comment
ces deux sections de commune se formèrent-elles? Elles
se formèrent du moment que le seigneur de Winnendaele
eut donné cette vaste bruyère en jouissance commune à
tous ceux qui étaient établis , ou qui viendraient s'établir
dans cette partie de sa seigneurie. C'est donc cette com-
munauté d'intérêts, qui donna naissance à la formation
de la section. Cet intérêt commun en est le lien et la
base. Plus cet intérêt faiblit, plus rassociation est près
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S89
de se rompre; or, on vient de voir comme cet intérêt
s affaiblit de jour en jour.
D'ailleurs le but de la donation est déjà outre-passé
depuis longtemps^ de telle manière qu'aujourd'hui elle
mène plutôt à un but opposé. Dans quel but le seigneur
fit-il ce don? Dans le but d'attirer non des prolétaires
et une population utile et laborieuse sur cette partie
abandonnée et déserte de sa seigneurie. Or, ce but est
rempli à tel point, que la bruyère a cessé d'être un moyen ,
et commence plutôt à devenir un obstacle réel à toute
augmentation utile de population; à moins qu'on ne
veuille prendre pour telle les cent vingt maisonnettes et
cabanes construites depuis une trentaine d'années.
Arracher donc cette terre inculte et sauvage à son
insalubrité, convertir la bruyère en terres fertiles, tel
est le vœu , le cri général , même de ceux qui l'exploitent
actuellement.
Mais quel est le moyen le plus propre pour obtenir
ce grand résultat, le défrichement du Geweyd? Le dé-
frichement par les sectionnaires eux-mêmes est morale-
ment impossible, cela se prouve aisément. Le défriche-
ment serait partiel ou total. S'il est partiel, on réduira le
pacage, on lui enlèvera les meilleures parties pour les
cultiver. Or, le pacage est déjà trop restreint, et les
ayant-droit ne consentiront jamais à ce qu'on le res-
treigne davantage. Ou bien le défrichement sera total,
s'étendra sur toute la bruyère. Or, cette opération sur-
passe les forces de l'association; car ces vastes terrains
exigeraient, pour leur culture, la construction de plu-
sieurs fermes, l'emploi d'un grand personnel etc. toutes
choses qui demandent un ensemble de vues et d'organi*
Nécessité de son défrichement.
Arsales. — Tome IV.
21
sation dont cette assôcîàtiofi n'est pas suWeptible. Le défri-
chement doit donc être le fait de Findustrie privéé , et plâk'coil-
séquent , il n*y a d'autre moyen (Jtie à.t diViséi* là bruyèfè en
lots et de la vendre. Âinsise dissoudrait tihe assdctâtioù,
dont l'existence ne rëpoild plus àu but qui Fà ctéèô èl
chaque ayant-droit s*eii iràit aVèe liïié pàH dû j^rodutt tte
là vente , en cômpénsatioâ de la jouissante qUil doit pei^re.
Nécessité de la Téndrek
Lia véhté doniî lie h bruyère, tel èst FUniquè toôyèù
de Jpàrvènir à sèn d^Hchement. Heureustgttient oU nè
regarde plus un bien commUnal conime inàliéttâblëv cOttnùë
frappé d'urte sorte de substitution eh faveur des habitants
futurs. Admettre ce principe, ce serait rendre toute
amélioration impossible , ce serait paralyser tout progrès,
ët empéchèi^ â tout jamais , eoteime danis lé cks prési^t ,
lë dévelopi^emeht de la richesse agricole.
J'^Ânéts vèlontiers ivëc Henrïeoi^ de Pens^y , îksèîenè
communaux, édition de Paris , 1833, page il7, qtké là
vënïé, pWir êlrè lifcite, doit avoir ûfte jùstè èausë; et
tet àuleùr ènlènd par juste cause, celle ifÀ ptokïe jgféné-
tèklàehi à tèus lès babitànts, et qui est de ttalurë à
pbrlJèr ^on inÔUënce sur les géUè^tloas futures. ï)iBitts
le vas i^ui nous occupe, hs habitants ^dttiels ttè VeUleM;'
pas jouir aux dépèns éès habitants ià Veteft* , sans èont-
pehsalion poUr eux. jD'Sabord lës habitants futurs ^étoiA
prîvés de peu de chose , *ar li jouîs^ancè actueHè-, vU lè
grand ïMrtnbr^ dës participants, est d^à ^i pdi ëtosé-
queiite qm éhiacun est disposé à y i^endncër taèyëSaiSftft
iihè indemnité. Ce facile abandon ne sè fenèdntt*eif«it j^Sî,
M la jouissaïice étaît tf ès-avantageusë , ou plus ^ ^^iià
nécessaire à leUr ïéitplôitation.
Pour la perte d'une jouissance qui a «essë tfétre irtile
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291
du moment qu^elk est devenue nuisible , le$ générations
à ?enir trouveront une compensation {dus que spffisante
dans Tassainissement de la contrée, dans Taugmentation
du bien-^tre général, produit par la mise ea culture de
eette vaste étendue ée terrain, et dans des stipulations
particulières cpie l'autorité royale ajoutera peut-être à
fautorisation de vendre.
Ce parcget de ven^ peut se rattacher à la canaliiatioQ d'an grfiud
Pour le complet assmnissement de la contrée, la cul-
ture du Fry Geweyd seule «e suffit pas, il faut donner
«B écoulement aux «aux stagnantes. Or, im rmsseau fa'ès-
notable alimenté par d'autres ruisseaux <p» amènent
beaucoup d'eau des communes voisines, traverse toute
la bruyère, reçoit ensuite la Rînk-beke, rmsseau sem-
MaWe à une rivière , <iuî prend sa source dans les Rink-
puttm à Eeghem-Capcïle , et ils vont ensemble se perdre
dans 'le canal de Gand , à Moerbrugge , après avdr tra-
versé les communes de Wardamme et Oostcamp^ JH y ^
>d€w Siècles, ces «;ouraQts-d'^ pétaient 4éjà l'ojbjet d'we
étude spéciale. Ces veines, ces artères Ibrmées far la'
la ^£rfur^, sont en effet de puissants moyens 4e féç^Wité»
lorsqu'elles soait bien dir^es , mais elles deviennent des
moyens de ruine et de dévastation , lorsqu'elles sont i^baçi-
données à elles-tnémes^ Il ^ surprenant <|ue eette ^vérité
soit si peu mise en pratique Aa^ un jpays ^piinemment agri-
cole comme le nôtre. Le système des irrigations est encore
en son enfance en Belgique. Les eaux sont laissées â
elles-mêmes chez nous, au lieu ^e llndu^ne devrait s'en
en^parer et les faire servir à féconder, à jour et point
Aommé, >nAs f^airies let nos pâtiu*£^es. Celui qui a vu
Vacqua bermmta en »Lt)iribaFdîc reste émerveit^ des pre-
292
diges en ce genre dont l'industrie de l'homme est capable.
A l'époque dont je parle, il y eut comme aujourd'hui ,
un grand mouvement vers les améliorations matérielles,
c'est alors que se firent tous nos grands canaux ; on jeta
donc les yeux sur cet important courant-d'eau, on
voulut même le rendre navigable, pour pouvoir cultiver
d'autant mieux les vastes landes et bruyères qu'il traverse
ou qui l'avoisinent. Comme on voit, le but était de déve-
lopper par ce moyen la richesse agricole du pays; but
excellent, mais qu'on n'a pû atteindre, parce qu'on se
trompa dans le choix des moyens. On voulut approfondir,
élargir, aligner le ruisseau, en un mot, on voulut le
canaliser, au moyen de capitaux empruntés^ et on ne donna
d'autres garanties de remboursement de ces capitaux et des
intérêts, que le revenu éventuel des péages à parcevoir
sur ce nouveau canal en vertu d'un octroi royal, dont
nous donnons ci-après le texte, traduit du flamand. Comme
on le pense bien, toutes les bourses restèrent fermées,
et le projet avorta.
Texte de V Octroi royal dé l'an 1653, qui accorde la canalisation du grand
ruisseau, qui traverse les communes de Rudderyoorde , Wardamme
et Oostcamp (1). Voyez la carte ci-contre.
Philippe par la grâce de Dieu roi de Castille, de Léon,-
d'Arragon, etc. etc. etc. à tous ceux qui ces présentes
verront.
Savoir faisons que nous avons reçu l'humble supplique
de ceux dont les propriétés sont situées près et aux en-
(1) Je dois la découverte et la communication de cette charte à mon
infatigable collègue du Comité Directeur de la Société d'Émulation,
M.Tabbé Van de Putte, à qui j'en témoigne ici publiquement ma recon«
naissance. Elle fut trouvée dans les archives de Tancienne abbaye des
Dunes ; qui possédait de grandes propriétés dans ces communes.
293
virons du ruisseau, venant du pont dit f^eldekensdam-
brugge (paroisse de huddervoorde ) , passant par la paroisse
de Wardamme^ se jetant dans le petit canal de Gruyt-
huyse, paroisse d*Oostcamp, et de là dans la Zuyd-lieye
ou grand canal entre nos villes de Bruges et de Gand ,
dans l'appendance du pays du Franc;
Contenant que , pour l'avantage commun du pays et des
paroisses situéei» près et aux environs du même ruisseau ;
En considération de la difficulté des chemins dans la
saison d'hiver pour transporter à Bruges et autres villes et
pays d'alentour le bois et autres produits du sol de ces
quartiers ; aussi afin de pouvoir , au moyen du transport
plus facile de l'engrais , mettre en culture quelques terres
vagues et bruyères, situées à proximité;
Us ont conçu le projet d'élargir, d'approfondir et de
rendre navigable le même ruisseau l'étendue d'environ
mille neuf cent verges.
Qu'à cet efiet ils ont fait faire l'évaluation de la dépense
du dit travail par un ingénieur assermenté , qu'ils en ont fait
dresser carte figurative , et que la dépense a été évaluée
à 49,000 florins ^
Qu*ensuite ont été convoquées les paroisses et juri-
dictions intéressées devant les bourgmestres et échevins
du dît pays du Franc, pour délibérer s'il était bon et
utile de donner suite au dit projet^ et en cas d'affirma-
tive, d*aviser aux moyens les plus propres à le mettre
à exécution ;
Qu'ils ont décidé, à la majorité des voix, que le dit
projet était tout-à-fait dans Hntérêt des propriétaires* et
des paroisses circon voisines.
Que, puisque le pays était déjà assez chargé, il était
bon, pour faire face à la dépense, de demander notre
octroi afin d'imposer un péage sur les marchandises qui
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294
passeront en bateau par le dit canal, d'après le tarif qui
suit:
Cent fagots L. 0-1-0
Charretée d'arbres, bols scié, lattes, cercles,
écorces, charbons 0-1-8
Bateau chargé de tourbes de bruyère 0-3-0
Bilandre d'engrais 0-6-0
Moindre bateau ou cogge 0^3-0
Chaux par kruysse 0-0*4
Dalles bleues ou blanches le cent. ...... 0-0-8
Briques rouges ou blanches le n^ille O^^O-^
Tuiles le cent 0-0-2
Meules par pièce 0-2-^
Seigle, froment, avoine, sarrasin ou autre grain
par hoed 0-0-4
Tonneau de carpes ou autre poisson 0-1-0
Veau, porc, œouton ou agneau par tête, . • • 0*0-2
Pièce de vin • 0*0-6
Tonneau de bierre • • O-O-S
Sac de fruits • • . • 0*0-2
Pièce de toile \ , 0*0-2
Les autrfô tnarehandises , d'après ee qui préoèdo.
Le tout conformément à l'acte prédit de canvocation
et résolution.
Or comme les pétitionnaires ne peuvent faire appro-
fondir et élargir le dit ruisseau , ni imposer le pâige sur.
les/ marchandises ^ns notre octroi spécial, ils nous eut
supplié humblement afin qu'il nous plaise de leur accorder
à cette fÎR des lettres patentes et de consentir , ( vû <iue le
seigneur d'Oosioamp a defmis longtemps rendu navigable
line partie du ^it ruisseau sur une étendue de près ^e
1
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395
trois çmt verges , et qu'il ^'y a pas (^>^tre moyen de
l'indemniseF,) a ce qi^'il lui soit 2|CGordé un pé^ge de cinq
sols par chaque bilandre chargé^ et de çiinq gros par
cha(|ue moindre bateau chargé qui pa^^f^r^ repassera
par la ditç partie d]u canal,
jSi estril que Nous , considérant t^iit C6 qui est dit ci-
dessus , sur l'avis qos chers et amés bourgmestres et
échevins de notre pays du Franc , et inclinant à l'humble
^uppliçgtÎQp et ^^sjir des requérants , leur tmns oficordé
et octT&yé, le^r aecgrçfçn^ et fictroyam par l^s pré-
sept^s, d^ Mtr§ grâce spépiale, qujlfii pofirront appror
fondir ^t élargir je prédit ruiss^ôu sur une étendue d^
ipille §t nmf pô»t verger, l^ver è (sette jîn p^r fprme 4.Ô
rente Içis (^epiers pécessaires, §t à cet ^ffet jipus pon-
§e^top, poi^r le termp de doijiz^ m^, h péage sur le$
j[)ateau:|^ ^t l^s in^cliandises , f^pnae il est ^fm&é ci-
dessus, et ^ ce q^e le revenu de pes piépge^ spit dpppfl
#P feyP9tb§îu§ 4^ rentes prédites,- è h réserve cepep-
d^nt» à QpnditÎQn que liss suppliants soiept tenus de
j^rémt/^r §flnéç le çopapte djii rjBvenu des dits
fi^ge$ à§YJà^^ bourgmestre ist échevins dii pays du
Fmc, m^l gf^fife les présentes lettres devront êtr^î
mPSi^^9 ^ phaquie ^miée, ^rès les charges s'il
m ffà&ie, m jrembaursjera avee rexoédftfltt du dit menu,
ffm-k-fm les i;ipt«!^x empruntés ^ et de {dus à cpniditiQ^
4a p^yar à notre profit ui^ reeonnaissjan/ce de six iee&ts.
Amm, imfm.
A m mmes ordonnons à nos amés et fâuuix chefs-
présidents iejt gens de notre grand conseil et conseil prive,^
ppésidant et gens de notre conseil m Flandre , et à tous
nos o(fieîer$ et juges à qui il appartiendra , qu'ils laisse-
i^Ut dit^ suppliants jouir p^aisibLemi^t et pleinement
<le fs nstrp ffémd mifQÎ et giice, pour le temps, aux
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296
conditions et de la manière* comme dit est, sans leur
faire , ni souffrir qu'on leur fasse aucun empêchement à
ce contraire. Car ainsi nous plait-il.
Donné dans notre ville de Bruxelles, le onzième jour
du mois de Juillet de Tan de notre Seigneur mil six
cent quarante et trois, et de nos règnes le trente troi--
s^^'»^- * C. Ho. \\
Durant un laps de deux siècles , Texpérience n'a cessé de
faire voir combien la première idée dte nos ancêtres était
sage, combien il est dans l'intérêt de tous de tirer parti,
et un parti immense , de cette voie que la nature nous a
faite. Mais il ne convient pas d*en faire un canal de navi-
gation , il faut se borner à en faire un canal d'écoulement
qui puisse être en même temps un canal d'irrigation pour
les prairies qui se trouvent sur son passage, et qu'il serait
alors facile de multiplier à peu de frais et avec certitude
de succès. Si en outre il peut se prêter à la petite naviga-
tion, pendant quelques mois de l'hiver, et servir ainsi
au transport des engrais, ce sera un service important
de plus. Tel est le genre de bienfait dont on pourrait
doter ces localités , en même temps qu'on autorise la vente
du Geweyd. Les moyens d'exécution ne manqueraient pas ,
comme sous le gouvernement espagnol. Car on aurait sotis
la main des ressources suffisantes en prélevant d'abord une
somme sur le produit de la bruyère, qui se vendrait d'au-
tant plus cher , que l'écoulement de ses eaux serait assuré.
Ensuite un emprunt couvert par des centimes additionnels
sur les communes intéressées , et calculés d'après le degré
d'avantages que chaque commune devrait en retirer , une
rétribution spéciale et par hectare sur les terrains qui
jouiraient de l'irrigation, un subside de la proyince, et
un subside de l'état seraient autant de moyens et de
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297
garanties pour mener à bonne fin cette œuvre si éHiinem-
ment avantageuse et patriotique.
Les propriétaires non habitants n*ont aucun droit au partage du prix
de la vente.
Je viens à la dernière question , qui est la plus délicate
de toutes, parce qu'elle touche à l'intérêt personnel.
Comment se fera le partage du prix de la vente et entre qui?
Je réponds nettement que d'après la charte elle-même
et d'après des lois existantes , ce partage doit se faire par
parties égales, entre les chefs de famille ayant domicile dans
la localité privilégiée. Je vais prouver chacune de ces asser-
tions. La charte donne à tous, sans distinction, la jouis-
sance commune. Tous y obtiennent un égal droit; tous
sont propriétaires au même titre , tous doivent donc avoir
un égal droit aux bénéfices de la vente. Quant aux lois exis-
tantes, elles sont très-explicites. Un avis du conseil-d'état
du 20 Juillet 1807 , établit que le partage de biens com-
munaux dont deux communes sont propriétaires par in-
divis , doit être fait en raison du nombre de feux par chaque
commune. Un avis subséquent du conseil d'état, du 26
Avril 1808, confirme la décision première, il dit que ce
mode de partage' est le seul équitable et veut qu'il soit
appliqué au partage de tous biens quelconques dont les
communes veulent faire cesser l'indivis , soit par vente , soit
p^r partage en nature.
La jurisprudence des tribunaux a été constamment cour
forme à ces principes.
Les propriétaires étrangers, qui possèdent des fermes
situées dans le territoire privilégié, sont donc exclus; et
même en vertu d'une autre disposition encore , prise direc-
tement contre eux, dans la loi du 10 Juin 1795, sur le
partage des biens coinmunaux. L'art. II de la 2" section
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298
de cette loi, dont la publication partielle a été faite en
Belgique , par Tarrété du 6 Floréal an X , dit en toutes
lettres: les propriétaires non habitants n'auront aucun
droit au partage.
Cette dernière disposition est la seule qui rencontre de
Topposition; et si cette ide'e si philanthropique de défri-
chement doit rencontrer des ad?er$aires , ce sera quelque
intérêt personnel qui à tort se croira lésé, qui seul les lui
suscitera. Cependant , comme nous ne youlons pa6 mémfi
avoir l'air de méconnaître aucun intérêt Légal et fondé, et
encore moins le froisser, voulant être juste avant tout,
nous allons discuter contradietoirement la question des
propriétaires forains, nous allons exposer aussi impartia-
lement que possible, toutes les objections contre la loi
qui les exclut, et tâcher de leur faire voir clairement que
leurs objections ne sont pas fondées.
Voici le langage quils tiennent : u J'ai acheté ma pra^
priiétë â tm prô âevé , à cause de la jouissance de la
bruyère. Vous me faites donc un tort en nfenlevant cejtti^
jouissance, sans indemnité. ?»
Et foa r^nd c «c On 06 vous enlève pfts h iom^^Jm $
car vous ne Tarez jtmms eue. Donc on m vou5 bà% pa^
tort. Si vous étiez venu mettre des bestiaux dam lu bruyère,
on les aurait saisis. Ce n'est qu'à Vh^M^ant qu^^ppdrti^t
ee droit. Au nnoment que vous aviez acquis ei^te propriété
bâtie, personne ne vous a garanti la icontiiiudtioi^ g4 h
perpétuité de r^xistepce de la bruyère. Vous étea dans la
position de cddl qui a fait ^acquisition d*une auberge
sur une route fréquentée. Certes, cette position de l'att-
bcpge a ajouté k sa valeur. Mais un temps vient qu^iie
route nouvelle se fait dans une autre direction , you/s ^ealèv^
299
tout le passage , et fait ainsi un tort plus ou moins grand
à votre auberge. Où est votre droit à l'indemnité? »
Objection.
« La loi , il est vrai , exige le domicile. Mais mon loca-
taire n'a qu'un domicile précaire, dépendant de ma vo-
lonté. La maison qu'il occupe, il Poccupe pour moi et
à ma place 5 il n'est autre chose que mon représentant.
Participer au prix de vente de la bruyère est jouir d'un
avantage qui dérive de ma propriété: or, un avantage
pareil ne peut appartenir qu'au propriétaire. »
Réponse, te Participer au prix de vente de la bruyère est
jouir non d'un avantage qui dérive de la propriété, mais
d'un avantage q\ii dérive de la qualité d*habitant. Il est
vrai cependant )^ue votre locataire n'aurait pas, sans
vous, la qualité d'habitant, si vous ne lui aviez pas loué
votre propriété. C'est ce que sentent très bien ces mêmes
locataires, qui ne voulant pas, pour un avantage mo-
mentané , se mettre mal avec leurs propriétaires , se sont
dès à présent entendus avec eux, et leur ont cédé la
moitié du bénéfice résultimt de la vente , à condition que
l'ancien bail soit modifié lors de la cessation de la jouis-
sance de la bruyère. Cet arrangement est fort raisonnable
et également dans l'intérêt des deux parties. M^s qu'on
n'oublie pas qu'aux yeux de la loi , «'est le domicik seul
qui donne droit direct et positif. Q^iant aux drmts résul-
tant indirectement de voire propriété , la loi ne s'en mêle
pas , c'est là une affabe esntre vous , et votre fermier. »
Se ObjectioD.
« Pour pouvoir vendre , il faut posséder animo domim;
or, un locataire ne possède pas animo dominij donc il
ne peut pas vendre. )»
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300
Réponse. « Je commence par distinguer : Non , un loca-
taire ne possède pas animo domini la propriété qu'il tient
en bail de vous , mais il possède , comme co-propriétaire , la
bruyère. Et je réponds par un raisonnement plus solide,
que voici: un locataire, quoique locataire , possède anmo .
domini et comme membre de Passociation-propriétaire , la
propriété pour la possession de laquelle Tincolat seul suffit ;
or, la bruyère en question est une propriété pour la pos-
session de laquelle Tincolat seul suffit; donc le locataire
la possède animo domini, donc il peut la vendre. »
4« Objection.
« Ce projet de vente est une véritable surprise. Ad-
mettons que la loi nous exclue , nous propriétaires , non
habitants. Dans ce cas, donnez-nous un délai de cinq,
de huit ans , jusqu'à ce que les baux actuels soient expi- .
rés. Alors par des conventions nouvelles avec nos loca-
taires, nous dérogerons à la loi qui nous exclut, et
nous verrons arriver le jour de la vente avec plaisir. »
Réponse. « Donnez-nous un délai de vingt, de trente
ans, crieront ^d'autres propriétaires animés contre leurs
emphytéotes, afin que les baux emphytéotiques expirés,
puissent donner lieu à d'autres stipulations: et ainsi on
n'en fimVait jamais, si on devait se prêter à tous ces \
moyens dilatoires. Ce projet de vente n'est pas une sur-
prise, et le propriétaire à tout le temps de se mettre en
mesure avec son locataire. Enfin il faut convenir que
jamais l'exécution d'une chose d'utilité publique ne s'est
faite sans présenter quelques inconvénients, et qu'il
faudrait renoncer à toute amélioration quelconque, si Ton
voulait qu'elle fût du goût de tout le monde. »
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501
Etat actuel du projet.
Le 14} Juin i842, eut lieu une assemblée générale de
tous les ayant^droit de Ruddervoorde, et dans Faprès-
dînée une autre assemblée générale de tous les ayant-
droit de Zwevezeele. Je fus présent à ces deux assemblées,
et dans chacune les ayant-droit sont convenus , par acte
devant notaire , dés stipulations suivantes : 1° Le partage
du produit de la vente se fera par portions égales entre
les {hefs de famille ayant domicile. L'expédition de
l'acte avec les conditions de vente sera transmis au conseil
des communes respectives de Ruddervoorde et de Zwe-
vezeele, pour valoir comme demande formelle de l'auto-
risation de vendre. 3** Les neuf chefs-hommes sont auto-
risés à stipuler et signer les conditions de la vente et à
signer les minutes des actes notariés , lors des adjudications
provisoires et définitives , de telle sorte , qu'en cas d'absence
ou de maladie, la signature d'un seul vaudra comme la
signature de tous. 4" Le notaire de Ruddervoorde,
de concert avec les chefs-hommes est autorisé, en cas
d'autorisation de vendre , de faire faire toutes les opé-
rations qui doivent précéder la vente; comme les tracés
des chemins et communications, la formation des lots,
de la carte figurative avec des copies litographiées etc.
8*» Le notaire de Ruddervoorde est chargé de la vente,
avec le concours du notaire de Zwevezeele , pour la partie
située dans cette dernière commune. 6** La présente con-
vention n'est valable que pour un an, de sorte que si
l'autorisation royale n'est pas obtenue avant le 15 Juin
1843, la convention est nulle et comme non-avenue.
Comme il s^agit de la vente d un bien communal , une
décision , pour être valable , ne demande que l'assentiment
de la majorité. Telle est la loi de .pareille assemblée
502
délibérante, parce que c'est l'être moral, la section de
commune, qui possède, et non l'individu. La loi du 10
Juin 1793 cxijjeait beaucoup moins. Si le tiers des voix,
dit-elle , sect. S , art. 9 , vote pour le partage, le partage
sera décidé, et Part. 10 ajoute : après cette détermination,
la délibération qui portera le partage ne pourra plus être
révoquée. Mais cette partie de la loi n'a jamais été publiée
en Belgique.
Dans rassemblée des ayant-droit de Ruddervoorde , qui
sont au nombre de 177, il n'y eut que 16 opposants,
et 17 absents par vieillesse , maladie etc. et parmi les 144
adoptants, 4 sont partis isans signer la minute. Dans
l'assemblée des ayant-droit de Zwevezeele, qui sont au
nombre de 66 , il n'y eut que 7 opposants , et 8 absents,
et parmi les SI adhérents, S se sont retirés sans
signer.
Vmlà où en sont les choses. Tout est fait de la part
des habitants. Le reste dépend de l'autorité supérieure ,
et son zèle pour le bonheur de la patrie est trop éclairé,
trop bien entwidu , pour que nous n'ayons droit de croire
qu'elle mettra tout en œuvre pour mener a bonne fin un
projet dans lequel ont échoué tous les gouvernements
étrangers qui ont pesé sur la Belgique depuis trois cents
ans.
Bruges, 42 JuiHet 1«42.
303
ARGKITIS
iPe la pcomtt n it Ut Uiiit iku^ta^
Dans le rapport annud fait au oonsek provinoial au
mois de JuiUët de la présente aunée, il se trouve un
examen concis de l'état des archives de la province et de
la ville de Bruges, qui permet de juger de l'ensemble
des pièces que ces d^ôts renferment. Gomme ce rapport
n'est tiré qu'à un petit nombre d'exemplaires et que
par conséquent beaucoup de personnes sont dans FimpoS-
sibilité de se le procurer, nous avons pensé être $gr^le
aux lecteurs des *Ânnaîes des Société d'émulation « en
insérant ici cet examen:
L'ëiicMvfei^ô podÈTsat Wisè ^(AMtë b co)ftfe<ftfen été ViiÊr
vm^àî^ d^ ^archiv^à j^tiuddeiB^ Le aète «èi^ti 4e
M. OistàVè Detepiert^ p^riôel à k Péputatton de vmis
soumettre actuellement le troisième volume «OfO^anàt le
•làdmiôailha 4è docttiâettts extrémen^ tetâressamts. Ce
VOlmnè tërÉainè la série •éèfs èbai^ , %lèHie$ > ^dinMfs «t
àiilrès pièces 4e la mèiitè iiatum
CePdté partie qtïi Ambrasse la pâ*iod^ da xi"" au x?ih'
siècle, offre un haut intérêt bis«<»49aet déjà piusieurs
édmu&iè Mg^ %t èlî^èr% m eut ]^lé ^t» i^m.
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304
Le quatrième volume ne sera pas moins important. Les
matières qu'il pre'sentera seront relatives aux comptes du
Franc de Bruges. L'on sait qu'ils remontent à 1398. Ils
sont classés et inventoriés , mais ils doivent encore subir
l'analyse. Des détails concis sur tout ce qui concerne le
commerce , les travaux publics , les subsides, les guerres
qui ont désolé les Flandres , etc. , en seront extraits et
publiés ; ils feront apprécier toute la valeur de ces docu-
ments financiers.
On W dit avec raison , les comptes rédigés par nos
ancêtres fournissent une quantité de renseignements utiles
que l'on chercherait vainement dans d'autres documents
officiels ; aussi , sont-ils les monuments les plus certains et
les plus complets de notre histoire.
La députation a porté au budget de 1843^ lequel vous
sera soumis, les fonds nécessaires pour l'impression du
4" volume.
Nous passerons successivement en revue chacune des
parties du dépôt.
La première section comprend les chartes: ces pièces
sont conservées dans 68 cartons, l'inventaire analytique
en est maintenant terminé.
La seconde renferme la collection des cartulaires au
nombre de 52. Ils sont inventoriés et quelques-uns ont
déjà été analysés. Dans son précédent rapport, là Dépu-
tation a mentionné les volumes les plus importants de
cette section. ♦
Parmi les cârtulaires , l'Archiviste a cru devoir ranger
quatre gros volumes in-folio , contenant un grand nombre
de documents de toute espèce , dont plusieurs sont des ori-
ginaux. Ces volumes présentent des pièces très curieuses ;
nous en citerons quelques-unes :
« (Observations sur la libre navigation et le commerce
305
» entre les provinces de Flandre et de Zélande. » Cette
pièce est du xvi' siècle.
« Privilèges accordés à Bruges par S. M. I. pour rap-
» peler le commerce dans les murs de cette ville et empê-
» cher son entière ruine. »
Ce document ne porte point de date , mais récriture et
le style appartiennent au commencement du xvi*" siècle.
Il est dit qu'à Bruges seulement, Ton pourra vendre en
gros , toute espèce de drap d'Angleterre , nonobstant que
lesdits draps soient bannis du pays de Flandre.
En voici un passage littéral:
ic Les marchands ne payent aux deux halles de Bruges ,
» que le bois et les chandelles qu'ils bruslent et pour
» la garde de chacun drap , que deux gros , et pour les
)) officiers qui portent lesdits draps aux dites halles et
« ceux qui les mesurent, demy-gros. »
u Réponse des magistrats de Bruges aux demandes des
» marchands Anglais, concernant l'établissement et la
« résidence dans cette ville, d'une compagnie pour la
î> vente de drap et autres marchandises. 13 Novembre
1526.
«c Réclamation aux archiducs Albert et Isabelle , de la
» part des marchands Écossais qui entretenaient des rela-
î> tions de commerce avec les Flandres , contre les édits
}) prohibitifs de feu S. M. concernant l'importation et
« la vente de leurs marchandises. »
Cette requête donne des détails intéressants sur le cos-
tume de Pépoque. L'on y voit que le drap nécessaire
pour le vêtement d'un Écossais, ne coûtait que trois à
quatre florins.
«Copie des lettres patentes du roi Philippe II, par
« lesquelles l'Échevinage de la ville de l'Écluse est cédé
» aux Brugeois pour une somme d'argent. >»
Akitalïs. — Tome IF. 22
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S06
<( Délimitation par expert du territoire de la ville de
3) Bruges. » (xvi* siècle. )
il Ordonnance des magistrats de la même ville , au sujet
« de la peste. » 1603.
« Lettres patentes de Marguerite , duchesse de Parme,
» par lesquelles elle annonce aux magistrats de Bruges ,
î> que le duc d'Albe est désigné par le roi , pour prendre
5» le gouvernement des Pays-Bas. »
« Hanse ou traité de commerce conclu entre le Franc
« de Bruges {Brugsche Frye)^ et le Veurne-Ambacht ,
M le 18 Août 1S4S. »
« Bulle donnée par le pape Clément , à la demande de
« Charles-Quint, pour arrêter les excès commis par des
3) clercs et des personnes ecclésiastiques , et par laquelle
3> ce souverain pontife annulle le droit de refuge dans les
» églises. »
Les nombreusës pièces concernant les procédures por-
tées devant les différentes juridictions, constituent une
troisième section répartie en cinq subdivisions:
1^ Les causes soumises à la prévôté et aux chanoines
de la cathédrale de St-Donat, en flamand «Z>e Heer-
0) iyckhede van den Proosschm en den Caneunickschen
» van Sinte Donaes. »
2^ Celles de la juridiction des magistrats de la châ-
tellenie de Courtrai.
5** Item d'Ypres.
4* Les procès soutenus par les magistrats du Franc
pour le maintien de leurs privilèges.
Un grand nombre de pièces de procédure, de con-
testations, de décisions, etc., tant entre partiouliers
qu'entre Tadministration du Franc et le souterain.
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307
La quatrième section contient ({uatre subdivisiohs à
savoir: /.
l"* Des extraits de privilèges , octrois^ ordonnancés et
règlements concernant les bourgmestre et échevinâ du
Franc, ainsi que de plusieurs localite's de leur ressort.
3^ Les pièces relatives à la comptabilité et aux finances
du Ftauic. V. . . .
S"* Les documents relatifs aux prestations militaires,
logement des gens de guerre , livraison de fourrage et de
chevaux, etc.
4** Les archives concernant les travaux publics^ tant sur
le territoire du Franc que sur cehii de la chàtelleniejdTpres.
Cette dernière subdivision est fort intéressante. Nous
citeront ici entre autres :
«Plusieurs pièces se rapportant à l'engablçment du
)> port d'Ostende , en conséquence des travaux efifeçtués au
)^ Polder de Zandvoorde , ainsi qu'aux moyenSi à employer
» pour approfondir le port. » 1712 et années suivantes.
«< Concession accordée aux magistrats de Tournai et à
» ceux de Courtrai , de construire une route pavée entre
î» ces deux villes et autorisation de percevoir à cet effet ,
)> ime taxe sur les chariots , chevaux et bétes à cornes ,
)) qui feraient usage de ce pavé. » 1784.
u Correspondance des magistrats du Franc, ceux de
» Bruges et ceux de Courtrai , au sujet de la construction
î» de la chaussée de Bruges à cette dernière ville. « 17S0.
«Acceptation par. les magistrats de Bruges^ des con-
» ditions soumises pour la plantation le long de cette
« houvéllé route. » 1752.
« Dossiers relatifs à la construction du Sas de Slykens,
sur le canai de Bruges à Ostende, à Breedene. »
Parmi ces documents se trouvent les plans figuratifs
des travioix. 1733.
308
« Pièces relatives à la construction de la route de
» Courtrai à Audenaerde. » 1767.
u Correspondance des magistrats de Bruges avec ceux
d'Ostende, au sujet de la délimitation de leur territoire
» respectif. » 1778.
« Clauses et conditions de l'adjudication des travaux de
» dévasement et d'approfondissement du canal d'Isabelle,
» près du Hazegras, avec le plan de ce canal. » 1785.
(c Conditions de l'adjudication des travaux pour la recon-
» struction des écluses de Plasschendaele , Zandvoorde,
5> Nieuwendamme et Hazegras. » 1784.
« Pièces concernant k construction de la route pavée
)) de Westcappelle au Hazegras. «
Ce paquet contient une liste des propriétaires dont les
terrains étaient traversés par la nouvelle route. 178S.
« Compte des travaux effectués pour la construction au
Hazegras d'un lazaret pour les marins venant de pays
5) où sévissait le fléau de la peste. » 1785.
Dans la cinquième section sont classés tous les docu-
ments qui concernent Pévêché et le séminaire de Bruges.
Ces pièces n'ont pas encore pu être analysées.
La sixième section renferme la série des comptes du
Franc de Bruges, dont le plus ancien est de 1398. II
est vivement à regretter que cette collection si importante
présente quelques lacunes.
Nous avons mentionné plus haut que le 4* volume de
l'inventaire analytique sera consacré à des extraits de ces
comptes. Pour mettre à même de juger combien ce tra-
vail sera intéressant , nous continuerons à citer quelques-
unes des notes qu'ils renferment.
« Résolution des magistrats du Franc prescrivant la
construction et l'équipement de bâtiments de mer, afin
S09
» de chasser les pirates qui infestaient les côtes de Flan-
» dre. » 1398.
t( Réunion des bourgmestre et échevins du Franc au
î> sujet de la monnaie. » 1399.
« Résolution des mêmes magistrats d^envoyer une dépu-
« tationau comte de Flandre, à Paris, pour l'informer
î» de la malheureuse guerre des Zélandais avec les Fla-
» mands et pour inviter le comte à séjourner en Flandre. «
* Délibération des magistrats du Franc au sujet des
» propositions fates par les Gantois , d*entamer des négo-
» ciations avec les ambassadeurs Anglais à Calais, sans
» en donner connaissance à la comtesse de Flandre , et de
» conclure un traité de paix avec le comte de Hollande , à
î» rinsu des magistrats de la ville de Bruges. » 1400.
« Dispositions prises par les magistrats pour la défense
î> des côtes menacées par la flotte anglaise. » 1408.
« Trois députés du Franc sont envoyés à Ypres , pour
>» s'y concerter avec les autres membres de la Flandre , au
« sujet d'une demande de 20,000 hommes, faite par le
î» comte de Flandre, à l'efifet dé s'opposer à l'invasion
» des Anglais dont la flotte s'était emparée de PÉcluse. »
« Résolution d'envoyer à Gand , trois députés , à Pefifet
» de s'entendre avec les autres membres de la Flandre
» pour réclamer du comte , la prohibition de l'entrée des
» draps et autres étofles de laine. 1406.
«( Réunion des magistrats pour aller féliciter en corps
« la comtesse de Flandre , qui arrivait à Bruges , pour
» assister à la procession du Saint-Sang. » .1407.
«( Délibération sur la demande du comte tendant à avoir
» auprès de lui, à Paris, un certain nombre de gens
1) d'armes pour sa défense. » 1407.
« Résolution par laquelle les magistrats du Franc et
1405.
510
'» les autres membres de Flandre envoyent des députés
» à Gravelines , pour réclamer aux Anglais , des indem-
)> nités en faveur des marchands Flamands qui ont éprouvé
« des pertes, et pour solliciter la prolongation de la trêve
î> conclue entre la Flandre et TAngleterre. » 1411,
«Les bourgmestre et échevins du Franc envoyent au
î> comte de Flandre, à Paris, une somme de dix mille
5> couronnes pour la concession de plusieurs privilèges. «
ce Envoi d une députation à Gand , pour s'entendre avec
3) les autres membres de Flandre, concernant la demande
n du comte de Charolais , d'obtenir mille hommes armés
)> de piques, cinq cents archers et deux cents hommes
î) d'armes, destinés à la défense du pays. 1412.
«Sept députés du Franc sont envoyés à Gand, pour
3> y jurer conjointement avec les députés et autres mem^
« bres de Flandre, les articles dû traité de paix conclu
3> entre le comte de Flandre et le roi de France. »
1415,
Les notes qui précèdent peuvent donner une idée de
l'importance de ces comptes , surtout si l'on considère que
la plupart de ces faits sont peu connus et qu'ils jettent un
nouveau jour sur plusieurs points de notre histoire.
La septième section contient tous les dossiers et toutes
les pièces provenant des corporations supprimées et des
anciens corps de métiers.
L'analyse de ces documents n'a pas encore eu lieu.
La huitième section embrasse la collection des états de
biens meubles et immeubles délaissés par les parents d'or-^
phelins. Ces états sont de la plus grande importance pour
les particuliers. Beaucoup de personnes viennent fréquem^
ment y puiser des indications.
Le classement de ces pièces, commencé sous le pré^
1411,
311
décesseur de Tarcbiviste, est actuellement terminé.
Epfin , Ton a réunis dans une neuvième section » sous le
titre de Miscellanées , les acte3 de diverse nature qui
ne peuvent être convenablement rangés dans aucune des
catégories qui précèdent.
Le classement matériel des anciennes archives peut être
considéré comme achevé; la tâche de l'archiviste sera
encore longue et laborieuse \ il lui reste deux choses im-
portantes à faire ; l'analyse d'un grand nombre de pièces
et la confection régulière et complète des inventaires.
Vous nignorez pas les événements dont cette ancienne
cité a été le théâtre au moyen-âge; vous savez qu'elle
fût l'entrepôt général du commerce entre le Nord et le
Midi de l'Europe et vous pouvez ainsi vous faire une idée
de l'importance et de la richesse de son dépôt d^archives.
Cependant elles né remontent pas au-delà de 1280 f
époque à laquelle un incendie réduisit eh cendres la tour
de la Halle ainsi que les documents qui y étaient renfermés.
Nous donnerons ici quelques détails sur ce dépôt.
Vingt volumes écrits sur parchemin , parfaitement con-
servés et désignés sous les noms de Roodk , TFitte, Grœne,
Brvyne, Rude, Ghelum et Ztvarte Boeken, contiennent
les copies authentiques de tous lès privilèges, chartes,
contrats et autres pièces concernant la ville de Bruges
et le Franc. Le plus ancien de ces actes date de 1088;
le document le plus récent est de 1733.
La série des comptes municipaux renferme 42S volumes
in-folio, reliés en cuir et la plupart écrits sur parchemin.
EUe embrasse la période de 1284 à 1789. Les lacunes
qu'elle offrait encore , disparaissent successivement.
ARCHITES COMMUNALES.
312
La collection complète des procès-verbaux des délibé-
rations des députés des Flandres qui ont siégé à Gand
et à Bruges, de 1608 à 17S2, est soigneusement con-
servée.
Les publications et ordonnances municipales sur toutes
les matières du ressort de l'administration se trouvent
transcrites dans 28 volumes in-folio. Cette collection rare,
connue sous le nom de Halk-Geboden, est pleine de détails
les plus curieux sur les mœurs et les coutumes du temps.
Elle commence en 1490 et finit en 179S.
Une série d'actes non moins importante est celle des
sentences criminelles prononcées par les bourgmestre et
échevins de Bruges , au sujet de toutes sortes de méfaits ,
depuis 1490 jusqu'à 1674. Quoiqu'incomplète , cette par-
tie est inappréciable pour l'histoire de l'ancienne pénalité
des Flandres.
Plusieurs autres volumes renferment les comptes des
recettes et dépenses effectuées à l'occasion des expéditions
(Te guerre, entre autres pour celle de Mons en Puelle
(1304) et celle de Guillaume de Juliers (1302). Ces
comptes fournissent des renseignements sur le prix que
coûtaient à cette époque, les objets de consommation
ordinaire.
Le grand nombre de chartes n'a pas encore permis
de les classer définitivement; l'on a dû se borner à en
opérer un triage préliminaire. La plus ancienne pièce
originale découverte jusqu'à présent, date de 1282. C'est
le règlement arrêté parle comte Gui de Dampierre, de
commun accord avec le chevalier de Ghistelles, concer-
nant le pesage dans la ville de Bruges.
Parmi les documents originaux inventoriés jusqu'ici.
Ton remarque la charte de 1296 , par laquelle Phâippe-
le-Bel, roi de France, s'interposant dans la querelle du
313
comte Gui avec les Brugeois, reconnaît à la commune,
malgré Topposition du comte , tous les privilèges dont les
litres avaient été anéantis par Tincendie du Befifroi.
L'acte par lequel Philippe, comte de Thiette et de
Laurette , fils du comte Gui et qui administrait la Flandre
pendant la captivité de son père , supprime l'ancien sceau
de la ville de Bruges et octroie un nouveau. Cette pièce
est de 1305.
La charte de pardon accordé aux Brugeois et aux
métiers révoltés, de s'être réunis en armes et d'avoir
planté leurs bannières sur la Grand'Place; cette pièce
porte la signature de la duchesse Marie de Bourgogne et
est datée de 1477.
Nous mentionnerons encore ici la charte de Charles II j
roi d'Angleterre. Ce monarque pour récompenser les
habitants de Bruges de l'hospitalité et du bon accueil
qu'il en a reçus pendant son séjour en cette ville, leur
accorde le droit de pécher aux filets dans les mers et
sur les côtes d'Angleterre. Ce document est signé de la
main du roi et porte la date de 1666. Le grand sceau
d'Angleterre qui y est attaché, est renfermé * dans une
boîte en argent.
La collection des keuren, ou s^nciens règlements des
corporations des métiers , promet de se compléter j ces
statuts sont très intéressants par la naïveté et quelquefois
par la bizarrerie de leurs dispositions.
L'année dernière , l'autorité locale avait exprimé l'espoir
de pouvoir proposer au conseil, l'allocation d'un crédit
extraordinaire pour couvrir les frais d'impression de l'in-
ventaire analytique de ses archives.
Le grand nombre des pièces qui sont encore à classer
et surtout le désir de présenter au public un travail com-
314
plet et méthodique, a engagé le collège échevinal à ajour-
ner sa proposition.
Nous formons des vœux pour que, dans tous les cas,
la publication ne se fasse pas longtemps attendre.
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315
Le christianisme , dès son origine , a toujours porté ses
fidèles à rendre aux morts l'honneur qui leur est dû;
Fancienne liturgie est là pour l'attester; et, s'il ne restait
que les catacombes, vrais musées de monuments élevés à
la mémoire des premiers chrétiens , nous pourrions encore
louer les prosélytes du christianisme d'avoir fait servir les
arts à orner ces tombeaux soustraits à la persécution des
tyrans.
La religion fut prêchée assez tôt dans nos contrées,
maïs elle fut longtemps sans voir ériger des temples. Ceux
qu'on bâtit dans la suite ne furent que des simulacres des
vastes basiliques que les croisés érigèrent lors de leur
retour de Terre sainte; aussi, jusqu'âlors on s'était con-
tenté d'enterrer les fidèles dans les cimetières qui se trou-
vaient-autour des églises. La construction des grandes
églises fut en même temps Fépoque de l'érection des mo-
numents funèbres , des pierres séptdcrales , des ornemeiits
de toute espèce , inventés pour perpétuer le souvenir de
ceux qui avaient été chers à leur famille. D'ailleurs le^
pavés des églises s'harmonisaient parfaitement avte le r^ste
lONUifiivTS mUm
DU IiA riiAHDRB-OCCIDBHTALa.
316
de ces e'difices; des portraits de rois, de chevaliers,
d'évêques sculptés dans le marbre ou gravés sur le cuivre ,
des mosaïques quelquefois rehaussées de mastics coloriés ,
toutes ces choses disposées symétriquement formaient un
ensemble qui rehaussaient la majesté du lieu saint , et qui
lui étaient cette monotonie qu'on se plait à redonner de
nos jours. Ces voûtes sublimes rappelaient* la majesté de
Celui qui repose dans les temples , en même temps que les
tombeaux, les écus blasonnés, les inscriptions disaient
au spectateur qu'au-delà de la tombe il est une vie et un
monde dont le présent n^est que l'ombre.
Il ne reste cependant que peu de monuments funèbres
anciens, l'homme en a détruit un bon nombre, les siècles
et les éléments ont fait le reste. Où sont les tombeaux
de ce que notre Flandre a eu de plus grand? de nos
comtes, par exemple? Il en reste tout au plus un sou-
venir par un dessin qu'on en a conservé. Baudouin-
le-Chauve et sa femme Estrude, Arnould-le-Grand ,
Arnould-le-Jeune , Baudouin IV , dit à-la-barbe , Isabelle
sœur de Charles-Quint et reine de Danemarck avaient
leurs sépultures à St-Pierre à Gand; il n'en reste plus
le moindre vestige. Il ne reste rien non plus du tombeau
de Louis de Nevers qu'on voyait autrefois à St-Donat à
Bruges , ni de celui^ de JWarguerite d'Alsace morte en
1194. Le dessin de ce dernier monument a été publié
dans les Annales, T. I, p. 193, où il est aussi parlé d'au-
tres anciens tombeaux qui ont disparu à Bruges , de celui
de la princesse Gunilde , de Jacques de Bourbon , de Phi-
lippe comte de Lodi etc. La fureur des iconoclastes du
XVI' siècle avait laissé quelques tombeaux entiers, les
Français sont venus les niveler il y a SO ans. L'abbaye
d'Ëeckhoute à Bruges possédait l'antique tombeau d'un
bon ermite, nommé Everelmus, mort en 1060, il a
S17
disparu avec l'abbaye (1). Le tombeau de Hugon, prévôt
de St-Martin à Ypres , a disparu on ne sait comment ; il
datait du commencement du xin® siècle (2). La conser-
vation de la pierre sépulcrale du roi Sigis, tué à la bataille
de Courtrai (3) , n'est due qu'au hasard et au génie conser-
vateur de feu M. Goethals-Vercruysse. Qui sait si nous
n'aurions même perdu les plus beaux et les plus riches
mausolées, ceux de Charles-le-Téméraîre et de Marie de
Bourgogne, sans la générosité de l'empereur Napoléon?
Je n'en finirais pas si je faisais l'énuméré de toutes ces
pertes irréparables^ passons aux monuments qui nous
restent encore, •
Lors de la destruction de Saint-Donat à Bruges , on a
été assez heureux de conserver les tombeaux de quelques
évéques , qu'on voit aujourd'hui placés dans le chœur de
Saint-Sauveur et parmi lesquels on distingue celui de Tévê-
que Van Susteren. L'ancienne cathédrale dTpres a aussi
conservé les tombeaux de ses évéques et celui , en pierre
de Basècles, de Louise de Laye, veuve de Guillaume
Hugonet, vicomte d'Ypres et chancelier de Bourgogne,
décapité à Gand, en 1477. D'autres tombes élevées ont été
conservées en bon état : il s'en trouve trois à la Potterie à
Bruges , entr'autres celle de Nicolas Despars. Celle de la
famille Adornes se trouve à la chapelle de Jérusalem , et
Not^-e-Dame, outre les belles tombes dont nous avons parlé
plus haut, a conservé le mausolée de Haveskerke; l'on
voit dans l'église paroissiale de Dixmude , le tombeau de la
famille Sacquespée , dans celle de Wervick celui de Hector
(1) Beaucourt, Description de l'église de Notre-Dame, p. 299.
(2) Sanderus, Fland, illust,, t. i, p. 357, et Mémoire de M, Lambin.
(5) Le dessin de cette pierre se trouve dans le 1' yolumê du Jaerheek
van Kortrykf et dans le Recueil d'antiquités de De Bast.
318
de Mâiadeo, iQaià toaâ oes monuments ne sont pa& très*
anciens, pas plus que les cabinets d'armes qu'on a intro-»
duits comme monuments funèbres lors de la renaissance
des arts au xti* et xvii" siècles.
Les pierres sqpulcraleS des forestiers de Flandre, con^
servées à Harlebeke, ne sont pas très-anciennes, elles
dateM tout au plus du xv* siècle.
Le développement que prirent les chambres de rhé^
torique au xiy"" siècle , se fit sentir sur les inscriptions
sépulcrales qui furent écrites en vers flamands. Il s'en
trouTait plusieurs à Notre-Dame à Bruges (1), et Ton voyait,
il y a quelques années, sur une pierre dans Téglise de
Dixmude, ces vers:
Pieter, Ântheanis en Golaert
Sjn aile drie te Gode waert.
Les inscriptions du xiii^ et xiv'' siècles ont encore
souvent cela de propre, qu'elles furent écrites en rimes
latines du plus mauvais goût.
Le XIV* siècle vit aussi introduire la coutume d*incruster
les pierres sépulcrales de lames de cuivre sur lesquelles
0n gravait des inscriptions et des figures. Il ne reste que
peu de ces portes de monuments. J'en ai, trouvé un à
l'hôpital à Bruges , érigé à la mémoire de deux frères de
cette institution; il ne date que de 1537.
L'église de Saint-Saateur en a conservé . cinq^ dont
Je plus ancien date de i439. Tous sont dans un état
parfait de conservation , mais celui qui l'emporte sur les
autres sous le rapport de l'art, est sans contredit, le
monument de Jacques Schelewaert, docteur à l'université
(1) Beauooart, Dncr^pt. de VéglUe dé Notre-Dame, P. 262, et
543.
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519
de Paris. Nous en doimops ici le dessin. Le docteur est
ppcupé à donner sa leçon assis dans un grand fauteuil
ou scribane, à son côté se trouve l'appariteur tenant sa
verge et les élèves écrivent les explications données par le
professeur. A voir les armpiries qui se trouvent sur les
bords du monun^ent, Schelewaert devait être noble du
côté paternel et maternel. Ce personnage était originaire
de Dixmude , comme nous Tavons dit dans notre histoire
de cette ville à Tannée 14S0. De docteur de la Sorbonne,
il devint professeur de théologie à l'université de Louvain
en 1472 (1). Il paraît quil fut ensuite nommé curé à
Bruges, et que ce furent ses élèves qui firent les frais
de ce monun^ent , sur lequel on lit : SepiUtura honorandi
magistri nostri magistri Jacobi Schelewaerts parisiensis
sacre théologie doctoris m hujus ecclesie curati, qui obîit
xiii die mensis Junii anno Domini millesimo quadringenr
tesimo octuagesimo tercio. Jnima ejus requiescat in pace.
Le plus ancien monument sépulcral en cuivre que j'aie
pu découvrir date du xit** siècle , et se trouve à St-Jacques i
à Bruges. Malheureusement il est mutilé et l'on en a
soudé les différents morceaux pour graver sur le revers
l'épitaphe d^un consul de la nation Espagnole, mort au
xvii° siècle. La gravure de ces fragments est admirable
de beauté , 'plusieurs saints placés dans des niches gothi-
ques forment un cadre autour de la personne qui gît au
milieu, et qui, diaprés les restes de l'inscription, est
Gilles Van Namain. Le millésime seul indique le xiv** siè-
cle, les autres chiffres manquent. Toutefois, les lettres
gothiques ayant déjà fait place aux onciales , nous pouvons
(1) Talère-André dit dans ses Facti academici: Jacobua Scholeioaert ,
Doct, Theol, Parùiensiê, canonicua D, Pétri, aucceêait inprahendd et
lectione ordinaria Hmricof de Zoemeren.
520
affirmer que le monument a appartenu à la dernière
moitié du xiy" siècle. L'église de St- Jacques renferme
encore quelques autres monuments en cuivre et Ton est
à la veille d'en replacer cinq , qui jusqu'à présent avaient été
conservés dans un magasin. C'est à feu M. Scourion que
cette église doit cette conservation. Lors de la con-
quête des Français , ces monuments avaient déjà été ven-
dus pour vieux cuivre , lorsque le savant secrétaire trouva
un moyen de faire résilier l'acte de vente, et les lames de
cuivre furent conservées.
Une idée frappe lorsqu'on considère que beaucoup dè
ces monuments sont gravés longtemps avant l'invention
de l'art typographique. Ce dessin si correct, ce burin
vigoureux , ce relief donné aux caractères , tout nous fait
dire, comment rimprimerie n'a-t-elle pas été inventée
beaucoup plus tôt!
Si nous avons à regretter la perte de beaucoup de
monuments funèbres, nous avons du moins la consola-
tion d'en avoir conservé quelques inscriptions. Corneille
Gaillaert, qui écrivit avant les ravages des iconoclastes,
en a conservé plusieurs dans un ouvrage MS. aujourd'hui
là propriété de M. le vicomte De Croeser; un siècle plus
tard , Nicolas De Schietere , en copia plusieurs pour ses
généalogies, et le peintre Le Doulx a copié au siècle
passé tout ce que Bruges renfermait de monuments funè-
bres. Cet ouvrage se conserve à la bibliothèque publique
de Bruges. Pareil ouvrage a été composé pour Ypres;
il a pour titre : Recueil manuscrit des monuments sépul-
craux d'Fpres. Si les originaux nous manquent, il nous
en reste du moins des souvenirs.
L'àbbé F. Van de Putte.
521
\A,VV>\V\,VVWft)VVVVVVVVVVV\V\\ftiVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\VVV\W/VVVNV\VtV\.
ANALYSES CRITIQUES.
Rapport à M, le ministre de l'intérieur sur différentes séries de documents
concernant Vhistoire de la Belgique, qui sont conservées dans les archi-
ves de Pancienne chambre des chartes de Flandre, à Lille, Par M,
Gachard, archiviste général du royaume, 1 vol. ii^B* de 484 psgti.
Lk Gouvernement a chargé à diverses reprises Tarebiviste
général du royaume d'aller rechercher à l'étranger les dooa*
ments qui manquent dans nos dépôts d'archives et qui
cependant intéressent à un haut dégré l'histoire da pays»
C'est ainsi que M. Gachard s'est rendu successivement à
Paris, à Dijon et plus d'une fois à Lille, pour y inspecter
les archives qui concernent la Belgique et qu'il a fait cou*
naître par un rapport, détaillé le succès de ses recherches»
Il y a quelques mois ^ nous vîmes paraître le rapport sur
les dernières fouilles faites à Lille , ouvrage dont noua avons
à rendre compte parce qu'il renferme des documents d'un
haut intérêt pour notre Flandre» Nous connaissions déjà les
archives les plu» anciennes de Lille, embrassant les années
746 à 1S07 , par les Mmumenta anckns de M* le comte de
St^Genoiê^ Depuis cette époque nous n'avions rien do suivi
SQr cette masse de chartes et de documents qui presque tous
ont rapport à notre Flandre. Publier les volumineux cartu-
laires et inventaires était impossible, inutile même pour
notre pays; il fallut donc faire choix dans cette foute de
vieux parchemins. C'est ce qu'a fait notre archiviste général.
23
322
Il divise les documents intéressants pour Thistoire de la
Belgique qui sont conservés aux archives de Lille en deux
classes principales.
La première se compose des chartes, traités, lettres-
patentes et missives ; instructions diplomatiques, mémoires.
Les comptes forment la seconde partie.
Nos archives locales renferment beaucoup d'originaux
dont les copies existent dans les cartulaires de Lille. M.
Gachard a jugé à propos, pour éviter double emploi, de
ne rien dire dans son Rapport sur les documents que nous
possédons parmi nous ; il a donc commencé son travail par
le dépouillement des actes qui concernent les relations
politiques et commerciales de la Flandre avec l'Angleterre
dans les xiii", xiv°, xv® et xvi® siècles. Toutes ces pièces
n'existent pas dans nos archives et ont la plus grande valeur
historique. L'annexe ^ jointe au rapport est une copie de
l'inventaire de ces pièces, fait par M. Le Glay, à la demande
de la commission des records de Londres.
Tous les rapports de M. Gachard nous font voir qu'il a
une affection particulière pour l'étude des quatre derniers
siècles de notre histoire, nous avons même entendu des
personnes instruites lui faire un reproche de négliger les
documents très-anciens pour les plus modernes; — dans son
dernier ouvrage, il s'est attaché de nouveau à rechercher
les pièces du règne de Charles-Quint et de ses successeurs ,
et il donne une longue série de missives qui appartiennent
à cette époque.
Nous ne voulons faire aucun reproche à l'auteur d'affec-
tionner plus particulièrement une époque que l'autre,
nous savons d^ailleurs que chacun, en fait d'histoire, pré-
fère l'étude particulière du règne d'un souverain, d'une
révolution, d'un grand fait quelconque, et que c'est par
l'approfondissement de ces faits particuliers que nous devons
parvenir à débrouiller la vérité de notre histoire. La série
de lettres qui ont rapport à l'élection de Charles-Quint
comme empereur, jetera une nouvelle lumière sur un fait
S23
qui a eu les pins grandes conséquences pour l'Europe
entière, et dès^Iors nous devons savoir gré à M. Gachard
de nous avoir fait connaître cette volumineuse correspon-
dance dont M. M6ne nous avait donné des fragments dans
son Anzeiger fUr hunde der teuUchen vorseit, volumes de
1885 et de 1888.
Les troubles du xvi* siècle n^ont pas été négligés dans les
recherches faites par M. Gachard, qui a été assez heureux
de découvrir plusieurs documents qui avaient jusques à
présent échappé aux investigations de nos écrivains. Deux
volumes intitulés Troubles des Pays-Bas ont été compulsés
et trouvés renfermer des pièces qui n'ont pas encore vu le
jour. Nous voudrions voir reproduire dans l'inventaire des
archives de la Flandre- Occidentale , que publie notre collè-
gue, M. Delepierre, la série assez considérable de docu-
ments, qui , au dire de M. Gachard , provient originairement
des archives du Franc de Bruges. Toutes ces pièces ayant
rapport à la Flandre , feraient un ensemble complet avec ce
que notre laborieux archiviste de la Flandre-Occidentaîe
a déjà publié dans ses différents volumes d'inventaires.
Les archives de Lille, malgré le gaspillage auquel* elles
furent exposées durant la tourmente révolutionnaire, con-
servèrent cependant encore bon nombre de comptes qui
ont été explorés par notre archiviste général pour compléter
ceux que nous avons à Bruxelles. Inutile de répéter ici
quelle utilité l'histoire a tiré de l'exploration des anciens
comptes, personne aujourd'hui ne conteste les avantages
qu'a produits cette exploration.
Les archives de Lille présentent malheureusement beaucoup
de lacunes dans les comptes qu'elles conservent. Pour mieux
faire ressortir ce que ces comptes contiennent d'intéressant
pour la Flandre , nous donnons les titres des différentes divi-
sions adoptées dans le rapport qui nous occupe :
1. Comptes de l'hôtel des souverains et des princes et
de leur famille.
S24
IL Comptes de la recette g^énérale des finances.
Ilf . Comptes de la trésorerie des guerres.
IV. Comptes de la recette générale des confiscations
pour cause des troubles du xvi* siècle.
V. Comptes de la recette générale de Flandre*
YI. Idem du Hainaut.
VU. Idem de Tournai et du Tournaisis.
yill. Comptes du souverain bailliage de Flandre.
IX. Comptes du grand bailliage du Hainaut.
X. Comptes du grand bailliage des bois du Hainaut.
XI. Comptes des aides et subsides de Flandre.
XII. Idem du Hainaut.
Tel est le résumé du rapport de M. Gàchard, dont Futilité
est incontestable et sera d*un grand secours à ceux qui
s'occupent d'histoire nationale. Nous attendons avec impa«
tience les rapports des explorations faites à D^on et à Paris,
elles compléteront des notions très incomplètes jusqu'ici,
et que nous n'aurions jamais reçues si le gouvernement
n'avait pas eu l'heureuse idée de députer sur les lieux un
homme du talent et de l'activité de notre archiviste général.
FlandriaekB StaatS'-und^IleoMgêschiehi» bis tum Jahr 1806| von L, A,
Wamkônig. 5 Bandes. !« 4hih. Tubingen, Fum 1843, in-8o, de 408
pages, plus P. VIII d^introduotioD et 99 d^appendioes.
M. Warnkônig, dont nous avons considéré le départ
comme une vraie perte faite par les sciences et les lettres
en Belgique, vient de terminer son curieux et savant
ouvrage sur la Flandre, qu'il avait commencé à publier eu
allemand il y a près de dix ans. Tout ce que le pays ren-
ferme de savants, s'adonnant à l'histoire nationale, attendait
avec impatience la fin de ce travail , que , sans exagération ,
l'on peut considérer comme l'ouvrage le plus parfait et le
mieux traité sur ce que nos provinces renferment de docu-
ments anciens, d'institutions du moyen-âge etc. Il serait
trop 2oQg d'entrer dans des déUib «or éonies les paKies de
l'ouvrage du savant professeur de Fribourg, nous nous
contenterons de parler du dernier volume.
Le titre indique que l'antéut traitera du droit ancien de
la Flandre et c'est cette dernière partie qui y est spéciale-
ment consacrée. Elle est divisée én quatre parties: V Le
droit privé. S** Le droit criminel flamand aux xn*" et xni'
siècles. Les procédures et 4® Avoueries des églises et
des monafitèrei. Ces qualités pntîefi tcmt tmitéet en «la-
quante paragraphes, d'une manière si claire et si exacte
qu'il serait diflBcile d'y renootitfer des lacunes.
L'auteur a su tirer parti de l'histoire des avoueries en
Belgique , par M* J. De Saint-Génois , et il a complété ce
que cet écrivain avait laissé à désirer dans ce mémoire
couronné en 1884, par l'académie de Bruxelles. Tout
l'ouvrage est terminé par un appendice composé de chartes
qui auraient dû être jointes au Yolume précédent, lequel
renferme le Codex diplonu^icuM da yolume dont nous nous
occupons.
Il ne nous reste qu'un désir à exprimer : que M. Gheldolf
continue la publication française de Potitrage de M. Warn-
kônig. L'histoire de la Flandre dont nous avons deux
volumes est loin d'être aussi complète que l'édition alle-
mande, mais elle renferme aussi des renseignements que
M. Wamkdnig ti'a pas connus > et nous eroyotis que Féfitidti
française au fieu d'être ntie traduetioti , «st uti abrégé qu'on
doit joindre colûloe tomplément & Péditi(m tfe Tubiagûft.
F. V.
326
. PROGRiHlE
DES
QmiONS PROPOSÉES POUR LE CONCOURS
DE 4845,
for V^ciâimit Kogale bes Scimtfi et 0elle0-'irettr(0
DE BRUXELLES.
CLASSE DES LETTRES.
PREMIÈRE QUESTIOIT.
Quelles ont été jusqu^à la fin du règne de Charles -Quint , les
relations politiques, commerciales et littéraires des Belges avec
les peuples habitant les bords de la Mer Baltique?
DBUXiiHB QUESTION.
La famille des Berthout a joué, dans nos annales , un rôle
important» On demande quels ont été l'origine de cette maison,
les progrès de sa puissance et rinfiuence qu'elle a exercée sur
les affaires du pays.
L'académie recommande aax concarrents de ne pas né-
gliger les sources inédites, telles que chartes, diplômes et
chroniques.
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527
TROISIÈME Qvtsnour*
Quel était Vétat des écoles et autres établissements d'instruc-
tion publique en Belgique, depuis Charlemagne jusqu'à Vavé-
nement de Marie- Thérèse? Quels étaient les matières qu'on y
enseignait, les méthodes qu'on y suivait, les livres élémentaires
qu^on y employait, et quels professeurs s'y distinguèrent le
plus aux différentes époques?
QUATRIÈME QUESTION.
Faire F histoire de Vétat militaire en Belgique, sur les trois
périodes bourguignone, espagnole et autrichienne jusqu'en lldA,
en donnant des détails sur les diverses parties de l'administra-
tion de l'armée en temps de guerre, et en teràps de paix.
L'académie désire que le mémoire soit précédé, par forme
d'introduction, d'un exposé succinct de l'état militaire en
Belgique dans les temps antérieurs, jusqu'à la maison de
Bourgogne.
CINQUIÈME QUESTION.
Quels sont les changements que l'établissement des abbayes et
des autres institutions religieuses au VIJ^ siècle, ainsi que
Vinvasion des Normands au IX^, ont introduit dans Vétat
social de la Belgique?
SIXIÈME QUESTIO^r.
// existe un grand nombre de documents écrits dans les
dialectes de l'Allemagne et appartenants aux /^//% VIII^, /X%
et XI^ siècles^ ils sont indiqués par la préface de /'Althoch-
deubtscer Sprachschatz de Graff'; mais on ne connaît guère
d'écrits rédigés dans la langue teutonique usitée en Belgique
antérieurement au XI P siècle. On demande : V Quelle est la
cause de cette absence de manuscrits belgico-germaniques?
2° Quelle a été la langue écrite des Belges-Germains avant le
XII^ siècle? 8° Peut^on admettre que les Niederdeutsche Psal-
men aus der Karolinger-Zeit , publiés par Von der Hagen,
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338
le Heliand récemment mis au jour par SchmeUer, et quelques
autres ouvrages, appartiennent à la hngue écrite dont on
faisait usage en Belgique?
CLASSE DES SCIENCES.
PREHIÈRE QUVSTIOff.
Un mMm&irB d^smahfse alg^^rique dont le sujet est hissé au
chois des concurrents^
IHSVXliHE QUESTION.
Faire la description des coquiUes fossiles du terrain crétacé
de Belgique et donner l'indication précise des localités et des
systèmes de roches dans lesquels elles se trouvent.
TROISIÈME QUESTION.
Faire la description des coquilles et des polypiers fossiles
des terrains tertiaires de Belqique, et donner Pindication
précise des localités et des systèmes de roches dans lesquels
ils se trouvent.
Dans les réponses aux deux questions qui précèdent, la
synonymie des espèces déjà connues devra être soigneuse-
meot établie , et la description des nouvelles espèces accom-
pagnée de figures.
QVATRIÈIB QUESTION.
Faire eonnaitre par des expériences appliquées à un asses
grand nombre de corps , les lois que suii h dégagement de la
chaleur dans les eombinaisoHC chimiques.
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529
CINQQIÈHB QUESTION»
Quelle est la etruciure de Varilk? Exposer son histoire
littéraire j donner son anatomie, son organographie, sa genèse
et ses fonctions dans les différentes familles oà il existe.
Le gonflement et Tafifaissement alternatifs du cerveau
et de la moêlle ëpinière, isochrones avec Tinspiration et
l'expiration, ne sont pas encore suffisamment expliqués.
L^acadëmie demande:
\^ Quelle est la cause immédiate de ce phénomène?
Quelle est, en général, Vinfluenoe de la respiration sur
la circulation veineuse?
On demande un examen approfondi de Vétat de nos con-
naissances sur Vélectricité de l'air et des moyens employés
jusqu'à ce jour, pour apprécier les phénomènes électriques qui
se passent dans l'atmosphère.
Exposer et discuter les moyens les plus convenables pour
établir, dans les lieux habités^ une ventilation appropriée à
leur destination et à la température qui doit y être maintenue.
L'auteur devra donner la description et les dessins très-
détailles du système en faveur duquel il se prononcera.
Le prix de chacune de ces questions sera une médaille
d'or de la valeur de six cents francs. Les mémoires doiveilt
être écrits lisiblement en latin, français ou flamand, et
seront adressés , francs de port, avant le Février 18W,
à M. Queteletf secrétaire perpétuel.
SIXIÈIB QUESTION.
SEPTIÈME QUESTION.
HUITIÈSE QUESTION.
530
PRIX EXTRAORDINAIRE
De 8,000 francs accordé par le Gouvernements
L'époque d'Albert et d'Isabelle est extrêmement remarqua-
ble dans l'histoire de la Belgique. Pour la première fois,
le pays, ramené à l'unité, eut une administration nationale.
Pendant cette période, il produisit une foule d'hommes
remarquables et exerça au dehors une puissante influence.
L'académie demande une Histoire du règne de ces princes.
On sent que ce n'est pas un simple mémoire qu'elle
attend^ mais un livre qui unisse au mérite du fonds celui
de la forme, et où le sujet suit traité dans toute sa plénitude,
c'est-à-dire sous les dîfiérents rapports de la politique
intérieure et extérieure , de l'administration, du commerce,
de l'état social, de la culture des sciences, des lettres et
des arts. Pour la complète intelligence des faits, l'ouvrage
devra présenter, comme introduction, le tableau de la
situation de nos provinces à l'avènement des archiducs.
Le travail des concurrents devra être remis également
avant le 1" Février 1848.
L'académie propose dès-à-présent , pour le concours de
1844, les questions suivantes:
Les anciens Pays-Bas Autrichiens ont produit des juris-
consultes distingués qui ont publié des traités sur l'ancien
droit belgîque, mais qui sont, pour la plupart, peu connus
ou négligés. Ces traités , précieux pour l'histoire de l'an-
cienne législation nationale , contiennent çncore des notions
CLASSE DES LETTRES.
PREHlfeaS QVESTIOV.
531
intéressantes sur notre ancien droit politique ; et , sons ce
double rapport, le jurisconsulte et le publiciste y trouyeront
des documents utiles à l'histoire nationale.
L'académie demande donc qu^on lui présente une analyse
raisonnée et substantielle, par ordre chronologique et de
matières, de ce que ces divers ouvrages renferment de plus
remarquable pour V ancien droit civil et politique de la Belgique.
DEUXIÈME QUESTION.
On demande de rechercher d'une manière approfondie
l'origine et la destination des édifices appelés basiliques dans
l'antiquité grecque et romaine, et de faire voir comment la
basilique païenne a été transformée en église chrétienne.
CLASSE DES SCIENCES.
PREMIÈRE QUESTION.
Exposer et discuter les diverses explications donnéeê jusquN^
ce jour sur les explosions des machines à vapeur.
DEUXIÈME QUESTION,
Décrire toutes les espèces ou variétés de houilles exploitées
en Belgique; faire connaître leur composition chimique, leure
caractères extérieurs ^ la manière dont elles se comportent au
feu^ en vases clos et au contact de l'air, les usages économiques
auxquels elles sont le plus propres, et les localités où on les
exploite.
TROISIÈME QUESTION.
Exposer et apprécier les travaux des géomètres qui ont h
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352
plus contribué aux progrès de h mécanique céleste , depuis
h mort de Laplace.
QUATRliinS QUESTION.
Donner l'histoire mUurelk et Vemhryologie de V Orvet ( Anguis
fragilis), ainsi que son anatomie^ en la comparant avec celle
dtun lénard d'Europe.
^ CINQUIÈME QUESTION.
Éclaircir par des observations nouvelles le phénomène de
la circulation dans les insectes y en recherchant si on peut la
reeonnaitrerdans les larves des différents ordres de ces animauof.
L'aoadëmie exige la plus grande exactitude dans les
citations ; à cet effet , les auteurs auront soin d'indiquer les
éditions et les pages des ouvrages qu'ils citeront.
Les auteurs ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages,
mais seulement une devise , qu'ils répéteront dans un billet
cacheté; renfermant leur nom et leur adresse. On n'admet-
tra que des planches manuscrites. Ceux qui se feront
connaître > de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux
dont les mémoires seront remis après le terme prescrit,
seront absolument exclus du concours»
L'académie croit devoir rappeler aux concurrents que
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement , ils
sont déposés dans les archives, comme étant devenus sa
propriété , sauf aux intéressés à en faire tirer des copies à
leurs frais , s'ils le trouvent convenable , en s'adressant à
cet effet au secrétaire perpétuel.
Fait à Bruxelles, dans" la séance du 10 Mai 1842.
Pour l'Académie :
Le Secrétaire perpétuel,
A. QUETELET.
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Googl
33S
WV\VVV\V\V\\I\ V\WV\V\WV\WV\V\WWWV\WVV>AV\V\V\V\VA wvvvwwv
FÊTE
DË M TOISON D'OR,
Cflebm à Évu^tB, en Î478.
L'ordre la Toison d'or, créé à Bruges, en 1429,
par Philippe, surnommé le Bon, à cause de son attache-
ment pour sa mère , n'avait encore tenu que douze chapi-
tres , lorsque Charles-le-Hardi , chef et souverain de l'ordre
fut tué devant Nancy, le 5 Janvier 1477. Sa fille unique
Marie de Bourgogne , héritière de tous ses états , épousa
le 19 Août de la même année, Tarchiduc Maximilien, fils
de l'empereur Frédéric.
Depuis que la galanterie , selon André Tavin , la religion
selon Jules Chifflet, ou la politique d'après Pierre de
St-Jidien, eurent déterminé le duc Philippe à nommer
trente chevaliers , gentilshommes de nom et d'armes et sans
Annales, — Tome IT, 24
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534
reproche, ainsi que le porte Tarticle 1*' des statuts de
Tordre, publie's à Lille le 27 Novembre 1431 , depuis cette
époque , disons-nous , jusqu'au treizième chapitre , un grand
nombre de chevaliers étaient déjà morts j en outre la fin
malheureuse de Charles-le-Téméraire laissait Tordre sans
chef, et Ton craignait qu'il ne déchut de son premier éclat.
Lors donc que Maximilien fut arrivé en Flandre pour
s'unir à Marie de Bourgogne , plusieurs chevaliers repré-
sentèrent à Tarchiduc combien il importait qu'il prit des
mesures pour relever cet ordre illustre. Le prince se rendit
à ces instances et fit notifier au chancelier, le 7 Avril
1478, qu'il se ferait armer chevalier dans une séance
solennelle en Téglise de St^Sauveur à Bruges , et qu'en-
suite il tiendrait un chapitre général, afin de revoir les
statuts et de nommer aux places vacantes.
La déclaration de Tarchiduc fut notifiée aux chevaliers
absents, et Ton s'occupa activement des cérémonies à
observer durant cette grande fête , sous l'inspection
d'Olivier de la Marche. L'ordre, selon son institution,
avait quatre grands-olBciers. Le chancelier à qui est confié
la garde du sceau et contre-sceau, qui vérifie les actes
et dépêches, fait Touverture des chapitres, et traite avec
le souverain des affaires de Tordre.
2° Le trésorier qui a soin des habillements, colliers,
livres de statuts , chartes , joyaux et tous autres ornements
d église appartenant au dit ordre.
Le greffier qui expédie les dépêches dont il tient
registre ) il prend aussi note des fautes commises par les
chevaliers repris en chapitre ; des corrections qu'onleur impo-
sait et des promesses ou belles actions dont ils s'honoraient.
4** Le roi d'armes appelé Toison, d'or, dont les fonctions
sont d'aller en députation pour les affaires de Tordre , de
signifier le jour et le lieu des chapitres à tenir , et de ranger
335
les armoiries au chœur des églises où la cérémonie a lieu.
Suivant les statuts, c'était le 1®' Mai que la féte devait
avoir lieu; mais comme les Français avaient attaqué le
Hainaut , Maximilien obtint qu'elle fut célébrée le dernier
Avril, afin d'aller plus tôt résister aux progrès des ennemis.
En conséquence, le dernier jour d'Avril, les chevaliers,
avec leur grand collier de l'ordre , et les quatre grands olB-
ciers , tous habillés de leurs robes , manteaux et chaperons
à bourlette de velours cramoisi , doublé de taffetas blanc ,
et orné d'une bordure représentant les emblèmes du collier,
en broderie d'or (1) , se rendh'ent auprès de l'archiduc , en
son palais (2). Admis dans la grande salle de cérémonie , ils s'y
mirent en ordre et prirent leur rang , devant le souverain ,
les plus anciens étant les plus rapprochés de lui, et
précédés par le chancelier , le trésorier , le greffier , le roi
d'armes. Alors tous ensemble sortirent, montèrent à cheval
et se dirigèrent par la rue Nordzandet par la rue Traver-
sière, vers l'église de St-Sauveur.
(1) Sous Philippe-le-Bon la coiffure et le manteau étaient d^écar-
l8te, chargé d^hermine, et bordé de fusils, de cailloux, d^étincelles et
de la devise de Tordre: jiufre n'auray. Gharies-le-Téméraire changea
ces couleurs; modifia le costume, de la manière que nous venons de
Tindiquer, et adopta pour devise : Je Vay empriê.
(2) Une vue de ce vâste palais se trouve dans SanderuS; Flandria
illuatrata, l'hôtel des monnaies y était attenant. Cet emplacement,
occupée aujourd'hui par des maisons particulières , dont une partie contient
des restes de Tancien palais, s'appelle encore hef Princenhof, Ce fut là que
se célébrèrent les ndces de Gharles-le-Hardi et de Marguerite dTorck en
1468, quihus nulla hominum œteu splendidtore» vidif, autsumpfuoaiores, dit
Sanderus. C'est aussi en ce lieu, qu'en 1478, naquit Philippe surnommé le
Beau, fils de Maximilien et de Marie de Bourgogne. Philippe-le-Bon avait
fait construire pour lui ce nouveau palais, abandonnant l'ancien palais des
comtes de Flandre sur le Bourg, qu'il céda aux magistrats de cette juris-
diction.
336
Le cortège s'avança du palais ver^ l'église dans l'ordre
suivant : Premièrement marchaient les quatre officiers de la
Toison, suivis par des gardes, la cotte d'armes au dos. Deux
hérauts menaient par la bride une blanche haquenée drapée
de velours noir et portant un coussin de même couleur, sur
lequel reposait le collier du feu duc Charles. Puis venaient
les chevaliers de l'ordre , deux à deux , et l'archiduc , autour
duquel étaient placés les archers et les hallebardîers de la
garde à pied. Des maîtres-d'hôtel, des hérauts, des gen-
tilshommes , des officiers de la cour , des sergents d'armes
du souverain , avec leurs masses en argent , et des trompet-
tes , fermaient la marche.
Arrivée devant le portail de Féglise , dont les portes étaient
ouvertes à deux battans, la procession s'arrêta un instant, et
le prélat qui devait faire le service , suivi des chapelains, des
diâcres et des chantres , chantant des antiennes à l'honneur
de la Vierge et de l'apôtre St-André , patrons de la Bour-
gogne , et sous la protection desquels était placé l'ordre de
la Toison d'or, s'avança audevant de l'archiduc , lui présenta
l'eau bénite , lui donna à baiser la sainte Croix , et puis
retourna dans le chœur où entrèrent après lui les cheva-
liers , les officiers et Maximilien qui alla prendre place sur
une estrade tendu de velours vert , recouverte d'ua dais , et
ornée d'un écu aux armes du prince et de son ^ouse. De
bonne heure les galeries supérieures de Téglise avaient été
envahies par une foule de dames et de sdgneurs , venus de
toutes les parties du pays , pour assister à cette fête.
Dans les stalles en bois sculpté , se placèrent les cheva-
liers de l'ordre, au nombre desquels se trouvaient Ëngelbert
de Nassau, Louis seigneur de Gruthuyse, Jean Gros,
messire de Lannoy et messire de Ravestein. Chacun avait
^ armoiries attachées à la boiserie de ^a stalle où il prenait
séance. En vertu des règles héraldiques observées par
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S37
l'ordre, on n'admettait point de supports ou tenans pour
Tecu : les heaumes des simples chevaliers étaient d'or damas-
quiné et ouverts, avec des grilles; ceux des souverains
étaient tout d'or , la visière entièrement ouverte et sans
grilles. On remarquait à plusieurs places des armoiries
exposées sur velours noir, sans casque ni cimier , avec le
seul collier autour de Técu, passé au nœud au-dessus.
C'étaient celles des chevaliers morts et qu'on allait rempla-
cer.
Bientôt une musique grave et douce annonça le commen-
cement de la cérémonie.
L'évéque de Tournay, Ferry de Clugny , prélat officiant,
adressa à Maximilien, au nom de Pordre, un discours
latin où il flt un pompeux éloge de cette noble chevalerie ,
du duc Philippe son fondateur , du duc Charles qui lui avait
^ucéédé et des rois , princes et grands capitaines qui s'étaient
fait gloire de porter le collier. Il termina en remontrant au
prince que c'était son droit et son devoir de maintenir et
de relever cette institution.
Le président du grand conseil , Jean De la Bouverie avait
été chargé de répondre de la part du souverain, que pour
l'honneur de Dieu , la protection de la foi cathoUque et
l'illustration de la chevalereuse noblesse, il avait résolu
d'augmenter les privilèges et prérogatives de la Toison d'or ,
et il déclara que le prince, n'ayant pas. encore reçu l'ordre
de chevalerie, était prêta le recevoir de l'un ou de l'autre
chèvalier.
Monsieur de Ravestein , comme étant le plus noble , fit
cette cérémonie aux acclamations des spectateurs. Puis
l'archiduc se leva, et la main étendue sur un crucifixr posé
sur un missel ouvert , prononça le serment qui suit : « Moi
» Maximilien, par la grâce de Dieu , archiduc* d'Autriùhe ,
» duc de Bourgogne, comte de Flandre hic. chef et sou-
24.
538
î> Terain de la Toison d'or, je promets sur ma parole de
» prince, et je jure sur les saints Évangiles et sur la
w croix sainte, de maintenir les privilèges et d'observer
» inviolablement les statuts et ordonnances du dit ordre ,
î» selon leur forme et teneur. »
Après ces mots , ayant baisé respectueusement la croix ,
il se tourna vers Monsieur De Lannoy qui s'approchait de
lui avec le collier dont il revêtit l'archiduc en disant :
« Mon seigneur , l'ordre de la Toison d'or vous reçoit au
nombre de ses membres comme chef et souverain , en
3> signe de quoi, il vous présente ce collier. Que Dieu
» veuille que vous le portiez longtemps, pour la plus
grande prospérité de Tordre , et pour la défense de la
3> sainte Eglise, afin d'augmenter vos mérites et votre
» bonne renommée, au nom du Père, et du Fils et du
3> St-Esprit. î> — K Amen, répondit le prince , puisse Dieu
m^accorder cette grâce! » et il se rassit sur son trône.
Alors Toison d'or, portant un grand collier appelé
Potence f différent de ceux des chevaliers en ce qu'il était
garni des armoiries émaillées des membres de Tordre, et
séparées par des fusils et cailloux également émaillés.
Toison d'or, disons-nous, prit le missel et la croix, les
porta vers Tarchiduc et les tint devant lui. Monsieur
De Lannoy quitta le premier les stalles , où il était allé
reprendre. sa place, vint se mettre à genoux devant le
prince , et la main sur le missel fit le serment accoutumé :
« Moi Jean De Lannoy je^ promets et je jure sur les saints
» Evangiles et sur la Croix sainte , respect et honneur au
i> sérénissime prince Maximilien , archiduc d'Autriche , duc
n de Bourgogne, chef et souverain de la Toison d'or. Je
3) lui jure obéissance en tout ce qui concerne les statuts
3> et les ordonnances du dit ordre , ainsi que je l'ai solen-
» nellement juré et promis, lors de ma réception. >»
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L'archiduc releva De Lannoy, parla main et le baisa
sur la bouche , en signe d'amour fraternel envers les che-
valiers.
Les mêmes formalités furent successivement accoipplies
par Adolphe de Clèves , seigneur de Ravestein , Louis De
Gruthuyse, comte de Winchester, messire Philippe de
Croy, comte de Chimay, messire Engelbert, comte de
Nassau, seigneur de Bredâ, Ferry de Clugny , évéque
de Tournay, chancelier, Jean Gros, tre'sorier, Martin
Steenberg, greffier, et Gilles Gobert, dit Toison d'or,
roi d'armes.
Toutefois à l'égard de ces quatre officiers de la Toison
d'or , le chef ne les baisa point sur la bouche , comme il
avait fait pour les autres chevaliers, mais il embrassa
l'évéque, par respect pour sa dignité épiscopale , et donna
la main aux trois autres, en signe de bienveillance et
d'afiFection.
Lorsque chacun eut été reprendre sa place , la musique
se fit entendre de nouveau et le chancelier célébra la
grand'messe. Après que l'Évangile fut chantée, précédé
du roi d'armes, il porta le livre saint à baiser au chef
et souverain, pendant que les enfants de chœur fesaient
filmer autour de lui, l'encens dans des vases d'argent émaillé.
Au moment de l'offertoire. Toison d'or s'avança vers
le trône , fit trois saints et dit à haute voix : a Très haut ,
3> très excellent et très puissant prince , chef du très noble
3» ordre de la Toison d'or, venez à l'offrande! « Maximilien
se leva et aussitôt tous les chevaliers qufttèrent leurs stalles
et formèrent la haye, depuis l'estrade jusqu'à l'autel;
M. De Lannoy, comme le plus ancien chevalier, précéda
Parchiduc, portant pour lui le denier de l'offrande, c'est-
à-dire, une pièce d'or, selon l'usage établi. Après que le
chef eut regagné sa place, le roi d'armes appela les autres
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540
chevaliers , qui remplirent la même cérémonie , deux à deux.
L'offertoire achevé, le chancelier fit un discours dont le
sujet fut Moge de saint André , patron de Tordre , et il finit
par exhorter les chevaliers à la vertu , leur représentant
la dignité de leur état et les devoirs qui y étaient attachés.
Après la messe , Maximilien arma chevalier le président
de son grand conseil , Jean de la Bouverie , qui n'étant pas
encore au nombre des frères de la Toison d'or , s'était tenu
en dehors des stalles , durant la solennité que nous venons
de décrire.
Les chevaliers reconduisirent ensuite en cortège le sou-
verain jusqu'à son hôtel , dans le même ordre qu'ils étaient
venus, seulement ils traversèrent cette fois la rue des
Pierres et la Grand'Place , où le carillon du Beffroi fesait
retentir Tair de ses sbqs joyeux, tandis que toutes les
cloches des nombreuses églises , chapelles et couvents de
la ville, sonnaient à pleine volée.
On sait que selon les statuts de la Toison d'or , lors de
la tenue d'un chapitre, les fêtes duraient trois jours. Le
premier, les chevaliers entendaient la grând'messe dans
le costume décrit plus haut ; le second était destiné aux
obsèques des chevaliers mortâ , et alors le coiStume était
de velours noir, à la réserve de la frange; le troisième jour
ils allaient en habits de soie blanc , au service chanté en
l'honneur de notre Dame.
Maximilien termina la solennité de la première journée
par un splendide banquet, où l'on vit réunies toutes les
singularités que les auteurs contemporains nous ont si*
gnalés dans les repas de cette époque. Les nefs, ou plats
en forme dé vaisseaux , chargés de viande ; les pâtés èn
châteaux, tous peints d'or et dazur, à grandes bannières,
les pélicans et les cygnes du gosier desquels jaillissait
l'hypocras et le vin de Rhin; les licornes, les léopards et
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SECOND JOUR.
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341
les chameaux chargés de dragées , d'oranges et de sucre-
ries que de petils amours allaient enlever de dessus leurs
dos , pour les servir sur les tables , ou les distribuer aux
assistants , enfin tout le luxe que pouvait déployer un prince
dont le beau-père avait possédé soixante mille marcs de
vaisselles d'or et d'argent.
Le lendemain devait avoir lieu la tenue du chapitre qui
était le treizième depuis la fondation; mais auparavant
tous les chevaliers devaient assister au service destrépassés ,
et l'archiduc avait déclaré qu'il porterait à l'offrande le
cierge pour le feu duc souverain , son beau-père , avec des
cérémonies dont on convint.
Du palais à l'église le cortège observa le même ordre que
la veille , seulement les chevaliers portaient des chaperons
et des robes de deuil de velours noir, tombant jusqu'à
terre, mais sans traîner, et sans queue, et leur collier
par dessus.
C'était une large chaîne d'or figurant des fusils ou cailloux
en forme d'un B , d'oii jaillissaient des flammes , et au mi-
lieu du collier pendait un petit mouton en or , couvert
d'une épaisse toison. Durant la marche les trompettes ,
garnies de noir, ne sonnèrent point.
Arrivés à l'église , les chevaliers allaient occuper chacun
la stalle au dessus de laquelle étaient appendues ses armoi-
ries. A TofiFrande, le roi d^armes appela d abord par leurs
noms les chevaliers trépassés , et après un court intervalle ,
prenant un cierge en cire, orné de l'écusson de celui
qu'il venait de nommer, il dit d'un air triste: // est
mort! puis il renversa et éteignit le flambeau, le remit
à un héraut qui le plaça sur un candélabre ou harche de
quarante pieds de large, en forme de tronc d'arbre, et
dont les branches en cuivre doré, portaient autant de
cierges qu'il y avait de membres dans Tordre.
342
Le roi d*armes appela alors les chevaliers vivants , en
commençant par le chef, et leur présenta un cierge au
blason de leurs armes que tous allèrent offrir , le souverain
seul , et les chevaliers deux à deux , et qui fut ensuite remis
ardent, sur la harche. Cette cérémonie terminée, le greffier
déroula un parchemin , lut les noms , prénoms et titres de
ceux dont on déplorait la perte , raconta en peu de mots
leurs hauts faits et leurs vertueux actes , exhorta la com-
pagnie à prier pour leur salut. Alors le prélat officiant se
mit à genoux , ainsi que tous les chevaliers , et ils récitèrent
le psaume De profundis.
Le cortège quitta ensuite l'église , et retourna au palais
de Tarchiduc qui ce jour là encore donna un banquet aux
chevaliers, officiers et seigneurs de sa maison.
Dans l'après-midi se fit l'ouverture du chapitre, où
chacun ayant fait serment de tenir les délibérations secrètes,
le chancelier se leva et dit : <i Chevaliers et frères ! Vous
î> savez qu'entr'autres choses qui nous sont imposées , nous
» sommes tenus de faire une information des vies et mœurs ,
î> afin que les membres de notre ordre auguste soient plus
'> pénétrés de leurs devoirs. Pour cet examen qui doit com-
» mencer , selon nos statuts , par le roi d'armes et autres
» officiers pour continuer par le dernier chevalier reçu , et
« remonter jusqu'au souverain, je vous somme de déclarer
» ouvertement tout ce que vous savez ou avez ouï dire à
» personne digne de foi , sur ce que votre frère et compa-
» gnon a fait, dit ou commis qui soit contre l'honneur, la
» renommée , ou le devoir de chevalerie , notamment contre
î) les statuts et ordonnances , et nous délibérerons sur la
î) correction que chacun d'eux aura respectivement méritée.
» Je prescris donc à Toison d'or de sortir du conseil et
« d'attendre qu'on le rappelle. )>
343
Tour à tour les chevaliers présents se soumirent à cette
formalité ; mais on ne trouva de repréhensible qu'Engelbert
de Nassau, auquel il fut reproché d'être fort dissolu dans ses
mœurs . Quant à l'examen de la conduite des chevaliers absents ,
le souverain résolut de le remettre au prochain chapitre.
On procéda alors à l'élection des nouveaux chevaliers. Le
chancelier prit encore la parole : « Messeigneurs, pour
)» faire justement et saintement l'élection des douze nouveaux
» frères et compagnons que nous devons élire , en rempla-
» cément d'autant de chevaliers décédés , vous devez jurer
» de ne choisir ni par amour , ni pour en tirer avantage ;
» mais de nommer des gentilshommes de nom et d'armes ,
» sans reproche. »
Aussitôt le chevalier de la première stalle se leva et vint
prêter le serment requis. Lorsqu'il eut repris sa place, un
autre lui succéda, jusqu'à ce que tous eussent également
juré. Après, chacun d'eux, dans le même ordre, mit dans un
bassin d'or, posé sur une tablette devant le siège du souve-
rain, un billet roulé, contenant le nom de celui qu'il voulait
élire. L'archiduc en sa qualité de chef, mit deux billets.
Cela fait, le chancelier prit tous les billets , les lut à haute
voix, tandisque le greffier les enrégistrait , et les votes étant
recueillis, Maximilien, selon l'usage, déclara que les élus
étaient :
Frédéric d'Autriche , empereur des Romains ;
Bertremi de Lichtenstein ;
Philippe de Bourgogne , seigneur de Bèvres ;
Josse de Lalain, seigneur de Montigny -,
Pierre de Luxembourg, comte de St-Pol;
Le seigneur de Château-Guyon ;
Jacques de Luxembourg, seigneur de Tiennes;
S44
Wolffart de Borssele, comte de Grand-Pre', seigneur de la
Vère;
Guillaume , s eigneur d'Egmont j
Jacques de Sayoie, comte de Romont;
Mathias , roi de Hongrie ;
Albert , duc de Saxe.
Avant que rassemblée se séparât, les chevaliers et les
quatre officiers supplièrent Tarchiduc de confirmer les
privilèges et exemptions de l'ordre, et des lettres patentes
furent rédigées contenant entre autres:
«( Comme puis n'a guères nous , à qui seul et à nul autre,
pour raison et à cause de notre très chère et très aimée
compagne la duchesse , competoit et appartenoit de relever
le dit ordre de la Toison d'or et d'en être chef et souve-
rain , pour et au lieu de feu notre très cher seigneur et
beau-père le duc Charles, ayons, en suivant les statuts
et ordonnances du dit ordre, par avis et délibération de
nos très féaux, les chevaliers, frères et compagnons du
dit ordre , relevé iceluy , et emprins la dignité de chef et
souverain .... Savoir faisons que nous, désirant non
pas seulement entretenir et maintenir en bon état le dit
ordre de la Toison d'or, mais aussi le amplîer, honorer
et décorer de tout notre pouvoir, et à nos dits frères,
les chevaliers et compagnons d'iceluy , démontrer honneur,
toute faveur et amour, avons pour nous, nos hoirs et
successeurs, chefs et souverains du dit ordre, ratifié,
agréé, approuvé et confirmé, tous les dits droits, préro-
gatives , libertés , franchises et exemptions a eux accordés
par nos prédécesseurs et spécialement par le duc Charies,
au chapitre tenu en notre viUe de Valenciennes au mœs
de mai, l'an 1473, et avons, outre les dites franchises,
de nouvel octroyé et concédé de non payer en toutes
/
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345
nos villes et seigneuries, aucun droit d'assise, gabelles,
cueillettes ou maltotes , à cau^e de leurs vivres , breuvages
et autres choses quelconques qu'ils auront et prendront
pour la dépense et vivre d'eux et leurs hôtels et familles.
Aussi affranchi et exempté , quant à leurs personnes èt
biens , présens et à venir , à eux appartenants , de tous
droits de tonlieux, péages, passages, et autres exactions
quelconques , par tous nos dits pays et seigneuries , tant
par mer, eau douce et par terre, où que ce soit. Et sem-
blablement de toutes tailles, aides, impositions , subventions,
et autres charges et contributions , quelles qu'elles soient. >»
Plusieurs autres privilèges furent encore ajoutés par
l'archiduc, afin de donner plus d'éclat à cette espèce de
rénovation de l'ordre.
Comme il voulait se mettre de suite en campagne pour
s'opposer aux entreprises des ennemis , il termina le cha-
pitre , exprimant l'intention que le lendemain on continua
la fête et qu'on fit céleT)rer la messe de notre Dame. Il leva
donc la séance et part[t le même jour pour Gand , accom-
pagné du comte de Chimay.
Le lendemain les chevaliers qui n'avaient pas accompagné
Maximilien, ainsi que ceux qui venaient de recevoir le
collier et qui se trouvaient alors à Bruges, c'est-à-dire
Bertremi de Lichtenstein , Josse de Lalain, Pierre de
Luxembourg et Jacques de Savoie , allèrent dans le même
ordre que les jours précédents assister aux vêpres et
complies, célébrés en l'honneur de notre Dame, et à la
suite desquels on chanta , avec accompagnement de musi-
que , l'hymne Jnviolata. Au lieu de l'habillement de velours
rouge , les chevaliers portaient en cette occasion , comme
nous l'avons dit, de longues robes de damas blanc.
Ainsi se termina la vingt-unième fête de la Toison d'or ,
une des dernières oii se déployèrent toute la pompe et la
25
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546
magnificence qui accompagnaient ordinairement ces solem^
"nités.
Après le chapitre général tenu à Gand dans l'église de
St-Bavon, en 1559, il n'en fut plus convoqué. En 1577,
l'ordre ayant perdu la plupart de ses membres , Philippe II
obtint de Grégoire XIII la permission de les remplacer
sans tenir chapitre.
Il y eut par la suite de grandes contestations pour
savoir à qui revenait la dignité de chef et souverain de la
Toison d'or, ou aux rois d'Espagne, ou aux princes de
la maison d'Autriche.
Depuis le traité d'Aix-la-Chapelle, en 1748, les deux
puissances ont chacun de son côté, conféré le collier.
Napoléon , croyant terminer cette contestation, avait créé
l'ordre des trois Toisons, mais ce projet n'eut pas de
suite (1). *
(1) Parmi les vingt-cinq ou trente ouvrages imprimés, qui concernent la
Toison d*or et que cite M. le Baron de Reiffenberg dans son histoire de
cet ordre, nous avons puisé nos renseignemens dans trois seulement,
contenant^ à notre avis, tout ce que l'on peut désirer connaître sur cette
matière. !<> La Toison d*or ou recueil des statuts et ordonnances du noble
ordre de la Toison d*or, leurs confirmations, changemens, additions^ céré-
monies etc. etc. Cologne 1689, 1 vol. 80. 2° Juriaprudentia heroica de
ChrUtyn, un vol. fol. avec fîg. et.3o L*histoire de l'ordre de la Toison
d'or depuis son origine, jusqu^à la cessation des chapitres généraux. 1 vol.
in-4o, par le Baron de Reiffenberg.
0.
347
^^v\^^v\v^vvvvv^vvv^A(v\^v^\AiVvv\vvvv\\vv\^vtvtv\\^^^v*vvlV^,v^v\^^vv
RÉMINISCENCES
AD SCJtT
Bl LA msiQUS m FLAKDRI.
Leè Hindous et les Grecs donnaient à la musique une
ôrigiiie divitie ; c'eàt sans doute pour cela que l'on a <;ru
que cet art ne pouvait prospérer que sous des climats
favorisés du cieL
La musique des Grecs , après avoir longftemps attiré
Fâttentiôn des sâvâûts modernes, a cédé le pas, sous le
rapport de Fancienneté, â celle de l'Asie, et la société asia-
tique de Calcutta a publié un nombre assez considérable
de mémoires sur cette matière.
II nW pas nécessaire toutefois de remonter aux Grecs et
atdc Hindous , pour donner des renseignemens sinon nou-
teanx du moins trèsi peu connus sur la musique et les
liiusicienà.
Une contrée qui sous ce rapport a été peu explorée , c'est
là Belgique 9 et particulièrement la Flandre, dont l'histoire
musicale remonte très haut et n'est pas aussi dénuée d'in-
térêt qu'on veut bien le croire. Nous espérons en peu de
mots donner la preuve de ce que nous avançons.
348
Les jpoëtes chansonniers se multiplièrent en Europe
pendant le xiV et le xiii'' siècle. L'Allemagne eut des maî-
tres chanteurs qui furent recherchés dans toutes les cours.
L'Italie fut moins riche en Trovatori, mais il y en eut en
abondance dans les Pays-Bas. Le Comte de Bcthune,
Henri III, duc de Brabant, Gauthier de Soignies (près
Bruxelles) , Adam de la Halle et beaucoup d'autres Belges
acquirent une brillante réputation pour la composition
de leurs chansons ; tous ont été à la fois poètes et mu-
siciens. Du xi* au XIII' siècle, la cour des comtes de
Flandre était une de celles où les plaisirs de l'esprit étaient
le plus recherchés, et les chanteurs qu'on nommait alors
Jongleurs , y abondaient. Entr'autres un cantor quidam
secularis, compose une chanson , can^?*fena, en 1071. La
vie de St-Aybert nous apprend qu'il y avait aussi un assez
grand nombre de chanteurs dans le Hainaut et le territoire
de Tournay. Ce fut même une de ces chansons qui causa
sa conversion (I).
Les ménestrels et trouvères chantaient sur des airs de
leur composition , les romans du moyen-âge dont plusieurs
appartiennent à la Flandre; c'est de là que leur est venu
la dénomination de chansons de gestes.
M' Fétis, dans sa biographie des musiciens, a fait con-
naître un manuel de chant du monastère de Ter Haeghen,
en Flandre, qui est du quatorzième siècle , et par conséquent
un des plus anciens que l'on connaisse. Avant cela il n*y
avait que Adam de le Halle et Jehannot Lescurel, en Eu-
rope , qui eussent composé la mélodie et l'harmonie d*uii
morceau dé musique.
En 430S le siège de la papauté avait été transporté de
(1) Voir à ce sujet rintroduotion de M' le Baron de Reiffenberg, à la
chronique de Philippe Houtkes.
349
Rome à Avignon. Cet événement exerça quelque influence
sur les progrès de la musique, à cause des nombreux
musiciens qu'entretenait la chapelle pontificale.
Par une singularité assez remarquable , ce ne fut pas
le midi de l'Europe qui produisit les musiciens célèbres
du XIV* siècle, la plupart virent le jour dans la Gaule
Belgique ou Flandre française et dans les Pays-Bas.
Les archives de la chapelle sixtine fournissent des ren-
seignements qui ne laissent aucun doute à cet égard.
C'est là qu'on voit que Guillaume Dufay de Chimay fut
tellement célèbre comme musicien à la fin de ce siècle,
qu'il devint chef d'école et perfectionna quelques parties
de la notation; il exerça une grande influence sur le système
de l'art. Plusieurs musiciens célèbres appartiennent à
l'époque de Dufay, dont les ouvrages de musique renfer-
ment plusieurs nouveautés , entr'autres le Canon, ou la
répétition d'une seule phrase à une partie, pendant que
les autres faisaient un contrepoint ordinaire.
Vers le milieu du xv' siècle , la Belgique présentait le
spectacle d'une prospérité qu'on ne trouvait pas dans
les autres parties de TEurope. Gand, Bruges, Anvers
étaient de grandes et populeuses cités , la poésie , la pein-
ture et la musique y étaient en honneur. Alors s'élevèrent
dans le pays des multitudes d'artistes qui portèrent en
France, en Allemagne, en Italie, des talents de tous
genres, et qui firent la gloire de leur patrie. Parmi eux
se distinguèrent les musiciens. C'était un Belge qui, en
1461, était maitre de chapelle de Charles Vil, et ce
Belge, nommé Jean Ockeghem, fut le maitre des plus
célèbres musiciens de l'époque suivante. Un autre Belge ,
Jean Tinctor , fondait peu de temps après , une école de
musique à Naples, devenait maitre de chapelle du roi
Ferdinand d'Arragon et méritait d'être considéré comme
550
le premier théoricien de son temps ; eqfin d'autres musi-
ciens nés dans la Belgique, occupaient des postes honorables
à Rome, à Milan et ailleurs (1),
Les éloges qui ont été donnés è Ockeghem par ses
contemporains et par ses élèves, l'ont fait considérer comme
un chef d'école , et comme un de ces hommes rares qui
dans l'ordre d'idées où ils sont placés , impriment à leur
époque un mouvement de progrès.
Dans Içs archives de la chapelle pontiQcale à Rome on
a conservé des messes de Jean Tinctor , qui prouvent qu'il
doit être compté aussi parmi les hommes les plus remarqua-
bles de cette époque; ç'çst surtout comme e'oHvain sur Tart
musical qu'il s'est distingué. Son livre intitulé: ProportioncUe
musices est le plus ancien ouvrage oii l'on trouve la théo-
rie de çes proportions de la notation musicale, qui s'étaient
introduites dans l'art vers la fin du xiy* §iècle, et qui
étaient encore , au temps de Tinctor , une source d'incer-
titudes pour les musiciens les plus instruits. C'est à
ce maitre de chapelle du roi de Naples que nous devons
le premier dictionnaire de musique qui ait été fait. Il le
publia vers 1460, sous le titre de Definitorium terminorum
mmicœ (2).
De l'école d'Ockeghem sortirent des harmonistes cé-
lèbres; à leur tête se place Josquin de Prex, qui, pareil
(1) Voir le XII»» vol. de la revue musicale, e* pour ce qui suit, Iq
dictionnaire de M. Fétis.
(2) Rappelons ici en passant que vers la même époque eut Hqu an
concert des plus remarquables dont il soit fait mention dans les annales
de la musique. Il fut exécuté au banqtwt des vœux en 1454, par ordre du
çomte de Flandre Philippe-le-Bon. Vingt-huit musiciens, renfermés daB9
un pâté colossal, y jouaient de divers instruments^ Ce pâté était placé ^Vtr
Tune des trois tailles que renfermait la salle du banquet* Olivier de la
Iffarohe, livre premier, chap. 39^ décrit longuement lei autres singularités
qu'on y vit.
351
aux plus grands hommes que nous offre Thistoire , eut
l'honneur de donner son nom à son époque ; cette période
dans rhistoire de la musique, s'étend depuis 1480 jusqu'à
ou à peu près.
Doué d'une tournure d'esprit vive et originale , il donna
â ses chants un caractère piquant et gai qui était inconnu
avant lui, et ce n'est que depuis la publication de ses
ouvrages , que le style de la chanson fut distingué de celui
de la musique d'église.
Les ducs de Bourgogne protégèrent surtout la musique.
A commencer de Philippe-le-Hardi, ils eurent tous une
musique réglée (1).
Olivier de la Marche nous apprend que Charles-le-Témé-
raire savait » l'art de la musique si perfectement , qu'il
mettoit sus chansons et motets et savoit l'art à fond. »
Maximilien emporta dans son pays les traditions belges,
et y attira plusieurs des artistes de cette nation ; l'Allemagne
ainsi nous est redevable de sa première école de musique.
Vers 1502 Octave Petrucci est le premier qui ait trouvé
en ItaUe le moyen d'imprimer la musique en caractères
mobiles. Il établit une pareille imprimerie à Venise, et
chose remarquable, la plupart des pièces contenues dans des
recueils de motets publiés par le même Petrucci, appartien-
nent à des compositeurs Belges ou Français, ce qui confirme
l'opinion de quelques savants , concernant la supériorité que
les musiciens de ces deux nations avaient prise ^ dans le
quinzième siècle , sur ceux de l'Italie.
En 1S27, un Flamand nommé Adrien Willaert, fut
nommé maître-de^chapelle de St-Marc à Venise , et y fonda
une école de musique d'où sont sortis de grands artistes et
de savants professeurs, Willaert a joui d'une juste célé-
(1) Lettre fur la musique, par M. le baron de Eeiffenber^;.
352
brité , et les Italiens se passionnèrent pour sa musique au
point de lui donner le titre de divin. D'après le témoignage
de son élève Zarlino, il fut l'inventeur de la musique à un
grand nombre de voix, divisées en plusieurs chœurs. A la
même époque, c'est-à-dire de 1525 à 1560, plusieurs
autres artistes Belges de renom , brillèrent dans la compo-
sition musicale , tels que Cyprien de Rore , André Pever-
nage , Jacques de Wert etc.
Au seizième siècle , à cette brillante époque de rénovation
où l'Europe intellectuelle enfanta des prodiges , la musique
fut cultivée avec ardeur. Un nom belge, Roland de
Lattre, chef de l'école Allemande et Flamande, rivalisa
avec tant de gloire qu'il balança l'immense réputation du
plus célèbre compositeur Italien, Pierluigi de Palestrina.
Palestrina était le chef de l'école Italienne , et régnait sur
le Midi comme lui sur le Nord. Roland de Lattre ne se
borna pas à exciter le goût de la musique par le talent
et ^originalité de ses conceptions , il recula encore les limi-
tes de l'art: ce fut lui qui introduisit dans les compositions
les premiers passages chromatiques et qui réduisit le fatras
de 80 différents signes de mesures et de cadences , à deux
seulement, la mesure paire et la mesure impaire, en se
servant pour fixer le mouvement des mots allegro, adagio etc.
encore usités aujourd'hui. Le nombre de ses compositions
monte à plus de deux mille.
Fils d'un faux monnayeur , condamné et exécuté comme
tel , De Lattre , dont le nom a été changé par les Italiens
en celui de jOrlando di Lasso , était loin de faire présager
ses hautes destinées , à ceux qui virent Pétat de honte et
d'abjection oii s'écoulèrent ses premières années. En 1570 ,
à la diète de l'empire, Maximilien II honore de lettres
de noblesse, le pape Grégoire XIII fait chevalier de
St'Pierre, et le roi de France décore de l'ordre de
353
Malthe, ce phénix musdcal de l'époque, comme on appelait
alors Roland de Lattre.
Lorsque Charles IX, écrasé sous le poids du remords que
lui causait le massacre de la saint Barthélémi , implorait en
vain les bienfaits du sommeil pour suspendre les douleurs
de sa lente agonie, ce fut à la musique qu'il demanda un
remède aux tortures de Tâme , il invoqua l'homme de génie,
Roland de Lattre fut appelé auprès du roi moribond.
Après sa mort, Philippe de Mons resta, dit M. Fétis,
le dernier réprésentant de cette rayonnante pléiade d'artistes
que la Belgique avait vu naître et qui tenait le sceptre de la
musique en Europe depuis le xiii'' siècle. Il expire en
Avec lui Gnit Thistoire de la musique au moyen-âge, et com-
mence l'âge-moderne qui amena bien des tranformations
et créa la musique dramatique. Là encore nous rencontrons
des noms Belges illustres ; mais cette matière fera l'objet
d'un article suivant. Nous rappelerons seulement un fait
bien curieux. On sait l'enthousiasme produit par la Mar-
seillaise qui mêla pendant quarante ans, sur tous les champs
de bataille, son refrain au bruit des canons. Rouget Delisle,
jeune officier d'artillerie , en composa les paroles qui suffi-
rent pour l'immortaliser. Mais que seraient ces paroles
sans l'air entraînant qui en fait le plus grand mérite? Eh
bien! l'hymne révolutionnaire de la France revient aussi
à la Belgique, car c'est Gossec, né à Vernier, dans le
Hainaut, et par conséquent compatriote de Grétry, qui
imprima à Thymne du peuple les accords énergiques et la
sublime vigueur qui mettent la Marseillaise à la tète des airs
nationaux de l'Europe (1).
On peut dire sans exagération qu'aucune nation peut-
(1) Introduction da dictionnaire de musique de M. Fëtif.
554
être, eu égard à sa population n'a fourni autant de célébrités
musicales que la Belgique.
A Tappui de la passion qu'on eut toujours en Flandre
pour la musique, nous citerons un passage remarquable
des Tomi X de l'historien Meyer : Fascanda, dit-il , insuper
genitrix est Flan4ria Imdatissimorum cantorum. Siquidem
vocum nobilitate quacumvis Christimi orbis gente certare
potest. TestessuntJlexander nuperPhilippiprineipiscantor,
Petrus Ficanus cantor maximi Prindpis Caroli, Jdrianus
fyiUardus Rossilaria oriundus, cantor régis Ungariœ, Tho-
mas Martini cum fratribus Petro ac Jeanne, patria Armen^
terius, monachiAS nunc {ut mdio) Cartusiensis in Amhianis.
Fulgfus in factUandis patrio sermone rithmice cantOenis,
mirum se prœstat artificem, licet non injuria quidam ah
Erasmo taxentur, qui lasciviam illis intermiscere soient.
Inter hydraulas vero, dictos mlgo organistas, cekberrimam
obtinet famam Brugis ad Firginis Jacobus Cmcus^aboculO'
rum lobe cognomen sortitus.
Après le dictionnaire de M. Fétis, où nous avons puisé
ces renseignements sur le goût musical de la Flandre,
il n'est pas d^ouvrage à notre avis qui renferme autant
de choses intéressantes et neuves sur la musique et les
musiciens de notre pays, qu'un mémoire de M. Kiesewet-
ter, couronné par l'institut des Pays-Bas , et une longue
lettre de M. le Bar(m de Reiffenberg^ à M. Fétis,
imprimée au tome II des récits de Marsilius Brunok ou
le Dimanche.
355
VVV\VVVVVWV\VVV»VV\fVVV\\VVV\VVV\V\AJVVVV\VVVVWVVVV\JVVVWWWV\\.V\.\
ÉRECTION
D DRE
mnim d'arghërs a €oiigkemer£.
Notre collègue M* Van m Putte nous ayant communi-
qué une charte, curieuse par son ancienneté et par ses
détails , relative à l'institution d'une confrérie d'archers ,
nous nous empressons de la publier, d^autant plus que ces
sociétés ont joué quelquefois en Belgique un rôle qui ne
fut pas sans importance dans Thistoire.
Avant rétablissement des armées permanentes , les con-
fréries d'archers formaient en Flandre la milice nationale
et urbaine, et livraient leur contingent pour les expédi-^
tions lointaines.
Elles suivirent les comtes en Palestine.
M' De Bast,danssa notice sur les chefs-^i'œuvre des
frères Van Eyck, nous apprend qu'elles étaient d'abord
toutes réunies sous le patronage de St-Georges,» mais au
commencement du xy^ siècle elles se subdivisèrent. L'arc
prit pour patron St-Sébastien et Fescrime St-Midbel,
Le nom de gilden qu'on leur donna en Flandre, est
tiré du saxon, et signifie confrérie : en latin fratemitas,
356
sodalium, contubernium, curia, collegium (voir Ducang«). .
Quoique ce mot gilda ou gildum ait eu dififérentes signifi-
cations , quant à la nature de l'association , on le trouve
déjà dans le roman du Rou avec son acception actuelle :
Il paraît que l'institution des sociétés d'archers en Flan-
dre est intimement liée à rétablissement des communes.
Après qu'on eut établi en corps les villes et les villages ,
on créa des compagnies bourgeoises qui s'exerçaient au
maniement des armes. Elles en firent même un espèce
d'amusement, des prix furent proposés pour couronner
l'adresse. A Bruges la confrérie des arbalétriers ou de
St-Georges , existait dès le xiii® siècle , car M' VanPraet,
conservateur de la bibliothèque de Paris , nous dit , dans
les Annales de cette société , qu'il publia en flamand , que
tout au commencement du xiy"" siècle, une dame de Bruges
octroya à cette gilde l'usage de la chapelle de St-Pierre pour
y célébrer le service divin.
La confrérie de l'arc, sous le patronage de St-Sébastien,
remonte au xiy" siècle. En 1396 elle avait déjà une chapelle
privée dans le couvent des frères-mineurs, où tous les
dimanches et jours de fête se célébrait la messe.
A travers les vicissitudes des siècles, le but des confréries
a changé. Ce ne sont plus aujourd'hui que des sociétés
privées oii les habitants des villes , des villages et des
hameaux cherchent un délassement à leurs occupations
dans un exercice d'adresse. Elles contribuent souvent en
Belgique à l'ornement des fêtes publiques. Le costume et
l'attirail pittoresques qu'elles ont conservés rappellent
à l'esprit leur destination première. Les bannières
déployées , les canons traînés par des enfants maures , les
Chevaliers et borjois, et archieri et geldon.
557
tambours , ]m fifres et les insignes des chefs sont autant
de vestiges de Tancien ordre des choses, qui me'ritent d'être
conservés par la tradition et qui donnent un caractère tout
spécial aux confréries d^archers de la Flandre.
Philippe etc à tous ceulx qui ces présentes lettres
verront salut. Savoir faisons nous avoir reçu humble
supplication de nos biens amez les manans et habitans
de notre ville ou villaige de Kokelare en notre terroir
du Franc, de notre conté de Flandres, contenant que
comme en notre dicte ville de Kokelare ait grand nombre
de jeunes compaignons , eulx esbatans et exercitans jour-
nelement du jeu de larcq à main lesquels ont grant désir
et- volonté de ordonner entre eux et mectre sus en icelle
notre ville de Cokelareà lonneur de Monseigneur Sainct Se-
bastien une confrarie darchers dung doyen et de soixante
compaignons ou audessoubz , tout dune parrure ou livrée
pour le bien, seurté et deffense de nostre dicte ville et
aussy de nostre pays de Flandres et mesmement pour
nostre service toutes et quantefois qu^il nous plaira les
mander et requérir. Mais iceulx susnommés noseraient
ces choses bonnement faire ou entreprendre, sans en avoir
licence , octroy et consentement de nous , dont très hum-
blement ils nous ont fait supplier. Pourquoi nous ces choses
dessus dictes considérées mesmement quil est apparent
que ce sera là bien servir et le proufiBt de nostre dicte ville
de Cokelare et mesmement de nostre pays de Flandres. Eu
sur ce ladvis de nos Président et anciens autres de nos-
tre Chambre de nostre conseil en icellui nostre pays de
Flandres, auxdiets suppliants avons octroyé, accordé et
358
consenti, octroyons, accordons et consefllonâ eti leui*
donnant congié et licence de grâsce especial p^t ^
présentes que en nostre vîUé de Cokelare ils puiSâMt 0t
pourront ériger en lonnetit de Saint Sebastien une coû-
frarie darchers dung doyen et de soixante compaignons
ou dessoubs , tous dune parure lesquels pourront à leurs
despens faire faire et porter sur leurs robes manteaux ou
chapprons licitement et sans aucun dangier ne repre-
hensîon nostre livrée et devise du fusil ou autre que pour
le temps là donnerons avec deu^ flesches croisées à la
fachon de la croix Monseigneur Saint Andrien et avec
ce paisibles leurs armures loisibles pour la seurté et deffense
de leurs princes. Pareillement comme les portent et peii^
vent porter par octroy et cofisentetnent de nous les aultres
archers de semblables cônfraries en nostre dict pays de
Flandres et ce tant que nous plaira et jusques aultrè rappel
pourveu et moyennant toutesfois que les dicts cottipài-^
gnons archers de la dicte confrarie et chaseun deute
seront tenus et astrains de nous servir doresnavant tou-
tes et quântefois quil nous plaira les mander et requérir
en nos voyages et ailleurs ou les vouldront ènîploiier,
aussy comme les dicts aultres archiersi dé telleâ et sem-
blables cônfraries en icellui ndstre pays de Flandres et
que soub2 umbre de nostre dicte Uvréé ou port darmes
et de leur confrarie désuiâdicte iU ne meffacênt eh aulcnne
manière quelconque.
Si donnons en mandement à nostre maistre dostél^ à
nois souverain Bailly dé Flandres^ Bailly de Bruges ét
à tons nos aultres justiciers et officiers dé hoàtf e pityê et
conté dé Flandres, ou^ leurs lieutenants à châseun detik
en droit soy et si comme â lui appartient, qué dé cé^te
nostre présente grâce, ôctroy et consentement et de totit
ce contenu et effeet de ces prescrites ils facéùt, éedttènt
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559
et laissent et chascun en son droit, lesdicts suppliants
plainement et paisiblement joyer et user, sans leur y
félon donner, ne souffrir faire ou donner quelque des-
tourbier ou empeschement , au contraire jusques à nostre
rappel comme dit est, car ainsy nous plaist il, non obstant
quelconques deffenses faictes ou a ce sur le fait du port
darmes ou autres a ce contraires. En tesmoing de ce etc.
(Estnit d*an litre d'octrois du zt^ siècle.
Cette pièce est sans date, mais il est clair
qû*ell6 étûane de Philippe*le-Bon. )
360
NOTES BIOGRAPHIQUES
SUE
Là plupart des auteurs qui se sont occupés de l'histoire
de la Flandre, ont parlé de cette curieuse chronique
manuscrite , dont nous avons traduit les passages les plus
importants (1) , et que la commission royale d'histoire se
propose depuis longtemps de publier en entier. Peut-être
que certains détails ont arrêté jusqu'à présent Texécution
de ce projet. Quoiqu'il en soit, cette chronique est impor-
tante pour notre pays, et cependant on a à peine parlé
de son auteur: Arnould Goethals, mérite bien néan-
moins de figurer à côté de tant d'autres chroniqueurs qui
ont leur place dans les biographies. Voici quelques notes
qui pourront servir à celui qui s'occupera plus tard de cet
auteur.
Arnould Goethals est probablement né à Ypres vers
(1) Dans an Tolame in S*» , imprimé à Brugei, chez Tandecasteele-
Werbronok, contenant def mélangea hiitoriquet et littérairea.
361
1428, car un de ses frères fut conseiller de la châtellenie
de cette ville, et il fallait y être né, pour remplir ces
fonctions.
Il était (ils d'Hugonin et de Catherine Pourstraete , et
appartenait par son père à la maison des Goethals de Gand,
célèbre par le rang qu'elle n'a cessé d'occuper dans l'état.
Arnould eut quatre frères, Baudouin Goethals, cha-
pelain et conseiller des ducs de Bourgogne, qui assista à
la négociation de la paix dite de St-Lièvin ; Goethals Rym ,
l'un des écuyers de Charles-le-Téméraire , chargé par ce
prince de plusieurs missions importantes, et qui alla
recevoir la duchesse dTorck , à son arrivée en Flandre ,
lorsqu'elle vint épouser le fils de Philippe-le-Bon; enfin Paul
Goethals et Henri Goethals Van den Heede , l'un conseiller
à la châtellenie d'Ypres , l'autre membre du conseil souve-
rain de Flandre.
Arnould montra dès sa jeunesse de grandes dispositions
pour l'étude], et un esprit pénétrant. Son goût pour les scien-
ces historiques et archéologiques le porta naturellement
à chercher dans la solitude du cloître , le recueillemept , la
tranquiUité et l'isolement , qui sont les conditions indispen-
sables pour de pareils travaux. Après avoir reçu les ordres,
il entra à l'abbaye de St-André lèz-Bruges vers l'an J485.
Il est à penser qu'il ne commença à écrire sa chronique
que fort tard, ou qu'il s'en occupa jusqu'èn sa vieillesse,
car les derniers événements qui y sont rapportés sont de
1S04, par conséquent antérieurs seulement d'une dizaine
d'années à l'époque de sa mort. Entièrement absorbé , à
ce qu'il parait , par ses exercices de piété et ses occupations
littéraires , il s'effaça de la scène , et ses contemporains le
perdirent de vue. Toutefois 1 étendue de son savoir et de
son esprit fut appréciée par le petit cercle d'hommes
instruits qui l'entourait , comme le prouve l'inscription que
AifWALBs. — Tome IV. 26
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362
Ton mit sur sa tombe. Enfln en 4515, dans la 90*"'
année de son âge , il passa de cette vie à l'immortalité , et
fut enterré dans Téglise de son abbaye , où on lisait ce qui
suit sur une pierre sépulcrale bleue:
Vemrabilis Jrnoldus Goethah ex familiâ hujus nominis
in urbe Gandensi cekberrima, abbatiœ Sti-Jndreœ, prope
Brugas,monachus, vir sani judicii, vastœque eruditionis ,
quemque eximia pietas, ac rara modestîa, non minus quant
antiqua sua nobilitas, illustrem redflidêre.
Cujus abbatiœ postquam scripsisset chronicon, obdormivit
in Domino, felici œtate nonagînta annorum, vigesimo sci-
licet Junii, anno reparatœ salutis MCXF.
Deum pro animœ illius beatitudine exora.
HIC JAGET
365
v\ w w v\ ww wMvw wv\wwwv\ w « www ww ww w ww wwwwww
corrsiDÉRÉs sous le rapport de leur importance historique.
L'ÉTUDE des antiquités germaniques a produit en Alle-
magne des résultats inconnus en Belgique , surtout depuis
que Grimm a ouvert une voie nouvelle dans cette carrière.
— Aujourd'hui que nous sommes entraînés avec le reste
de l'Europe par une tendance générale vers les sciences
historiques, le moment parait opportun pour se livrer à
de nouvelles recherches sur les antiquités de notre pays.
Un jeune savant allemand, M. le docteur Wolf, qui s'est
voué exclusivement à ce genre de travail , a jeté ses regards
sur la Belgique et voyant combien la moisson y est abon-
dante , il est venu s'établir en Flandre et apprendre notre
langue, pour y importer le goût de sa science et pour y
rassembler les vestiges épars de la mythologie et des
mœurs des anciens peuples septentrionaux. Nous ne pou-
vons qu'applaudir à ses efforts. Les documents qu'il aura
amassés , confrontés avec ceux qui ont été recueillis parmi
les Allemands , qui sont avec nous les enfants d'une seule
mère-patrie , jeteront infailliblement un nouveau jour sur
tout ce qui concerne notre antique et commune origine.
LI8 CONTES ET TRADITIO]!(S
POPULAIRES ,
364
Ce n e§t pas seulement sur les débris de quelques anciens
monuments, ni seulement dans nos livres et dans nos archi-
ves que M. Wolf poursuit ses investigations; il découvre,
dans la mémoire du peuple flamand , une source précieuse ,
à laquelle personne n'a puisé comme lui. Figurez -vous
quelques enfants groupés autour de leur bonne ou de leur
grand'maman et écoutant quelque vieux conte de fées ; ou
bien, assistez, si vous le pouvez, sans être aperçu, à
quelque réunion d'hommes ou de femmes de la classe
ouvrière rangés le soir sous le tablier de Tâtre , afin d'en-
tendie leurs récits superstitieux: l'objet de ces entretiens
si frivole en apparence et qui ne paraît destiné à inspirer
de l'intérêt que comme tableau des mœurs de notre
époque , peut offrir un champ fécond pour l'étude des plus
hautes antiquités/ Croirait-on que beaucoup de ces his-
toires absurdes accréditées parmi le peuple , ont traversé
plusieurs siècles et sont répétées de bouche en bouche pour
arriver jusqu'à nous , modifiées en partie et variées d'après
les localités , mais pleines de restes curieux de la religion
de nos ancêtres, de leur esprit et de leurs usages? C'est là
que le docteur Wolf va faire connaissance avec les ancien-
nes divinités du nord , et s'initier dans les mystères des
Druides et des Bardes. Combien d'années, combien de
révolutions ont passé sur notre pays depuis l'introduction
du christianisme; combien de terribles secousses ont
ébranlé l'ancien sol Germanique , et néanmoins les trâces
de notre origine n'y sont effacés nulle part. Tant un peuple
conserve longtemps ses croyances , son caractère , ses pré-
jugés et sa langue , qui ne consiste pas uniquement dans la
tournure grammaticale de ses mots et de ses phrases, mais
aussi dans ses vieux dictons , ses sentences , ses proverbes ,
tous si intimement liés à sa pensée. Si les traditions popu-
laires dont nous venons de parler n'étaient que des contes
365
isolés, il serait difficile d'y ajouter une grande importance,
répandues au contraire par tous les pays qui ont été
occupés par les guerriers du nord , le même génie poétique
et religieux a visiblement présidé à leur invention et leurs
ressemblances de caractère, comme autant de traits de'
famille, sont des preuves irrécusables de leur descendance
commune. Ce qui est plus remarquable encore, c'est que par
toute TAUemagne , la Suède , la Norwège , le Danemark , la
Belgique, une grande partie de la France etc. on rencontre
les mêmes histoires, avec quelques variantes que le temps
a dû nécessairement leur faire subir. Ces contes récités
partout par nos pères, étaient probablement pour la
mythologie germanique , ce que les légendes apocryphes des
Saints sont devenus plus tard pour la religion catholique ,
dans ce sens au moins , qu'elles ont également parcouru
tous les pays qui professaient la même religion.
Je tâcherai de faire voir par un exemple comment un
conte populaire insigniflant en apparence peut être digne
d'attention. Celui que nous allons citer est le premier qui
nous est tombé sous la main , depuis que j'ai eu l'avantage
de connaître M. Wolf. u Des personnes crédules rapportent
tt qu'à Furnes , il arrivait autrefois , toutes les nuits un
^char ou charriot sans chevaux. Ce char mystérieux
» sortait de Tancienne rue Rouge , s'arrêtait quelque temps
» à la Grand'Place , puis disparaissait avant le jour.
» Dans cette même rue on entendait parfois , pendant la
» nuit, près la ferme dite Duivekot, le hennissement d'un
5» cheval, et quand on avait l'imprudence de tourner la
)> tête pour regarder, on voyait derrière soi un animal, qui
)» ressemblait à un cheval, sortir de la ferme et poursuivre
» le passant en se tenant sur le train de derrière et prêt à
» fondre sur lui. Un homme de grande taille , tout rouge
et sans tête essayait alors de barrer le passage , tandis
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366
)> que dans la rue voisine , appellée rue des Sorcières , on
» apercevait des femmes échevelées danser en rond et
» jeter des cris et des hurlements effroyables. » Cette
histoire n'a certainement pas pris sa source dans le chris-
tianisme, elle paraît plutôt appartenir à des idées reli-
gieuses que nous avons répudiées et dont quelques parties
éparpillées sont restées enracinées parmi le peuple. Ce
conte remonterait ainsi à l'antiquité la plus reculée.
L'existence d'un temple idolâtre à Furnes , l'ancien nom
de la rue Rouge, la situation de cette rue à l'orient sont
autant de circonstances que Ton pourrait invoquer à
Tappui de cette opinion.
Je demande pardon au lecteur d'entrer ici dans quelques
détails qui lui sont connus et dont la répétition pourrait
être fastidieuse. Je dois le faire pour expliquer le sens que
l'on peut attribuer à cette singulière histoire. Quand les
peuples du nord avaient envahi le pays où nous vivons et
introduit leurs dieux dans la Germanie , fFustan, JVodan
ou ff^oden devint l'objet d'un culte religieux. C'est le
même dieu qu^invoquaient les Suédois sous le nom
à'Othinn, Odin. Il est probable même que la différence
de nom ne résulte que d une différence de langage ou de
dialecte. Celui de Woden s'est conservé dans le quatrième^
jour de la semaine qui lui fût dédié et que nous appelions
Woensdag (contraction de Wodensdag). Les Allemands
nomment ce jour, par la même raison, ^oenstag; les
Anglais, Wednesday ) les Westphaliens , fFodentag;
les Danois, ff^onsdagj les Norwégiens, Fodenstag, et
les Suédois Odensdag. Les Français disent Mercredi,
traduit du latin Dies Mercurii, parce que le dieu
TFoderi des Germains et des Belges était confondu par les
Romains avec leur dieu Mercure, Woden fut honoré dans
la constellation de la grande Ourse. Rien de plus naturel
567
en effet que de choisir la plus brillante constellation du
nord pour en doter l'objet de la plus grande dévotion des
enfants de la Zone-Glaciale. Comme dieu des combats,
Woden pouvait y être repre'senté sur son char de guerre ,
formé des sept étoiles que le peuple nomme TFoenswagen,
Hellewagen , en flamand et en français le charriât. Cepen-
dant M. Wolf fait dériver le nom de Hellewagen de celui
de Hellia, déesse des enfers chez les anciens peuples
Germains, à qui, d'après les croyances de ce temps, le
cAarnof servait à conduire les âmes à leur dernière demeure.
L'ours , habitant des pays froids , animal robuste et cou-
rageux, fut Tattribut du même dieu, et le surnom de Bruno
qu'on a donné à Woden, (ainsi que M. Wolf le fait obser-
ver dans un mémoire, publié par l'académie royale de
Bruxelles , ) est sans doute en rapport avec celui de Bruin
den beir, (en vieux français: Bruns li ors,) par lequel est
désigné l'ours dans le morceau le plus populaire et le plus
remarquable de l'ancienne poésie nationale (1).
On lit dans une histoire inédite de Furnes, qu'Hein-
drjckx nous a laissé en manuscrit, que l'emplacement
actuel de la vieille église de Ste-Walburge , près de la
GrandTlace de cette ville était anciennement occupé par
un temple payen, que nous croyons avoir été dédié à
Woden. Quand le christianisme est venu dissiper les
ténèbres de l'idolâtrie, le temple primitif a été converti en
église catholique. Une partie des anciens murs en pierres
fossiles (bergsteen) , a été incorporée dans les construc-
tions subséquentes (2). La rue Rouge est situé à Test de
(1) Reinaert de f^os. Les titres qu^ont nos provinces à reclamer cette
production , paraissent devenus incontestables. Voir l'édition publiée par
M. milems, en 1856.
(2) Les ï'umois montrent encore l'endroit où Ton sacrifiait les victimes
368
cet endroit. Or, puisque le mouvement diurne du firma-
ment fait marcher pour nos yeux les étoiles d'Orient en
Occident , il en re'sulte que la grande ourse ou le charriot
qui est figuré dans le ciel sans attelage et tourné vers le
cimétière de Ste-Walburge , paraît effectivement sortir le
soir de la rue Rouge , s'avance vers la GrandTlace et finit
par disparaître. Le char mystérieux est dans le ciel au lieu
de rouler sur la terre , ainsi que la crédulité populaire le
dépeint.
Je me souviendrai toujours d'une vieille chanson que
ma respectable grand'mère m'apprit à chanter quand
j'étais bien jeune. Elle est de nature à confirmer l'explica-
tion qui précède. La voici textuellement avec la traduction
française :
Bruno hoeft een' hoeti ghemaecki Bruno a fait une voiture à quatre
Op vierwielen, zonder peêrden , roues, sans chevdux, qui va toute
Bruno heeft een' koets ghemcusckt seule à Bruxelles.
Die aUeen naer Bruaael gaet.
Il est certain que l'auteur de ce couplet n'a pas pro-
phétisé les railway, ni les mécanismes d'une époque si
éloignée de la sienne. Bruno, comme je l'ai dit plus haiit,
est le surnom de Woden ; son char sans chevaux est déjà
reconnu par le lecteur , et les quatre roues de la voiture ,
correspondent parfaitement au nombre des étoiles qui
composent le carré de la grande ourse ou du charriot.
Un puits appellé Helleput, se trouve à l'occident de
l'église principale de Termonde, qui est très ancienne. Le
charriot en se cachant derrière l'horison tous les matins ,
vu de la grande église, semble ainsi se plonger dans la
dans le temple dont le savant auteur de cet article vient de parler. On
nous a encore mtntré cet endroit lors d^un voyage que nous fîmes récem-
ment à Furnes. F. V. D. P.
569
profondeur du puits. Si M. Wolf voulait examiner là
situation des différents endroits qui ont pris leur nom de
heUe, ou desquels on raconte des histoires qui se trouvent
en 'rapport avec le charriât^ hellewagen, relativement aux
cimétières , aux églises ou aux chapelles voisines , il pourrait
résoudre la question si la direction de la rue Rouge et
du Helleput n'est pas le résultat d^un usage ou d'une règle
générale.
Le nom de rue Rouge (Roode straet), et la couleur du
fantôme sans téte qu'on prétend y avoir apparu est-elle
due au hasard? Je suis porté à croire le contraire. Quoique
le culte de Woden, fort simple dans le principe et qui
n'avait pour temple que l'intérieur des forêts, n'ait pas
donné lieu d'abord à des sacriûces humains , il n'est cepen-
dant malheureusement que trop certain ([ue nos pères ont
emprunté à des voisins féroces et admis dans leur aveugle
dévotion cet usage horrible. D'accord sur ce point avec
César, Strabon et Diodore, le sévère et consciencieux
Tacite nous en offre un témoignage irrécusable, Deorum
mnximè Mercurium (c'est-à-dire Wodan), colunt, cui
certis diebus, humants quoque hostiis litare fas habent.
Ces victimes étaient choisies la plupart parmi les malfai-
teurs ou parmi les prisonniers de guerre. A ces derniers
on coupait parfois aussi la téte pour la suspendre aux
arbres des forêts. Le plus grand bonheur dont ils espé-
raient jouir après cette vie terrestre dans fFdhalla, le
paradis de Woden, consistait à boire de la vieille bierre
dans le crâne de leurs ennemis. La rue Rouge aurait-elle
été humectée et aurait-elle tiré son nom du sang des
malheureux cruellement égorgés? aurait-elle été signalée
par le passage des prisonniers que l'on conduisait à
la place du temple pour y être immolés au dieu des
vainqueurs? Le grand homme rouge serait-il l'ombre
370
de quelque illustre i^ictime qui vient crier vengeance?
Rendons grâce aux apôtres de la foi en Belgique qui ont
planté Tétendard de la croix sur les ruines du paganisme !
Mais éloignons ces idées désolantes. La rue Rouge a peut-
être été le théâtre de quelque sanglante victoire ou défaite.
Peut-être , est-elle appellée ainsi au figuré du charriot de
Woden et du sang dont le dieu des combats doit néces-
sairement marquer sa course triomphante. La couleur
rouge n'est pas étrangère non plus au charriot de Hellia,
que Ton appelle quelquefois dans les contes populaires:
de Bloedkaros. L'homme rouge pourrait être pris pour
un ennemi puissant et vaincu , ou même pour un guer-
rier germain, qui attend le char d'Hellia, afin d'être
conduit au ciel de Woden, car c'est-là qifHellia trans-
portait ceux qui expiraient les armes à la main; les autres
étaient destinés à passer au séjour de la funèbre déesse. Le
hennissement du cheval , ce noble compagnon de guerre,
qui se faisait entendre dans la rue Rouge , est encore en
harmonie avec l'image des batailles. Enfin les femmes
échevélées de la rue des Sorcières sont les mères et les
épouses des guerriers qui excitent par leurs cris , le cou-
rage et la fureur des combattants.
On peut conclure de ce qui précède, que le temple
payen qui existait anciennement à Furnes, était dédié à
^odan; que des chemins, parmi lesquels on peut comp-
ter la rue Rouge, conduisaient à ce temple; qu'il était
entouré par des habitans qui ont continué sans interrup-
tion d'occuper son voisinage, en assez grand nombre
pour transmettre par la voie de la tradition le conte phis
ou moins tronqué que je viens de réciter.
Il serait sans doute trop absolu de prétendre qu'il
faut ajouter une foi pleine et entière à toutes ces con-
jectures , et ce n'est pas dans ce but que je les ai proposées;
371
j'ai seulement voulu montrer une des pierres dont sera
formé Fe'difice que M. Woif est sur le point d*élever,
et dont Tassemblage ne pourra pas manquer d^étre utile
à la science. Deux volumes ont déjà été publiés par lui
en Allemagne; un recueil sans commentaire intitulé
Grootmoederken^ est en ce moment sous presse , en atten-
dant qu'un écrit plus sérieux , sous le titre de fFodana,
vienne nous (donner le mot de quelques-unes de ces
savantes énigmes.
H. V. D. V.
Digitized by
Google
375
CONTENUES
DANS LE QUATRIÈME VOLUME.
Pages-
Chrooique de Bixmudei avec lithographie • ®
Additions à la saccession des châtelains de Dixmude ^ ^ ^
Pièces justificatives F. Van db Pottk. lâO'
Notice sur les tombes décou? ertes en 1841 , dans Téglise cathédrale
de St-Sauveur à Bruges, avec une lithographie . 0. Delepierbe. 129
L'imitetion de Jésus-Christ composée à Bruges, par un doyen de
St-Donat, avec une lithographie L'abbb C. Carton. 137
Biographie de M. Pycke F. Van db Pctte. 161
Revue d'ouvrages d'histoire publiés sur notre province, ou dans
notre province ^67.
Berman,chef chérusque, libérateur de la Germanie. 0. Delbpiebre. 180
Histoire du couvent de St-Sixte • . . . L'abbé F. Van de Puttb. 185
L'architecte Louis Van Boghem Le même. 201
Analeotes brugeois. — Poids publics de la ville 209
Le banquet des savants 215
Marie de Bourgogne et Maximilien
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Paint! et articles qui font Tobjet des plaintes des neuf membres de
la ville et qui ont été la cause de Temprisonnement de Maximi-
lien 227
Réponses à ces points et articles 245
Mœurs et usages du xyi« siècle Ogtatb DsLEPUiaaB. 250
Projet de défrichement de la grande bruyère qui s'étend sur les
communes de Ruddervoorde , Zwevezeele et Lichtervelde, con-
nue sous le nom de f^ry Goweyd, avec une carte. 0. Andhibs. 257
Archives de la province et de la ville de Bruges. Ogtavb Delbpib&bb. 503
Monuments funèbres de la Flandre-Occidentale.
L'abbé F. Van bb Pdtte. 315
Analyses critiques d'ouvrages historiques qui concernent la Flan-
dre F.V. 321
Programme des questions proposées pour le concours de 1843, par
Tacadémie des sciences et belles-lettres de Bruxelles .... 326
Fdte de la Toison d'or, célébrée à Bruges, en 1478. Avec quatre
lithographies. . • : Octavb Delbpibbb. 333
Réminiscences au sujet de la musique en Flandre D. 347
Érection d*une confrérie d*archers à Goucke laere 355
Notes biographiques sur Arnould Goethals, auteur de la chronique
de St-André 0. 300
Les «ontes et traditions populaires , considéré:} sous le rapport de
leur importance historique H. Y. D. V« 303
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